LA REORGANISATION DU SYSTEME DE TRANSPORT COLLECTIF DE SURFACE A CARACAS

L’ECONOMIE VENEZUELIENNE

     L’économie du Venezuela du vingtième siècle est étroitement liée à la découverte du pétrole et à sa production. Traditionnellement, les chercheurs qui ont étudié le sujet, ont divisé cette période en six sous-périodes: 1900-1920: Période agricole; 1920-45: Enclave pétrolier et agriculture d’exportation; 1945-57: Substitution d’importations; 1958-73: Démocratie; 1973-79: Capitalisme d’Etat; et 1980-92: Crise.
1900-1920 Période agricole : Pendant les 20 premières années de ce siècle, le Venezuela a été un pays agricole. Son économie dépendait des exportations des produits agricoles et était soumise aux fluctuations de la demande des marchés internationaux de café, cacao, bétail et cuirs. Cette période est caractérisé par des intenses exportations agricoles et le développement d’une activité d’importation de produits manufacturés. L’expansion de l’agriculture et les excédents produits par cette activité ont renforcé les activités de la construction, du commerce, du transport, les finances et la production artisanale. Le développement des exportations permet de satisfaire les besoins de la société vénézuélienne, à travers certaines importations (qu’il s’agisse de produits industriels pour la consommation ou de outils et machines pour la production). Le moteur du développement économique du Venezuela jusqu’en 1920 est lié à la croissance de la demande mondiale de produits agricoles. La population était composé pour 70% d’habitants ruraux et 30% d’habitants urbains. A l’époque, la plupart des vénézuéliens étaient des paysans. Il existait un petit groupe de propriétaires fonciers (« latifundistas »), lié à la production de café, cacao, et à l’élevage, ainsi qu’une bourgeoisie de commerçants. Pour cette partie nous nous basons sur : -Toro Hardy, « Venezuela, 55 anos de Politica Economica » ; -Silva Michelena, ‘Venezuela hcia el 2000″ ; -Orta, Celio, « La Economia Venezolana ». Sur le plan politique, cette période est marquée par une grande instabilité, des « révolutions » incessantes et une anarchie généralisée des forces militaires en conflit au sujet de la constitution d’un pouvoir central. En 19 commence la dictature militaire de Juan Vicente Gomez, qui durera 17 ans et qui donnera au Venezuela la stabilité politique et unifiera le pays, finissant avec les « caudillos » régionaux.
1920-45 : Cette période peut être qualifiée de période « de transition » entre le Venezuela agricole et le Venezuela pétrolier, entre le pays rural et le pays moderne. En 1917 le Venezuela commença à exploiter son pétrole, s’intégrant aux marchés internationaux en tant qu’exportateur de matières premières minières. L’activité agricole, qui était déjà en crise étant donné la chute des prix internationaux, se détériore encore plus, en conséquence de l’activité pétrolière. De 1944 à 1945, le Ministère des Travaux Publics consomme 36% du budget national. Sur le plan social, on peut noter le déclin de la classe des grands propriétaires fonciers, la naissance d’une bourgeoisie de commerçants importateurs et d’une bourgeoisie liée au capital étranger, l’apparition d’une petite bourgeoisie de type professions libérales et des intellectuels, des commerçants, des fonctionnaires; la constitution d’une classe ouvrière (minière et industrielle); le développement du phénomène d’urbanisation, et l’accroissement accéléré de la population, conséquence de mesures sanitaires. Jusqu’à 1929 la migration rurale vers les champs pétrolières est encore insignifiante . La crise de l’agriculture d’exportation sera l’accélérateur de l’exode de paysans et des ouvriers vers les grandes villes et vers les villes pétrolières. Le pays connait pour la première fois des problèmes de chômage et de sous-emploi. Le revenu pétrolier permet la stabilité du gouvernement et la centralisation du pouvoir aux mains du chef d’Etat. L’Etat devient un puissant agent de l’activité économique national. Quant aux transports collectifs urbains, en 1940 a été réglementé pour la premier fois le service d’autobus urbains. L’Etat a implanté l’obligation de se constituer en entreprise pour exercer l’activité.
