LA QUESTION DE LA LANGUE DANS LES MILIEUX DES SAVANTS GRECS AU XIXE SIECLE

Du plurilinguisme initial vers un monolinguisme national dans les Balkans : quelques repรจres historiques

ย  ย Pendant les siรจcles qui ont prรฉcรฉdรฉ lโ€™รฉmergence des ร‰tats nationaux dans les Balkans, dans les grandes formations รฉtatiques comme lโ€™Empire byzantin ou ottoman, nous constatons la coexistence de plusieurs langues au-delร  de la langue officielle. Il sโ€™agit de langues qui ont une distribution et des fonctions plus ou moins prรฉcises dans lโ€™espace social et gรฉographique. Nous savons aussi que cette rรฉalitรฉ plurilingue รฉtait lรฉgitime, et que le multilinguisme social รฉtait tolรฉrรฉ par l’ร‰tat byzantin ou ottoman.En ce qui concerne les langues employรฉes par lโ€™ร‰tat ottoman, nous pouvons constater une coexistence, toute limitรฉe ou ponctuelle qu’elle soit, du turc ottoman avec une sรฉrie d’autres langues. Nous savons, par exemple, que le grec a รฉtรฉ employรฉ de faรงon systรฉmatique, comme langue de la diplomatie ottomane de la fin du XVe jusquโ€™ร  la seconde moitiรฉ du XVIe siรจcle. Pendant cette mรชme pรฉriode, la Porte entretenait des chancelleries oรน lโ€™on employait le serbe, le grec, lโ€™arabe, le persan ou la langue โ€˜acemi, en fonction de la langue des sujets auxquels lโ€™administration sโ€™adressait. Ponctuellement, la correspondance interne de lโ€™Empire pouvait se faire en une autre langue quโ€™en turc ottoman.Dโ€™autre part, dans les rรฉgions arabophones, la langue des tribunaux รฉtait l’arabe, les registres des tribunaux (kadรฎ sicili) se tenaient en arabe, tandis quโ€™on traduisait vers le turc ottoman les documents rรฉdigรฉs en arabe. Le grec archaรฏsant qui est utilisรฉ par lโ€™administration ottomane est aussi la langue du Patriarcat oecumรฉnique de Constantinople et, quelles que soient ses variantes,il constitue une langue commune ร  un groupe de savants, aussi bien laรฏcs que clรฉricaux. Il s’agit d’une langue commune รฉcrite, qui est suffisamment codifiรฉe,et qui est utilisรฉe par excellence dans la gestion des affaires de l’ร‰glise, dans la liturgie orthodoxe, ainsi que dans les domaines du savoir concernant la thรฉologie et la philosophie. Nรฉanmoins, lโ€™ร‰glise de Constantinople fait preuve de tolรฉrance face au multilinguisme de ses fidรจles. Les diffรฉrentes langues, ou variรฉtรฉs dโ€™une mรชme langue, parlรฉes par les orthodoxes de lโ€™Empire, sont tout ร  fait compatibles avec l’idรฉologie oecumรฉnique que le Patriarcat vรฉhicule jusqu’au XIXe siรจcle : ยซ Nโ€™oublions pas que jusquโ€™ร  la fin du XIXe siรจcle la tradition de lโ€™orthodoxie [โ€ฆ] continuait ร  agir de maniรจre restrictive sur la reconnaissance de lโ€™identitรฉ nationale. Au sein de cette tradition, les diffรฉrents dialectes nโ€™acquรฉraient pas un poids particulier puisque leur usage nโ€™รฉcartait pas celui de la langue de lโ€™ร‰glise ; cette derniรจre รฉtait employรฉe de faรงon parallรจle, sans รชtre en concurrence avec les dialectes locaux. Quoique la forme de la langue liturgique soit importante dans la tradition de lโ€™orthodoxie, la survie des dialectes locaux et le fait de ne pas utiliser une langue unifiรฉe sont des รฉlรฉments qui nโ€™ont pas dโ€™importance particuliรจre dans sa vision du monde. ยปAu-delร  de lโ€™administration et de lโ€™usage officiel, les langues parlรฉes et รฉcrites dans lโ€™Empire ottoman sont nombreuses et occupent un certain nombre de fonctions. Les langues, ou les variรฉtรฉs dโ€™une langue, occupent des places diffรฉrentes dans des champs de communication tels que lโ€™enseignement, les cรฉrรฉmonies religieuses, le nรฉgoce au sein de lโ€™Empire, les marchรฉs urbains, le village, etc. ;elles varient รฉgalement selon le milieu et lโ€™origine sociale.

