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Les villes et le changement climatique
Concentrant aujourd’hui plus de 54% de la population mondiale, les villes connaissent globalement une croissance continue ; d’ici 2050, près de 2 personnes sur 3 devraient vivre en ville (ONU, 2014). Ce chiffre atteint près de 73% en Europe. En plus de concentrer la majorité de la population mondiale, les villes consomment également les ¾ de l’énergie produite et émettent 60% du total des rejets de CO2 (UN-Habitat, 2011). L’augmentation des risques inhérents au changement climatique sont liés d’une part à l’augmentation de la puissance et fréquence des aléas (inondations, canicules, tempêtes…), d’autre part à l’augmentation des enjeux urbains (augmentation de la population citadine et des infrastructures associées) et la vulnérabilité des structures associées.
Ce constat met en avant l’enjeu majeur de la prise en compte du changement climatique dans les villes : d’une part afin d’anticiper et atténuer ses effets sur la population (îlots de chaleur, risques climatiques, pollution) et d’autre part afin d’engager des politiques publiques en faveur d’une économie décarbonée aussi bien dans les transports ou le chauffage que la production d’énergie ou la gestion des déchets. Ce changement structurel majeur au sein des unités urbaines et des habitudes de ses habitants est une transformation vers un fonctionnement résilient.
Sujet de recherche
Documents cadres de la Convention des Maires pour 2020, les PAED donnent un plan générique aux villes pour concourir aux objectifs de réduction des émissions de GES d’au moins 20% d’ici 2020, en se basant sur les émissions de 2005. La nouvelle forme de la Convention des Maires, datant de 2015, porte cet objectif à 40% à l’horizon 2030 à travers la version mise à jour des PAED : les PAEDC (C pour climat). Ces plans sont soumis auprès de la Commission Européenne qui les valide ou demande des précisions auprès des instances. Les villes doivent également fournir un bilan de leur progression sur les objectifs du plan tous les 2 ans. La bonne tenue des objectifs affichés par les municipalités en matière de réduction d’émissions carbone mais également de promotion des énergies renouvelables passe par une prise en compte locale dans les plans d’urbanisme. L’association des divers enjeux locaux de l’aménagement urbain est cruciale pour la réussite de l’initiative lancée par la Convention des Maires. En Europe, la mise en place de la Convention des Maires et plus particulièrement des Plans d’action représente un outil coopératif qui prend son sens dans le souhait de limiter le réchauffement climatique sous le seuil de 2°C (par rapport à l’ère préindustrielle) formulé par l’accord de Paris sur le Climat et ratifié par l’ensemble des pays participants à l’exception notable des Etats-Unis.
L’amélioration de la résilience des villes prend en particulier également en compte la gestion des risques naturels qui lui sont associés, risques qui sont amenés à s’aggraver pour plusieurs raisons :
• Augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements climatiques.
• Augmentation de la population urbaine.
• Augmentation des infrastructures au sein des zones à risque en ville.
Ainsi, la thématique de l’eau, et plus particulièrement le risque inondation sera étudiée en marge des PAED mais directement en lien avec l’enjeu de l’adaptation au changement climatique au sein des documents d’urbanisme de manière à fournir une vision globale de la prise en compte de l’ensemble des enjeux par les villes. La prise en compte de ces enjeux dans les investissements publics permettrait alors une gestion optimale des perturbations dans un système urbain durable et résilient. Une grille d’analyse de type SWOT (Strengths – Weaknesses – Opportunities – Threats) sera éditée à la fin de la comparaison entre les 2 villes de manière à affirmer les points positifs de leur approche, les aspects qui pourraient être améliorés ou encore la complémentarité des politiques menées.
La question de l’eau et ses risques inhérents dans les villes
L’eau représente un enjeu majeur dans les unités urbaines aussi bien en termes de consommation que de traitement et de protection. En effet, de nombreuses villes, pour des raisons évidentes d’approvisionnement en eau et de commerce, se sont développées autour de cours d’eaux permettant le transit de marchandises pendant des siècles ; cette activité perdure encore sur certains axes majeurs comme la Seine ou le Rhin. Il existe cependant un revers à cette proximité de l’eau : la présence d’un risque d’inondation, dont la provenance peut être diverse : montée des eaux du cours d’eau, non évacuation des eaux de surface par les systèmes d’assainissement, qui se retrouvent engorgés ou encore des crues provoquées par la marée haute dans des espaces d’estuaires. Les métropoles, à cause des enjeux régionaux voire nationaux qu’elles représentent sont des territoires qui peuvent être soumis à un important risque d’inondation du fait de leur relative vulnérabilité. Afin de prévenir les actions du changement climatique et de répondre aux aménagements parfois nécessaires contre le risque d’inondation, les municipalités peuvent centrer leur politique sur plusieurs axes : évitement, atténuation, adaptation et sensibilisation.
