A l’échelle mondiale nous avons assisté, depuis très longtemps, à un déséquilibre entre les foyers d’habitations côtiers et ceux de l’intérieur. Les plus grandes villes d’Afriques sont le plus souvent littorales. Au Sénégal, c’est le même phénomène qui se dessine avec un réseau urbain déséquilibré. Les villes côtières sont plus peuplées et plus dynamiques, avec des densités moyennant 4 000 hts/km² ; alors que les villes de l’intérieur sont en moyenne à 300 hts /km². Le phénomène appelé «littoralisation » a entraîné une croissance urbaine au niveau des établissements humains localisés en bordure du littoral. La littoralisation entamée au Sénégal il y a plus de trois siècles, accélérée par le système colonial et poursuivie après l’indépendance, se mesure aujourd’hui au poids démographique de cette bande côtière.
La forte poussée démographique a provoqué une surexploitation de la bande littorale avec les nombreuses constructions qui s’érigent suivant des conditions et des modalités différentes. Cependant, des étapes importantes dont la sécheresse des années 1970 et la création de la SAPCO en 1975 ont participé à l’accélération de la production du cadre bâti dans l’espace Somone-Mbour. L’articulation entre la production du bâti et la localisation de l’espace Somone-Mbour a décelé des enjeux qui témoignent des avantages du site et ses risques. Ainsi, des stratégies sont adoptées de la part des différents acteurs qui se lisent à travers leurs pratiques et comportements.
PROBLEMATIQUE
La Petite Côte, qui constitue une partie du littoral sénégalais est située entre la presqu’île du Cap Vert et l’embouchure du Sine Saloum. L’espace Somone-Mbour, est situé sur cette Petite Côte avec une distance de 14 408 m de long à vol d’oiseau. Elle est caractérisée par une succession d’établissements humains, à savoir Somone, Ngaparou, Saly-Portudal et Mbour, très dynamiques qui s’agglomèrent sur la bande littorale. Elles ont des traits plus ou moins identiques dont l’urbanisation littorale et le développement des activités liées au tourisme et à la pêche.
L’espace Somone-Mbour étant situé sur le littoral regorge d’importantes potentialités humaines et économiques en plus des avantages climatiques et environnementales. Cette zone très active entraîne un mouvement migratoire marqué par un dépeuplement progressif des zones de l’intérieur vers les espaces côtiers convoités. Cette croissance démographique va occasionner une utilisation accrue des terrains et un développement fulgurant du bâti.
REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE
La discussion des théories nous semble indispensable dans la mesure où l’intérêt qui y est suscité réside dans le fait d’appréhender les positions des divers auteurs qui se sont penchés sur les études relatives au cadre bâti et les enjeux du littoral. L’une des démarches de la géographie est l’articulation du social et l’organisation spatiale c’est-à-dire la relation entre le vécu des populations et la structure de l’espace. D’ailleurs, Auran dans l’introduction de son ouvrage estime que la ville est définie comme étant l’expression diachronique de la civilisation du peuple qui l’habite. Elle s’adapte aux transformations du mode de vie et du dynamisme social, elle passe pour être le dépositaire de l’histoire du peuple .
Le littoral, de la crainte à la convoitise : Le littoral est demeuré jusqu’au XIXe siècle une zone répulsive qui était considérée comme un peu étrangère, barbare etc. cette dangerosité provenait de plusieurs facteurs : tout d’abord les invasions, la piraterie mais aussi les cyclones et ouragans déjà évoqués ; ainsi les marais, les étangs, les zones amphibies sont souvent malsains. Le littoral a donc pu être considéré de manières différentes : un ennemi, une source de biens ou une déesse romantique .
Avec le temps les hommes essaieront petit à petit à découvrir ce mystère et à découvrir ses potentialités premières pour s’installer au prés de la mer. C’est dans ce contexte que Jean Pierre Paulet apporte des éclaircissements dans ce même ouvrage pour montrer le nouveau regard porté sur le littoral.
Le temps des maçonneries : il est impossible d’étudier l’urbanisation des littoraux au XIXe et XXe siècles sans comprendre la spécificité, à chaque époque, une société a des « modèles d’appréciation » de l’environnement. Une véritable révolution va se produire au XVIIIe siècle avec une modification du regard porté sur les côtes. Ce changement est surtout lié à la révolution industrielle en Europe, aux nouveaux moyens de communications et à de nombreux facteurs économiques ou sociaux . Le contexte du temps des maçonneries dans les villes côtières africaines est différent de celui des villes côtières du nord. En Afrique à l’exemple du Sénégal, d’autres événements sont à l’origine de ce changement de comportement envers l’image portée sur le littoral.
