Présentation de la structure d’accueil et des missions
La prise en charge de mon stage de fin d’études a été faite par une chargée de mission plan climat, Virginie FORMOSA, à l’Adéan, le pays d’Alsace du Nord. Le stage a été entrepris sur la thématique de la mobilité durable.
Le pays d’Alsace du Nord comme structure d’accueil
L’Association pour le Développement de l’Alsace du Nord (Adéan) est une association de droit local créée le 28 novembre 1994. L’Adéan assure le portage juridique du pays de l’Alsace du Nord, mis en place en 2003 qui regroupe 11 communautés de communes. De par son étendue, le pays d’Alsace du Nord est le plus grand des pays alsacien et le deuxième par sa population. A l’origine, il résulte d’une volonté des communautés des communes de s’associer pour mener des projets ensemble.
Un pays est un « territoire présentant une cohésion géographique, culturelle, économique et sociale à l’échelle d’une bassin de vie ou d’emploi » (loi Pasqua-Hoeffel du 4/02/95). Il est un cadre pour l’élaboration de projet de territoire. C’est un espace de concertation et de mise en commun des moyens. Il a pour but de fédérer les acteurs comme les collectivités territoriales, les entreprises, les associations, les riverains ou encore les EPCI. Le pays est un échelon territorial particulier. Il ne constitue pas un nouvel échelon administratif et ne dispose pas de compétences propres. Il ne se substitue pas aux intercommunalités et aux communes.
L’Adéan initie et met en œuvre des projets pour le développement du territoire sur les thématiques du tourisme, de l’environnement et de l’innovation. Elle impulse, porte des projets, assure l’animation et la coordination des acteurs.
L’expérimentation : un levier pour une mobilité plus durable des actifs ? Exemple de deux actions de sensibilisation
Dans cette partie, je présente les deux projets sur lesquels j’ai été missionnée pour le stage.
Ils ont pour objectif de promouvoir les modes de transport alternatif à la voiture. Ces deux actions de sensibilisation ciblent les individus dans leurs déplacements domicile-travail.
Le défi inter-entreprises « Au boulot, j’y vais à vélo ! »
Le recours aux modes doux constitue une des façons de contrer l’autosolisme (fait de se déplacer seul en voiture). Ainsi, nous nous interrogerons dans cette partie à la place du vélo dans les déplacements et à la pertinence ou non d’encourager sa pratique. Après des décennies de baisse,la part du vélo tout comme celle de la marche à pied dans les déplacements quotidiens se stabilise. Il n’est pas toujours évident de troquer sa voiture pour le vélo. Pour ceux qui sont déjà adeptes la tâche est facile, mais pour les autres, c’est souvent une autre histoire. On se laisse souvent dépasser par nos habitudes.
En Alsace, dans le but d’inciter les individus à découvrir le vélo comme moyen de transport pour leur trajet domicile-travail, un défi vélo est organisé chaque année, depuis six ans. Il a été initié au départ par l’association cycliste CADR’ 67, l’ADEME Alsace et le département du Bas-Rhin. Il mobilise aujourd’hui de nouveaux acteurs du territ oire. Cette année, l’Eurométropole a décidé de se scinder de l’organisation du défi vélo, pour organiser le sien de son côté, sous le nom « Au boulot à vélo ». Cette séparation résulte d’une volonté de l’Eurométropole d’être plus libre et d’avoir plus de facilité dans l’organisation de son propre défi. Le reste du territoire alsacien organise donc le sien, le défi «Au boulot, j’y vais à vélo !».
C’est de celui-ci dont nous parlerons et pour lequel j’ai été missionnée.
Une action solidaire ciblant les trajets domicile-travail
Le défi « Au boulot, j’y vais à vélo ! », est un défi inter-entreprises à destination des structures de trois salariés et plus (entreprises, administrations, associations…) implantées sur tout le territoire alsacien, hors Strasbourg Eurométropole.