Les langues dans le Royaume grec, les langues des Grecs

ย  ย  Tant dans le Royaume que dans lโ€™Empire, au lendemain de la constitution de l’ร‰tat (1830), les pratiques linguistiques des Grecs, ou mรชme de ceux qui sont revendiquรฉs comme Grecs par le nouvel ร‰tat, composent un paysage assez complexe. Dans les paragraphes qui suivent nous essaierons de retracer les grandes lignes de cette rรฉalitรฉ, en illustrant notre exposรฉ de quelques exemples. L’รฉtablissement de l’ร‰tat en 1830, bouleverse, dans les territoires qui constituent le Royaume, une รฉcologie de communication, dominรฉe dans les usages formels par le turc ottoman et le grec de l’ร‰glise orthodoxe et dans les usages informels, par la coexistence des dialectes du grec moderne avec d’autres langues.Aprรจs 1830 s’instaure progressivement une nouvelle รฉcologie de communication,oรน l’on observe le recul des variรฉtรฉs rรฉgionales du grec et des autres langues aussi,ainsi que l’รฉmergence et la diffusion de deux variรฉtรฉs communes. Au lendemain de lโ€™Indรฉpendance, les variรฉtรฉs rรฉgionales du grec dominent lโ€™espace dans les รฉchanges oraux, tant dans le Royaume que chez les populations grรฉcophones de lโ€™Empire. Il sโ€™agit de variรฉtรฉs pouvant รชtre plus ou moins vรฉhiculaires ou strictement confinรฉes ร  un endroit et dans un groupe de gens : le parler des Grecs d’Istanbul d’un cรดtรฉ, et le tzakonien de l’autre, en sont des illustrations. On peut encore rencontrer des Grecs qui ont comme premiรจre langue une autre que le grec moderne, lequel occupe la place de la langue seconde ; les Hydriotes et les Spetziotes, ร  titre dโ€™exemple, sont albanophones, tandis que le grec est assez souvent leur langue seconde. Le bilinguisme se retrouve, par ailleurs, au-delร  des langues rรฉgionales. Il arrive que les Grecs de 1830 parlent aussi une ou plusieurs langues autres que le grec moderne, et qu’ils รฉcrivent aussi cette ou ces langue(s) : cโ€™est le cas, par exemple, des milieux des savants grecs dโ€™Istanbul qui sont assez souvent bilingues, voire trilingues (grec – turc โ€“ franรงais). Quant ร  la variรฉtรฉ orale commune, il faut tout d’abord situer son ยซ berceau ยป et le moment historique de sa naissance, afin de cerner sa portรฉe et son รฉvolution pendant le XIXe siรจcle. Les neuf annรฉes dโ€™hostilitรฉs de la guerre de lโ€™Indรฉpendance (1821-1830), qui ont rassemblรฉ, dans un mรชme espace gรฉographique, principalement dans le Pรฉloponnรจse, des populations de langues et de dialectes diffรฉrents, ont รฉtรฉ le dรฉclencheur de lโ€™รฉmergence dโ€™une nouvelle langue commune. Cette ยซ rencontre ยป des Grecs (ou de personnes qui allaient le devenir suite aux รฉvรฉnements) pendant la guerre de lโ€™Indรฉpendance, tous porteurs de cultures locales et de dialectes/langues diffรฉrentes, allait sโ€™officialiser avec lโ€™รฉtablissement de lโ€™ร‰tat en 1830. Les diffรฉrents milieux qui se cรดtoient les dรฉcennies suivantes dans les plus importantes villes grecques aident ร  la formation et ร  la consolidation dโ€™une langue commune. Si nous ajoutons quโ€™Athรจnes allait devenir, pendant tout le XIXe siรจcle, un lieu de contact de Grecs de toute provenance gรฉographique et sociale, nous pouvons comprendre les facteurs qui ont contribuรฉ ร  lโ€™รฉmergence et ร  lโ€™expansion de la nouvelle langue commune.

