LA REANIMATION LIQUIDIENNE PAR VOIE ORALE CHEZ LE CHEVAL DE SPORT 

LA REANIMATION LIQUIDIENNE PAR VOIE ORALE CHEZ LE CHEVAL DE SPORT 

PREVENTION DES PERTES HYDRIQUES ET ELECTROLYTIQUES INDUITES PAR L’EXERCICE

Anticipation des pertes en fonction des conditions d’exercice

Influence du type d’exercice sur l’importance des pertes

Selon le type d’exercice, c’est à dire le type d’effort, son intensité et sa durée, les adaptations physiologiques de l’organisme diffèrent. Les risques pour l’organisme ne sont donc pas les mêmes et l’entraînement des athlètes doit en tenir compte.Hodgson et al. (Hodgson 93) ont réalisé une expérience sur 3 lots de chevaux pratiquant un exercice à 3 intensités différentes impliquant chacune une consommation en oxygène de 40, 65 et 90% de VO2 max. (pendant 38, 15 et 9 min. respectivement). Au cours de cette expérience, ils ont mesurés la température du corps à différents endroits, le taux de transpiration grâce à des capsules disposées au niveau du cou et de la croupe, et ont évalués les pertes en fluides après l’exercice grâce à la différence de poids corporel.Ils ont ainsi observé que le taux de transpiration au niveau du cou et de la croupe augmentait de façon linéaire durant les 5 premières minutes d’exercice quelque soit le type d’exercice (fig. IV) et que la température du sang au niveau de l’artère carotide pour laquelle la transpiration se déclenchait était la même pour les 3 types d’exercice (fig. V).La figure IV illustre le fait que plus l’exercice est intense et plus le taux de transpiration augmente rapidement.On constate sur la figure VI que la température corporelle augmente également plus rapidement lors d’exercice de plus haute intensité. Cette observation s’explique par un métabolisme musculaire plus intense lors d’exercice de haute intensité.Sur la figure V on constate que le taux de transpiration augmente avec la température du sang, ce qui indique que l’augmentation de la température doit déclencher l’augmentation du taux de transpiration.Sur la figure VI, on observe une augmentation de chaleur au niveau des muscles, du sang et du centre de l’organisme. D’autre part sur la figure V on observe qu’au début de l’exercice, la production de chaleur excède largement sa dissipation. On peut déduire de ces deux observations qu’il existe un délai dans la mise en place des mécanismes de thermorégulation, durant lequel, la chaleur est accumulée au niveau des tissus.Dès que les mécanismes de thermorégulation sont activés, la chaleur accumulée décroît et la température du centre du corps atteint un plateau et reste relativement stable si la chaleur produite et la chaleur dissipée sont équilibrées.Pour les deux exercices de forte intensité, le taux de transpiration continue d’augmenter pendant à peu près 2 minutes après la fin de l’exercice, ce qui signifie que les mécanismes de dissipation de la chaleur sont toujours actifs pendant la période de récupération.Après avoir atteint un pic, le taux de transpiration pour les 3 types d’exercice, diminue rapidement pendant les 10 premières minutes de récupération puis plus lentement pendant les 20 min. suivantes pour atteindre un taux quasi nul au bout de 30 min. de récupération.Il est particulièrement intéressant de noter que pour une même température sanguine donnée, le taux de transpiration est inférieur au cours d’un exercice de haute intensité (fig. V). Ceci est probablement du au temps nécessaire pour atteindre cette température. Selon les différents rendements métaboliques, la rapide augmentation de température due aux rendements métaboliques les plus élevés ne fournit pas le temps nécessaire au développement d’une réponse appropriée par la sueur. Le volume de sueur évaporée à une température donnée est donc inférieur.En mesurant la différence de poids corporel des chevaux avant et après l’exercice, Hodgson et al. ont estimé les pertes corporels totales en eau à 12, 10 et 7.7 l. après respectivement les exercices à 40, 65 et 90% de VO2 max..