Une démarche partenariale
Le défi « Au boulot, j’y vais à vélo ! » est le fruit d’un partenariat avec les partenaires suivants: Région Alsace, ADEME Alsace, CCI Alsace, Association cycliste CADRes Colmar, Conseil départemental du Haut-Rhin, Grand Pays de Colmar, Pays de la région mulhousienne, Pays d’Alsace du Nord, Pays d’Alsace centrale, Pays Bruche Mossig Piémont, Mulhouse Alsace agglomération, Syndicat Mixte pour le Sundgau. Avec comme porteur du projet, le Pays Rhin Vignoble Grand Ballon. Cet aspect est très important car ces différents acteurs ont été des relais directs dans leur territoire.
Les pays particulièrement, ont joué un rôle de relais, ils ont été l’échelon principal de relais d’information. Leur bonne connaissance des entreprises, associations et collectivités de leur territoire leur permet de communiquer plus aisément. Il faut noter cependant que tout le territoire n’est pas représenté, le Pays Saverne Plaine et Plateau, le Pays de Saint Louis et des
Trois Frontière et le Pays Thur Doller, n’ont pas participé au défi. Ils ne faisaient donc pas partie des partenaires, cependant les structures de leur territoire qui souhaitaient participer,étaient acceptées.
L’ensemble des 13 partenaires ont été co-organisateurs du projet. Parmi eux, 10 ont alloué une subvention financière au projet, ce qui a permis d’obtenir une enveloppe totale de 31000 euros pour l’organisation du défi. Ce projet se place en synergie avec les démarches Plans Climat, la démarche Planète 68 du Conseil Départemental du Haut-Rhin, la démarche mobilité de l’ADEME, la démarche de mutualisation de la région Alsace et la démarche de développement durable de la CCI.
Une démarche partenariale lorsqu’elle est bien menée est un atout pour la réussite d’un projet.
Elle a en tout cas bien fonctionnée pour l’édition 2015 du défi vélo. On peut cependant noter que chaque partenaire n’a pas eu le même degré d’implication. Certains ont été plus actifs que d’autres. Les pays ont été par exemple les plus impliqués car ils représentaient les relais de communications principal du défi, mais même entre eux chacun n’a pas mené la même charge de travail, ceci s’expliquant par le fait que tout le monde ne disposait pas du même temps à consacrer au relais de l’évènement, car cela se rajoutait à leur agenda. Plus généralement, l’instauration d’un comité restreint de travail m’a parue efficace pour mener au mieux le projet et avancer dans les démarches. Parler des partenaires est essentiel pour expliquer la réalisation de ma mission de coordination qui a été placée sous le signe de la communication et de l’animation.
Résultats : une participation en hausse, mais une action à étoffer
L’édition 2015, du défi « Au boulot, j’y vais à vélo » est un succès en termes de résultat.
Les objectifs fixés initialement qui prévoyaient un minimum de 100 structures inscrites et de 100000 km parcourus, ont été dépassés.
Si nous réalisons une comparaison entre la participation en 2014 et celle de 2015, nous pouvons noter une hausse en tout point. Ce sont en effet, 114 structures qui ont participées au défi et 124 057 kilomètres qui ont été faits à vélo.
Mais que disent ces chiffres ? Finalement, pas grand-chose, hormis que ces résultats sont encourageants et laissent penser que les individus sont de plus en plus désireux de connaître ce mode de déplacement.
Pour comprendre les raisons de cette nette ascension, il convient avant tout de tenter de trouver des explications. Pour cela, nous nous appuierons sur des remarques que nous ont faites les structures participantes et les participants au défi, au travers des questions que nous leur avons posées dans le formulaire « retour des résultats » destiné aux référents structures (annexe 5) et dans l’enquête destinée aux participants du défi « » (annexe 6). Ces questions portaient pour les uns, sur l’organisation du défi, les animations qu’ils ont proposées et leurs remarques générales et pour les autres, sur l’organisation du défi et leurs utilisations du vélo.
La réussite d’un projet reposant en partie sur la communication et l’organisation qui en est faite, quelques réponses peuvent être d’abord trouvées de ce côté-là. Effectivement, la première démarche à entreprendre dans ce genre de projet est d’informer le public cible de l’évènement. Rappelons à ce propos que le défi vélo à déjà été réalisé les années précédentes et donc que l’on ne partait pas de zéro dans le travail de faire connaître le défi. Cependant, du fait que le défi se soit scindé en deux évènements, nous avons dû informer clairement les organismes (entreprises, associations, collectivités) des nouvelles modalités d’inscription, afin qu’ils s’inscrivent au bon défi.