1945-58 : Substitution d’importations : Cette période commence avec l’implantation d’un modèle tardif de substitution d’importations. Ce modèle a été implanté dans la plupart des pays latino-américains exportateurs des matières premières, comme conséquence de la crise des années 30 et de la fermeture des marchés internationaux des ces matières. Il s’agissait de la mise en place et du développement d’une industrie nationale de substitution des biens manufacturés jusqu’alors importés et de l’importation de biens intermédiaires destinés à être terminés sur le territoire national. Pendant les dix ans de dictature (1948-58), le budget du Ministère des travaux publics consomme entre 26 et 44% du budget national. L’autoroute Caracas-La Guaira a été construite.
Entre 1945 et 1950 la création d’infrastructures se produit à un rythme inhabituel et souvent supérieur aux exportations pétrolières. Ceci garantit les bases matérielles qui rendent possible le processus d’urbanisation et d’implantation industrielle et contribue à la consolidation des marchés urbains. L’économie vénézuélienne se développe suivant un modèle capitaliste dépendant. Grâce aux énormes sommes d’argent qui entrent à l’Etat par les exportations du pétrole, le Venezuela devient un consommateur de technologies modernes et même de matières premières importées. Cette période est caractérisé par la présence de l’agitation sociale dans les villes et à la campagne. Un vigoureux mouvement politique se structure, dont les objectifs étaient de promouvoir les changements économiques et sociaux nécessaires à moderniser le pays, pour impulser la production nationale et pour améliorer les conditions de vie des vénézuéliens. Le gouvernement de Romulo Gallegos (1945-48) (AD) a imposé un nouvel impôt aux entreprises exploitant le pétrole, le « fifty-fifty ». Ceci et l’augmentation de la production ont permis de multiplier par 8 les revenus fiscaux en 13 ans. En outre, l’investissement réalisé dans le pays en 1956 est 3,1 fois celui réalisé en 1945. Tous ces nouveaux ressources ont exigé une réorganisation de la structure administrative de l’appareil de l’Etat. De cette façon, divers organismes d’Etat ont été créés, comme la Corporation Vénézuélienne du Développement (CVF), l’Entreprise de Mines de Charbon, la Compagnie Vénézuélienne de Téléphones (Cantv), la Compagnie Vénézuélienne de Navigation (CAVN), la Compagnie Vénézuélienne des Hôtels et du Tourisme (Conahotu) et l’Institut Vénézuélien de la pétrochimie. L’entreprise du tramway de Caracas disparaît en 1947 tandis que se développe le service d’autobus. En 1950 le gouvernement dictatorial importe des autobus pour les entreprises de transport collectif des principales villes. En 1953, à travers le IMTC (Institut Municipal de Transport Collectif), l’Etat devient prestataire du service de transport collectif de Caracas.
1958-73 : Démocratie… »L’Etat démocratique, qui débute en 1958, entreprit de nouvelles négociations avec les compagnies pétrolières: ces négociations aboutirent à une plus grande augmentation des ressources étatiques provenant du pétrole. De nouvelles mesures sont mises en œuvre: la mise en application de la nouvelle échelle de. la rente en 1958, les contrats de service, la résolution de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) à Caracas en 1970, …et l’augmentation internationale du prix du pétrole en 1973. Ces mesures eurent pour résultat d’enrichir de plus en plus le budget étatique qui était déjà en 1972 de 40.000 millions de bolivars, soit 43 fois plus qu’en 1946. L’Etat vénézuélien, grâce aux ressources provenants du pétrole devient le pays le plus riche de l’Amérique Latine. » Les différents gouvernements ont décidé d’intervenir de façon active et systématique dans les activités économiques. Dans ce sens, le Bureau Centrale de Coordination et de Planification de la présidence de la République a été créé pour élaborer le Premier Plan de la Nation. En outre, les entreprises sidérurgique et pétrochimique de l’Etat perçoivent des augmentations des investissements. Vers la fin des années 60, il y a eu une reprise économique ainsi qu’une diminution du chômage. Egalement.les prix restent assez stables et ne croissent que de 1,1% par an. Le gouvernement démocratique augmente à plusieurs reprises le parc de l’Institut Municipal de Transport Collectif.