Dรฉmoticisme , dรฉmoticistes et dรฉmotique

ย  ย Le terme dรฉmoticisme est un terme qui apparaรฎt et acquiert du sens, ร  une pรฉriode historique prรฉcise, ร  savoir au dรฉbut du XXe siรจcle, et dans un contexte social et politique particulier. Plus prรฉcisรฉment, il est liรฉ ร  l’avรจnement du mouvement dรฉmoticiste, notamment dans le Royaume grec au tournant du XXe siรจcle. D’aprรจs Tziovas, le dรฉmoticisme a รฉmergรฉ ยซ at the turn of the last century to denote primarily the tendancy by certain intellectuals, litterateurs, linguists and pedagogues to impose demotique language as the literaly language and as the basic educational instrument. Demoticism, however, cannot be considered as a unified and homogeneous intellectual movement but simply as a movement whose representatives shared some basic principles and assumptions such as the advocacy of demotic language, the recognition of Solomos’ poetry and the whole Heptanesian school, along with the exaltation of demotic songs and culture ยป. Certes, le mouvement dรฉmoticiste nโ€™est pas unifiรฉ et homogรจne, notamment aprรจs 1920. Toutefois, considรฉrer le dรฉmoticisme comme un mouvement essentiellement intellectuel ou linguistique est rรฉducteur. Ce mouvement est avant tout social et idรฉologique. Cโ€™est un mouvement libรฉral, progressiste et rรฉnovateur qui pose comme objectif prioritaire la rรฉforme scolaire et linguistique. Il faut ajouter quโ€™il sโ€™agit dโ€™un mouvement idรฉologique des รฉlites bourgeoises et que lโ€™imposition du dรฉmotique en tant que langue nationale constitue lโ€™objectif linguistique de certains milieux qui ont agi ร  lโ€™aube du XXe siรจcle.Les dรฉmoticistes sont donc les intellectuels qui incarnent et encadrent ce mouvement, au long de cette pรฉriode, et se rassemblent autour dโ€™une sรฉrie dโ€™initiatives ร  caractรจre รฉducatif ou littรฉraire, autour de certaines associations et dโ€™une sรฉrie de revues littรฉraires, politiques ou autres. En outre, ils sโ€™attribuent lโ€™รฉtiquette de dรฉmoticiste, depuis le dรฉbut du siรจcle et sont conscients de constituer un groupe ayant un minimum de valeurs et dโ€™objectifs communs. Par consรฉquent,lโ€™usage des termes dรฉmoticisme ou dรฉmoticistes ร  une pรฉriode antรฉrieure ร  la derniรจre dรฉcennie du XIXe siรจcle constitue une projection qui fait abstraction de la particularitรฉ historique qui a gรฉnรฉrรฉ le mouvement en question. Les initiatives et lโ€™action des savants qui soutiennent une ou des variรฉtรฉs orales (voire peu littรฉralisรฉes) du grec moderne, depuis la seconde moitiรฉ du XVIIIe siรจcle, รฉmergent et se concrรฉtisent dans des conjonctures socio-historiques diffรฉrentes de celle du dรฉbut du XXe.Le grec moderne commun est peu littรฉralisรฉ durant les trois quarts du XIXe siรจcle et nous