La relation mère-enfant chez Mélanie Klein
UNE OUVERTURE SUR LE MONDE; LA RELATION AVEC LA MÈRE N’EST PLUS EXCLUSIVE
« Celui qui peut réconcilier la fin de sa vie avec son commencement est le plus heureux des hommes. » Goethe.
Depuis le début de notre recherche, nous avons tenté de montrer à quel point les personnages principaux des œuvres romanesques de Yolande Villemaire sont représentés dans un univers clos où il n’y a que la figure maternelle qui peut apporter l’amour et le bonheur. Mais tôt ou tard, que ce soit Solange Therrien ou encore Miliana Tremblay, ces deux femmes vivent la perte de la figure tant aimée et si significative pour elles et c’est à partir de ce moment qu’une force, qui avait été jusque-là méconnue, se déploie dans les textes de Yolande Villemaire : malgré la perte de l’objet d’amour, les personnages semblent s’accrocher à la vie et, tout à coup, un monde s’ouvre à eux. La grande peine et le vide immense provoqués par l’absence prend de moins en moins de place pour ces femmes devenues sans repères et, peu à peu, Solange et Miliana sont présentées moins défaites et moins attristées par la perte de leur objet d’amour. Au cours du chapitre précédent, nous avons montré qu’une importance fondamentale doit être accordée à la présence de la figure maternelle dans la vie des héroïnes; mais nous verrons au cours du présent chapitre que ces personnages témoignent aussi d’une certaine maturité, voire d’une autonomie vis-à-vis de cette figure. Le sentiment de solitude se dissipe et la tristesse accablante se dissout. Malgré leur difficulté à avancer dans la vie, ces personnages se métamorphosent; ils font preuve d’une évolution et d’une maturité. Tout se passe comme si une force se déployait enfin dans l’univers textuel des romans étudiés : Solange et Miliana apparaissent plus fortes, voire plus habiles. Un bien-être et une sorte de sérénité deviennent alors possibles, et ce, malgré le fait que les personnages féminins ne soient plus rivés à leur l’objet d’amour. Ce sera maintenant à cette nouvelle façon de voir la vie, beaucoup plus positive, que nous nous intéresserons au cours de ce second chapitre.
Tout au long de ce chapitre, nous nous attarderons particulièrement sur les aspects moins bien exploités jusqu’ici, sur les passages textuels qui traduisent une force chez les personnages principaux et sur certaines de leurs caractéristiques encore méconnues mais qui sont pourtant bien présentes autant dans l’univers de Des petits fruits rouges que dans celui de La déferlante d’Amsterdam. Pour ce faire, notre étude s’appuiera essentiellement sur la position dépressive de Mélanie Klein puisque théoriquement, ce serait à partir de ce moment que la relation à la mère commence à ne plus être exclusive pour l’enfant. Nous nous attarderons précisément sur certains passages des romans à l’étude qui témoignent d’un besoin moins viscéral en ce qui concerne la figure maternelle. Entre autres, nous verrons qu’il y a une sorte de répit en ce qui a trait à la peine et au vide engendrés par la perte de l’objet d’amour. L’absence de cet objet, qui avait été jusque-là une condition au bonheur de Solange et de Miliana, devient tout à coup moins pénible : moins centrale et moins dramatique, l’absence de la figure maternelle est ainsi moins lourde à supporter, comme si celle-ci ne prenait plus toute la place. Solange Therrien et Miliana Tremblay semblent ainsi, par moment, avoir une vie et des relations plus normales et saines avec les autres et tout se passe comme si ces femmes pouvaient enfin accéder à un certain bonheur, signe d’une nouvelle maturité, d’une nouvelle vision des choses et de la vie.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1: LA PRÉDOMINANCE DE LA FIGURE MATERNELLE DANS DES PETITS FRUITS ROUGESET LA DÉFERLANTE D’AMSTERDAM.
1.1 La relation mère-enfant chez Mélanie Klein
1.1.1 L’ambivalence de sentiments
1.1.2 La position paranoïde schizoïde
1.2 Étude du roman Des petits fruits rouges
1.2.1 La figure maternelle dans Des petits fruits rouges
1.2.1.1 La figure maternelle la plus significative : Raphaël
1.2.1.2 Un double de Raphaël : Tristan
1.2.1.3 Le collègue préféré de Solange :Narcisse Antilhomme
1.2.1.4 Pierre, l’homme qui partage la vie de Solange
1.2.2 L’ambivalence de sentiments dans Des petits fruits rouges
1.2.3 La position paranoïde schizoïde dans Des petits fruits rouges
1.2.4 Conclusion : des signes qui témoignent d’une évolution
1.3 Étude du roman La déferlante d’Amsterdam
1.3.1 La déferlante d’Amsterdam*, une suite logique à Des petits fruits rouges
1.3.2 Un lieu commun : le secret
1.3.3 L’ambivalence de sentiments
1.3.3.1 Présence d’une mère quasi exclusivement agressive ou absente
1.3.4 La position paranoïde schizoïde dans La déferlante d’Amsterdam
1.3.5 Prédominance de la relation fusionnelle
1.3.6 Une scène finale plutôt ambiguë
1.3.7 Conclusion
CHAPITREE 2:UNE OUVERTURE SUR LE MONDE; LA RELATION AVEC LA MÈRE N’EST PLUS EXCLUSIVE
2.1 La position dépressive et la perte de l’objet d’amour
2.1.2 La vie et le sujet versus la psychanalyse et la position dépressive
2.2 Étude du roman Des petits fruits rouges
2.2.1 Accès à Y épreuve de la réalité
2.2.2 Une séparation bénéfique
2.2.3 Une rencontre capitale
2.2.4 De Proserpine à Vénus
2.3 Étude du roman La déferlante d’Amsterdam
2.3.1 Un contexte qui annonce la position dépressive
2.3.2 Un détachement vis-à-vis de l’objet d’amour
2.3.3 La grossesse : une représentation de la position dépressive
2.4 L’importance majeure de la position dépressive
2.4.1 Conclusion : Des trajectoires inverses
CONCLUSION
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