Végétation
Du fait de sa topographie variée, l’archipel présente une grande diversité d’habitats. Quatre zones principales peuvent être distinguées en fonction de l’altitude : la végétation semi sèche de basse/moyenne altitude ou zone sèche (prairies herbacées côtières, savanes herbeuses sur les plateaux et arbustives en inclusion dans les forêts de moyenne altitude et descendant jusqu’à la mer) comme la foret de Nvouni, forêts humides de moyenne altitude comme la foret de lac ya mtsongoma, forêt humide d’altitude type « forêt nuage » comme la forêt de la Grille, et la steppe éricoïde au dessus de 1800 mètres. Les végétations côtières et de basse altitude sont presque déjà détruites sous l’action anthropique. La forêt d’altitude est la formation la mieux conservée même s’il existe peu d’estimations fiables de sa superficie par île. Les forêts du Karthala et de la Grille à la Grande Comore et de Mzémkukulé à Mohéli sont de plus en plus limitées. La forêt est devenue inexistante dans les pentes inférieures à110% à Anjouan. A Mayotte, seules les forêts perchées sur les crêtes ont été épargnées pendant la grande période d’exploitation agricole et forestière de l’île La plupart des plantes envahissantes et presque la totalité des plantes ligneuses envahissantes de l’archipel des Comores sont exotiques. Leur introduction est intimement liée à la présence de l’homme sur l’archipel.
LES DIFFERENTES CATEGORIES DE VALEURS DE Psidium cattleyanum.
Valeurs alimentaires : Les fruits de Psidium cattleyanum sont consommables (photos n°1-2-3). Les populations de certaines localités de moyenne et haute altitude trouvent leur nourriture dans les baies sucrées et parfumés de fruits de Psidium cattleyanum. Le tableau de l’annexe 2 montre les différentes valeurs alimentaires que renferment les fruits de Psidium cattleyanum. En marge de la consommation directe des fruits, ces derniers peuvent être encore transformés en jus ou en confiture. Cette transformation reste encore artisanale.
Valeurs économiques Bien que jusqu’à maintenant les fruits de Psidium cattleyanum ne soient pas transformés industriellement, ils sont vendus en tas et certaines marchandes en tirent profit (Photo n° 4). Une vendeuse de Psidium cattleyanum peut empocher un peu plus de 5000fc (10£) par jour, soit 25000 Ariary en vendant tout juste 10 tas. Le bois de la plante est vendu localement avec un prix dérisoire : 5 FC soit 25 Ariary pour un pied. Ils sont très souvent utilisés pour les haies des champs de cultures mais surtout pour la construction des cases, des toits des cuisines et des murs de latrines (Photos, 5-6), d’après des enquêtes
Relevés dans les sites suivant le degré d’anthropisation de Psidium cattleyanum
Nous avons procédé d’abord au choix du site susceptible de présenter des résultats appréciables. Nous avons alors ciblé trois sites étudiés à trois niveaux : basse altitude (0 à 400 m d’altitude), moyenne altitude (400 à 800m d’altitude) et haute altitude (au-delà de 800m). Il s’agissait du nord-est et ouest, du centre est et ouest et du sud-est .Ce travail nous a permis d’avoir des informations sur la répartition de toute les plantes envahissantes de l’île en général et particulièrement de Psidium cattleyanum qui nous intéressait le plus. Pour connaître les coordonnées géographiques (altitude, latitude, longitude) des sites étudiés, nous avons utilisé un GPS (globale position system) durant tous nos travaux de terrain. Nous nous sommes servis d’un appareil photo numérique pour la prise de vue pour l’illustration.
a) Relevés dans les forets à Psidium cattleyanum : Afin de connaître le degré d’envahissement et la densité de Psidium cattleyanum dans les sites d’études nous avons fait des relevés écologiques dans les forêts moyennement perturbées ainsi que les forets fortement perturbées par l’invasion de Psidium cattleyanum (photo 12)
b) Le relevé dans les savanes à Psidium cattleyanum et dans les champs de cultures Dans les zones moins envahies (savanes à Psidium cattleyanum et champs de cultures de moyenne altitude) et hétérogènes, nous avons aussi réalisé des relevés écologiques mais cette fois-ci avec des grandes dimensions (15m sur 20 ,20*20m ,40m*70m,….). Les paramètres étudiés étaient les mêmes que ceux étudiés dans les quadrats. Les facteurs écologiques considérés sont : l’Altitude ; le Degré d’anthropisation et le substrat. La surface étudiée est choisie suivant la répartition et la représentativité des individus.
c) La méthode d’étude d’un individu isolé: Souvent en basse altitude, l’envahissement de Psidium cattleyanum ne se remarque pas, on a rencontré que des individus isolés (2 à 3). Face à un tel cas nous avons cherché à connaître l’origine d’implantation de tels individus (bouturages ou semi). Ensuite nous avons analysé les paramètres étudiés dans les quadrats afin de mettre en exergue les différences dans le développement de la plante isolée et des plantes vivant en communauté.
