La rente au sein de la sphère pétrolière
La rente foncière
La terre est considérée comme un bien économique non reproductible par la force humaine, chaque portion de ce bien est appropriée par des personnes particulières et en prennent le monopole sur elle, bien qu’elle soit généralement utilisée en agriculture, son exploitation requiert deux facteurs de production : le capital et le travail. L’utilisation de ces facteurs exige une contrepartie, le profit comme valeur d’échange du capital et le salaire comme valeur d’échange du travail. Selon K.Marx, dans l’air capitaliste, l’exploitation des propriétés foncières revient à des fermiers disposant d’un capital, en effet, pour avoir le droit de cultiver les facultés productives des terres, le capitaliste doit verser à des échéances déterminées une somme d’argent au propriétaire foncier, cette dernière constitue la rente foncière.
Bien qu’un demi-siècle les sépare, les approches de Ricardo et Marx à l’égard de la rente foncière sont suffisamment proches pour être associées dans le même paradigme. Elles reposent toutes deux, en effet, sur le concept des fertilités différentes des terres agricoles. Cependant, on distingue trois types de rente : la rente différentielle, la rente absolue et la rente de monopole.
La rente au sein de la sphère pétrolière
J.M.Chevalier définit le surplus pétrolier comme « la différence entre le prix de valorisation d’une tonne de brut, vendue aux consommateurs sous forme de produits raffinés, et le coût moyen total supporté pour extraire, transporter, raffiner et distribuer cette même tonne de brut».
Cet écart entre la valeur du produit et son coût de production pose davantage de problèmes ; en réalité, les bruts pétroliers diffèrent d’un gisement à un autre, et les coûts de transport supportés sont différents et augmentent proportionnellement que la distance parcourue augmente. En effet, ce surplus pétrolier est approprié par les États consommateurs et les États producteurs sous forme de prélèvement fiscal.
L’apparition de la rente au sein de l’industrie pétrolière, dépend de la rareté des produits énergétiques extraits, et l’hétérogénéité des gisements et des facteurs nécessaires pour le raffinage, et la commercialisation de ces produits. En effet, il existe deux formes de rentes dans l’industrie pétrolière, la rente différentielle et la rente de monopole.
Les mécanismes d’une économie pétrolière selon Seers
D’après Seers (1964), la caractéristique principale de l’économie rentière se réfère à l’augmentation rapide des exportations pétrolières, résultant de l’élasticité revenu élevée de la demande. Cette augmentation des revenus s’en suit par une politique salariale extensive. En revanche, l’augmentation des revenus pétroliers sera absorbée par l’accroissement des salaires plutôt que par l’emploi.
Avec le temps, le taux de salaire de l’économie pétrolière devient élevé par rapport aux standards internationaux. Cela engendre une augmentation de la demande des biens et services, qui sont fournis principalement par l’importation. Au fur et à mesure que les salaires augmentent, les importations pèseront lourdement sur le modèle de consommation, et il sera relativement difficile de développer des activités de substitutions aux importations, à cause de l’augmentation des coûts.
La macroéconomie de base des économies pétrolières selon Alam
L’analyse de Alam (1982) se focalise sur les secteurs non pétroliers, à travers un modèle keynésien. Son but est d’examiner l’effet de l’augmentation des dépenses publiques suite à l’accroissement des revenus pétroliers. L’auteur définit donc quatre caractéristiques de l’économie rentière :
– Le produit national est constitué d’une part importante des recettes pétrolières.
– Le secteur pétrolier finance la majeure partie des dépenses publiques.
– Le secteur pétrolier est indépendant des prix internationaux de ses importations.
– Le plein emploi règne dans l’économie.
La notion du syndrome hollandais
La notion du syndrome hollandais, ou mal Hollandais, ou encore Dutch disease est apparue au cours des années 1970, en Grande-Bretagne. Au moment où l’économie hollandaise rencontrait des difficultés, suite à la mise en exploitation des réserves de Gaz naturel, du gisement Slochteren.
Le phénomène de la maladie hollandaise fait référence à une situation où un boom dans un secteur d’exportation amène un déplacement des facteurs de production des autres secteurs vers ce dernier. Ainsi qu’une hausse des prix des biens non échangeables et des services. Ceci a pour conséquence d’affecter négativement les secteurs des biens échangeables.
The economist fut la première revue qui a utilisé l’expression du Dutch Disease, en effet, dans un article publié en 1977, l’auteur décrit le phénomène étrange auquel est confrontée l’économie hollandaise. Après le premier choc pétrolier, la bonne performance économique de la Hollande est confrontée à une récession. Une industrie stagnée depuis 1974, une chute libre de l’investissement privé et des profits, une augmentation de 4 % du taux de chômage, et une diminution de 16 % de l’emploi dans le secteur manufacturier, face à une amélioration des comptes courants avec un solde excédentaire de 2 milliards de dollars. Cette opposition entre la balance des paiements et la situation économique interne constitue l’effet majeur du syndrome hollandais.
Les effets du modèle de Corden et Neary
L’existence d’un boom dans le secteur des ressources naturelles exerce deux effets sur les autres secteurs de l’économie. Ces effets son principalement, l’effet réallocation des ressources et l’effet dépense.
L’effet réallocation des ressources peut être appréhendé comme suite : un boom dans le secteur des énergies, plus précisément, l’augmentation des prix des matières premières engendre d’importantes richesses, qui se traduisent par une politique salariale extensive, il y’a alors une augmentation de la demande de travail, dans le secteur minier et le secteur des services. En contrepartie, le secteur produisant des biens manufacturiers échangeables souffre d’un manque de main-d’œuvre, et donc une baisse de la production.