ne pouvons pas parler dโ€™efforts sรฉrieux pour sa description et codification. Cette variรฉtรฉ du grec moderne est dรฉsignรฉe pendant la mรชme pรฉriode ร  lโ€™aide de plusieurs รฉtiquettes telles romaรฏque , dรฉmotique ,รฉolodorien . Le terme dรฉmotique allait prรฉvaloir ร  la fin du siรจcle pour se substituer progressivement aux autres รฉtiquettes. Ce mรชme terme dรฉsigne รฉgalement, dans la premiรจre moitiรฉ du XXe siรจcle, la, ou les normes qui se cristallisent ร  travers la littรฉrature dรฉmoticiste ou ร  travers les efforts de description et de codification de la variรฉtรฉ commune. En rรฉalitรฉ, ce terme va s’identifier dรฉfinitivement ร  la norme qui se cristallise pendant l’entre-deux-guerres, ร  savoir celle de Triantafyllidis. Un corpus linguistique ou/et mรฉtalinguistique (ล“uvres littรฉraires de rรฉfรฉrence, grammaire, dictionnaires) dรฉtermine de maniรจre plus ou moins explicite lโ€™usage et les rรจgles, fixant un cadre au sein duquel se dรฉveloppent les pratiques langagiรจres. La norme ne se rรฉduit pas forcรฉment ร  une ล“uvre de grammaire, mais elle doit toujours รชtre considรฉrรฉe comme le reflet dโ€™un ensemble de corpus.Nous proposons cette dรฉfinition dโ€™une faรงon conventionnelle, en tenant compte de lโ€™objet de notre recherche, รฉtant donnรฉ quโ€™il est impossible dโ€™entrer dans le dรฉtail du dรฉbat portant sur le concept de la norme. Rappelons que les tentatives de dรฉfinir ce concept sont fort nombreuses. Ce dernier, depuis le premier effort de systรฉmatisation par le Cercle Linguistique de Prague (1932), a fait lโ€™objet dโ€™approches multiples : des approches linguistiques (E. Coseriu, Sistema, norma, y habla, Montevideo, 1952, et Lโ€™homme et son langage, Louvain-Paris, 2001 ; A. Rey, ยซ Usages, jugements et prescriptions linguistiques ยป, in Langue franรงaise, 16, 1972, p. 4-28) sociolinguistiques (J. A. Fishman, ยซ National Languages and Languages of Wider Communication in the Developing Nations ยป, in Anthropological Linguistics, 11, 1969, p. 111- lโ€™hellรฉnique ร  la katharevousa. De mรชme, รฉtant donnรฉ que le terme katharevousa apparaรฎt et prend sens au XIXe siรจcle, nous dรฉsignons par langue archaรฏsante lโ€™ensemble des usages de lโ€™รฉcrit antรฉrieurs ร  ce siรจcle. Bien รฉvidemment, il ne s’agit pas ยซ dโ€™une langue ยป mais plutรดt de variรฉtรฉs du grec, ou pour รชtre plus prรฉcis, de sociolectes. Nous faisons ce choix terminologique, afin de ne pas confondre la katharevousa du XIXe avec le grec liturgique, la variรฉtรฉ juridique ou littรฉraire des XVIe, XVIIe et XVIIIe siรจcles, auxquels nous faisons parfois rรฉfรฉrence dans notre mรฉmoire.Dans le cadre de ce travail, il est รฉgalement indispensable de distinguer le dรฉmotique de la langue du peuple ou langue populaire. Parfois, dans la littรฉrature qui traite de la question de la langue, il existe un glissement terminologique du dรฉmotique, que lโ€™on emploie comme synonyme du terme langue du peuple. Tout dโ€™abord, il faut noter que le terme peuple, dont le contenu fluctue selon l’auteur ou sociales, une perspective anthropologique ยป in La norme linguistique, Montrรฉal, 1983, p. 255-280, J.