1973-79 Capitalisme d’Etat : La hausse des prix du pétrole vers la fin de 1973 marque le début d’une nouvelle période pour l’économie vénézuélienne. Ce phénomène impliquait une formulation d’une nouvelle stratégie de développement, ainsi qu’une redéfinition du rôle de l’Etat Vénézuélien dans ce développement économique; et redéfinir l’articulation du pays avec le système capitaliste mondial. L’augmentation des prix du pétrole en 1973, a produit une croissance du PIB et des revenus par tête de 41,2% en 1 an. Dans des conditions normales, un pays quelconque atteint cette croissance dans une période d’environ 15 à 25 ans. Au Venezuela, en 1973, il n’y pas eu d’amélioration dans la productivité, mais une augmentation du pouvoir d’achat à l’extérieur. Dans la stratégie générale de développement, on donne à l’Etat un rôle très important : « Le Grand Distributeur ». Dans ce sens, ont été crées le Fond d’Investissements Industriels, le Fond d’Investissements Agricoles, et le Fond National d’Investissements du Venezuela. En outre, il y eu une réorganisation des ministères, où le Ministère des Travaux Publics a été divisé en 3 Ministères: l’Equipement Urbain, les Transports et Communications et des Ressources Naturelles Renouvelables; la Banque Ouvrière est devenu l’Institut National du Logement (INAVI), on a crée la Corporation pour le Développement de la Petite et Moyenne Industrie (Corpoindustria), le Fond de Développement Agropecuaire et le Fond de Crédit Industriel. L’Etat prend dans ces mains la responsabilité directe des projets industriels nationaux. L’Etat administre, aussi, de façon directe les grands projets industriels, énergétiques et de transport. Il existe une politique de distribution des revenus additionnels parmi les différents couches de la population. Il y eu un important investissement en Education et Santé. L’Etat a mise en place une politique d’augmentation des dépenses publiques d’intérêt social: un salaire minimum a été fixé, une augmentation salariale et une loi contre les congés injustifiés ont été décrétés. Au début de l’année 1979 l’économie vénézuélienne se trouvait dans un état lamentable. Le PIB non pétrolier n’avait eu qu’une croissance du 3% (inférieur aux années antérieures), l’activité industriel et de la construction étaient presque paralysés, et, en plus, le pays se trouvait en face d’une énorme dette publique extérieure. 1980-90 Crise : Avec le deuxième choc pétrolier (chute du Shah d’Iran), le Venezuela arrive à s’en sortir. Cependant, l’augmentation des prix du pétrole a produit une récession mondiale de l’économie, qui a aussi affecté le Venezuela. Le gouvernement vénézuélien mantient la stratégie productive des grands projets. Ceci afin de continuer avec le modèle traditionnel basé sur les exportations des produits primaires et l’importation de la plupart des biens de consommation, des biens intermédiaires et des biens de capital. Ce modèle implique une croissance systématique de secteur des services et un développement incohérent du secteur productif. L’économie vénézuélienne souffre d’une transformation importante: il existe une diminution continue de la production du pétrole et de son raffinage. Egalement, on commence a voir une tendance d’augmentation du poids de l’industrie manufacturière dans l’économie. La dette publique extérieure ne cesse pas de croître. Elle passe de 11 millions de dollars en 1973 à plus de 27 millions en 1983. De plus, sa structure d’endettement est à court terme. Il y a eu une politique de dévaluation périodique du Bolivar, passant de 4,3 Bs par dollar (US$) à 14,5 Bs par dollar (US$) en 1986, puis à quelques 50 bolivars par dollar à la fin 1991. Dans les années 90, l’Etat entreprend une politique de privatisation d’entreprises. L’Etat Vénézuélien, propriétaire de méga-entreprises qui produisaient des « méga-pertes », essayant de sortir de la crise, commence un processus de privatisation. Jusqu’à maintenant on a privatisé la Banque Occidentale d’Escompte (BOD), la Banque ItaloVenézuélienne (BIV), et la Banque de la République. Egalement les Chantiers Navals (Astinave), le Magasins Agricoles (Adagro), des Centrales de Canne du Sucre, et quelques hôtels de l’Etat. Dans le même sens, l’Institut National des Ports a été liquidé et ses taches ont été transfères au gouvernements régionaux. Et en 1991 deux grands entreprises de l’Etat ont été privatisées. Il s’agit de Viasa (compagnie d’aviation) et de la Cantv (compagnie des téléphones). Les caractéristiques les plus importantes de l’économie vénézuélienne des dix dernières années ont été l’hyperinflation et la constante détérioration de la monnaie.

