PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
La zone d’Ambodivona-Antamboho-Tsarahonenana, située au nord d’Antananarivo, fait partie d’un vaste triangle dont les sommets sont formés par les villes de Talata Volonondry (à 27km sur la RN 3 vers Anjozorobe), d’Ambatomanoina (à 74km au nord nord-est de Talata Volonondry) et d’Antanetibe Anativolo (à 76km au nord de Talata Volonondry) ( Cf. carte de situation en page 2). Cette région est fortement productrice d’oignon et d’ail, et c’est elle qui approvisionne les marchés d’Antananarivo de novembre à mars, aussitôt que la production en provenance de Mampikony dans le Faritany de Mahajanga est épuisée.
La zone d’Ambodivona-Antamboho-Tsarahonenana appartient au Fokontany d’Ambatomanana, de la Commune Rurale (CR) d’Avaratsena, dans le Fivondronana d’Ambohidratrimo. La CR est vaste de 52km2 environ, sa population est de 6212 habitants, et sa production annuelle atteint plus de 900t d’oignons et 145t d’aulx. Le Fokontany d’Ambatomanana, avec 830 habitants, produit environ 180t d’oignons par an. (source : Données de la CR d’Avaratsena) .
La zone d’étude s’étend sur environ 6km2 ; elle est peuplée de 300 habitants. Elle est située à 5km du chef-lieu de la CR, et à 20km du marché de Talata Volonondry. On y accède difficilement par voiture, car l’état dégradé de la piste rurale, surtout en saison des pluies, réduit considérablement la circulation. L’oignon est le principal produit de rente de la zone. Il est cultivé, en alternance avec le riz et le maraîchage où l’ail détient la première place dans les rizières des bas-fonds et sur des terrasses installées au bas des collines,. La variété dominante est l’oignon rouge de Tana, appelée « zanatany ». Dans la zone, la production annuelle d’oignons est en moyenne de 60t. Des producteurs d’oignon avaient pu s’organiser pour exporter sur la Réunion. La variété y était demandée et le volume offert suffisant et régulier. Cependant, ce commerce s’est arrêté à cause de la défaillance des intermédiaires commerciaux et l’incapacité des producteurs à prendre seuls la relève. Ces producteurs cherchent maintenant à relancer l’exportation sur la Réunion, et ne savent à qui s’adresser.
L’apparition de mandavenona
Il s’agit d’une maladie fongique qui entraîne soit une faible tubérisation soit la mort du plant, selon le moment de son apparition dans les stades de développement du plant, et selon les traitements chimiques que le paysan peut effectuer. Actuellement, la maladie s’est étendue sur la presque totalité des surfaces cultivées.
La faiblesse des prix de vente sur le marché de Talata Volonondry
Le seul débouché que les paysans connaissent est la vente en gros sur le marché de Talata Volonondry, de novembre à fin février, du lundi après-midi au mardi. Dans les maisons, les produits sont ramassés en vrac, puis amenés par charrette, et livrés en vrac aux clients. D’après les paysans, les prix de vente ne sont pas rémunérateurs.
Le mauvais état des pistes rurales
Il n’y a qu’une piste carrossable qui va d’Ambodivona jusqu’à Talata Volonondry. Elle est très étroite et ne permet pas à deux voitures de se croiser. En saison des pluies, seules les charrettes peuvent passer. Les autres pistes charretières sont toutes aussi difficilement praticables. Les paysans s’interrogent sur l’avenir de leur production d’oignon. Jusqu’à quand va t-elle pouvoir durer avec cette maladie fongique ? Quelle autre culture rentable pourrait remplacer l’oignon sur les mêmes parcelles ? Quelle aide peut être donnée par la Commune Rurale aux paysans ? Avant d’inventorier les solutions possibles, l’étude a cherché à approfondir les problèmes soulevés par les paysans. Deux hypothèses techniques de recherche sont retenues :
(1) La maladie fongique est due aux techniques culturales pratiquées par les paysans, et entretenue par elles. Ces techniques méritent d’être bien étudiées.