Des pôles de conquête : depuis très longtemps, les stratégies maritimes entraînent les civilisations sur les mers. Les portugais longent les côtes de l’Afrique. Ces découvertes aboutissent donc à la formation d’empires coloniaux. C’est donc à partir des rivages que l’urbanisation se développe en prenant des formes différentes suivant le milieu et les coutumes des conquérants. Souvent, le peuplement des pays neufs s’est opéré en suivant un modèle d’occupation du sol : il existe un « point d’entrée » côtier et une diffusion vers l’arrière pays. Celle-ci s’opère de diverses manières suivant le milieu. Autrement dit, le peuplement qui demeure bloqué sur le littoral, s’étire en doigt de gant au long d’un fleuve ou peut se diffuser plus régulièrement. Rogert Brunet a ainsi résumé ces systèmes de chorémes : dans le modèle classique de conquête la pénétration s’opère « perpendiculairement de la ligne de départ : une ou plusieurs bases, avec sa pénétrante, l’une qui réussit mieux attire et retient les flux et fixe la capitale » .
L’ESPACE SOMONE-MBOUR, UN CADRE PHYSIQUE ATTRACTIF
PARAMETRES CLIMATIQUES
A travers les données recueillies à l’ANAMS, il s’avère que l’espace Somone-Mbour est dominé par un climat propice au cadre de vie. En effet, les températures sont abordables favorisant l’implantation des populations au bord du littoral.
Les périodes de fortes canicules correspondent au mois de Novembre et de Mars marquées par une absence de couverture nuageuse (ciel dégagé et soleil permanente). Pendant ces périodes, les températures maximums sont estimées à plus de 35°C (Cf. Graph 1). D’ailleurs, c’est à partir du mois de Novembre jusqu’en Avril que les touristes séjournent sur la Petite Côte correspondant également à la période de saison touristique communément appelée haute saison. Généralement, les périodes de hautes températures correspondent également aux périodes où les températures minimales baissent. D’ailleurs on a un grand écart entre les températures maximales et celles minimales qui crée des amplitudes thermiques élevées (Cf. Graph 1). En effet, entre les mois de Décembre en Avril, les températures minimales représentent moins de 18°C et parfois même on est à 16°C au mois de Janvier. Aux mois de Juin à Septembre le climat n’est pas tellement favorable ; même si les températures maximales baissent, les températures moyennes et minimales augmentent, réduisant les amplitudes thermiques. Elle correspond à la morte saison touristique appelée communément basse saison.
Comparées aux températures de l’intérieur du pays (Ziguinchor 21°, Kaolack 21°, Podor 24°, Diourbel 20° C) , l’espace Somone-Mbour est beaucoup plus agréable à vivre avec ses températures plus douces (17,58° C) encouragées par les vents d’est plus précisément les alizés maritimes doux et frais. Ce climat propice motive la plupart des migrants à s’installation ou à la création d’une résidence secondaire dans cette partie du pays pour leurs vacances ou leur installation définitive.
L’ensoleillement représente le principal élément du climat auquel est souvent associée la notion de beau temps. Dans les principales stations du littoral sénégalais la durée d’ensoleillement annelle est remarquable, elle est partout supérieur à 2500 heures , alors que la moyenne annuelle dans la région Somone-Mbour est encore supérieur avec 2981 heures.
Comme les précipitations et la nébulosité varient inversement par rapport à l’ensoleillement, les mois correspondant à la saison des pluies ont une durée moyenne journalière d’ensoleillement plus faible. Sur le plan climatico-touristique, l’ensoleillement qui constitue une des prodigieuses sources d’attraction est assez remarquable dans les stations littorales sénégalaises et en particulier dans la station de Somone-Mbour. En effet, selon les résultats la station Somone-Mbour a atteint 248 heures d’ensoleillement mensuellement, soit 8 heures de soleil par jour. Cependant, nous avons remarqué des périodes où l’ensoleillement est beaucoup plus représentatif à l’instar de celle qui va du mois d’Octobre au mois de Mai. Cette période correspond à la saison touristique qui confère à la localité un ensoleillement permanent et par conséquent une abondante arrivée touristique.
Cet ensoleillement important crée un environnement idéal et propice pour les touristes et par conséquent le besoin d’obtenir un patrimoine bâti dans la zone grâce aux conditions climatiques avantageuses. En effet, beaucoup d’étrangers occidents qui ont séjourné sur la Petite Côte finissent par réaliser leur propre résidence pour en faire une maison de vacance.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
CADRE CONCEPTUEL
REVUE CRITIQUE DE LITTÉRATURE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE PREMIER : L’ESPACE SOMONE-MBOUR, UN CADRE PHYSIQUE ATTRACTIF
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA PRODUCTION DU CADRE BATI
CHAPITRE PREMIER : ANALYSE DIACHRONIQUE ET LES CONDITIONS DE LA PRODUCTION DU BATI
CHAPITRE II : LA TYPOLOGIE ET LES FONCTIONS DU CADRE BATI
TROISIEME PARTIE : LES ENJEUX ET LES PERPECTIVES POUR UNE GESTION CONCERTEE DU BATI SUR LE LITTORAL
CHAPITRE PREMIER : ENJEUX, STRATEGIES ET PRATIQUES DES ACTEURS
CHAPITRE II : LES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DE LA PRODUCTION DU BATI EN ZONE LITTORALE
CONCLUSION GENERALE