Pour le défi « Au boulot, j’y vais à vélo ! », réalisé en Alsace (hors Eurométropole), les pays ont été des relais d’informations pertinents. J’ai moi-même entrepris ce travail de démarchage des entreprises pour le compte du Pays d’Alsace du Nord. Il a consisté à envoyer des mailsgroupés aux structures référencés en Alsace du Nord, pour leur annoncer la venue prochaine du défi vélo de 2015, les encourager à participer et à s’inscrire. Nous avons pour cela utilisé les contacts dont ma maître de stage disposait. La phase de contact et de relance des entreprises pour les inciter à s’inscrire est très importante. Car malgré les communiqués de presse , il faut communiquer davantage et cibler directement le public en question. Cela se remarque dans les résultats des territoires, les pays qui n’ont que très peu relancer les entreprises, la participation est plus faible (Alsace centrale). A l’inverse, les pays qui ont bien communiqué sur le défi ont eu une participation forte (Pays d’Alsace du Nord, Grand Pays de Colmar). Bien sûr, cette façon de faire a aussi ses limites, car le carnet de contacts des référents pays n’est pas exhaustif et donc toutes les structures du territoire en question ne peuvent pas être jointes. J’ai conscience personnellement que pour l’Alsace du Nord, nous n’aurions pas eu autant d’inscrits si je ne les avais pas contactés et relancés à plusieurs reprises par mail et téléphone. C’est une réalité et c’est un travail qui prend beaucoup de temps.
A présent, à une autre échelle, le rôle du référent structure (celui qui a voulu inscrire sa boîte) est crucial. C’est lui qui en interne informe les salariés sur l’évènement, notamment à travers des mails qu’il recevait de ma part (annexe 7). Il ne peut évidemment pas forcer chaque salarié à participer, mais son implication dans le relais de l’information est fondamentale. Il faut noter cependant que pour les référents qui jouent le jeu et qui communiquent et animent bien le défi, cela demande du temps, en plus de leur temps de travail. Il pourrait alors être pertinent de réfléchir à comment rendre cette tâche la moins invasive possible pour eux. Les entreprises étaient aussi encouragées à proposer des animations pendant la période du défi. Chaque structure était libre de réaliser ce qu’elle voulait. Certaines n’ont rien organisé, tandis que d’autres ont bien joué le jeu, pique-nique, petit-déjeuner offert, challenge interne, intervention d’une association cycliste, essai de vélo électrique furent quelques exemples d’animations mises en place.
Le site internet du défi (defi-jyvais.fr) et la page Facebook de l’évènement ont été également des supports de communication intéressants. Nous avons eu des retours positifs, « sympathique et dynamisant » ; « le site est très convivial et regorge de bonnes idées ». Pendant le défi, les structures nous ont également envoyé des photos de leur participation, elles étaient ensuite postées sur le site internet et le Facebook, c’est une idée qui a plu « motivant de voir ce qu’ont fait les autres ». Ces outils sont à notre époque des supports à prendre en compte. Dans l’ensemble, nous pouvons donc affirmer que la communication globale qui fut faite a encouragé les individus à participer.
Pour cette édition 2015, la volonté était de soutenir une association humanitaire et de transformer les kilomètres parcourus à vélo en euros. Cette initiative a été une des motivations pour les participants. A la question « qu’est-ce qui vous a motivé à faire le défi ? », six raisons se distinguent qui sont donc, le côté associatif, l’occasion du défi, le côté sportif, l’implication de l’entreprise, essayer de ne pas prendre sa voiture, ou encore le fait que ce soit déjà leur mode de transport habituel. Ce dernier point est intéressant car pour certains participants au défi, le vélo est déjà inscrit dans leurs habitudes et ne constitue donc pas une nouvelle expérience lorsqu’ils choisissent de faire le défi vélo. Cependant, et c’est là où le défi prend toute son importance, ces salariés pratiquant le vélo, représentent des modèles et peuvent plus facilement motiver leurs collègues de travail.
