La relation entre la « qualité » et la « quantité » dans le sport

Étude comparative de la relation entre la qualité d’exécution et le score obtenu sur le geste du tir accompagné au floorball

Introduction à la thématique

Si le sport est lié à la santé, au plaisir et à la performance (Pfefferlé & Liardet, 2011), c’est la notion de performance qui va particulièrement nous intéresser dans cette étude. En effet, quoi de plus naturel pour un sportif que de comparer sa progression et son évolution. Il existe alors différentes manières d’évaluer cette performance. Grâce à des outils se référant à une distance, au temps ou encore à un score, ou alors en jugeant l’exécution d’un mouvement avec des critères de qualité à l’appui. Il est possible de mesurer et d’évaluer la prestation d’un athlète sur les plans quantitatifs et qualitatifs. En termes simples, il s’agit de déterminer le combien et le comment. Cependant, chaque sport a établi des modèles de référence technique sur lesquels se basent les entraîneurs et les enseignants afin de développer une analyse favorable à la progression des athlètes ou des élèves. Le but de cette étude est de démontrer s’il existe une corrélation entre l’évaluation de la qualité d’exécution d’un mouvement selon des critères de référence et le résultat reposant sur des données quantitatives.

Etant futur enseignant d’éducation physique et sportive à l’école post-obligatoire et ayant déjà travaillé dans plusieurs établissements scolaires, je constate que l’évaluation est un thème pédagogique « clé » dans un contexte d’apprentissage, se basant tantôt sur des critères quantitatifs et tantôt sur des critères qualitatifs. Cette étude devrait permettre de déterminer si une évaluation quantitative reflète la qualité d’un mouvement ou non.

Nous nous pencherons dans un premier temps sur le floorball ainsi que sur les notions de qualité et de quantité. Parallèlement, nous allons nous intéresser aux thématiques de l’évaluation et de l’utilisation des médias dans l’enseignement. Puis nous présenterons l’étude pratique de la comparaison entre la qualité et la quantité dans le geste du tir accompagné au floorball.

Contexte et situation initiale 

La discipline du floorball est choisie afin de réaliser la partie pratique de l’étude, sport qui est pratiqué par chacun durant l’école obligatoire (Plan d’Etude Romand, 2017) mais qui présente encore passablement de lacunes techniques à l’école post-obligatoire. ,,A l’entraînement, on travaille trop souvent de manière non suffisamment cohérente en vue de finalité. La formation se concentre en grande partie sur le comportement défensif et ainsi éviter d’encaisser des buts.’’ (Mark Wolf, responsable de la formation Jeunesse&Sport ; Wolf et Berger, 2007). ,,Au cours des dernières années, la technique de passe et le jeu collaboratif ont beaucoup été travaillés. Alors nous arrivons proche des goals, mais nous échouons lamentablement. Nous oublions (à l’entraînement), que l’objectif de notre sport est de tirer et marquer des goals.’’ (Peter Düggeli, entraîneur national cat. Hommes ; Wolf et Berger, 2007). Après réflexion, nous désirions utiliser dans notre recherche une forme visant à marquer un goal. Il n’existe pas de meilleur tir mieux que d’autres, cela dépend de la situation de jeu (Carda et Lundin, 2012). Un tir avec une trajectoire de la balle au sol nous semblait de difficulté trop faible et supposait laisser trop de place au hasard. Grâce à une étude pilote menée au préalable, nous avons choisi le tir accompagné, avec une contrainte nécessitant une compétence de trajectoire de la balle en hauteur. Cette forme de tir correspond à un joueur de niveau débutantmoyen et est l’un des premiers tirs enseignés à l’apprenant (Berner, 2010). Le geste utilisé pour l’étude n’est donc pas vierge de toute expérience. De plus, le choix de la discipline du floorball nous permet également d’atténuer les disparités de niveaux au sein du groupe, comme on aurait pu en trouver avec d’autres sports plus populaires tels que le football.