-C. Corbeil, ยซ ร‰lรฉments dโ€™une thรฉorie de la rรฉgulation linguistique ยป in E. Bรฉdard, J. Maurais, La norme linguistique, Montrรฉal, 1983, p. 281-303, J.-P. Bronckart, ยซ Fonctionnement langagier et entreprises normatives ยป, in S. Gilbert, J.-P. Bronckart, et alii (eds), La langue Franรงaise est-elle gouvernable?, Lausane, 1988, p. 109-132) ou encore sous le point de vue de la didactique des langues (G. Gagnรฉ, ยซ Norme et enseignement de la langue maternelle ยป, in La norme linguistique, op.cit., 1983, p. 463-509). Ainsi, pour ce qui est de notre recherche et en ce qui concerne le dรฉmotique, pendant les premiรจres dรฉcennies du XXe siรจcle, nous pouvons parler de la norme dโ€™Ekpedeftikos Omilos (ou si lโ€™on veut celle de Triantafyllidis) et la norme de Psychari. La langue du peuple est en effet, la langue que l’on attribue ร  ce qui a รฉtรฉ dรฉterminรฉ comme le peuple grec par les lettrรฉs grecs dans la seconde moitiรฉ du XIXe siรจcle. Dans ce mรฉmoire, nous employons le terme langue du peuple (ou bien langue populaire), ainsi que le terme peuple grec, lorsque nous rapportons les propos des auteurs examinรฉs ou lorsque nous faisons rรฉfรฉrence ร  ces derniers, ou ร  leur discours, de faรงon directe ou indirecte. En effet, nous avons dรฉjร  expliquรฉ que les populations qui constituent l’ร‰tat national, ou celles qui sont revendiquรฉes comme grecques, sont des locuteurs dialectophones, des locuteurs de la variรฉtรฉ commune des centres urbains, ou bien des locuteurs de langues autres que le grec.La langue du peuple ne correspond donc ร  aucune rรฉalitรฉ observable, tandis que le dรฉmotique, langue commune parlรฉe dans les centres urbains et langue vรฉhiculaire ร  la fois, constitue la base et la matiรจre premiรจre qui donnera le grec moderne commun ร  travers lโ€™usage et lโ€™รฉlaboration par les dรฉmoticistes du dรฉbut du siรจcle ou les autres savants et spรฉcialistes qui leur succรฉderont. En dernier lieu, il faut prรฉciser que nous avons optรฉ pour l’emploi du couple des termes grec ancien et grec moderne, au lieu du grec et grec moderne, car le terme grec ou langue grecque renvoie non seulement ร  la langue de l’Antiquitรฉ,mais aussi au grec dans sa diachronie, et dans ce cas on risque de le confondre avec le grec moderne. En revanche, lorsqu’on utilise le terme langue hellรฉnique (ou bien tout simplement lโ€™hellรฉnique), il s’agit toujours du grec ancien.