Exercices de courte durée et de haute intensité

Au cours d’exercice de courte durée mais de forte intensité tel que les courses de galopeurs ou de trotteurs, le rendement métabolique est très élevé, mais la durée de sollicitation reste courte. Le cheval possède de bonnes capacités de stockage de la chaleur et une bonne partie de la dissipation de la chaleur est réalisée au cours de la période de récupération, durant laquelle la production de chaleur métabolique est nulle.Les capacités de l’organisme du cheval à stocker la chaleur permettent aux athlètes équins d’être particulièrement performants lors d’exercice de haute intensité et de faible durée, éliminant la chaleur accumulée au cours de la période de récupération, sans risque de développer une hyperthermie. La chaleur accumulée permet également d’améliorer la performance musculaire, de faciliter la libération de l’oxygène par les globules rouges et d’augmenter les capacités cardiaques (Guthrie 98).Les pertes de fluides et électrolytes liées à la thermorégulation sont dans ce type d’effort négligeables et les variations plasmatiques de concentrations en électrolytes et protéines observés, sont le résultat des redistributions entre les compartiments liquidiens (Sejersted 92).Le principal danger lié aux exercices de haute intensité provient peu d’éventuels déséquilibres de la balance hydroélectriques, mais surtout de la forte acidose métabolique induite par la libération massive d’acide lactique dans le secteur extracellulaire.Lors d’exercice de ce type, les risques de déshydratation, d’hyperthermie et déséquilibres électrolytiques sont réduits, l’intérêt d’une réanimation de nature hydrique et électrolytique après l’exercice est donc réduit. Cependant il convient toujours pour n’importe quel type d’exercice d’évaluer le statut d’hydratation avant le début de l’exercice et de réanimer le cheval afin qu’il puisse lutter correctement contre le stress induit par l’effort.

Exercices prolongés d’intensité faible à modérée

Ce type d’exercice dit « d’endurance », est essentiellement rencontré lors des compétitions de concours complet se réalisant sur 3 jours et notamment lors de la phase d’endurance (cross, routier et steeple) et dans les courses d’endurance proprement dites. La difficulté de l’exercice réside dans la durée de l’effort.Les différents études réalisées pour évaluer les pertes en eau et électrolytes durant des exercices d’endurance sont difficilement comparable et interprétables. En effet les conditions d’exercice varient beaucoup (distance, vitesse, conditions climatiques) et les méthodes d’étude diffèrent également (méthodes d’échantillonnage et valeurs mesurées). Dans la plupart des publications l’eau corporelle totale perdue est estimée par la différence de poids avant et après la course. Ces valeurs varient de 5 à 15 % de l’eau corporelle totaleLes pertes en électrolytes sont en grande majorité évaluée par les variations de concentrations plasmatiques, or les concentrations plasmatiques ne sont pas représentatives des pertes totales en électrolytes du fait des nombreux échanges entre compartiments liquidiens (Carlson 83, Carlson 87).Les pertes totales en électrolytes ne sont pas directement mesurables et sont estimées à partir dela concentration de la sueur en électrolytes et de la quantité de sueur perdue. Schott et Hinchliff (Scott 93) ont estimé les pertes en électrolytes pour une course d’endurance typique à 5, 2 et 6 Equivalent de respectivement sodium, potassium et chlore.Lors d’un exercice d’endurance la transpiration induit des pertes importantes en fluide et électrolytes qu’il est indispensable de restaurer le plus tôt possible pour éviter le développement des troubles évoqués précédemment et résumés dans le schéma VII

