LA REGENERATION NATURELLE DE LA FORET TEMPORAIREMENT

Discussions

 Sur les méthodes : Les méthodes de travail ont été adoptées en rapport avec les hypothèses et ont permis d’obtenir les résultats nécessaires pour cette étude. Premièrement, les données d’inventaire sont relativement fiables du fait que les placettes se trouvent à une même altitude, même orientation. Cependant, dans le cas de la placette 5, les inondations y sont plus marquées, confirmant un développement de la végétation assez faible. La méthode d’inventaire par échantillonnage d’une placette carrée d’une surface de 400 m² a également permis d’obtenir des données représentatives. En effet, Aritsara (2015) utilisa cette même méthode pour effectuer des inventaires sylvicoles. Toutes les formules présentées dans la méthodologie peuvent être utilisées pour l’analyse du peuplement ; mais quelques soit la formule utilisée, le calcul du volume sera toujours biaisé : soit sous-estimé, soit surestimé (Rabibisoa, 2013).Parallèlement, les entretiens informels avec les guides ont été fructueux car ils étaient très ouverts à la discussion et les enquêtes ont été bien affirmées dans la plupart des Fokontany. Malgré tout, certaines contraintes furent rencontrées lors de l’exécution de ce travail. Notamment la période de descente sur terrain fut bien trop courte pour obtenir un bon échantillonnage. En effet, la méthode d’inventaire par compartimentation exige un total de 25 placettes (soit 10 placettes au minimum) réparties aléatoirement dans la zone d’étude. Or, seulement 5 placettes purent être installées dans la mesure du possible. La surface inventoriée fut ainsi réduite à 0,2ha au lieu de 1ha.
 Sur les résultats : La forêt temporairement inondée a déjà fait l’objet d’un inventaire forestier par le passé. D’après ce dernier, se basant sur l’observation sur terrain, il est constaté que beaucoup de pieds adultes n’ont pas fructifié dans ce type de forêt. Cela pourrait provenir du problème phénologique. En effet, les conditions de la station peuvent influencer le rythme phénologique. Suite à la pauvreté relative du sol de la forêt, la fructification n’est pas régulière. Il se pourrait aussi que les arbres fructifient alors que les conditions requises pour la germination ne soient pas remplies. Il y a lieu de noter la structure de cette forêt qui présente une hauteur de voûte relativement basse, la chaleur au niveau du sol évapore l’humidité déjà réduite. La germination sera faible. La présence de souche fraîche est à attribuer entre autres à l’éloignement de cette forêt du gite. Aussi, elle fait l’objet de coupes illicites car la surveillance est peu assurée par les agents forestiers (Raolinandrasana, 1996). D’ailleurs, ces mêmes résultats sont retrouvés dans cette étude. Les rejets de souches sont bien plus nombreux que la régénération par graines. En effet, sur les 530 individus de régénération, 281 sont des rejets et 249 sont des graines. De même, les arbres de gros diamètres sont peu nombreux dans ce type de forêt. Les arbres encore au stade croissance y sont les plus abondants et rares sont ceux ayant déjà atteint la maturité. Par exemple, si le pourcentage en semenciers d’Intsia bijuga était autrefois de 46,4%, il est aujourd’hui à 12,5%. Il est à noter que cette espèce possède une grande valeur économique, elle fait ainsi l’objet de maintes exploitations. De ce fait, elle est de plus en plus rarement retrouvée dans les gros diamètres. Les résultats floristiques permettent de décrire la répartition spatiale d’un  certain nombre d’espèces abondantes dans la régénération préexistante d’une forêt (Bariteau et Geoffroy, 1989).L’étude floristique du compartiment C met en évidence que la strate du jeune bois reflète nettement la composition floristique de la strate des édificateurs du compartiment B et de la canopée du compartiment A. En effet, il ressort de cette analyse que la majorité des espèces du compartiment A et B est retrouvée dans C. Ce qui traduit que la relève de ces derniers est relativement assurée, et ce à condition qu’aucune perturbation importante ne survienne. L’ouverture de la canopée permet à plusieurs espèces et à plus de graines de germer. Cela se manifeste par l’augmentation constatée du nombre d’espèces dans les trouées d’abattage (Andriamiharisoa, 2004).En outre, dans le cas d’une exploitation traditionnelle de type bois d’œuvre, c’est moins du tiers de la régénération naturelle qui est affectée par l’exploitation. Dans les situations plus agressives du type bois d’œuvre plus bois énergie, c’est plus de la moitié de la surface en régénération (préexistants) qui est touchée. De plus, il y a une corrélation significative entre les effectifs prélevés et le pourcentage de surface au sol affecté par l’exploitation. Ce n’est donc pas la dimension des arbres exploités mais le nombre qui détermine l’impact de l’exploitation. Cela doit être attribué à la création des pistes de débardage dont la surface au sol augmente proportionnellement avec le nombre d’arbres à abattre. Ce type de dégâts est un des plus compromettants pour la régénération à venir car elle cause un décapage ou un tassement du sol, défavorisant celle-ci (Bariteau et Geoffroy, 1989). Dans cette étude, les coupes favorisent l’apparition des rejets, plus particulièrement dans les zones d’exploitation intensive. Comme dans le cas de la placette 5 où tous les individus de régénération, à l’exception d’un seul, sont des rejets. Ce qui lui confère un taux de régénération de 527,7%, bien plus élevé que celui des autres placettes. En effet, se trouvant proche d’un village mais éloignée du gite, cette placette est fortement pressurée. De plus, elle est majoritairement peuplée par Erica sp. Or, la présence de cette espèce est un indicateur de la dégradation du sol et de la végétation (Ralaivao et Grabener, 2002). Malgré tout, Erica sp. présente un intérêt économique pour la population locale car elle est utilisée pour fabriquer les manches à balais et possède des propriétés médicinales (antifatigue et anti-diarrhée). Ces deux aspects, plutôt contradictoires, doivent être pris en compte en vue de la restauration de cette parcelle.
 Sur les hypothèses : Deux hypothèses furent émises au début de cette étude. L’Hypothèse 1 stipule que la régénération naturelle de la forêt temporairement inondée est récalcitrante. Les résultats sylvicoles montrent qu’en général, le taux de régénération est inférieur à 100% selon la classification de Rothe (1964) sur la majorité des placettes inventoriées. Par conséquent, cette hypothèse est vérifiée. De ce fait, la connaissance du stock de préexistants à travers les densités des jeunes tiges pourrait constituer une base de départ intéressante pour le choix des méthodes sylvicoles ayant pour but l’assistance de la régénération naturelle. L’Hypothèse 2 suppose que les facteurs écologiques du milieu ainsi que les facteurs socioéconomiques limitent le développement de la régénération naturelle dans ce type de forêt .Les enquêtes auprès de la population locale ainsi que les observations sur la zone affirment que ces différents facteurs possèdent une influence sur la régénération naturelle. Cependant, cette influence n’est pas forcément une limite. Elle peut être soit positive, dans la mesure où elle favorise l’apparition des rejets de souches ; soit négative lorsqu’elle inhibe le développement de la régénération par germination des semis, à travers la coupe des arbres semenciers ou le piétinement des individus de régénération. Par conséquent, cette hypothèse est partiellement vérifiée. De ce fait, des interventions au niveau socio-économique sont nécessaires pour assurer la pérennité de ce type de forêt.