Le floorball

Il existe différentes hypothèses de la naissance du floorball (Costa, 2015). A l’origine, c’est aux Etats-Unis dans les années 1950, que les joueurs et entraîneurs développèrent une activité dévirée du hockey sur glace pour une pratique estivale et sans contraintes matérielles. Ils réglementèrent donc le « floorhockey » et le premier tournoi se déroula en 1962 au Michigan. Par la suite, en Scandinavie et plus précisément en Suède, l’«innebandy » se développa dès les années 1970 grâce à des étudiants curieux, s’essayant au jeu des cannes en plastiques. Le grand engouement des clubs et des écoles amena à la création de la première association suédoise officielle formée au début des années 1980 (Joaille, 2011). L’émergence de ce sport fut ensuite importante en Europe au début des années 1980, notamment grâce à la création de plusieurs clubs et associations (Costa, 2015). En 2016, la Suède, la Finlande, la République Tchèque et la Suisse sont les pays qui comptent le plus de licenciés, représentant 80% des 320’000 actifs internationaux (International Floorball Federation, 2017). Bien qu’il existe deux dimensions de terrain, le principe est que cinq joueurs et un gardien par équipe s’affrontent sur le grand terrain de 40x20m, tandis que trois joueurs et un gardien par équipe s’affrontent sur le petit terrain de 24x14m (spécifique à la Suisse). Les joueurs sont munis d’une canne en plastique mesurant environ un mètre (Swissunihockey, 2014).

Le profil requis du joueur de floorball performant nécessite différentes compétences dans le jeu mélangeant la position sur le terrain, l’analyse tactique et les compétences personnelles techniques (Wolf, 2003). Sur le plan technique, le floorball est divisé en plusieurs élémentsclés et familles de formes. La forme de base du tir va nous intéresser et spécifiquement le tir accompagné.

Le tir accompagné

Sur le plan technique, le tir du poignet, le tir accompagné et le tir balayé font partie de la forme spéciale de tir balayé dans la dernière famille de formes tirer la balle. Le tir frappé et le slapshot font partie de la forme spéciale de tir frappé (Wolf, 2007, repris par Balmer, 2013). Sur le plan tactique, tous ces tirs font partie du jeu offensif, lorsque le joueur est en possession de la balle. Le tir accompagné débute par une phase d’élan au sol, la balle est en contact avec la palette, qui est perpendiculaire à la direction du tir. Le début de l’élan se fait derrière le corps. S’en suit une phase d’accélération avec une pression sur la canne accompagnée d’un transfert du poids du corps vers la cible et d’une rotation du corps (épaules et hanches). En fin de mouvement, la palette est orientée vers le but. Ce tir offre un bon contrôle de la balle et une grande précision. Mais il nécessite du temps pour l’exécution et est donc prévisible pour l’équipe adverse et le gardien (Wolf, 2007).

La relation entre la « qualité » et la « quantité » dans le sport

Dans le sport, les deux notions de performance (quantité) et de compétence (qualité) peuvent évoluer ensemble ou séparément (Giovannoni, 2007). Selon Piaget (1947), la notion de performance reflète la réussite et se rapporte à la quantité. La notion de compétence témoigne de la compréhension et se rapporte à la qualité d’exécution d’un mouvement. Il est possible de réussir un exercice sans pour autant comprendre pourquoi et à l’inverse, il est possible de comprendre un geste mais ne pas parvenir à l’exécuter. Autrement dit, la qualité et la quantité ne sont pas liées (Piaget, 1947).

Selon Lees (2002), il semble que l’analyse qualitative dans le sport comme outils pour évaluer la performance ne convient pas. Selon lui, l’utilisation de l’analyse technique est uniquement justifiée pour aider à améliorer la performance. Il soutient donc qu’on néglige la distinction entre la technique et la performance en présentant une division des méthodes d’analyse technique en composantes qualitatives, quantitatives et prédictives. L’analyse qualitative est un jugement subjectif découlant de l’observation temporelle des phases du mouvement. Ainsi des modèles de référence technique sont déterminés, utilisant les variables qui affectent la performance mais négligeant de nombreux éléments. L’analyse quantitative d’un mouvement résulte de la collecte des données biomécaniques. Il est difficile d’identifier précisément les variables techniques « clés » qui affectent la performance car elles sont souvent confondues avec d’autres. L’analyse prédictive relate du traitement de l’entraîneur visant à une amélioration de la performance par des méthodes d’animations visuelles. (Lees, 2002).