Discussion
Au Nord, la plante est inexistante sur le littoral et ce jusqu’à un peu plus de 200m d’altitude. Par contre au Sud, elle se rencontre à une altitude un peu basse c’est-à-dire à 145m. Au Centre, à quelque mètres de la mer, la plante est présentée et ce à quelque 10m d’altitude. Le centre est la région la plus arrosée et la plus humide de l’île.Ensuite, la région du Sud et la région du Nord est la plus sèche. On pourrait alors établir une certaine corrélation entre l’existence de la plante et l’humidité. D’un autre coté, c’est dans la région du centre qu’on rencontre beaucoup d’individus à l’état végétatif. Nous pourrons alors émettre deux hypothèses : L’humudité favorise la germination et le développement de Psidium cattleyanum mais en même temps retarde la floraison. Dans le Nord Ouest, la population adulte est plus importante par rapport aux autres sites. Ceci peut s’expliquer par les précipitations importantes amenées par le foret de la Grille (foret artificielle) qui a rendu cette zone beaucoup pluvieuse bien qu’elle appartienne à la région la moins arrosée de l’île. L’altitude pourrait aussi avoir une influence sur la présence de Psidium cattleyanum, c’est elle qui fait varier l’humidité et la pluviométrie. La plante aurait besoin d’une humidité et d’une pluviométrie moyenne. Aux alentours du Karthala où il pleut pendant toute l’année l’humidité est très intense. Ainsi, nous avons remarqué l’absence de la plante. Cette situation peut s’expliquer par le fait que Psidium cattleyanum, est une plante de faible et moyenne altitude. Malgré la ratification de certaines conventions internationales notamment la CITES par les Comores, des nouvelles espèces sont encore introduites d’une manière incontrôlée et cellesci se développent rapidement au détriment des espèces indigènes. Les études qui ont été faites sur ces espèces sont globales. C’est seulement à Mayotte que certaines espèces envahissantes ont été particulièrement étudiées (cas de Lantana Camara et Litsea glutinosa). Le manque de suivi et de contrôle permanents a favorisé la prolifération d’un grand nombre d’espèces qui, au fur et à mesure, colonisent des nouveaux habitats diminuant ainsi l’espace cultivable et assommant les espèces indigènes. Il en découle alors des impacts négatifs sur le plan économique. A la Grande Comore, même si c’est dans cette île qu’on rencontre moins d’espèces envahissantes, une bonne partie de l’île est déjà colonisée. Certaines espèces que certains auteurs (Pascal 2000 et autres) ont classées dans la liste des espèces dont le degré d’envahissement est faible, deviennent aujourd’hui très envahissantes (cas de Agave sisalana à partir de 800 m d’altitude dans le Sud-Est et le Nord-Est). D’autres espèces qui n’ont pas été inscrites dans, la liste des espèces envahissantes acquièrent au fur et à mesure le statut d’envahisseur (cas du Securinega virosa dans la zone littorale du Nord-Est et Tristema virusanum à partir de 700 m d’altitude). Tout ceci montre la croissance exponentielle de l’invasion dans l’île. Nous devons démontrer aux planificateurs et aux responsables la nécessité d’investir dans la prévention des espèces envahissantes, et dans la prise des mesures précoces ou au contraire s’enliser dans des conséquences dangereuses de l’inaction. Le cas de Psidium cattleyanum est à souligner. Cette plante introduite il y a moins d’un siècle (selon les enquêtes) est devenue aujourd’hui un « poison » pour les écosystèmes de la Grande Comore. La plante colonise presque la totalité de la superficie de l’île. Elle est rencontrée dans la zone littorale, à basse altitude, en moyenne altitude ainsi qu’à haute altitude. C’est seulement aux alentours du Karthala (à partir de 1700 m d’altitude) que la plante ne se rencontre pas. La plante préfère les milieux humides, c’est pour cette raison que dans la région du centre, région la plus humide de l’île, la plante est présenté à partir de 10 m d’altitude. Cependant, la plante pousse aussi dans les milieux secs : dans la région du nord, la plante est bien présente mais à partir de 200m d’altitude. Si les études qui ont été faites à la Réunion ont montré que Psidium cattleyanum a toujours les caractéristiques d’un arbuste, à la Grande Comore, la plante tend vers le statut d’un arbre avec 11m de hauteur et le diamètre à la hauteur de la poitrine de 15cm. Bien que dans l’île la plante puisse être rencontrée dans les zones côtières, le caractère envahissant de la plante ne se remarque qu’à partir de 300m d’altitude. A partir de 700m les zones envahies constituent de vraies forets parfois mono spécifiques (cas de la foret Mtsongomani de Bahani) ; de la foret de Mbèradjou dans le Nord-Est et la forêt de la Grille de Nord-Ouest). Certains moyens de lutte contre l’invasion de cette plante sont parfois inappropriés car après une période de régénération, la plante