Méta-paradigme infirmier
Le métaparadigme infirmier présente l’orientation générale de la discipline infirmière (Fawcett, 2005). Il est constitué de quatre concepts principaux (Fawcett, 2005) qui seront discutés et mis en lien ci-dessous avec la thématique de départ. Le premier concept est celui de l’être humain. Il se réfère aux individus reconnus dans leur culture, famille, communauté et autres groupes qui sont des participants aux soins infirmiers (Fawcett, 2005). En référence à la thématique, le patient est directement impliqué par la qualité des soins. En effet, les résultats bénéfiques sur l’état de santé du patient dépendent de la qualité des prestations des soins infirmiers. Le deuxième concept, l’environnement, évoque l’entourage physique et social de l’être humain aussi bien que les contextes au sein desquels se déroulent les soins infirmiers, ce qui regroupe le domicile privé, les établissements de santé et la société en général. Il tient compte des conditions locales, régionales, nationales et mondiales, culturelles, sociales, politiques et économiques qui sont associées à la santé de l’être humain (Fawcett, 2005).
En référence à la présente revue de littérature, la qualité des soins englobe également l’environnement hospitalier dans lequel le patient est pris en soin. À ce titre, le matériel à disposition ainsi que la dotation en personnel de l’équipe infirmière peuvent, entre autres, être considérés ici. Le troisième concept, celui de la santé, se reporte aux processus de vie et de mort de l’être humain (Fawcett, 2005). Il s’agit d’un équilibre entre les différentes dimensions qui constituent un être humain. Lorsque celles-ci ne sont plus en harmonie, il est question de maladie. Le patient peut être amené à recevoir des soins et une attention vigilante de la part des soignants. Ceci est d’autant plus important dans un contexte de soins aigus, car le caractère incertain de l’évolution de la maladie génère un stress biologique et psychologique. À cet effet, la disponibilité des soignants a un impact déterminant sur la prise en soins.
Le dernier concept fait référence à la définition des soins infirmiers qui sont les actions entreprises par les infirmières, pour ou en collaboration avec l’être humain, les buts ainsi que les résultats obtenus par les interventions infirmières. Ces dernières sont considérées comme un processus mutuel entre les participants en soins infirmiers et les infirmières (Fawcett, 2005). Le processus comprend des activités qui sont souvent désignées comme l’évaluation initiale, le jugement clinique, le plan de soin, les interventions infirmières et l’évaluation. La dotation de l’équipe aura un impact sur les prestations des soignants. Supposons que la dotation plus élevée d’une équipe infirmière permette d’accorder une attention plus importante aux besoins psychologiques du patient, son bien-être psychologique se verrait augmenté. De même, les infirmières auraient plus de temps pour leur réflexivité et accompliraient des interventions adéquates pour favoriser la dimension biologique et l’autonomie du patient. Il est également essentiel de souligner l’importance du rôle central qu’elles jouent dans la coordination des différents réseaux qui prennent en soins le patient dès sa sortie hospitalière.
Modes de savoirs infirmiers Carper (1978) a délimité la connaissance infirmière en déterminant quatre modes de savoirs. Ces quatre modes de savoirs ont également été décrits par Pepin, Kérouac & Ducharme (2010). Les paragraphes qui suivent permettront de relier la thématique du présent travail avec les modes de savoirs. Le savoir empirique se réfère aux observations, à l’exploration, la description et l’explication des phénomènes. Il se vérifie par la démarche de recherche au moyen de méthodes quantitatives et qualitatives (Pepin, Kérouac, & Ducharme, 2010). L’infirmière mobilise ce type de savoir pour sa pratique clinique en le contextualisant. Le but étant de respecter la singularité de chaque patient. De même, les équipes soignantes ont la possibilité de mettre en évidence un certain nombre de questionnements permettant l’émergence de nouvelles thématiques de recherche. Le savoir empirique est une composante essentielle du présent travail car il se base sur des connaissances scientifiques. Or, le but des articles de recherche est précisément de mettre à disposition les réponses les plus adaptées, les plus actuelles et les plus probantes à ce type de question de recherche. Le deuxième est le savoir esthétique qui décrit la capacité qu’a une infirmière à saisir la signification d’une situation particulière ainsi que son aptitude à y répondre de manière créative (Pepin et al., 2010). Les soins de qualité sont centrés sur le patient et demandent une certaine adaptation et créativité de la part de l’infirmière. De même, la dotation en personnel doit permettre une flexibilité pour assumer la charge de travail. Une infirmière parviendra probablement mieux à se focaliser sur les besoins personnels de chaque patient et à adapter ses interventions si elle dispose du temps nécessaire pour effectuer une démarche de soins plus approfondie.
