LA PRODUCTION D’IGNAME ET GESTION DES RISQUES DE CATASTROPHES

Les aléas potentiels

                   Le district d’Antalaha est depuis longtemps victime des aléas naturels comme l’inondation et le cyclone. Le passage de ces derniers dans le district bouleverse l’économie locale et touche spécialement l’agriculture et la pêche qui sont la base des sources de revenu de la communauté. Le cyclone est l’aléa qui a le plus de probabilité à frapper cette région.15 Le cyclone est un aléa naturel inévitable pour Madagascar surtout pour la littorale Nord Est où se trouve le District d’Antalaha. Il est formé par la conjonction de chaleur et d’humidité qui crée un centre de basse pression sur l’océan dans les latitudes tropicales, là où la température de l’eau dépasse 26 degrés centigrades. Des courants de vents s’organisent en mouvements circulaires autour de zones de basse pression qui s’abaisse encore, et accélèrent de façon excessive vers le centre; l’ensemble se déplace sur le parcours des vents alizés. 16 C’est une perturbation atmosphérique provoquant de vent violent avec lesquels s’accompagnent de fortes pluies. La saison s’étend du 1er novembre au 30 Avril à Madagascar. Le secteur agricole n’est pas épargné aux effets engendrés par le cyclone et l’inondation. A ce propos,
• Les cultures de bas fond tels que la riziculture irriguée, quelques types de cultures vivrières surtout le long des berges sont victimes d’inondation.
• Les cultures de rente et autres cultures vivrières comme les maniocs, maïs qui se cultivent généralement sur les collines par contre sont vulnérables aux vents intenses.
• Les infrastructures agricoles telles que les canaux d’irrigation et barrages agricoles n’échappent pas également à cet aléa. Ces infrastructures sont détruites quand les crues sont intenses.
En générale, l’agriculture et les zones d’habitation sont les éléments les plus menacés par les cyclones ; ils se traduisent par la faiblesse de la productivité agricole et la destruction des constructions légères et les maisons en bois. Les infrastructures sont endommagées et la majorité de la population non plus accès à l’éducation et aux services de santé. La circulation des biens et des personnes n’est plus assurée. C’est la crise et elle se traduite par l’insécurité alimentaire et la hausse du coût de la vie.

La mitigation

                  C’est le terme généralement utilisé pour couvrir toutes les activités entreprises dans l’anticipation d’événements potentiellement catastrophiques, la Mitigation inclut la préparation contre les catastrophes, et les mesures de réduction des risques à long terme.21 A Antalaha malgré les ressources limitées la population doit entreprendre des activités de mitigation afin d’atténuer les impacts des aléas. Les actions doivent viser les éléments les plus vulnérables de la population à savoir leur alimentation, et d’autre part ces actions doivent aussi soutenir les activités au niveau de la communauté.