devient encore plus envahissante. C’est le cas de la coupe au ras du sol qui engendre parfois un rejet de plus de quinze sur un seul pied (cas de la forêt de Psidium cattleyanum du sud est). Notre étude sur Psidium cattleyanum était la première dans l’île. Néanmoins, la plante a été bien étudiée dans l’île de Réunion. Il nous incombe alors de vulgariser certaines utilisations de la plante encore inconnue aux Comores. Les fruits de Psidium ont une valeur alimentaire qui n’est pourtant pas prise en compte par les Comoriens ; par conséquent, des fruits ne sont recommandés comme tant d’autres. Nous donnerons ces valeurs en annexes 2. Les fruits de Psidium cattleyanum auraient des propriétés tonifiantes (Gerard D.R. le Grand des fruits, 2002). Cette indication thérapeutique est différente de celles qui sont connues aux Comores où les feuilles sont utilisées contre le paludisme et la pulpe des fruits a un effet cicatrisant sur les blessures. L’insuffisance des connaissances sur la plante, et sur ses fruits constituent la principale source de dissémination, et entraînant ainsi la prolifération incessante de la plante. En tout cas, il n’est pas trop tard pour arrêter l’invasion Psidium cattleyanum. Considérant l’état d’invasion actuel de la plante, la tâche est sans doute difficile de mais possible à exécuter. Le problème de l’invasion par les espèces exotiques doit impliquer tout le monde. Organisations internationales, ONG, autorités de l’Etat, experts et chercheurs doivent collaborer afin de sauver l’environnement en général et la biodiversité en particulier. C’est dans ce sens de collaboration continue que les espèces nuisibles à nos espèces indigènes peuvent être bien maîtrisées et par la suite parvenir à stopper l’invasion dans nos pays. Des nouvelles perspectives sont mises en œuvre pour diminuer l’invasion de Psidium cattleyanum : un projet sur la valorisation de ses fruits est déjà élaboré par un ONG des chercheurs comoriens ; aussi YAKO, une industrie agroalimentaire va bientôt utiliser les fruits de la plante pour la fabrication de boissons et de confiture. Les cultivateurs entreprennent alors deux stratégies de lutte contre l’envahissement de Psidium cattleyanum. Cette technique consiste à couper tous les individus à 0 mètre afin libérer de l’espace pour la culture. C’est un moyen de lutte créé par les cultivateurs qui veulent faire des champs de culture en moyenne et en haute altitude. C’est un moyen de lutte temporaire qui consiste à éliminer l’espèce envahissante pendant une période qui ne dépasse pas deux ans ; car après la saison de pluies les restes souterrains des individus 28 coupés donnent de rejets. Bien que la technique de brûlure soit déconseillée vu son impact négatif sur la biodiversité, elle constitue un moyen efficace d’élimination de Psidium cattleyanum. Elle consiste à brûler toute la plante et n’en laisser que les racines qui sont déterrées par la suite. C’est encore un moyen de lutte utilisé par les cultivateurs pour créer des espaces cultivables à l’intérieur des milieux envahis. Nous n’avons observé aucun rejet dans les champs de cultures obtenus par cette technique. La plante étant toute déterrées et les graines disséminées dépourvues de leur pouvoir germinatif, les rejets et nouvelles plantes issues de la germination sont rares, voire mêmes absents.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SITES D’ETUDE
I. Contexte sur l’archipel des Comores
1.1) Site d’étude
1.2) Climat
1.3) Géologie
1.4) Végétation
II. Les plantes envahissantes de l’archipel des Comores
II.1) Les espèces ligneuses envahissantes
II.2) Les espèces envahissantes non ligneuses
II.3) Les plantes envahissantes de la Grande Comore
III. Les moyens de dissémination
IV. Les différentes catégories des valeurs de Psidium cattleyanum
IV.1. Valeur alimentaire
IV.2. Valeur économique
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
I. Les matériels
I.1) Classification
I.2) Description morphologique
II. Méthodes
II.1) Documentation bibliographique
II.2) L’enquête sur les perspectives de lutte et les différentes valeurs de la plante
II. 3) Relevé écologique
II.3.1) Prospection dans les listes étudiées
II.3. 2) Relevés dans les sites suivant le degré d’anthropisation de Psidium cattleyanum
a) Les relevés dans les forets à Psidium cattleyanum
b) Les relevés dans les savanes à Psidium cattleyanum et dans les champs de culture
c) La technique d’étude d’un individu isolé
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
I. Résultats des enquêtes
II. Variations de la densité, hauteur et diamètre de la poitrine
II.1. Dans le nord est
II.2. Dans le nord ouest
II.3. Dans le centre ouest
II.4. Dans le sud est
III. Phénologie et régénération de Psidium cattleyanum
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSIONS
Discussions
CONCLUSION
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