La relation au cœur de la psychiatrie

La relation au cœur de la psychiatrie

Préambule

Notre époque moderne change rapidement et est notamment marquée par une évolution majeure du concept de communication. Méthodes de communication, guides de communications, points-clés de la communication, stratégies de communication, … en entreprise, avec son enfant, en couple…, la communication est mise à toutes les sauces et il existe une multitude d’informations qui déconnectent de l’essence même du concept. On oublie, qu’étymologiquement, le terme « communication » vient du latin « communare » qui signifie être en lien. L’objectif premier est donc de créer une relation entre les individus, aspect qui est défini comme étant le côté émotionnel(13) de la communication. Avec l’évolution des technologies, elle acquiert un deuxième sens, qui est celui de transmettre une information. Il y a ici, un émetteur, un récepteur, et un message qui doit circuler entre les deux : c’est l’aspect cognitif(13) de la communication. Or, au fur et à mesure du temps, c’est l’aspect informationnel qui s’est affirmé, au détriment de la qualité du lien, passé peu à peu au second plan. Paradoxalement, dans un monde où nous n’avons jamais eu autant de moyens à disposition pour nous parler, l’Être humain ne s’est jamais senti aussi seul(14). L’isolement social, qui touche environ cinq millions de Français, et le sentiment de solitude sont les deux aspects du manque de liens existants(14). La question n’est donc pas de pouvoir se parler, mais de comment et pourquoi se parle t-on ?

La psychiatrie, n’échappe pas à cette évolution. L’avancée des connaissances scientifiques et de la recherche, ainsi que des prouesses techniques, se sont parfois faites au détriment de la relation, qui peut avoir tendance à être négligée(15). Pourtant, les patients sont à la recherche d’un médecin qui les écoute et les comprend, les équipes ont besoin de retrouver une cohésion interdisciplinaire harmonieuse, et les médecins ont besoin de remettre la relation humaine au cœur de leurs métiers. Le défi de la consultation médicale est donc de pouvoir combiner harmonieusement une bonne transmission de l’information, tout en laissant la place à l’expression et l’écoute des émotions.

Quelques généralités sur la communication

Pourquoi communique-t-on ?

L’homme est par nature un Être social, qui vit en société organisée. Pour pouvoir gérer et réguler les relations entre les individus, et garder l’homéostasie du groupe, l’Homme a besoin de communiquer(16). Historiquement, la première façon de communiquer était comportementale (attitudes, comportements), et ce n’est que plus tardivement dans l’évolution, qu’apparait le langage et donc la communication verbale (homo erectus, il y a 2 millions d’années).

Communication interpersonnelle, de groupe et de masse
Il y a différents types de communication, selon que l’on s’adresse à une seule autre personne : communication interpersonnelle, à plusieurs personnes : communication de groupe ou à un très grand groupe : communication de masse. En général, plus l’on s’adresse à un grand groupe, plus on favorise l’aspect de transmission de l’informations de notre communication et à contrario, moins on est nombreux, plus c’est l’aspect relationnel qui pourra émerger.

Communication non-verbale, verbale et para-verbale

Communiquer ne concerne pas uniquement le langage oral ou écrit. Comme nous l’avons vu précédemment, l’Homme communique aussi avec des comportements. Aujourd’hui, les chercheurs s’accordent à dire, que la transmission d’un message s’appuie à seulement 7% sur la communication verbale, à 55% sur le non-verbal (posture, distance, expression faciale, gestuelle…) et à 22% sur le paraverbal (ton, nuances, intensité de la voix).

Des règles de communication

Selon Bateson, et l’école de Palo Alto(19), (groupe de chercheurs ayant étudié les concepts de communication et de la relation, dans les années 1950 aux Etats-Unis), il y aurait des règles de communication interpersonnelle qui se déclinent en cinq principes.

1- On ne peut pas ne pas communiquer :

En effet, tout comportement, même celui de garder le silence ou de se détourner, est un message (« je ne souhaite pas communiquer, j’ai besoin de rester seul »). Selon la façon dont ce message sera compris et interprété, il engendrera une relation particulière : par exemple, si je me dis « il me snobe » ou « il ne m’aime pas », la relation risque d’être tendue, à contrario, si je me dis, « il doit être timide», la relation sera d’avantage apaisée.

Ainsi, la façon dont nous interprétons un message émis par l’autre, influence la relation que l’on noue avec lui.

2- Tout message comporte deux niveaux : un niveau informationnel (le contenu du message) ; et un niveau relationnel induit par la composante émotionnelle du message.

Par exemple, si je dis à un enfant « arrête de dire des bêtises », je l’informe que je suis en désaccord avec ses propos : c’est le contenu de mon message. Mais la façon de le lui dire va lui indiquer comment je me sens (en colère, amusée…) et donc induira une réponse émotionnelle chez lui. Cet aspect émotionnel va tisser un type de relation entre nous. Si j’émets mon message avec une voix forte et un visage fermé, je montre que je suis en colère, l’enfant peut se sentir effrayé et notre relation sera plutôt distante ; mais si je souris, amusée, l’enfant sera détendu et notre relation complice. Il existe souvent, à ce niveau, des malentendus liés au fait que deux protagonistes n’échangent pas sur le même canal : l’un va en effet défendre le contenu de son message, alors que l’autre sera relié à l’aspect émotionnel et relationnel qu’il aura perçu.