Comment créer une entreprise privée de bus?

     Depuis les années 50, pour installer une entreprise privée d’autobus il faut d’abord se constituer en Compagnie et faire l’enregistrement légal de l’entreprise dans le Registre du ; Commerce. Muni de l’attestation du Registre, il faut faire la demande de « concession de la ligne » au Conseil Municipal de la ville que l’on compte desservir. Dans la demande de concession il faut expliciter non seulement l’itinéraire demandé, les arrêts prévus, les horaires de service, mais aussi une description du parc de véhicules censés être mis en service (nombre, capacité, marques, etc). La concession de la ligne demandée a une durée de 10 ans, renouvelables. L’étape suivante consiste à s’adresser au Ministère des Transports et Communications pour obtenir les plaques d’immatriculation des autobus. j Depuis 1982 il faut aussi faire des démarches auprès de l’Autorité Organisatrice des j Transports Collectifs, qui tient certaines statistiques sur les entreprises de bus, et surveille ! le service et l’état des véhicules en circulation. En 1988, l’entreprise la plus petite avait un parc de 5 unités en service et la plus grande possédait 84 bus en circulation. Les entreprises de transport collectif emploient de 2 à 3,5 personnes (d’exploitation et entretien) par véhicule, indicateur inférieur à celui de la RATP (Régie Autonome de Transports Parisiens) en 1988 qui était de 4,03. Elles se sont implantées surtout dans des zones de la ville où elles étaient sûres de récupérer leur investissement. C’est à dire, dans les zones les plus peuplées et habitées par les couches de la population les moins motorisées de la ville : Catia, Caricuao, La Vega, El Valle, San Martin, Petare. Leurs parcours sont localisés dans les axes principaux de la ville et dans le centre-ville.

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Table des matières

Introduction Générale
Chapitre I: Caracas et son système de transport collectif 
1.1) L’économie vénézuélienne et la ville de Caracas
1.2) Le système de transport collectif de Caracas
1.3) Ressemblances dans l’organisation du transport collectif avec d’autres villes d’Amérique Latine
Conclusions
Chapitre II: La nécessité d’une réorganisation du système de transport collectif de Caracas à partir du métro 
2.1) La réorganisation, est-elle la solution au problème de transport collectif de Caracas ?
2.2) Le projet d’un métro pour Caracas: point fort de la réorganisation du transport collectif
2.3) L’intégration : un volet de la réorganisation
2.4) Chronique d’une « restructuration » manquée
Conclusions
Chapitre III: Les changements après la mise en service du métro
3.1) La mise en service du métro
3.2) Les changements observés dans l’offre de transport collectif de surface entre 1982 et 1988
3.3) Les changements constatés par les transporteurs
Conclusions
Chapitre IV: Métrobus : une autre voie de restructuration ? 
4.1) Le service métrobus
4.2) Etapes de mise en place du service métrobus
4.3) L’organisation du métrobus
4.4) L’intégration métro-métro bus
Conclusions
Conclusions générales
Bibliographie

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