Stratégie d’aménagement favorisant la régénération naturelle

                  L’objectif global de cette stratégie est de faciliter la régénération naturelle des essences caractéristiques de la forêt temporairement inondée et la protéger contre les menaces et pressions d’origine naturelles et/ou anthropiques.
Objectif 1 : Faciliter le développement des individus de régénération par rapport aux conditions écologiques présentes dans la forêt temporairement inondée.
 Action 1 : Nettoiement des chablis et des trouées
Il s’agit de nettoyer les parcelles ayant des arbres abattus par le vent des cyclones tropicaux ou les arbres coupés par la population locale lors des exploitations au sein de ce type de forêt.
 Action 2 : Interventions sylvicoles dans les zones de régénération naturelle ciblées
Les soins sylvicoles concernent surtout les régénérations naturelles et les jeunes bois. L’objectif est de favoriser les espèces autochtones par le dégagement ; et nettoiement de la régénération de cette espèce pour les parcelles à forte dominance de régénération naturelle. En particulier, les parcelles dégradées, c’est-à-dire à dominance d’Erica sp. (indicateur de dégradation du sol et de la végétation), devront subir prioritairement et rapidement ces interventions.
Objectif 2 : Accompagner la régénération naturelle par des techniques de régénération artificielle
 Action 1 : Installation de pépinières des essences caractéristiques de la forêt temporairement inondée
 Action 2 : Restauration des parcelles dégradées au moyen de la régénération artificielle. Par exemple à travers des plantations forestières (reforestation, enrichissement) ou des plantations ornementales (palmarium, orchidarium).
Objectif 3 : Protéger la forêt littorale contre les menaces et pressions anthropiques
 Action 1 : Contrôle des coupes illicites
Renforcer la surveillance aux alentours de la NAP pour limiter les coupes illicites des bois.
 Action 2 : Délimitation des zones de droit d’usage
Délimiter des parcelles pouvant être exploitées par la population locale pour le prélèvement de charbon de bois et de bois de chauffe, accompagné d’une gestion sylvicole durable de ces exploitations (reboisement, enrichissement, …)