L’approche Action Types est fondée en 1990 par Bertrand Théraulaz et Ralph Hippolyte, deux consultants et entraîneurs sportifs de renommée. Cette théorie se base sur l’individualisme de chacun et cherche à aider les gens à créer du sens en stabilisant leur identité, leur cadre de référence, leur mission de vie. Elle peut s’appliquer aux sports, comme à d’autres domaines tels que les arts, l’éducation, les familles, le développement personnel, le management. La vision d’ActionTypes exploite le mouvement naturel et l’expression individuelle grâce à un travail personnel sur la confiance en soi, l’ouverture d’esprit, la santé, la créativité, etc… Elle stipule que pour une fonctionnalité optimale, le corps doit suivre des préférences naturelles et des cohérences individuelles. Cette approche n’est pas utilisée pour sélectionner les gens, mais leur permettre d’utiliser leurs différences et trouver le chemin du succès. Il y a du talent chez tout individu, il faut valoriser la différence et exploiter l’individualisme de chacun. On n’apprend pas un geste, il se libère selon trois principes fondamentaux : l’unicité est une combinaison de préférence et d’expérience, le mouvement naturel est ne pas imposer des techniques au corps, la diversité est le fait d’accepter et de promouvoir la différence. Ainsi le « geste parfait » n’existe pas, le geste émerge du contexte interne de l’athlète et de son environnement. Si un entraîneur n’arrive pas toujours à ce que leurs athlètes réalisent ce qu’il demande, c’est normal. Il doit s’intéresser aux préférences individuelles en les nourrissant, c’est le potentiel de développement de l’individu. (Théraulaz, 2012).

Les enjeux de l’évaluation

L’évaluation est partie intégrante de l’apprentissage puisqu’elle est l’un des facteurs « clés» de l’activité didactique. Elle permet à l’élève de se situer dans la progression et de faire un bilan des acquis (De Ketele, 2013). L’évaluation doit donc porter sur les compétences et non sur les capacités (Roegiers, 1999). Les évaluations doivent être les plus objectives, fiables et équitables possible pour les apprenants (Cogérino & Mnaffakh, 2007) et elles doivent porter sur les éléments pour lesquels l’apprenant a été entraîné (Baillat et al., 2008). En éducation physique et sport (EPS), il est difficile de construire des évaluations qui remplissent les conditions cidessus (Cogérino & Mnaffakh, 2007). L’évaluation quantitative est valide de par son objectivité et sa neutralité mais elle ne reflète pas le travail fourni par les élèves. Elle résulte d’habiletés qui sont souvent acquises hors cadre scolaire (Lentillon-Kaestner, 2014). Ne pas uniquement juger le résultat de la performance mais également prendre en compte des critères observables permet aux enseignants de ne pas pénaliser les élèves novices ou qui ont plus de peine d’un point de vue de la motricité (Cogérino & Mnaffakh, 2007). De plus, des conseils qualitatifs sont beaucoup plus pertinents que des appréciations sur une échelle numérique (Maulini, 2003). Les notes de performances présentent plus de variations entre les élèves que les notes de compétences. Cependant, les professeurs d’éducation physique sont tenus de suivre les règlements officiels et ne peuvent pas modifier les exigences à leur guise (Lentillon-Kaestner, 2014).

L’évaluation doit être considérée comme un outil d’apprentissage servant donc à créer un rapport entre les apprentissages acquis et ceux à acquérir (Baillat et al., 2008). Les notes sont ancrées dans l’enseignement comme échelle de mesure de la performance. Mais il existe différentes manières d’évaluer et celles-ci mènent à des finalités distinctes (De Ketele, 2010). De Ketele (2013) distingue l’évaluation scolaire selon trois fonctions différentes : l’évaluation d’orientation, l’évaluation formative et l’évaluation certificative. Cette dernière, qui est la plus utilisée, détermine le succès. L’évaluation d’orientation permet de percevoir les acquis et de diriger l’apprentissage. L’évaluation formative sert à situer l’élève par rapport à l’apprentissage en cours. (De Ketele, 2013 ; Charlier, 2016).

Les médias dans l’évaluation

La société actuelle évolue vers l’utilisation d’outils qui peuvent être utilisés dans un contexte pédagogique. Les ordinateurs portables, tablettes numériques ou encore smartphones sont de nos jours facile d’accès (Deschryver, 2015). En Suisse, l’utilisation des médias dans l’enseignement a fortement augmenté durant les 15 dernières années (Gogniat, 2012). Offrant une capture vidéo de qualité, ces outils technologiques permettent ainsi un travail de feedback vidéo. Plusieurs applications telles que Dartfish, sont également en plein développement proposant des fonctions d’analyse pertinentes (Gogniat, 2012). L’efficacité de l’utilisation des médias en cours d’éducation physique n’est plus à prouver. Néanmoins la vidéo ne peut pas remplacer l’enseignant et l’apprentissage est amélioré lorsque son analyse est faite communément avec le maître (Walliser & Chevalley, 2012). L’utilisation des médias dans l’enseignement développe des compétences chez les élèves, comme l’auto-critique, mais permet également d’enrichir le cours en variant les méthodes d’enseignement et d’évaluation (par exemple en définissant un poste avec vidéo pour un groupe pendant que l’enseignant s’occupe du reste de la classe) (Gogniat, 2012).