Composantes de la sécurité alimentaire

                   En effet, réaliser la sécurité alimentaire requiert que des denrées soient disponibles, accessibles, et utilisées de manière adéquate.
• La disponibilité alimentaire : Les disponibilités alimentaires sont les vivres à disposition du district ; issues de la production intérieure sous toutes ses formes, des importations commerciales et de l’aide alimentaire. Ces disponibilités peuvent être regroupées à l’échelle d’un district ou d’une communauté, et elles sont déterminées par, la production qui désigne les aliments produits dans la zone; le commerce c’est-à-dire les aliments acheminés dans la zone au moyen des mécanismes de marché; les stocks sont les vivres stockés par les commerçants et dans les entrepôts nationaux et locaux; les transferts sont produits alimentaires fournis par le gouvernement, les organisations d’aide ou les deux.
• l’accès à la nourriture : L’accès à l’alimentation désigne la capacité d’un ménage de se procurer régulièrement des aliments en les produisant, en puisant dans ses stocks, en les achetant ou en ayant recours au troc, aux dons, à l’emprunt ou à l’aide alimentaire, ou encore en combinant ces différentes sources. Exemples: production familiale, récoltes, bétail, chasse, pêche et cueillette d’aliments sauvages; achats sur les marchés, dans les magasins ; troc, échange d’avoirs contre des aliments, cadeaux d’amis ou de parents, dons de la communauté, du gouvernement d’organisations d’aide.25 Les produits alimentaires peuvent être disponibles tout en étant inaccessibles pour certains ménages, si ceux-ci ne peuvent pas s’en procurer en quantité suffisante ni diversifier correctement leur alimentation à partir de ces différentes sources.26 Selon les nations unies, environ la moitié des personnes souffrant de la faim sont des petits paysans un cinquième sont sans terres et un dixième sont des pécheurs et utilisateurs de la forêt, le cinquième restant vivant dans les zones urbaines, et la pauvreté entrave leur accès à la nourriture sur le marché. Aujourd’hui, la capacité de l’agriculture à générer un revenu pour les pauvres est plus important pour la sécurité alimentaire que sa capacité à augmenter les disponibilités alimentaires locales.
• l’utilisation des denrées alimentaires : L’utilisation des produits alimentaires désigne d’une part la façon dont les ménages préparent les produits alimentaires auxquels ils ont accès et les répartissent et d’autre part la capacité des personnes d’assimiler et de métaboliser les aliments (efficacité de la transformation des aliments par l’organisme). Elle comprend: la façon dont les aliments sont stockés, transformés et préparés, ce qui englobe l’eau et le combustible utilisés pour la cuisson ainsi que les conditions d’hygiène; les pratiques alimentaires, notamment pour les personnes ayant des besoins nutritionnels particuliers, telles que les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes âgées, les malades et les femmes enceintes ou les mères allaitantes; le partage des aliments au sein du ménage et la mesure dans laquelle ce partage correspond aux besoins nutritionnels des différents membres (croissance, grossesse, allaitement maternel); l’état de santé de chacun des membres du ménage. Les produits alimentaires peuvent être disponibles et accessibles, mais certains membres des ménages peuvent ne pas en tirer pleinement profit si la part qu’ils reçoivent n’est pas suffisamment importante ou diversifiée ou si leur organisme ne parvient pas à les assimiler en raison d’une mauvaise préparation ou d’une maladie.28 C’est l’usage qui est fait des denrées qui converti la sécurité alimentaire en sécurité nutritionnelle. La malnutrition a des conséquences économiques significatives, provoquant des pertes sur la productivité individuelle dans les pays les plus touchés.

La période post coloniale (1960 1980)

• L’âge d’or des cultures de rente. Avec l’indépendance, l’intérêt des cultures de rente s’est encore accentué pour les agriculteurs et le prix de la vanille était encore élevé. Cependant en 1967 ; ce fut la première grande chute du prix de la vanille. Cette situation a incité la population à réinvestir les collines pour y développer la culture sur brûlis.
• Vers une diminution des espaces forestiers. Les espaces boisés étaient encore nombreux au début des années 1960 selon les dires des paysans, il était alors encore nombreux de voir des lémuriens. On peut aussi observer que les forêts occupaient alors une place beaucoup plus importante qu’aujourd’hui. Cependant à partir des années 60, la croissance démographique décolle à Madagascar. Il en est de même dans le district d’Antalaha dont la population avait commencé à augmenter. Cette croissance de la population, on ne peut le nier, a exercé une pression sur le couvert forestier qui diminue pendant cette période.
• le développement de la riziculture
• Même si la culture du riz sur brulis était la plus intéressante pour beaucoup d’agriculteurs, il semblerait que la plupart d’entre eux disposaient à cette époque d’une surface minime, de rizière irriguée dans les bas fonds aménagés prés des villages. Ainsi, les cultures de rente auraient donc permis à cette époque à certains paysans de la région d’intensifier leur production de riz même si la culture sur abattis-brulis resterait plus intéressante pour la majorité d’entre eux.