Influence des conditions environnementales

Les conditions environnementales jouent un rôle très important sur les performances de l’organisme et ses possibilités d’adaptations au stress de l’exercice.Dans des conditions de température extérieure élevée, le gradient de température entre la surface de la peau et l’environnement est réduit et les pertes de chaleur par radiation sont minimes. De plus la charge thermique imposée à l’organisme augmente. En effet, à la chaleur métabolique induite par l’effort, s’ajoute la charge thermique due à la température de l’environnement (Mc Cutcheon 98).Mc Cutcheon et Geor (Mc Cutcheon 96) ont mis en évidence que dans des conditions de température élevée, le taux et la durée de transpiration augmentaient (cf.fig.VIII).Dans des conditions de chaleur chaude, l’augmentation de la transpiration peut compenser la diminution des autres mécanismes de thermorégulation et l’augmentation de la charge thermique. Mais l’augmentation de cette transpiration entraîne inévitablement une augmentation des pertes en fluides et électrolytes (Mc Cutcheon 96) diminuant ainsi les capacités thermorégulatrices.De ce fait, il apparaît donc évident que les chevaux pratiquant une effort par temps chaud sont d’autant plus exposés aux problèmes de déshydratation et d’hyperthermie et que la durée de l’effort dans ces conditions doit être réduite.
Dans des conditions chaudes et humides s’ajoutent les problèmes dus à l’humidité. En effet même si l’intensité de la transpiration en conditions chaudes/sèches et chaudes/humides n’est pas sensiblement différente, l’efficacité de la dissipation de la chaleur par la transpiration est considérablement réduite lors d’hygrométrie élevée (cf. fig.IX).En effet plus l’humidité ambiante augmente, plus le gradient de pression en vapeur d’eau entre la surface du corps et l’air diminue, donc plus le taux d’évaporation diminue. La quantité de sueur produite restant la même, mais l’évaporation étant largement diminuée, la sueur est produite inutilement en excès. Bien que la sueur coulant le long du corps rafraîchisse le cheval, la dissipation de la chaleur en résultant demeure largement insuffisante pour compenser la diminution d’évaporation. Dans ces conditions la chaleur corporelle augmente plus rapidement (Kohn 95) et réduit la durée d’apparition d’une température corporelle critique au delà de laquelle la poursuite de l’exercice n’est plus envisageable.L’exercice pratiqué dans des conditions chaudes et humides représente un danger considérable pour le cheval en l’exposant à des risques majeurs de déshydratation, d’hyperthermie et de tous les troubles physiologiques en résultant. Mc Cutcheon et Geor (Mc Cutcheon 96) ont montré dans une étude que les pertes en fluides et électrolytes durant un exercice d’intensité modérée dans un environnement chaud et humide étaient 2 fois supérieures à celles induites par un exercice similaire dans des conditions plus tempérées.Si le cheval est amené à concourir dans de telles conditions, un entraînement rigoureux accompagné d’une acclimatation peuvent améliorer la réponse de l’organisme aux conditions imposées.

Adaptations physiologiques de l’organisme permettant une diminution des pertes

Importance de l’acclimatation

Comme nous venons de l’évoquer, dans des conditions chaudes, la capacité à l’effort est réduite et les pertes par transpiration sont augmentées. Cependant, il a été démontré chez l’homme (Armstrong 91) que les effets négatifs d’une température ambiante élevée pouvait être substantiellement améliorés par une période d’acclimatation. Une exposition régulière à des conditions chaudes entraîne de nombreuses adaptations physiologiques et biochimiques améliorant les capacités de l’individu à réguler sa température et effectuer des performances dans ces conditions (Armstrong 91, Gisolfi 87).L’acclimatation peut se faire de différentes manières. Une acclimatation passive, c’est à dire l’exposition à la chaleur sans exercice peut entraîner des adaptations physiologiques améliorant la capacité à dissiper la chaleur. De la même manière un entraînement réalisé dans des conditions tempérées et sèches peut améliorer les réponses physiologiques à un exercice réalisé dans des conditions chaudes. Cependant, un exercice régulier dans la chaleur (acclimatation active) est nécessaire pour obtenir les effets maximaux de l’acclimatation à la chaleur (Geor 96 n024, Gisolfi 87).Les adaptations physiologiques les plus importantes lors d’acclimatation à la chaleur sont une augmentation du volume plasmatique au repos pouvant atteindre 25%, accompagnée d’une diminution de la fréquence cardiaque induite par l’exercice (Geor 98 n025) ; une redistribution du débit cardiaque augmentant le flux sanguin cutané ; une augmentation du taux de transpiration et une diminution du seuil de température corporelle initiant la transpiration. L’adaptation de ces facteurs améliorant la thermorégulation additionnée à une amélioration des transformations biochimiques réduit la quantité de chaleur produite et s’accompagne d’une diminution de la température corporelle centrale.L’amélioration globale des réponses physiologiques de l’organisme au stress thermique et notamment la plus grande efficacité des mécanismes de thermorégulation limitent considérablement les risques d’hyperthermie et de déshydratation et améliorent les performances de l’organisme dans ce type de conditions.Cependant dans des conditions chaudes et humides où le facteur limitant est le taux d’évaporation, les bénéfices de l’acclimatation sur les capacités thermorégulatrices et sur la performance sont négligeables, même si une diminution des pertes en fluides et électrolytes a été observée (Mc Cutcheon et Lindinger 96).

