Les choses sont, comme souvent en économie, un peu plus complexes, et les débats autour de la théorie quantitative de la monnaie sont intenses. L’inflation a plongé plusieurs pays dans de longues périodes d’instabilité (ONER, 2010). Les prix ont tendance à prendre toute la place disponible, et donc à compenser par leur propre hausse une augmentation de la quantité de monnaie en circulation (MANKIW, 1998).
LA RELATION ENTRE L’INFLATION ET L’EMISSION MONETAIRE
Les monétaristes et les auteurs néoclassiques insistent sur le fait que l’inflation est le résultat d’une émission de monnaie très importante. Irving Fisher justifiait cette hypothèse par la Théorie Quantitative de la Monnaie en abordant une relation d’égalité entre le flux de monnaie dépensée et la valeur nominale des paiements. Théoriquement, comment analyser la relation entre l’inflation et l’émission monétaire ? Des termes préoccupants seront définis en premier lieu. En second lieu, il est nécessaire de savoir comment mesurer l’inflation. En troisième lieu, il faut répondre à la question « quels sont les impacts de l’inflation sur l’économie ? » Seront évaluées également, en dernier lieu, les causes de l’inflation par la monnaie ainsi que ses autres facteurs .
Définitions
L’inflation doit être distinguée d’autres processus, qui affectent aussi le niveau général des prix comme la désinflation, la stagflation, et la déflation. Pour mieux comprendre le concept de l’inflation, il faut d’abord maîtriser ces différents termes.
L’inflation
« L’inflation est l’œuvre du diable parce qu’elle respecte les apparences et détruit les réalités » selon MAUROIS (1938, p.3). L’inflation est la hausse durable du niveau général des prix à l’intérieur d’un pays résultant d’une rupture d’équilibre. Une hausse ponctuelle et localisée des prix, ne peut pas être considérée comme de l’inflation, que si elle se propage à toute l’économie et se poursuit sur la période qui suit : le mouvement de croissance des prix doit être général, concerner les différents secteurs et branches de l’économie et se maintenir dans le temps (MEZIOU et FOURATI, 2006).
Elle doit être distinguée de l’augmentation du coût de la vie qui mesure la variation des dépenses (donc du revenu) requises pour procurer une satisfaction équivalente à celle de la période passée. Le panier de biens servant à l’estimation de l’Indice de Prix à la Consommation (IPC) est fixe ; ce qui n’est pas le cas pour l’indice du coût de la vie (ONER, 2010). Dans chaque acte d’échange, c’est-à-dire dans les flux réels et flux monétaires, les biens et services vont du vendeur à l’acheteur, tandis que la monnaie passe de l’acheteur au vendeur. Ces deux types de flux parcourent en sens inverse un circuit qui relie tous les agents participants aux échangent économiques. Cependant, les débits de ces deux types de flux ne sont pas stables et leurs variations dans le temps ne sont pas identiques. Il y a inflation lorsque le débit des flux monétaires augmente par rapport à celui des flux réels ; la situation inverse porte le nom de déflation (MARCZEWSKI, 1977).
La désinflation
Le concept de désinflation est lié à l’analyse de cycle économique conjoncturel. Ainsi, la désinflation désigne le ralentissement de la hausse des prix et non la baisse des prix. Autrement dit, c’est un ralentissement de la croissance du niveau général des prix. La désinflation est aussi une politique monétaire inspirée par la théorie monétariste (RAZAFIMANANTENA et RAJAMARISON, 2013).
Les prix continuent donc d’augmenter lorsqu’il y a désinflation, mais à un rythme moins soutenu. Plusieurs raisons expliquent la désinflation :
● Diminution des prix des produits importés pour améliorer la situation financière des entreprises
● Diminution des prix agricoles
● Modération salariale .
En effet, la phase d’expansion, ou d’essor économique marquée par une augmentation de la production, ainsi que la dévaluation de tous les prix est parfois marquée assurément par ce phénomène au niveau du stade final de l’évolution de la phase précitée. L’économie ne pourra jamais tenir l’inflation en permanence, donc une régulation s’impose et c’est dans ce cas que la politique de désinflation apparaît car l’autorité monétaire interviendra pour limiter la masse monétaire en circulation, sinon, le Trésor public intervient sur le marché de bon du Trésor pour ponctionner un excédent de pouvoir d’achat en circulation. La désinflation peut être donc une phase intermédiaire entre la situation d’inflation et la politique anti inflationniste (RAZAFIMANANTENA et RAJAMARISON, 2013). La politique de désinflation est utilisée pour rendre compétitive le commerce extérieur d’un pays quelconque donné. En effet, d’après COURBIS (1969, p.40) « toutes choses égales par ailleurs, le ralentissement de la hausse des prix des produits nationaux améliore la compétitivité-prix de nos produits par rapport à l’étranger, ce qui permet à la fois d’éviter des substitutions de produits étrangers aux produits nationaux et dope nos exportations, donc augmente nos parts de marchés ». Cette politique consiste à augmenter la compétitivité des entreprises. Donc le but c’est (GOUX, 1998) :
-d’augmenter l’emploi pour que le chômage diminue
-d’augmenter les exportations pour améliorer le terme de l’échange
-d’augmenter les prix des produits importés pour améliorer la balance commerciale.
-d’apprécier la valeur de la monnaie.