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Table des matiรจres

Remerciements
Liste des Abrรฉviations
INTRODUCTION
A. Aperรงu historique
1. Du plurilinguisme des Empires vers un monolinguisme national dans les Balkans: quelques repรจres historiques
2. Aperรงu de la question de la langue avant 1850
3. Les langues dans le Royaume grec, les langues des Grecs
B. Objet de recherche
1.La formation d’une langue nationale, en Grรจce, dans la seconde moitiรฉ du XIXe siรจcle
2.Les acteurs sociaux
3.Les sources : approche mรฉthodologique et classification
C. De lโ€™usage de quelques termes et de certains glottonymes dans notre recherche
1. Dรฉmoticisme, dรฉmoticistes et dรฉmotique
2. ยซ Savants du XIXe ยป et ยซ intellectuels dรฉmoticistes du XXe ยป
3. La langue nationale
4. Le grec moderne entre la ยซ diglossia ยป et la ยซ dimorphia ยป
PREMIรˆRE PARTIE :LE Rร”LE DE LA CONJONCTURE SOCIO-POLITIQUE DANS LA CONSOLIDATION DE LA LEGITIMITE DE LA LANGUE NATIONALE LEGITIMITE DE LA LANGUE NATIONALE
I. LA ยซ MISSION DE LA LANGUE GRECQUE ยป ET LE ยซ DROIT D’INGERENCE ยป DES SAVANTS OCCIDENTAUX
A. Changements et continuitรฉ dans la premiรจre moitiรฉ du siรจcle : vers la dรฉcouverte du grec moderne en Europe
B. La guerre de Crimรฉe et son impact sur la dรฉfinition des objectifs nationaux
C. Le grec ยซ langue vรฉhiculaire ยป et ยซ langue de civilisation ยป en Orient : l’รฉmergence dโ€™un projet et le fondement idรฉologique dโ€™une stratรฉgie
1. De l’insurrection ร  une ยซ conquรชte pacifique ยป de l’Empire : Markos Renieris et la mission de la langue grecque
2. Suite et rรฉpercussions dans les milieux des lettrรฉs grecs : les ยซ sociรฉtรฉs littรฉraires ยป et la ยซ propagation de lโ€™hellรฉnisme ร  lโ€™Orient ยป
D. D’une langue commune de l’Orient ร  une langue universelle : le cas de d’Eichtal
1. Le projet de d’Eichtal : objectifs, moyens et acteurs
2. Le choix du grec : la ยซ langue รฉlue ยป de lโ€™histoire
E. ยซ L’universalitรฉ du grec ยป et le cadre historique des annรฉes 1860
1. La ยซ question de la prononciation du grec ancien ยป : les hellรฉnistes entre la thรฉorie dโ€™ร‰rasme et le grec moderne
2. G. d’Eichtal : hellรฉniste et saint-simonien
F. Suite et retentissements du projet de d’Eichtal
1. ร‰chos de la publication et initiatives
2. Le dรฉbat
3. L’adoption de la prononciation grecque-moderne et son enjeu idรฉologique
G. Le poids des attentes europรฉennes et la ยซ dette grecque ยป
1. La fondation de l’ Association pour l’Encouragement des ร‰tudes Grecques et la formation d’une conjoncture
2. ยซ Droits et devoirs ยป des lettrรฉs grecs
II. Lโ€™ร‰MERGENCE DE LA LEXICOGRAPHIE DIALECTALE ET SON IMPACT
A. Apparition et aspect des recherches
1. Morphologie de l’activitรฉ รฉditoriale dans la seconde moitiรฉ du siรจcle
2. L’รฉlan dialectologique de la seconde moitiรฉ du siรจcle
3. ร‰tendue de la recherche lexicographique et profil des lettrรฉs qui y sont engagรฉs
4. La construction d’un objet : dรฉlimitation du terrain et constitution des corpus
B. Motifs et objectifs des travaux dans le cadre politique et idรฉologique de la pรฉriode en question
1. La thรจse de Fallmerayer et sa dynamique pour le dรฉveloppement des travaux dialectologiques
2. La topographie de la lexicographie dialectale et le ยซ paradoxe ยป de la Macรฉdoine
3. Les รฉtudes dialectologiques face ร  l’intรฉrรชt des hellรฉnistes pour le grec
4. Le ยซ trรฉsor lexical ยป et la langue cible
C. Origines linguistiques et origine nationale : le cas des rรฉgions ยซ excentrรฉes ยป
1. Le substrat proto-hellรฉnique de Cappadoce