Vers une mise en culture

             Cette appropriation de l’igname conduit les agriculteurs à modifier leurs pratiques pour répondre à deux objectifs. Le premier est de prévenir les vols qui sont aujourd’hui un problème de l’igname, le second est de faciliter la récolte. Beaucoup de paysans cherchent également à augmenter leur nombre de pieds d’igname à l’heure actuelle sans pour autant intensifier leurs pratiques agronomiques. Ils restent attachés à l’aspect « zéro travail » de la culture d’igname vu que celle-ci n’est pas une priorité pour la plupart d’entre eux. On assiste néanmoins dans la région à une relative intensification de la culture d’igname comme nous le suggèrent le discours de nombreux agriculteurs : « avant nous récoltons les ignames dans la forêt (dans les jachères) où nos ancêtres les avaient plantées. Mais maintenant il faut cultiver les ignames si on veut avoir des tubercules car quelqu’un sera passé avant nous, pour prendre les tubercules et les vendre ». Cette intensification ne se manifeste pas pour le moment par des changements importants des techniques de cultures mais plutôt par le choix du lieu ou l’on plante l’igname. Comme on le verra ultérieurement, les ignames sont regroupées dans des terres assez fertiles autour des plantations à coté desquelles est souvent bâtie une maison secondaire. Le foncier y est plus sécurisé et la surveillance contre les vols est plus facile que dans les jachères. Bilan de l’étude historique. Bien qu’il reste encore un système de culture important, le tavy est en voie de disparition du fait de la dégradation du milieu au cours de l’histoire dont il est responsable. On observe donc le développement des systèmes de culture sans abattis-brulis comme la riziculture irriguée, mais la production de riz est cependant insuffisante pour nourrir la population et le déficit vivrier important entraine une dépendance des agriculteurs vis à vis des cultures commerciales. Après avoir été une culture majeure pendant plus d’un millénaire, l’igname est tombée en désuétude sans doute avec l’arrivé du manioc il y a deux siècles. Elle est devenue une plante semi-sauvage, communautaire se développent dans les jachères. Dans les années 80 et 90, le nombre d’igname a diminué dans la région à cause de la surexploitation, elle est ensuite commercialisée dans les années 2000. Ces deux facteurs ont entrainé sa « privatisation » et une relative intensification de sa culture.

Un exemple de végéculture

              La culture d’igname dans la région d’Antalaha peut entrer dans la catégorie des systèmes dits de « végéculture ». Par ce terme, on désigne des systèmes de culture très anciens, peu intensif, qui est caractérisé par des espèces à multiplication végétative, par l’absence de travail du sol et par une densité assez faible.41 Il s’agirait d’un système végécoles extensif se rapprochant de la cueillette, car la parcelle où passe l’igname n’est pas défrichée tandis que la multiplication des plantes se fait de manière spontanée par les bulbilles. Notons que pour beaucoup de paysans l’igname poussent dans la forêt et non dans les champs.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE INSTITUTIONNEL ET CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ET METHODOLOGIE
1.1. : cadre institutionnel de l’analyse
1.2. Méthodologie
1.2.1 Le diagnostic agraire
1.2.2 Les différentes étapes de l’étude
1.2..3 Le choix de la zone d’étude
1.2.4. Les techniques de collectes d’information et phases d’enquête
1.3: la zone d’étude (région SAVA) : LE DISTRICT D’ANTALAHA
1.3.1 Localisation
1.3.2. Le milieu biophysique
1.3.3 Le milieu humain
CHAPITRE 2 : EVALUATION DES RISQUES
2.1. Les aléas potentiels
2.2. La vulnérabilité
2.3. Le risque
2.4. La mitigation
CHAPITRE 3 : LA SECURITE ALIMENTAIRE
3.1 : la notion de sécurité
3.1.1. Définition
3.1.2. Composantes de la sécurité alimentaire
3.2. La réalité de Madagascar
DEUXIEME PARTIE : LA PRODUCTION D’IGNAME : UNE MITIGATION ADAPTEE. CAS DU DISTRICT D’ANTALAHA
CHAPITRE1 : HISTORIQUE ET CARACTERISTIQUES DE L’IGNAME
1.1. Historique de la production
1.1. 1.La période précoloniale
1.1.2.. La période coloniale 1895-1960
1.1.3. La période post coloniale (1960 1980)
1.1.4. Des années 1980 à nos jours
1.2. Les caractéristiques de la culture d’igname
1.2.1. Le matériel végétal
1.2.2. Les variétés d’ignames cultivées
1.2 3. La culture de l’igname
1.2.4. Différents systèmes de culture
1.2.5. Utilisation de l’igname
CHAPITRE 2 : LA PRODUCTION D’IGNAME : DISPONIBILITES ALIMENTAIRES ET SOURCE DE REVENU
2.1. Disponibilités alimentaires
2.1.1 Situation économique et alimentaire
2.1.2. L’igname : une culture accessoire
2.2. Source de revenu
2.2.1. Situation économique et alimentaire
2.2.2. L’igname : une culture de rente avant d’être une culture d’appoint
CHAPITRE 3 : LES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE L’IGNAME
3.1. Les contraintes
3.1.1. Une culture qui reste secondaire
3.1.2. Les limites du développement de l’igname
3.2. Les perspectives de développements
CONCLUSION
Liste des annexes
ANNEXES 1 : carte de la zone d’étude
ANNEXES 2 : listes des agriculteurs concernés
ANNEXES 3 : GUIDE D’ENTRETIEN
BIBLIOGRAPHIE

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