Analyse qualitative

Quatre caméras vidéo fixes sont placées sur le plan frontal fixe par rapport à la position initiale du tireur afin de capturer tous les mouvements sans avoir à déplacer l’installation à chaque changement de tireur. Le matériel vidéo est une tablette Ipad Mini 2 7,9 pouces enregistrement vidéo HD 1080p, une tablette Ipad Pro 12,9 pouces enregistrement vidéo HD 1080p, un appareil photo Nikon D3400 BK 18-55mm enregistrement vidéo HD 1080p et un ordinateur portable MacBook Air 13,3 pouces enregistrement vidéo Camera Face Time HD 720p. Chaque enregistreur est placé à une distance de trois mètres du tireur et est placé à une hauteur d’un mètre à l’aide de caissons ou d’un trépied Kamerastativ Star 63.

Nous avons pris en considération l’ensemble du mouvement du tir accompagné  en se focalisant à la fois sur le corps, mais également sur l’espace. Nous avons déterminé trois critères de qualité supposés pertinents dans l’exécution du tir accompagné au floorball. Nous évaluons premièrement le transfert du poids du corps dirigé vers la cible (Critère 1). Puis nous nous intéressons à la rotation du corps (épaules et hanches) (Critère 2). Enfin nous regardons le travail des mains (mouvements de la palette) (Critère 3). (Wolf & Berger, 2007 ; Lazzeri, Kayser & Armand, 2016).

Analyse quantitative

Nous avons défini une distance de tir de cinq mètres, exactement face au goal. Cette position reflète la situation de match présentant statistiquement la plus haute probabilité de réussite (Carda et Lundin, 2012). Le goal de 1.65m de large est séparé latéralement avec des cordes à sauter en trois espaces de 55cm correspondant environ à la largeur d’épaule moyenne d’un gardien de hauteur moyenne de 1,78 mètre (Wolf, 2001). Carda et Lundin (2012) considèrent les espaces entre les jambes et les bras du gardien comme emplacements présentant la meilleure probabilité de réussite de tirs en match. Un banc suédois est donc couché devant (24cm) et collé au but afin de représenter la hauteur des jambes d’un gardien . Les sujets sont par conséquent obligés de tirer avec un angle de tir de 2.97° et 12.95° par rapport au sol . Seuls les tirs avec une vitesse minimale permettant une trajectoire de balle tendue ont été considérés. Comme énoncé précédemment, chaque tireur effectue six séries de cinq tirs. A chaque série, une cible différente est visée selon un ordre contrebalancé entre les tireurs, afin d’éviter l’effet d’habituation.

Conclusion 

Qui n’a jamais vu la spécificité du coup droit de Rafael Nadal ? Ou la différence de technique de course de Blake et Bolt ? Malgré leurs disparités techniques, ils sont tous de grands champions. Alors la technique parfaite existe-t-elle vraiment ? Les résultats de ce travail de Master démontrent l’existence d’un lien entre la qualité d’exécution et le score obtenu lors du tir accompagné au floorball. Il existe un lien particulièrement étroit entre le travail des mains et le score obtenu sur la cible. Bien que certains facteurs autres que ceux étudiés entrent en ligne de compte, cette étude démontre pour la première fois dans le domaine de floorball, un lien entre les aspects qualitatif et quantitatif.

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Table des matières

1. Introduction 
1.1. Introduction à la thématique
Contexte et situation initiale
But et question de recherche
2. Méthode
Échantillon
Protocole de test
Analyse
3. Résultats
3.1. Statistiques descriptives et normalité des variances
3.2. Statistiques de fiabilité
3.3. Régression linaire simple
3.4. Régression linéaire multiple
4. Discussion 
4.1. Points forts et limites du travail
4.2. Comparaisons des résultats avec d’autres publications
4.3. Perspectives de nouvelles questions de recherche
5. Conclusion

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