3- Toute communication est ponctuée d’une séquence de faits.

Toute communication comporte une séquence d’échanges selon le couple stimulus/réponse où chaque protagoniste va répondre au stimulus envoyé par l’autre. Chacun des individus va comprendre, vivre, interpréter l’interaction selon son propre référentiel. « Une relation ne dépend pas seulement de la chaîne des événements qui constituent l’interaction, mais aussi de la façon dont les individus voient et interprètent les événements. » .

4- La communication est digitale et analogique.

C’est-à-dire qu’elle est à la fois, verbale (7%) et non-verbale (93%). Le digital (verbal) va plutôt transmettre le contenu, et l’analogique (non-verbal, para-verbal), toute la composante émotionnelle.

5- Les interactions entre deux individus sont symétriques ou complémentaires.

Tout échange de communication se fait sur un mode égalitaire, équivalent (interaction symétrique) ou sur un mode inégalitaire (parent-enfant, professeur-élève, médecin-malade…) où l’un est en position haute, et l’autre en position basse. Ce mode de relation est influencé à la fois par des règles sociales selon le statut, l’âge… mais aussi par le positionnement intérieur que chacun des individus adopte vis-à-vis de l’autre.

La relation et la communication sont interreliées

La relation et la communication sont interreliées(21) : la façon de communiquer avec quelqu’un (les mots, le ton, l’attitude employés) impacte la relation que l’on noue avec lui (relation chaleureuse, amicale, distante, tendue), et le type de relation que nous avons avec quelqu’un (relation amoureuse, filiale, professionnelle…) engendre une façon de communiquer particulière .

Encore plus, la relation et la communication que l’on initie avec l’autre sont liées à son propre état intérieur, c’est-à-dire à la relation et la communication que l’on entretient avec soi-même . En tant que médecins, nous sommes traversés au cours de la journée, par des émotions liées à la vie professionnelle ou personnelle. Ces émotions teintent le vécu des consultations et la qualité des relations avec les collègues. La plupart du temps, les émotions agissent à notre insu car nous n’en sommes pas conscients, et souvent, si nous en avons conscience, la réaction classique est plutôt de se juger, de se dénigrer, ou d’accuser l’autre de ce que nous ressentons.

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Table des matières

INTRODUCTION
I- Introduction
II- La relation au cœur de la psychiatrie
II-1- Préambule
II-2- Quelques généralités sur la communication
II-2-a- Pourquoi communique-t-on ?
II-2-b Communication interpersonnelle, de groupe et de masse
II-2-c Communication non-verbale, verbale et para-verbale
II-2-d Des règles de communication
II-2-e- La relation et la communication sont interreliées
II-3- La relation médecin-patient
II-3-a Une « bonne » communication en psychiatrie
II-3-b- … pour une « bonne » relation thérapeutique
II-3-c- Impacts sur le patient et le médecin
II-3-c-i- Troubles de l’humeur
II-3-c-ii- Schizophrénie
II-3-c-iii- Addictions
II-3-c-iv- Troubles de la personnalité
II-3-c-v- Troubles anxieux
II-3-c-vi- Troubles de comportement alimentaire
II-3-c-vii- Pour le médecin
II-4- La relation médecin-équipe
II-4-a- Une bonne communication au service de la sécurité du patient
II-4-b- Un impact sur la satisfaction des équipes
II-5- La relation du médecin avec lui-même
II-5-a- Le burnout chez les médecins
II-5-b -… et chez les internes
II-5-c- Le rapport à soi
II-5-d- La conscience de soi
II-5- e- La compassion pour soi
III- Apports de la Communication Non Violente
III-1-La CNV est issue de la psychologie humaniste
III-1-a-La conscience de soi
III-1-b- La prise de responsabilité et la recherche de sens
III-1-c- La liberté de mouvements
III-1-d- La notion de besoins
III-1-e- La relation médecin-malade
III-1-f- Marshall Rosenberg
III-2- L’empathie est au cœur de la CNV
III-2-a- L’empathie selon Marshall Rosenberg
III-2-b Etymologie
III-2-c- Différentes composantes
III-2-d- Différents mécanismes
III-2-d-i- Des mécanismes physiologiques et moteurs
III-2-d-ii- Les neurones miroirs et différentes aires cérébrales
III-2-d-iii- Une composante génétique
III-2-d-iv- Intérêts de l’empathie dans la relation médecin-malade
III-3- La CNV, un processus en quatre étapes
III-3-a- Première étape : l’observation des faits
III-3-b- Deuxième étape : les émotions
III-3-c- Troisième étape : les besoins
III-3-d- Quatrième étape : la demande, la stratégie
III-3-e-La danse du dialogue
III-4- Quelques points-clés de la CNV
III-4-a- Les quatre manières de recevoir un message
III-4-b-Les évaluations masquées
III-4-c- Ce qui coupe de l’empathie
III-5-d- La reformulation
III-5-e- La différence entre stratégie et besoin
III-5-f- La différence entre demande et exigence
III-5-g-Derrière tout jugement ou critique se cache un besoin insatisfait
III-5-h- La solution vient nous trouver
III-5-i- L’auto-empathie
III-5-j- La célébration
III-5- Les formations en CNV
III-5-a- La certification
III-5-b- Les formations tout public
III-4-c- La CNV se développe dans le milieu médical
CONCLUSION

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