La région de Saint-Louis comptait trois départements que sont Dagana, Podor et Matam (qui obtient le statut de département récemment). Parmi ces départements Dagana est le plus proche de Saint-Louis, il est composé de deux communes : Dagana chef lieu du département et Richard-Toll la capitale économique.
Jusqu’au XIXéme siècle, Richard-Toll était une petite bourgade qui servait de ville escale au commerce durant la période coloniale. Ce n’est qu’en juillet 1980 que Richard-Toll est érigée en commune par le décret du 26 juin 1980. Elle est située à 25 kilomètres de Dagana et à 106 kilomètres au nord-est de Saint-Louis. La ville de Richard-Toll se limite à l’est par l’aire d’atterrissage, à l’ouest par la digue de protection de Ndiao, au nord par le fleuve Sénégal et au sud par le marigot de la Taouey.
Le complexe de la CSS est localisé dans la commune de Richard-Toll à 375 kilomètres de Dakar. Il couvre actuellement prés de 7300ha sous canne dont 7300ha sont récoltés pour les besoins de l’exploitation. L’usine a vu le jour en 1970 mais l’exploitation n’a démarré effectivement que quatre ans après. La présence d’un réseau hydrographique dense constitué du fleuve et de lacs a fait de cette partie du pays une zone favorable à l’agriculture irriguée. La culture irriguée y a permis le développement de l’agro-busness avec des cultures telles que la tomate, la canne à sucre entre autres. La ville de Richard-Toll constitue un cadre parfait pour le développement de la culture de la canne à sucre. Cette plante tropicale a besoin d’eau douce, de lumière, de chaleur et de bonnes terres de cultures. Les exigences en eau sont assurées grâce à la disponibilité en eau qui permet l’irrigation permanente des parcelles sous canne.
LES FACTEURS NATURELS
Dans le cadre de notre étude, les facteurs naturels représentent des éléments fondamentaux. Le choix de ce site pour l’implantation de l’industrie sucrière est guidé par l’existence des éléments physiques favorables tels que : l’hydrologie, le climat et la pédologie, qui sont importants pour la culture de la canne.
L’hydrologie
La disponibilité de l’eau douce dans le haut delta est l’un des facteurs de l’implantation de la compagnie sucrière sénégalaise (CSS). La région de Saint Louis est longée par le fleuve Sénégal, le deuxième fleuve d’Afrique de l’Ouest après le Niger. Il s’agit d’une importante réserve d’eau douce avec le lac de Guiers qui couvre les besoins en eau des populations de la région du fleuve. Ce lac alimente en partie la capitale sénégalaise. La ville de Richard-Toll se particularise par la liaison qu’elle entretient avec ces deux réseaux hydrauliques.
Le fleuve Sénégal :
Le fleuve Sénégal long d’environ de 1800 Km, prend sa source dans la région de Mamou, en Guinée Conakry dans le massif du Fouta Djallon. Il est formé par la réunion du Bafing, du Bokoy et de l’affluent de la Falémé. Il traverse la partie occidentale du Mali avant de se jeter sur l’atlantique. Il dépend des pluies du Haut bassin qui lui confèrent un régime tropical.
Le fleuve Sénégal est confronté à une brève période de hautes eaux et à une période d’étiage entre les mois de juillet à octobre et de février à juin. En effet durant les années sèches, les périodes d’étiage se manifestent par la remontée des eaux salées qui dépassent Dagana et peuvent atteindre 50Km de Bokhol avec un débit irrégulier. Par conséquent le stockage d’eau douce rendait difficile la culture irriguée à partir du fleuve.
La construction de Diama a permis de réguler le débit du fleuve à 300m3 / s tout en bloquant la remontée de la langue salée et a permis également la double culture annuelle. La lutte contre la salinité a motivé la construction du barrage de Kheune sur le fleuve créé par la CSS. Ces nombreux aménagements du fleuve, de la période coloniale à nos jours, permettent l’amélioration de la disponibilité en eau douce pendant toute l’année et encouragent l’irrigation dans une zone marquée par une faible pluviométrie qui tourne autour de 300mm/ an. L’intérêt de la présence du fleuve Sénégal réside dans le fait que la CSS utilise cette eau pour la production agricole et industrielle.