2. La Thrace des Pรฉlasges et des Grecs
3. La transition du grec de l’Asie Mineure ร  Chypre
4. La thรฉorie indo-europรฉenne et l’usage du pรฉlasgique dans l’hellรฉnisation des origines linguistiques
D. Lโ€™impact de la dialectologie sur l’image du grec dialectal: parentรฉ synchronique et parentรฉ diachronique
DEUXIรˆME PARTIE :HISTOIRE, PHILOLOGIE ET LINGUISTIQUE : LA VISION DE L’ร‰VOLUTION DE LA LANGUE DANS LA PERSPECTIVE DE LA Lร‰GITIMATION DES OBJECTIFS POLITIQUES ET LINGUISTIQUES
III. ยซ Dร‰Gร‰Nร‰RESCENCE ยป ET ยซ Rร‰Gร‰Nร‰RATION ยป Dโ€™UNE LANGUE : LA Rร‰HABILITATION, ET LE REGARD SUR L’HISTOIRE DU GREC
A. L’aspect des รฉtudes historiques du grec
B. La question de l’รฉvolution du grec au carrefour des diffรฉrentes disciplines
1. L’entrรฉe de la linguistique comparรฉe dans l’รฉtude de la langue grecque : un bref aperรงu historique
2. Lโ€™historiographie grecque au milieu du siรจcle
C. Mutations dans la conception de lโ€™histoire du grec, dans la seconde moitiรฉ du siรจcle
1. L’Eglise – ยซ Arche de la nation et de la langue ยป
2. L’archรฉologie des langues indo-europรฉennes au service de la puretรฉ linguistique
3. La ยซ force morale de la nation ยป et la ยซ puissance assimilatrice ยป du grec
D. La cristallisation des mythologies linguistiques
1. De la ยซ corruption ยป ร  lโ€™ ยซ immutabilitรฉ ยป et ร  ยซ l’unicitรฉ ยป du grec moderne
2. ยซ La particularitรฉ historique du grec ยป et le cas du latin
3. Enjeux idรฉologiques et politiques
4. ยซ Le grec – langue vivante ยป, le latin et l’attitude des hellรฉnistes occidentaux
E. La conception de l’รฉvolution du grec et son impact sur sa nomenclature
IV. LA CONCEPTION DE L’ร‰VOLUTION HISTORIQUE DU GREC ANCIEN DANS LA Lร‰GITIMATION IDร‰OLOGIQUE DES OBJECTIFS LINGUISTIQUES: L’APPORT DE LA THร‰ORIE ร‰OLODORIENNE
A. La thรฉorie รฉolodorienne et lโ€™origine homรฉrique des dialectes populaires du grec moderne
1. L’origine et la diffusion de l’approche รฉolodorienne
2. Langue littรฉraire et langue vernaculaire : les traces antiques de deux chemins parallรจles
3. Le grec ancien au fil des siรจcles : une รฉcologie linguistique immuable ?
4. Langue รฉolodorienne et langue homรฉrique : lโ€™association du modรจle รฉolodorien ร  la lexicographie dialectale
5. Textes homรฉriques et contexte historique
B. Le modรจle รฉolodorien et son impact sur la rรฉforme de la langue
1. Appuis scientifiques du modรจle รฉolodorien : les outils de la linguistique historique
2. La katharevousa comme nouvelle koinรจ et la ยซ vรฉhicularitรฉ ยป en tant que droit historique
3. L’autoritรฉ des savants comme droit historique
4. La complรฉmentaritรฉ des arguments linguistiques et historicistes
5. Cadres sociopolitiques et usages idรฉologiques
TROISIรˆME PARTIE :LA CONCEPTION DE LA Rร‰FORME : ACTEURS, ACTIONS ET STRATร‰GIES
V. LES ร‰LITES LETTRร‰ES FACE ร€ LA Rร‰FORME DE LA LANGUE
A. Fixation du grec moderne : l’autoritรฉ des savants et le ยซ laisser faire ยป linguistique
1. La responsabilitรฉ collective de la communautรฉ des lettrรฉs et l’autoritรฉ individuelle
2. Engagement collectif, perspective temporelle ouverte et accomplissement des objectifs nationaux
3. Fixation et diffusion : deux procรฉdures naturelles et associรฉes
4. Le processus d’archaรฏsation comme une contrainte historique
B. Les concours de l’Universitรฉ et la mise en place des projets puristes : projets linguistiques et dรฉveloppement des stratรฉgies
1. L’universitรฉ, les associations et les revues comme facteur d’alliance et terrain d’action au service des projets linguistiques