Le savoir personnel est acquis au travers de l’expérience. Il permet à l’infirmière de mieux connaître sa propre personne ainsi que le patient. A l’aide de ses connaissances, elle pourra d’autant mieux comprendre et venir en aide au patient dans sa situation (Pepin et al., 2010). Concernant la problématique du travail, ce mode de savoir renforcerait l’efficacité de la pratique professionnelle par la capacité de l’infirmière à contextualiser ses connaissances théoriques sur le terrain. De même, l’intuition basée sur une bonne connaissance de soi et du patient est un outil supplémentaire qui oriente les interventions de soins. Pour finir, le savoir éthique reflète les valeurs personnelles et professionnelles. Il s’intéresse aux dilemmes éthiques pesant ainsi le bien et le mal dans la balance. Il est rendu visible par les actions quotidiennes de l’infirmière (Pepin et al., 2010). Toutes les interventions mises en place dans le but de renforcer la qualité des soins suivent les principes éthiques suivants: la bienfaisance, la non-malfaisance, la justice et l’autonomie (ASI, 2006). Les principes éthiques reflètent en quelque sorte l’idéal soignant et guident quotidiennement les interventions infirmières.
La qualité des soins se trouve renforcée par le respect de ces valeurs professionnelles. La bienfaisance tente de préserver au mieux l’équilibre de bien-être chez la personne soignée tel qu’elle le conçoit elle-même. Le soignant préserve également le bénéficiaire de soins des nuisances potentielles au regard de sa situation. Il observe de cette manière le principe de non-malfaisance. Lors de la réalisation des soins, les prestations se doivent d’être équitables vis-à-vis de l’ensemble des patients et respectées au regard du principe de justice. Pour terminer, il est impératif que la personne soignée soit soutenue dans son autonomie autant que possible. D’une part, dans ses capacités physiques en lui fournissant les soins et le matériel adéquat lui permettant de conserver son indépendance, et d’autre part, dans ses prises de décision en lui fournissant les informations nécessaires à l’autodétermination. La qualité de vie telle que le patient la définit nécessite d’être clarifiée avec lui, ce qui prend un certain temps. Il en va de même pour l’autonomie si le patient fait les soins lui-même, cela nécessitera, au début, un encadrement et une attention particulière de la part de l’infirmière. Toutefois, par la suite, cet investissement représente un gain non seulement pour le patient, mais aussi pour le soignant.
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Table des matières
1. Introduction
2. Problématique
2.1 Émergence de la question de départ
2.2 Ancrage disciplinaire
2.2.1 Métaparadigme infirmier
2.2.2 Modes de savoirs infirmiers
2.3 Les effectifs de soignants, état des lieux en Suisse
2.4 Qualité des soins
2.4.1 Indicateurs de qualité selon l’Institute of Medicine (IOM)
2.5 Dotation en personnel infirmier
2.6 Synthèse de la problématique
3. Concepts et champs disciplinaires
3.1. Concepts
3.1.1 La qualité des soins
3.1.2 La charge de travail
3.1.3 La dotation infirmière
3.1.4 Les soins aigus
3.2. Champs disciplinaires
3.2.1 Définition de la théorie
3.2.2 Les concepts du métaparadigme infirmier
4. Méthode
4.1 Formulation de la question de recherche
4.2 Recherche d’articles sur les bases de données
4.3 Résumés des quinze articles
5. Synthèse des résultats et recommandations pour la pratique
5.1 Résultats principaux
5.1.1 Taux de mortalité
5.1.2 Impact de l’environnement de travail sur les résultats pour les patients et les infirmières
5.1.3 Facteurs influençant la charge de travail infirmière
5.1.4 Qualité des soins et satisfaction des patients et des infirmières
5.1.5 Rationnement implicite des soins et résultats pour les patients
5.1.6 Mise en relation des types d’infrastructures des unités de soins avec le degré de dépendance des patients, la charge de travail infirmière, la dotation et la qualité
5.1.7 Dotation et niveau de formation
5.1.8 Analyse des coûts résultant des événements indésirables liés au processus infirmier
5.2 Mise en lien avec la question PICO
5.2.1 Dotation
5.2.2 Qualité des soins
5.2.3 Environnement de travail
5.3 Perspectives pour la pratique
6. Conclusion
6.1 Apport du travail de Bachelor
6.2 Limites
6.3 Perspectives pour la recherche
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