Le lac de Guiers :
Le lac de Guiers est situé sur la rive gauche du fleuve Sénégal dans le Haut Delta. C’est une dépression de direction NNE à SSW avec une longueur de 50Km. Le lac est un important réservoir d’eau douce disponible pendant toute l’année. Il est protégé contre les remontées d’eau salée grâce au barrage vanné sur la Taouey depuis 1948. Le plan d’eau peut atteindre parfois une superficie de 300Km². Il est relié du fleuve par le marigot de la Taouey. Le fonctionnement hydrologique du lac de Guiers est conditionné par les ouvertures et les fermetures des ponts – barrages de Richard -Toll et Ndombo qui sont les principaux édifices sur la Taouey .
Son importante réserve d’eau douce a longtemps permis le développement de diverses activités agricoles dans la région du Nord. L’élevage et l’agriculture constituaient le moteur de l’économie traditionnelle déstabilisée par la sécheresse des années 70 – 80. Ainsi le fleuve et le lac de Guiers, riches en poisson couvraient la consommation des populations de la vallée et constituaient en même temps l’épine dorsale de l’économie de la région de Saint Louis et de ses environs pendant des décennies.
De nos jours les rives du lac et de l’Ouest de la Taouey sont occupées par les plantations de canne à sucre de la CSS. Elles sont délimitées par la digue de Keur Momar Sarr (KMS) et le lac de la vallée du Ferlo (en 1956) qui optimise la gestion de la réserve. Le niveau du lac est contrôlé en partie par le fleuve et sa cote de remplissage de la gestion du barrage de Diama. La CSS effectue des prélèvements en eau et au niveau du lac, estimés à 220.000.000m3 par an et une bonne partie de ce prélèvement sert à l’irrigation des plantations.
Le lac de Guiers joue un rôle important dans la vie des populations et des industriels du delta. Il permet également des activités économiques et couvre les besoins en eau de la capitale du Sénégal et une bonne partie du pays. La CSS utilise ce réservoir pour l’irrigation de ses plantations de canne à sucre.
Le climat
Les mécanismes du climat
Le climat en Afrique de l’Ouest est déterminé par le déplacement saisonnier du front intertropical (FIT). IL est généralement lié au rayonnement solaire reçu au sol. Le déplacement du FIT, définit la succession des zones climatiques et détermine ainsi le type de climat pour chaque région donnée. La ville de Richard – Toll épouse les caractéristiques climatiques de la région de Saint Louis. Saint Louis ayant les mêmes caractéristiques climatiques que le fleuve Cette région est soumise au climat sahélo saharien. Le Delta est une zone de transition entre deux domaines: celui du continental à tendance sahélienne et celui du continental maritime. Ce phénomène s’explique par l’action de l’anticyclone des Acores, sahélo libyen de Sainte Hélène et par l’importance des flux tels que les flux de mousson et d’Alizé étant tous des cellules anticycloniques.
L’anticyclone des Açores : de direction Nord Ouest (N –W) est responsable de l’Alizé maritime. Cet alizé est responsable de l’air frais ou des vents frais qui envahissent la partie septentrionale. L’anticyclone de Sainte Hélène est un flux de mousson de direction Sud Ouest (S – W) qui se manifeste à la saison pluvieuse grâce à l’influence maritime. La présence de la mousson, vent chaud et humide envahit le Delta lorsque le FIT se trouve dans la partie méridionale de la Mauritanie.
Les éléments du climat
Dans cette partie nous nous intéressons uniquement à l’étude des vents, des températures et des précipitations.
1. Les vents : Le delta est une zone qui est confrontée à de violents vents qui détruisent le couvert végétal. Ils sont très fréquents durant la saison sèche qui durent neuf mois sur douze. La proximité de la Mauritanie et du désert du Sahara, fait que l’harmattan séjourne longtemps et à une tendance continentale de direction. Ces vents soufflent pendant une longue durée et ils diminuent sous l’impulsion de l’alizé maritime pendant trois mois (Mars, Avril Mai). La présence de l’Harmattan implique une forte évapotranspiration des plantes, et l’irrigation devient une nécessité et solution aux risques de stress hydrique des plantations de canne à sucre.