2. Le concours pour ยซ l’histoire de la langue grecque moderne ยป : cadre et objectif
3. L’initiative d’Asopios vue en rapport ร  son projet linguistique et ses objectifs linguistiques
4. Le courant archaรฏste, le concours de la poรฉsie et le rรดle de Tsokanios dans les projets des puristes modรฉrรฉs
5. L’enjeu idรฉologique
6. Le rรดle des concours universitaires, des revues et des associations dans la promotion des projets puristes
C. Les objectifs de la rรฉforme, les prioritรฉs et la langue cible
1. Vernaculaires et langue commune : une cohabitation possible ?
2. Dรฉfinition des prioritรฉs dans la rรฉforme du grec
3. Quelle langue cible ?
VI. LES ร‰LITES LETTRร‰ES FACE ร€ L’ETAT
A. Politique linguistique de l’Etat grec : la politique du ยซ laisser faire ยป
1. Acadรฉmie des Lettres : une ยซ lacune ยป dans la rรฉforme de la langue?
2. Les traces dโ€™une planification linguistique et le rapport des savants avec les institutions de l’ร‰tat
B. Langue officielle : tรฉmoin identitaire et outil operationel pour le pouvoir politique
1. La formation d’une variรฉtรฉ au service de l’appareil de l’ร‰tat : initiatives privรฉes, responsabilitรฉ collective et devoir national
2. L’efficacitรฉ de l’outil linguistique face ร  l’aspect identitaire de la langue
C. Les initiatives des autoritรฉs institutionnelles et les limites de la fixation
1. Critรจres de correction : prioritรฉs et enjeux
2. L’aspect de l’intervention de l’ร‰tat : actions ponctuelles et encadrement
D. La rรฉforme du grec moderne entre les รฉlites lettrรฉes et l’ร‰tat : du ยซ laisser-faire ยป ร  l’ ยซ interventionnisme ยป, vers la fin du siรจcle
1. La rรฉforme de l’appareil รฉducatif et l’interventionnisme รฉmergeant de l’ร‰tat
2. La remise en question des fondements de la rรฉforme et la rรฉaction des lettrรฉs
3. Lโ€™Assemblรฉe face ร  la question de la reconnaissance officielle de la katharevousa
E. Les stratรฉgies des intellectuels dรฉmoticistes face ร  lโ€™hรฉritage psycharien
1. Les contradictions du purisme et les limites de la katharevousa
2. L’รฉmergence du mouvement dรฉmoticiste : ruptures et continuitรฉ
3. Les nouveaux intellectuels dรฉmoticistes : une gรฉnรฉration parricide?
CONCLUSIONS
A. Rรฉcapitulation
B. Lโ€™histoire du grec moderne au XIXe siรจcle : lacunes et limites de la recherche contemporaine
C. Lโ€™hรฉritage puriste : les ยซ mythes fondateurs ยป de l’histoire du grec et l’idรฉologie linguistique
1. ยซ Lโ€™unitรฉ inaliรฉnable ยป et ยซ la continuitรฉ ininterrompue ยป du grec
2. ยซ Le caractรจre conservateur du grec ยป
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
Tableaux et statistiques des publications concernant l’activitรฉ รฉditoriale
Tableaux des principaux รฉvรฉnements politiques et socioculturels
G. d’Eichtal : ยซ De l’usage pratique de la langue grecque ยป
M. Renieris : ยซ De l’impopularitรฉ de la cause grecque en Occident ยป

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