La psychomotricité et les enfants
En faisant des recherches je me suis rendue compte qu’utiliser les termes de développement psychomoteur était plus approprié que l’idée d’éveil psychomoteur. L’éveil fait référence à des activités et à des jeux et non à un mécanisme, le terme éveil est par ailleurs bien plus utilisé par les éducateurs de jeunes enfants car il correspond mieux aux objectifs visés par les professionnels. A. Bullinger décrit de manière précautionneuse les différents processus de développement de l’enfant, il affirme : « [Le bébé] est à comprendre dans sa spécificité qui se transforme avec le développement » .
Le développement psychomoteur des enfants
Différentes définitions du développement et différentes théories ont été proposées par des auteurs divers. Ceci complexifie le fait de donner une définition précise et concise du développement psychomoteur. Mon choix s’est porté sur celle de B. De Lièvre et de L. Staes : « C’est le développement de l’enfant dans les domaines :
– de la motricité,
– de la prise de conscience de soi, de son corps,
– de la prise de conscience de son environnement spatio-temporel et des possibilités de s’y adapter. » .
Cette définition du développement peut être complétée par le fait que « le développement fait référence au changement. L’étude du développement consiste à comprendre la façon dont le sujet fonctionne à un âge déterminé ou à un moment de sa vie. » . Le développement est opérant durant toute la durée de la vie de la personne et l’évolution se fait par les maturations, les expériences, les stimulations, les motivations, etc. Certains éléments rentrent en compte dans le développement psychomoteur, « le développement de l’individu résulte de l’interaction entre les différents domaines du développement. » . Il faut faire la différence entre le développement et l’apprentissage, les deux étant bien évidemment liés comme l’explique L.S. Vygotsky, mais l’apprentissage précède le développement. Il est à préciser que cette distinction n’est pas présente chez tous les théoriciens. Comme indiqué précédemment, il existe différentes théories concernant le développement de l’enfant. Prenons l’exemple des théories de J. Piaget et de S. Freud qui décrivent le développement de l’enfant s’établissant en stades successifs mais qui n’ont pas fondé leurs travaux et leurs théories sur les mêmes observations. Je propose de m’appuyer sur la théorie de J. Piaget exposant les stades de développement intellectuel. J. Piaget au travers de ses travaux s’est intéressé au développement de la connaissance chez les hommes. Il définit la connaissance comme l’action physique ou mentale que l’être humain a sur un objet. Il lie la connaissance aux capacités mentales qui évoluent avec la maturité de l’enfant et qui sont donc fonction de son âge. Deux individus ne peuvent avoir la même connaissance d’un même objet car les expériences passées et le degré de maturité rentrent en ligne de compte. J. Piaget emploie le terme de « schèmes » correspondant à la structuration de l’action, permettant l’adaptation à l’environnement, de tous comportements, de penser. Ces schèmes sont d’origine biologique et/ou mentale. Les schèmes sont caractérisés par la notion de répétition de l’action. Les schèmes d’un nourrisson sont ses réflexes qui évoluent et s’accroissent en schèmes toujours plus complexes : c’est le développement de l’enfant. Un schème est toujours en lien avec des émotions. Pour s’adapter au mieux à l’environnement rencontré, l’enfant perçoit les informations extérieures et tente de les mettre en lien avec des schèmes déjà existants ; J. Piaget nomme ce processus « mécanisme d’assimilation ». Néanmoins les situations rencontrées ne peuvent pas toujours correspondre à un schème préexistant. Ainsi les schèmes déjà existants vont être modifiés ou de nouveaux schèmes vont s’établir, c’est le « mécanisme d’accommodation ». Cette adaptation au monde extérieur et cette réorganisation interne permettent à l’enfant d’établir une personnalité ajustée. Ce développement de l’enfant par la création de différents schèmes est sous l’influence de facteurs de causalité. La maturation biologique provenant de l’hérédité joue un rôle important complété par les stimuli environnementaux. J. Piaget différencie ces derniers en deux catégories : l’expérience directe ou physique et l’éducation. Il pense que les expériences rendant l’enfant acteur développent davantage ses connaissances et son intelligence. A cela s’ajoute les transmissions par l’environnement social de l’enfant, transmissions ayant une valeur plus éducative. Pour rendre cohérent et efficace ces acquisitions de schèmes, en lien avec ces facteurs de causalité, un équilibre en termes de régulation et de compensation est indispensable.