Ce qui nous intéresse avant tout, c’est la répercussion d’une telle action sur le changement de pratique des mobilités. L’enquête faite auprès des participants à la fin du défi (annexe 6), avait pour but de connaître leurs ressentis face au défi et leur pratique du vélo. Nous n’avons eu malheureusement que très peu de retours, sur 1645 participants seuls 23 au total ont répondu à l’enquête. Cela peut s’expliquer par le fait que soit nous n’avons pas suffisamment communiqué qu’une enquête serait faite à la fin du défi, soit que les participants n’avaient tout simplement pas envie d’y répondre. A la question posée « Pensez-vous continuer à prendre le vélo pour vous rendre au travail ? », les réponses sont encourageantes, sur 22 réponses, 17 personnes ont signalé « oui », et 4 personnes « non ». Ce qui en ressort, c’est que la majorité des participants souhaitent continuer à prendre occasionnellement le vélo pour se rendre au travail, soit car cela fait déjà parti de leur habitude, soit car ils y trouvent finalement un avantage (économique, pratique). Pour ceux ne souhaitant pas renouveler l’expérience, les excuses sont variées. La météo est souvent un aspect qui revient comme condition pour prendre ou non son vélo. Un participant nous avait envoyé via le site du défi son témoignage et nous avait expliqué que pour lui peu importe les conditions, il prend son vélo tous les matins, « C’est une habitude. Je me dis que si je n’y vais pas à vélo un matin parce qu’il pleut, parce qu’il y a trop de vent ou parce qu’il fait froid, il y aura toujours une excuse les autres jours pour ne pas prendre le vélo » (annexe 11).
Pour ceux qui ont essayé mais qui ne souhaitent pas renouveler l’expérience, les raisons évoquées sont que les routes ne sont pas adaptées à la circulation de vélo, que la distance à parcourir est trop importante, que le train n’accepte pas les vélos ou que c’est tout simplement fatiguant.
Le vélo n’est pas accessible pour tout le monde. Il est plutôt destiné à ceux effectuant des trajets de moins de trois kilomètres, ce n’est donc pas possible pour ceux qui habitent loin ou encore qui ont des enfants à amener à l’école ou des affaires à transporter.
Pourquoi réaliser un challenge multimodal en Alsace ?
La pratique de la multimodalité n’est pas suffisante en Alsace. Pourtant, la région dispose d’un fort potentiel de développement. La multimodalité est souvent liée à l’accès aux grandes agglomérations et aux déplacements les plus longs, avec une combinaison voiture et train ou transports urbains. La réalisation d’un challenge mobilité représenterait une occasion de mettre en lumière l’ensemble des modes de transports disponibles et leur connexion sur le territoire afin de démontrer qu’il est possible de se déplacer autrement que seul au volant de sa voiture. Au-delà du challenge, développer l’intermodalité serait un levier pour optimiser les déplacements et réduire la prédominance de la voiture. L’idée n’est pas de supprimer définitivement la place de la voiture, mais à long terme, favoriser une utilisation plus raisonnée.
Chaque mode de transport a sa pertinence, le but étant que chaque individu trouve la combinaison qui lui convienne le mieux.
Nombreux sont les individus qui n’osent pas changer leur pratique, soit par méconnaissance des autres moyens de transport soit car leurs habitudes sont bien ancrées. Le challenge représenterait ainsi un levier pour rendre la multimodalité attractive et sensibiliser aux modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Lorsque le challenge est terminé, l’objectif n’est pas de se dire que l’on veut que tout le monde change sa manière de se déplacer, mais au moins grâce à un évènement expérimenter et se faire son propre avis. De plus, la réalisation dudéfi « Au boulot, j’y vais à vélo ! » a fait ses preuves et a démontré qu’il permet aux nonconvaincus du départ d’avoir une représentation différente à l’arrivée. Dans la mesure où l’organisation de ce challenge sera une première, on peut espérer que la curiosité et la nouveauté, donnera l’envie au plus grand nombre de participer.
Planifier un challenge multimodal en Alsace, résulte d’une volonté de l’ADEME. En effet, plusieurs régions en France réalisent déjà depuis quelques années un challenge multimodal, nommé challenge mobilité. Il s’agit de la région Rhône-Alpes, la région Picardie et la région Aquitaine. Il est porté dans ces régions par l’ADEME régionale. L’ADEME Alsace souhaite ainsi à son tour réfléchir à la concrétisation de son propre challenge régional.