2. Les températures et précipitations : Situé dans la zone sahélienne Richard -Toll se localise entre les isohyètes 200 et 300mm, et la saison des pluies ne dépasse pas trois mois. Les pluies diminuent du Sud au Nord et connaissent un début tardif dans le delta du fait de la couverture du FIT. Elles commencent en fin Juin, début Juillet et Août constitue le mois le plus pluvieux. Le retard précoce du FIT fait que les pluies ont un apport nul mais atténuent le réchauffement du sol. Le déficit pluviométrique se justifie par l’irrégularité des précipitations en saison pluvieuse pendant des décennies et se répercute sur l’ensemble du réseau hydraulique du pays.
La saison des pluies : Elle dure trois mois, commence entre fin juin début juillet et se termine en septembre et rarement en mi octobre. Elle est très aléatoire et perturbée. Le flux de mousson s’installe en mi juin et couvre tout le secteur Nord du pays. C’est un flux chaud et humide très instable qui provoque des précipitations. Cette situation rend difficile les cultures pluviales et les températures sont généralement élevées avec des moyennes maximales qui tournent autour de 35°C entre juillet et août qui justifient la position en latitude du pays.
La saison sèche froide : Elle se manifeste entre mi Novembre et la fin février et se caractérise par la fraîcheur avec des températures basses qui varient en moyenne de 12°c à 36°C entre décembre et janvier. Elle se particularise par d’importants écarts thermiques. La culture de la canne est très favorable durant la période de basses températures qui participent à la maturation des cannes. Des pluies accidentelles et pluies hors saisons connues sous le nom de « heug » surgissent à cette période.
La saison sèche chaude : Elle se manifeste entre Mars et juin se caractérise par une forte chaleur provoquée par l’ensoleillement et par des variations thermiques très marquées. Les températures minimales tournent autour de 12° c et 22° c et les maximales qui s’élèvent de 35° à 39°c et dépassent parfois 40° c dans la journée. Cette saison se manifeste par l’envahissement de l’Harmattan. A l’est vers l’intérieur l’air surchauffé et instable provoque des tourbillons qui détruisent le couvert végétal et sont préjudiciables à la production agricole. Il y a une nécessite d’irrigation pour compenser les pertes d’eau des terres sous cannes. Les mois d’Avril et Mai sont marqués par des températures élevées, l’insolation et de violents vents qui conduisent à une forte évapotranspiration.
L’étude du climat du delta permet de comprendre les causes ou les raisons du choix de l’implantation de la CSS. La culture de la canne qui permet la production industrielle du sucre nécessite un climat tropical pour le bon développement des cannes. Les conditions de chaleur et d’humidité du sol permettent sa maturation car les rendements de la canne sont réduits quand la chaleur diminue. Durant la saison pluvieuse les températures élevées permettent ou participent à un accroissement rapide de la canne. Ainsi cette saison permet à la canne d’atteindre son maximum de richesse saccharine. Par contre la canne ne doit pas être cultivée dans des zones trop pluvieuses ni dans les zones à sécheresse intense ; et la région du fleuve semble offrir le profil idéal. Les conditions naturelles de la région de Saint Louis sont plus favorables pour la culture de la canne. Le climat, les sols, l’hydrologie et la sécurité justifient l’implantation de la CSS dans cette partie du Sénégal.
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Table des matières
Introduction Générale
Problématique
Première Partie : les facteurs d’implantation dans la commune de Richard-Toll
Chapitre I : Les facteurs naturels
Chapitre II : les facteurs politiques, historiques et atouts économiques
Favorisants l’implantation de la CSS à Richard-Toll
Deuxième partie : les résultats de l’implantation de la compagnie sucrière sénégalaise dans la commune de Richard-Toll
Chapitre I : Présentation de la compagnie sucrière sénégalaise
Chapitre II : Production et commercialisation de la CSS
Troisième partie : les retombées de l’implantation de la CSS dans la commune de Richard-Toll et de ses environs
Chapitre I : Les effets positifs de l’implantation de la CSS sur les plans : social, spatial et économique dans la commune et ses environs
CHAPITRE II : Les effets néfastes de l’action de la CSS sur l’environnement et la santé des populations de Richard-Toll et de ses environs
Conclusion générale
BIBLIOGRAPHIE
Liste des tableaux
Liste des figures
Table des matières
Annexes