CONCLUSION

                      La régénération naturelle constitue une phase cruciale dans la vie d’une forêt. Sa réussite dépend de différents facteurs qui ont des interactions complexes. Ainsi, il est difficile de discerner jusqu’à quel degré un facteur influence la régénération. L’objectif de l’étude est l’analyse de l’état actuel de la régénération naturelle de la forêt temporairement inondée de Tampolo. Dans cette optique, les méthodes adoptées sont constituées par la cartographie, l’observation, les enquêtes l’inventaire des pressions et l’inventaire forestier. Les résultats obtenus ont montré que la surface des parcelles d’inventaire est de 0,2ha. La structure floristique, la composition floristique, l’abondance, la dominance, le coefficient d’élancement ainsi que le volume expliquent l’état actuel de la régénération naturelle. Le taux de régénération est en général inférieur à 100% dans toutes les parcelles inventoriées. Cette étude a montré la relation entre les facteurs écologiques et l’aptitude à la régénération. Bien que les conditions édaphiques de la forêt soit désavantageuses, les plants de régénération peuvent se développer. Suite aux conditions microstationnelles relativement sèches et à l’inondation périodique qui pourrait éliminer le semis par asphyxie, c’est surtout la germination qui est affectée. Cependant, les facteurs socio-économiques ont également un impact sur la régénération naturelle. En effet, l’analyse socio-économique a pu démontrer l’impact de la production de charbon de bois, de bois de chauffe ainsi que les coupes illicites sur les plants de régénération. Il est donc nécessaire d’appuyer la régénération naturelle pour garantir son développement et ainsi assurer la conservation de la diversité biologique de ce type de forêt. Entre autres, des aménagements sylvicoles tels que le nettoiement, l’éclaircie… doivent être apportés. Cette étude ne prétend pas être complète. Il lui manque encore l’analyse concernant d’autres facteurs physiques agissant sur les conditions microstationnelles tels que le sol. Enfin, malgré les nombreuses études effectuées au sein de la forêt littorale de Tampolo, sa structure floristique se dégrade de plus en plus à mesure que les années passent. Aussi, quelles techniques de conduite sylvicole de la régénération naturelle méritent d’être effectuées afin de pérenniser la diversité floristique de la forêt littorale de Tampolo ?

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. MÉTHODOLOGIE
2.1. Problématique et Hypothèses
2.1.1. Problématique
2.1.2. Hypothèses
2.2.1. Notions générales
2.2.2. Milieu d’études
2.3. Méthodes
2.3.1. Cartographie
2.3.2. Observations
2.3.3. Enquêtes
2.3.4. Inventaire
2.3.5. Traitement et analyse des données
2.4. Cadre opératoire
3. RESULTATS
3.1. Essences caractéristiques de la forêt temporairement inondée
3.1.1. Structure floristique
3.1.2. Structure horizontale
3.2. Régénération naturelle de la forêt temporairement inondée
3.2.1. Structure floristique
3.2.2. Structure horizontale
3.2.3. Physiologie de la régénération
3.3. Facteurs limitant la régénération naturelle
3.3.1. Facteurs écologiques
3.3.2. Facteurs socio-économiques
4. DISCUSSIONS
4.1. Discussions
4.2. Recommandations
4.2.1. Stratégie d’aménagement favorisant la régénération naturelle
4.2.2. Planification des stratégies d’aménagement
5. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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