(2) Les revenus issus de la vente d’oignon sont faibles, car les produits ont peu de qualité commerciale ; ils sont mal conservés. D’autres modes de conservation doivent être expérimentés pour mener à des améliorations de qualité et de poids. Si les paysans les adoptent, les ventes pourront alors être étalées sur une plus longue période et les prix seront meilleurs. Nous avons procédé à un recueil des prix de l’oignon à Talata Volonondry et Sabotsy Namehana de novembre 2000 à mai 2001.
En ce qui concerne la question des infrastructures de communication, le problème est du ressort de la Commune. En effet, un des grands objectifs à atteindre pour celle-ci est le développement de la production agricole et des revenus agricoles. La Commune a un grand rôle à jouer dans le développement socio-économique de la région. La production d’oignon fait partie de ses préoccupations et elle doit pouvoir contribuer à l’amélioration du niveau de vie des paysans producteurs d’oignon.
Collecte d’informations
Une observation générale de la zone d’étude a permis de relever les caractéristiques du relief, des sols, du climat, de l’hydrographie et de la végétation. Des enquêtes préliminaires auprès des ménages et des exploitants ont été entreprises dans le but de connaître le mode de vie des habitants et leurs pratiques culturales. Etant donné l’étendue de la zone, et comme il existe une grande similitude entre les villages d’Ambodivona, d’Antamboho et de Tsarahonenana, un échantillon plus restreint représenté par le terroir d’Ambodivona a été choisi pour concentrer les recherches. Les expérimentations sur la conservation d’oignon sont aussi entreprises dans cet échantillon.
Un séjour périodique d’une semaine par mois, de novembre 2000 à juin 2001, a servi à réaliser les observations et les expérimentations. Il a été possible de faire le suivi des récoltes d’oignon de contre-saison de novembre à décembre 2000, ensuite de suivre l’installation des cultures de contresaison 2001 d’avril à juin 2001. En appui aux recherches locales, une étude bibliographique a été entreprise.
Choix du village étudié
Les villages d’Ambodivona, de Tsarahonenana et d’Antamboho se ressemblent. Toutes les habitations sont échelonnées sur un versant de collines, les terrasses et les rizières sont au bas des pentes. Le même canal issu du barrage de Kororosy arrose toutes les parcelles. Les modes de culture et les calendriers culturaux sont identiques. La proximité des villages implique aussi l’existence d’échanges intenses de main-d’œuvre.
La communauté villageoise d’Ambodivona peut servir d’illustration pour l’ensemble, car elle réunit tous les types de producteurs. Sa population est la plus importante avec une taille moyenne des ménages de 6. Le tiers des habitants appartient à quelques grandes familles, cette situation a permis le développement du système de valintanana dans la région. Les ménages riches sont des natifs nantis de beaucoup de terres agricoles ; ils sont autosuffisants en riz et investissent dans les constructions de maisons à étage. Les ménages pauvres peuvent être des natifs, qui ont reçu peu de terres agricoles en héritage. Souvent ce sont des immigrants. Ils connaissent une longue période de soudure et vivent dans des maisons basses sans confort.
La production d’oignon d’Ambodivona est la plus importante des trois villages. Ambodivona présente un intérêt particulier pour les recherches futures sur l’oignon, car ses parcelles sont situées en amont et sont irriguées en premier par le canal.