La déflation
La déflation est le gain du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par un processus de baisse du niveau général et durable des prix ; c’est une inflation négative. La déflation pourrait se produire au niveau d’une économie par la suite d’une politique monétaire restrictive démesurée qui aboutit à une situation inverse de l’inflation. Cette baisse des prix s’accompagne d’une réduction massive de l’activité et d’un fort accroissement du chômage (BEITONE et DOLLO, 2001). Il y a déflation lorsque la masse monétaire diminue dont l’origine peut être la hausse des taux d’intérêts, les restrictions dans la distribution du crédit, le remboursement par l’Etat de la dette publique à la banque centrale (GOUX, 1998). Ainsi, par suite d’une politique antiinflationniste, les prix baissent, la production fléchit, le chômage s’accroît et les opérations de crédit diminuent, car une baisse des prix n’intéresse plus les entrepreneurs. Il se pourrait que les entrepreneurs substituent la production au loisir car une déflation ne rapporte rien en termes de profit, on pourrait même parler de perte nette que de bénéfice si ces derniers foncent sur un investissement. La déflation aboutit à une situation de récession économique si l’autorité ne réagit pas immédiatement pour stimuler la production (RAZAFIMANANTENA et RAJAMARISON, 2013). La déflation a un effet sur la consommation des ménages. La baisse du prix d’un bien particulier entraine une hausse de la demande pour ce bien. La baisse du niveau général des prix entraine des effets opposés : les ménages reportent une partie de leur consommation dans le futur ou le prix seront moins élevés, ce qui va conduire à la baisse des débouchés pour les entreprises ; puis ces dernières vont réduire leurs couts en licenciant ; il y a donc une diminution de la demande et par conséquent les prix vont baisser (GOUX, 1998).
La stagflation
Etymologiquement, le mot stagflation combine deux termes déjà familiers pour les économistes de courant traditionnel. Il intègre, d’une part, la stagnation de l’activité économique qui rend vulnérable le processus de production et ralentit sensiblement le taux de croissance (souvent accompagné d’un fort taux de chômage), et d’autre part, d’une inflation élevée. Ainsi, d’après cet essai de définition, deux concepts, longtemps jugés par les économistes comme deux phénomènes incompatibles, sont combinés. Le premier est la caractéristique d’une récession, voir une dépression économique, et l’autre accompagne un processus d’expansion de la production, donc d’une prospérité économique (BEITONE et DOLLO, 2001). C’est un concept économique assez récent. C’est un phénomène qui entrave la croissance économique. Elle est décrite par une situation marquée d’une inflation persistante et très difficile à réduire alors que les ressources de l’économie sont utilisées à un niveau inférieur au potentiel. On pourrait même avancer que l’expression de stagflation a été créée dans les années 1970 pour caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entrainé à la fois une accélération de l’inflation et un fort ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés (BEITONE et DOLLO, 2001).
Comment mesurer l’inflation ?
Pour mesurer l’évolution du niveau général des prix, il est nécessaire de disposer d’un indice des prix. Plus particulièrement, lorsque l’évolution de l’inflation est analysée, on se rattache généralement à un indice des prix à la consommation . Il faut aussi ajouter que la mesure de l’inflation suppose une année de référence. Un calcul en moyenne permet de comparer les moyennes annuelles de l’indice (moyenne arithmétique simple des 12 indices mensuels. C’est une mesure synthétique de l’évolution des prix des produits, à qualité constante (MEZIOU et FOURATI, 2006).
L’IPC permet de déterminer la composition du panier de consommation d’un consommateur typique et d’accorder un poids aux biens et services en fonction de la part qu’ils représentent dans les achats du consommateur typique.
Il se fait en 4 étapes (MANKIW, 1998):
1- Composition du panier : il faut déterminer les produits les plus importants pour le consommateur typique. Exemple : Si celui-ci consomme plus de pommes que d’oranges, alors le prix des pommes est plus important que celui des oranges et doit avoir un poids plus élevé. Le choix des produits et de la pondération se fait à partir d’enquêtes sur le budget de consommation des ménages.
2- Repérage des prix pour chacun des produits à chaque période, effectués chez des commerçants par des enquêteurs.
3- Calcul du panier du consommateur à chaque époque. La composition du panier reste la même, seuls les prix changent, ce qui permet d’isoler l’effet d’une variation de prix.
4- Choisir une année de base, calculer l’indice et le taux d’inflation. Les variations de l’indice peuvent être calculées en glissement ou en moyenne. Le calcul en glissement annuel se fait en comparant la valeur de décembre de l’année n+1 à décembre de l’année n. Le calcul en moyenne se fait en comparant la moyenne des prix pendant l’année n+1 à la moyenne des prix pendant l’année n.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LA RELATION ENTRE L’INFLATION ET L’EMISSION MONETAIRE
I- Définitions
1- L’inflation
2- La désinflation
3- La déflation
4- La stagflation
II- Comment mesurer l’inflation ?
III- Les conséquences de l’inflation
1- L’inflation et la compétitivité
2- L’inflation et la consommation
3- L’inflation et la répartition des revenus
4- L’inflation et la croissance
5- L’inflation et le chômage
IV- L’inflation par la monnaie
1- Masse monétaire et ses composantes
a- Qu’est-ce que la masse monétaire ?
b- Les composantes de la masse monétaire
2- La théorie quantitative de la monnaie
V- L’inflation et ses autres facteurs
1- Inflation par la demande
2- Inflation par les coûts
4- Inflation par la structure
a- Les structures économiques
b- Les structures institutionnelles
c- Les structures psychologiques
d- Les structures sociales
Conclusion partielle
PARTIE II : ANALYSE DE L’INFLATION DANS QUELQUES PAYS D’AFRIQUE
I- Le cas de l’Ethiopie
II- Le cas de l’Ouganda
III- Le cas de Kenya
IV- Le cas de la Tanzanie
V- Vitesse de circulation de la monnaie dans les quatre pays
VI- Les facteurs d’inflation sur le court et long terme dans ces quatre pays d’Afrique de l’Est
Conclusion partielle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES ET WEBOGRAPHIE