En outre, l’augmentation des dépenses causée par l’expansion des salaires entraine une augmentation des prix des biens non échangeables. Et en conséquence, une appréciation du taux de change réel. Cela se traduit par une baisse des prix relatifs des biens échangeables, et une amélioration de la profitabilité des secteurs non échangeables, c’est l’effet dépense.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : Rente pétrolière et croissance économique : éléments du cadre théorique
Section 01 : De la rente de fertilité Ricardienne à la rente pétrolière
1. La rente foncière
1.1. La rente différentielle
1.2. La rente absolue
1.3. La rente de monopole
2. La rente au sein de la sphère pétrolière
2.1. La rente de rareté
2.2. La rente différentielle
2.2.1. La rente de qualité
2.2.2. La rente de position
2.2.3. La rente technologique
2.3.La rente de monopole
Section 02 : Les théories de la croissance et du développement
1. L’économie de la croissance à partir des ressources naturelles
1.1.Les mécanismes d’une économie pétrolière selon Seers
1.2.La contribution des exportations pétrolières à la croissance économiques selon Kader
1.3.La macroéconomie de base des économies pétrolières selon Alam
2. La théorie du syndrome hollandais
2.1.La notion du syndrome hollandais
2.2.Modèle de Corden et Neary (1982)
2.3.Les effets du modèle de Corden et Neary
Section 03 : Le prix international du pétrole
1. L’évolution du prix du pétrole
2. Les déterminants du prix du pétrole
2.1.Les déterminants physiques
2.1.1. L’offre du pétrole
2.1.2. La demande du pétrole
2.2.Les déterminants financiers
2.2.1. La spéculation
2.2.2. Le cours du Dollar
Chapitre II : La gestion de la rente pétrolière en Algérie
Section 01 : Le rentiérisme et l’économie Algérienne
1. La dépendance rentière de l’économie Algérienne
2. La rente pétrolière et les dépenses publiques
Section 02 : La place de la rente pétrolière dans le budget de l’Etat et l’absorption de l’économie
1. Les recettes fiscales en Algérie
1.1.Les recettes fiscales pétrolières
1.2.Les recettes fiscales ordinaires
2. La fiscalité pétrolière appliquée en Algérie
2.1.La taxe superficiare
2.2.La redevance
2.3.La taxe sur le revenu pétrolier (TRP)
2.4.L’impôt complémentaire sur le résultat (ICR)
3. L’absorption de la rente pétrolière
3.1.L’analyse de l’investissement
3.2.L’analyse de l’absorption interne
3.3.L’impact des fluctuations du prix du pétrole sur les secteurs productifs hors hydrocarbures
Section 03 : L’Algerian disease
1. L’analyse de l’emploi
2. L’analyse de la valeur ajoutée sectorielle
2.1.L’analyse de la structure de la valeur ajoutée durant la période 1969-1985
2.2.La période de crise de l’économie Algérienne 1986-1999
2.3.L’analyse de la structure de la valeur ajoutée durant la période 2000-2009
Chapitre III : Etude empirique de la relation entre la rente pétrolière et la croissance hors hydrocarbures en Algérie
Section 01 : Les repères de l’économétrie
1. Généralités et caractéristiques des séries temporelles
1.1. Définition d’une série temporelle
1.2. Caractéristique d’une série temporelle
1.2.1. Moyenne et Variance
1.2.2. Fonction autocovariance
1.2.3. Fonction autocorrélation
1.2.4. Fonction autocorrélation partielle
1.3.Processus aléatoire stationnaire
1.3.1. Processus aléatoire (stochastique)
1.3.2. Processus stationnaire
1.3.2.1. Stationnarité au sens strict (forte)
1.3.2.2. Stationnarité au sens faible
1.3.2.3. Processus de bruit blanc
1.4.Processus non stationnaire
1.4.1. Processus TS
1.4.2. Processus DS
1.5.Test de racine unitaire
1.5.1. Test de dickey fuller (DF 1979)
1.5.2. Test Dickey fuller Augmenté (TFA 1981)
2. Les séries temporelles multivariées
2.1.Le modèle VAR (Vector Auto Régression)
2.1.1. Représentation du modèle VAR
2.1.2. Condition de stationnarité
2.1.3. Estimation du modèle VAR
2.1.4. Détermination du nombre de retard
2.2.Application du modèle VAR
2.2.1. Analyse des fonctions de réponse impulsionnelle
2.2.2. La causalité
2.2.2.1. Causalité au sens de Granger 1969
2.2.2.2. Test de causalité.
2.2.3. Décomposition de la variance de l’erreur
Section 02 : Analyse descriptive des données
1. Justification du choix des variables
2. Analyse graphique et interprétation des séries
Section 03 : Analyse statistique
1. Propriétés stationnaire des séries
1.1.Détermination du nombre de retard
1.2.Test de Dickey Fuller augmenté
2. Approche vectorielle (VAR)
2.1.Choix du nombre de retard
2.2.Estimation d’un modèle VAR
2.3.Validation du modèle VAR
2.4.Application du modèle VAR
2.4.1. Causalité au sens de GRANGER
2.4.2. Analyse des fonctions de réponse impulsionnelle
2.4.3. Décomposition de la variance de l’erreur
Conclusion générale
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