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Table des matières

INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE : LES ENJEUX DE LA REANIMATION LIQUIDIENNE PAR VOIE ORALE CHEZ LE CHEVAL DE SPORT 
I. COMPENSATION DES PERTES HYDRIQUES ET ELECTROLYTIQUES INDUITES PAR L’EXERCICE 
I.1. Origine des pertes hydro-électrolytiques chez le cheval à l’exercice
I.1.1. La sudation et les déficits hydriques et électrolytiques chez le cheval au cours de l’exercice
I.1.2. Nature et importance des pertes induites par la transpiration lors de l’exercice
I.2. Conséquences des pertes hydro-électrolytiques pour le cheval de sport
I.2.1. Défaillance du système thermorégulateur et hyperthermie
I.2.2. Déshydratation et diminution des volumes des secteurs liquidiens de l’organisme
I.2.3. déséquilibres électrolytiques et performances
II. PREVENTION DES PERTES HYDRIQUES ET ELECTROLYTIQUES INDUITES PAR L’EXERCICE 
II.1. Anticipation des pertes en fonction des conditions d’exercice
II.1.1. Influence du type d’exercice sur l’importance des pertes
II.1.2. Influence des conditions environnementales
II.2. Adaptations physiologiques de l’organisme permettant une diminution des pertes
II.2.1. Importance de l’acclimatation
II.2.2. Rôle de l’entraînement
II.3. Le principe de surcharge en prévision des pertes
II.3.1. La supplémentation quotidienne
II.3.2. La  » précharge  » précédant l’exercice
DEUXIEME PARTIE :QUANTIFICATION DES PERTES EN VUE DE LA PREVENTION ET DU TRAITEMENT
I. ASPECT THEORIQUE ET SCIENTIFIQUE
I.1. Les différentes méthodes d’évaluation des pertes hydro-électrolytiques
I.1.1. Evaluation du poids corporel
I.1.2. Hématologie et biochimie sanguine
I.1.3. Analyse biochimique de la sueur
I.1.4. Calcul des fractions d’excrétion urinaire
I.2. Les difficultés de la quantification des pertes hydro-électrolytiques
I.2.1. Liées aux variables mesurées
I.2.2. Liées à la réalisation technique
I.2.3. Liées aux facteurs de variation environnementaux
II. ASPECT CLINIQUE ET DIAGNOSTIQUE 
II.1. Evaluation clinique de l’état hydro-électrolytique du cheval
II.1.1. Anamnèse- commémoratifs
II.1.2. Examen clinique à distance
II.1.3. Examen clinique rapproché
II.2. Examens complémentaires
II.3. Diagnostic du syndrome d’épuisement
TROISIEME PARTIE : APPLICATION DE LA REANIMATION LIQUIDIENNE PAR VOIE ORALE AU CHEVAL DE SPORT 
I. REALISATION PRATIQUE DE LA REANIMATION LIQUIDIENNE PAR VOIE ORALE 
I.1. Les différents moyens de réanimation par voie orale
I.1.1. La prise volontaire de boisson
I.1.2. L’abreuvement par intubation naso-gastrique
I.1.3. L’administration d’électrolytes seuls
I.2. Les facteurs influençant la prise volontaire de boisson
I.2.1. Le contrôle de la soif
I.2.2. La « déshydratation volontaire »
I.2.3. Influence de la composition et appétence de la boisson.
I.3. Composition de la solution
I.3.1. Choix et réalisation de la solution à administrer
I.3.2. L’utilisation du glucose ou de glycine dans les solutions de réanimation électrolytiques
II. ETABLISSEMENT D’UNE STRATEGIE DE REANIMATION PAR VOIE ORALE DU CHEVAL A L’EXERCICE
II.1. Etude de l’efficacité des différentes méthodes de réanimation
II.1.1. Influence de l’hyperhydratation sur la performance
II.1.2. Effet de la prise de soluté pendant l’exercice
II.1.3. Administration de fluides après l’exercice
II.2. Choix d’une stratégie
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE

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