Justifications de l’échelle et des lieux d’études
Nous avons souhaité étudier et comparer deux villes et leur métropole : une en France et une en Europe qui ont toutes les deux signé la Convention des Maires et qui par conséquent se sont engagées dans la prise en compte du réchauffement climatique dans leur politique d’urbanisme. Il conviendra de mesurer leur niveau d’engagement et quel est le niveau atteint en 2015 par rapport à l’année de référence. Nous avons retenu l’échelle métropolitaine car les données qui nous permettent d’analyser l’évolution des mesures prises contre le réchauffement climatique sont souvent générées dans ses services administratifs et techniques ou auprès de leurs partenaires en aménagement. Les métropoles sont en outre des collectivités disposant de moyens techniques et financiers importants pour mener à bien des politiques d’envergure.
Déroulement de l’étude
Au premier semestre, l’étude portera sur l’analyse des différents engagements et politiques que les villes ont mis en oeuvre ainsi que le niveau d’avancement des mesures mises en place par rapport à l’objectif initial de 2005 pour Rouen et 2006 pour Glasgow dans le cadre des PAED. En effet, il nous semble important de voir au ⅔ de la période l’état d’avancement des différents projets. La prise en compte du risque inondation au sein de ces avancements, dans l’optique de villes résilientes, sera analysée dans le même temps.
Au second semestre, l’étude se concentrera plus précisément sur une analyse de la résilience urbaine liée à la gestion de l’eau (gestion des risques, assainissement, eau potable, biodiversité…) à travers les 2 exemples présentés au semestre précédent.
Etat des lieux
Marquée par un lourd passé industriel, Glasgow a pourtant opéré un tournant à partir des années 80 à travers de grands plans de rénovation urbaine. En parallèle, la ville a transformé son économie en s’ouvrant au secteur tertiaire. Parmi les changements majeurs que la ville a opérés, la transformation des bords de la Clyde qui était massivement utilisés pour l’activité industrielle, liée notamment à la puissance portuaire de Glasgow. Le programme “Clyde Waterfront Regeneration” a ainsi permis la mise en place d’espaces résidentiels et de bureaux, de structures modernes tel que le Glasgow Science Centre avec un accent mis sur la circulation douce, en lien notamment avec la proximité du centre-ville. L’ambitieux projet de réaménagement des abords de la Clyde a participé au nouvel essor économique de la ville et son agglomération. La ville souhaite désormais devenir un modèle de développement durable, en l’atteste la volonté affichée dans le CDP et le SDP édités en 2017.
Industrie
Comme évoqué dans le paragraphe précédent, Glasgow a hérité de nombreuses infrastructures d’une économie massivement représentée par le secteur secondaire, en particulier à travers ses chantiers navals le long de la Clyde. La ville a ainsi longtemps été le premier port manufacturier du pays, en particulier au XIXème siècle à l’apogée de l’Empire Britannique. La ville a opéré au XXème siècle une tertiairisation de son économie représentée notamment par la finance, les biosciences, le tourisme ou encore la communication. De nombreuses friches industrielles représentant un espace foncier précieux pour l’aménagement, ont été converties en bureaux ou en espaces culturels, en témoigne la transformation des abords de la Clyde du quartier Finnieston, à l’ouest du centre-ville, qui abrite aujourd’hui le Riverside Museum ou le Palais des Congrès. (Figure 2 ; Figure 3) Il demeure encore aujourd’hui dans la ville de nombreuses friches industrielles : ces espaces représentaient en 2015 près de 1111 hectares en 2016, chiffre qui diminue régulièrement. (Source : 2016 Scottish Vacant and Derelict Land Survey).
Milieux naturels
Surnommée “The Dear Green Place”, Glasgow compte près d’une centaine de parcs ainsi qu’une importante diversité d’espaces naturels et semi-naturels qui représentent un intérêt multiple pour la ville : limitation des phénomènes d’îlots de chaleur, amélioration de la qualité de l’air, sauvegarde de la biodiversité mais également la prévention des inondations à travers le stockage en surface, l’épuration et l’infiltration des eaux météoriques. Représentant près de 32% de sa surface (Esri UK, 2016, Figure 4), Glasgow est, parmi les 10 plus grandes villes du pays, la seconde ville la plus verte, derrière Édimbourg (presque la moitié de sa surface). Les enjeux sont plutôt liés à l’amélioration de la connectivité des espaces, à la sauvegarde des zones à fort intérêt patrimonial et l’amélioration de l’existant. A l’échelle de l’agglomération, Emmanuel & Loconsole (2015) indiquaient que l’augmentation de la surface d’espaces verts de 20% permettrait de limiter de manière importante la formation d’îlots de chaleur en ville ; cette couverture viendrait s’ajouter au tiers du territoire glasgovien recouvert d’espaces verts.
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Table des matières
5 Introduction
6 Démarche de recherche
6.1 Contexte
6.2 Sujet de recherche
6.3 Déroulement de l’étude
7 Présentation des villes d’études
7.1 Généralités
7.2 Glasgow
7.3 Rouen
8 Comparaison des 2 cas d’études
9 Conclusion
10 Bibliographie
11 Table des figures et des tableaux
12 Table des matières
13 Annexes
Annexe 1
Annexe 2
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