J. Piaget pense que le développement se réalise de façon régulière, ponctué de points de repères établissant ainsi quatre niveaux de développement composés chacun de stades. Cette conception est chronologique mais les âges d’acquisition peuvent varier d’un individu à un autre, tout en respectant un certain ordre de la formation des structures mentales. Le premier niveau est la période sensori-motrice au cours des deux premières années de vie de l’enfant, niveau découpé en six stades. Tout au long de ces deux années l’enfant acquiert progressivement les processus d’assimilation et d’accommodation des schèmes. Des réactions circulaires se mettent en place et évoluent selon la représentation mentale qu’engendrent ces comportements réflectifs de l’enfant. Ses actions deviennent intentionnelles et volontaires. L’enfant apprend la distinction entre son propre corps et le monde extérieur, même s’il demeure égocentrique. La permanence de l’objet se développe, de même que la conception de cause à effet. L’enfant devient capable de modifier ses schèmes préexistants. Son imagination s’accroit, il est capable d’avoir des représentations mentales et de les assembler. A. Bullinger définit le premier niveau du développement par des « interactions entre l’organisme et le milieu qui sont objets de connaissance. » . Il explique que des répétitions de coordinations sensori motrices aboutissent à un phénomène d’habituation et permettent à l’enfant de comprendre son environnement. Il cite les travaux de J. Piaget : « Ces coordinations sensori-motrices – les schèmes sensori-moteurs de Piaget (1996) – ne sont présentent que pendant le geste, leur support étant le fonctionnement lui-même, et ne sont pas évocables au sens classique du terme. Leur expression est le geste lui-même. » .
Le deuxième niveau correspond à la période de pensée préopératoire, allant de deux à sept ans. Ce niveau est constitué de deux stades. La première période, de deux à cinq ans, est caractérisée par l’évolution importante du langage qui demeure égocentrique mais permet de mieux intérioriser l’environnement, l’enfant n’étant plus obligé de passer par l’expérience directe. Le langage a une fonction de socialisation très importante mais il est encore difficile pour l’enfant de comprendre l’existence d’un point de vue différent du sien. Le deuxième stade est celui de la pensée intuitive qui est une période transitoire entre dépendance de la compréhension de l’enfant à sa perception du monde et pensée logique. Cette étape permet à l’enfant de mieux comprendre les problèmes et de les résoudre, la décentralisation est en cours mais l’intuition y joue un rôle important. Les capacités intellectuelles se développent progressivement.
H. Wallon a également théorisé le développement de l’enfant sous forme de stades mais de manière discontinue, le passage d’un stade à un autre se faisant par des crises et des transformations. Il explique que « les facteurs de développement biologiques et sociaux sont nécessaires, complémentaires et inséparables. […] Le facteur biologique est responsable de la maturation du système nerveux central et le facteur social gère l’interaction entre l’enfant et le milieu. » . De plus, H. Wallon prend plusieurs composants en compte dans ses travaux : composants biologiques, affectifs, sociaux et culturels, l’émotion étant au premier plan. Il a établi six stades allant de la naissance à l’adolescence. Ces stades se succèdent et sont fonctionnellement liés : ce qui est acquis à un stade se retrouve aux stades suivants. Les orientations centrifuges et centripètes des stades s’alternent. Lors du développement par ces différents stades, l’enfant acquiert le contrôle de sa motricité, les affects interviennent dans l’évolution des fonctions tonico-émotionnelles, les expériences sensori-motrices permettent l’acquisition du langage et l’intelligence. Le développement se poursuit par l’évolution de la conscience de soi, l’enfant se tourne vers le monde extérieur avant de se recentrer sur lui lors de la puberté. H. Wallon souligne l’importance des premiers échanges, par l’expression des émotions, de l’enfant avec son environnement, en premier avec sa mère. S. Lebovici affirme que le bébé « vit ses émotions avec sa mère, de façon accordée, synchronisée. », lui permettant de se les représenter mentalement progressivement. Winnicott développe une partie de ses travaux sur la même conception de l’importance de l’environnement notamment la mère.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : THEORIE LE LIEN ENTRE LES PARENTS ET LA PSYCHOMOTRICITE
1. La psychomotricité et les enfants
a) Le développement psychomoteur des enfants
b) Influences des sollicitations psychomotrices
2. La psychomotricité : soutien et prévention
a) Lien parents-enfant
b) Relation parents-professionnel : soutien à la parentalité
c) Les moyens existants pour soutenir la parentalité
3. Les prises en charge perçues par les parents
a) Perceptions des parents concernant les soins
b) Perceptions des ressources par les parents
PARTIE II : COMPRENDRE LA PERCEPTION ET LES BESOINS DES PARENTS : METHODOLOGIE EXPERIMENTALE
1. Objectifs et contexte de l’étude
a) Le contexte de l’étude
b) Les objectifs
2. Population ciblée
3. Protocole de recueil de données
a) Déroulement de l’étude
b) Méthodologie choisie et appliquée
4. Méthode statistique d’analyse des résultats
5. Ethique de l’étude
PARTIE III : LES RESULTATS ET L’ANALYSE DE L’ETUDE
1. Présentation des résultats
2. Analyses des résultats
a) Analyse des données recueillies
b) Limites de l’étude
c) Témoignage : un apport à l’analyse et une ouverture à la réflexion
3. Prévention psychomotrice par transmission de ressources
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME
Mots clés : développement psychomoteur – perception – ressources – sollicitations – soutien à la parentalité – guidance parentale – alliance thérapeutique – prévention
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