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Table des matières
1. INTRODUCTION GENERALE
1.1 PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
1.1.1 L’apparition de mandavenona
1.1.2 La faiblesse des prix de vente sur le marché de Talata Volonondry
1.1.3 Le mauvais état des pistes rurales
1.2 METHODOLOGIE DES RECHERCHES
1.2.1 Collecte d’informations
1.2.2 Choix du village étudié
1.2.3 Contexte global socio-environnemental
1.2.4 Procédés de recherche
1.2.4.1 Méthodologie de recherche sur le mandavenona
1.2.4.2 Méthodologie de recherche sur la conservation
2. DONNEES SPECIFIQUES DE LA ZONE D’ETUDE
2.1 DONNEES PHYSIQUES
2.1.1 Le relief
2.1.2 Les sols
2.1.3 Le climat
2.1.4 L’hydrographie
2.1.5 La végétation
2.1.6 L’environnement
2.2 DONNEES ADMINISTRATIVES ET SOCIO-ECONOMIQUES
2.2.1 Historique de l’implantation du village
2.2.2 Données sociales et démographiques
2.2.3 Types d’organisations du travail
2.2.3.1 Organisation familiale
2.2.3.2 Le valintanana et le salariat
2.2.3.3 Les travaux collectifs
2.2.4 Activités productives
2.2.4.1 Les cultures vivrières
2.2.4.2 Les cultures de rente
2.2.4.3 L’élevage
2.2.5 Les autres activités lucratives
2.2.5.1 Le commerce et le transport
2.2.5.2 Le travail salarié
2.2.5.3 La collecte de riz et les prêts usuraires
2.3 DONNEES INFRASTRUCTURELLES
2.3.1 Ecoles
2.3.2 Centre sanitaire de base
2.3.3 Voies de communication
2.3.4 Barrage et canaux d’irrigation
3. SYSTEMES DE PRODUCTION PAYSANNE
3.1 HISTORIQUE
3.2 TECHNIQUES DE PRODUCTION D’OIGNON ET D’AIL
3.3 TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS
3.3.1 Critères de classification
3.3.2 Types et stratégies des producteurs
3.3.2.1 Les producteurs au niveau de vie élevé
3.3.2.2 Les producteurs au niveau de vie moyen
3.3.2.3 Les producteurs au faible niveau de vie
3.3.3 Manifestation des inégalités sociales
4. ANALYSE DU REVENU DE L’OIGNON ET DE L’AIL
4.1 COUT DES FACTEURS DE PRODUCTION
4.1.1 Prix des facteurs
4.1.1.1 Semences
4.1.1.2 Fumures et intrants
4.1.1.3 Outillages
4.1.1.4 Main-d’œuvre
4.1.2 Doses des facteurs utilisés
4.1.3 Coût de production
4.1.3.1 Coût de production d’un hectare d’oignon
4.1.3.2 Coût de production d’un hectare d’ail
4.2 DEBOUCHES DES PRODUITS
4.2.1 Les marchés villageois
4.2.2 Le marché de Sadabe
4.2.3 Le marché de Talata Volonondry
4.2.3.1 Intervenants commerciaux
4.2.3.2 Prix
4.2.3.3 Stratégie des producteurs sur le marché de Talata Volonondry
4.2.4 Les marchés d’Antananarivo
4.2.4.1 Grossistes
4.2.4.2 Distributeurs
4.2.4.3 Supermarchés
4.2.4.4 Détaillants
4.2.5 Le marché de l’exportation
4.2.5.1 Quantité et prix
4.2.5.2 Avantages de l’oignon de Talata Volonondry
4.3 CALCUL DES REVENUS
4.3.1 Valeur ajoutée nette d’un hectare d’oignon
4.3.2 Valeur ajoutée nette d’un hectare d’ail
4.3.3 Synthèse des résultats
5. ANALYSE DU PROBLEME DE « MANDAVENONA »
5.1 SYMPTOMES DE LA MALADIE
5.1.1 Manifestation
5.1.2 Modes de dissémination
5.1.3 Méthodes de lutte locale
5.1.3.1 Lutte chimique
5.1.3.2 Lutte par arrosage massif
5.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE
5.2.1 Effets induits par le mandavenona
5.2.2 Pratiques culturales favorables au mandavenona
5.2.3 Limites de l’investigation
5.3 RESULTATS ET PERSPECTIVES
6. ANALYSE DU PROBLEME DE CONSERVATION
7. CONCLUSION GENERALE