Pour débuter la réflexion sur un challenge multimodal applicable à l’Alsace, ma première démarche a été d’étudier les évènements semblables en France. L’intérêt était donc de voir comment il est coordonné sur ces territoires et qu’elles en sont les modalités. Pour cela, je me suis d’abord attachée à visiter leur site internet et à noter leurs modalités. Afin de recueillir des informations plus précises et avoir des réponses à des questions relatives à l’organisation, je pris contact avec les référents ADEME région de ces challenges.
Le changement de comportement : un processus complexe qui prend du temps
Les initiatives de sensibilisation sont des outils intéressants pour accompagner le changement de comportement, mais celui-ci prend du temps, car les habitudes et les représentations sont très ancrées dans nos pratiques.
Le choix du mode de transport : entre habitudes et représentations
Le choix d’un mode de transport renvoie à la fois à des critères techniques mais aussi à des critères plus subjectifs comme les habitudes et les représentations.
Choisir tel ou tel mode de déplacement, répond dans un premier temps à des déterminants techniques. La localisation a un impact sur le choix modal. Par exemple, le phénomène d’étalement urbain de ces dernières années, a été possible par et pour l’automobile.
L’éloignement des habitations des centres urbains et des lieux d’activités a contribué à allonger les déplacements entre le domicile et le travail. Or, le temps et la distance du trajet sont souvent déterminants dans le choix modal. Les individus se fixent généralement un temps de transport à ne pas dépasser, on parle de budget-temps. Le gain de temps gagné par l’amélioration des systèmes de transport, n’est pas réinvesti dans la réalisation d’activités mais utilisé pour habiter plus loin. D’où une augmentation des distances parcourues. Une personne qui souhaite recourir à l’intermodalité, pourra être freinée si la chaîne de déplacement rencontre des difficultés ou n’est pas performante (retard, problème de changement, mauvaise interconnexion des modes…) et ainsi inciter à prendre la voiture pour aller au travail. De même, si la desserte en transport en commun est insuffisante, posséder une voiture devient obligatoire. Selon où l’on habite, l’offre modale n’est pas toujours bien développée.
D’autres déterminants plus subjectifs interviennent dans le choix individuel du mode de transport. On distingue à ce sujet, une différence de perception entre les hommes et les femmes, ces dernières étant plus sensibles à la cause environnementale et plus volontaires pour utiliser un autre mode de transport que la voiture. On observe aussi, une banalisation de la voiture dans le cycle de vie. Elle constitue par exemple un rite de passage, avec le permis à 18 ans. Elle est alors associée à la liberté, à l’autonomie, au passage dans le monde adulte. L’automobiles’inscrit très tôt dans les habitudes, ce qui rend plus difficile de s’en détacher par la suite. Par ailleurs, le passage dans la vie active est favorable à l’utilisation de la voiture. Elle devient même nécessaire quand elle est un outil de travail. Les entreprises encouragent aussi à son usage, en mettant à disposition une place de parking. De plus, le changement de statut familial pousse à l’acquisition d’une voiture, comme l’arrivée d’un enfant, l’installation d’un couple.
Le vécu et le ressenti des modes permettent de comprendre l’attachement ou le renoncement de se déplacer avec tel ou tel mode de transport. Il existe en effet un vrai attachement à la voiture, soit parce qu’elle a une valeur sentimentale (premier achat, don de sa famille etc.), soit parce qu’elle est considérée comme plus pratique. Les transports en commun sont par exemple, souvent perçus négativement (promiscuité, stress…). La notion de confort entre alors en jeu.
Le déplacement est vécu affectivement, il n’est pas juste un moment banal dans la journée. On veut faire en sorte que ce temps passé dans les transports soit agréable ou en tout cas le moins pénible possible.
Au final, les raisons de l’inaction sont multiples, car l’automobile reste pour beaucoup une évidence dans le choix modal. Banalisée dans notre quotidien, nous avons du mal à nous en détacher. Mais ces représentations, habitudes et méconnaissances que nous avons des autres systèmes de transports peuvent être dépassées, lorsque l’on essaye par soi-même et que l’on se forge son propre avis.
Le passage à l’acte : une étape importante dans le changement de pratique des mobilités
Changer notre comportement en matière de mobilité n’est pas si simple, car même si nous avons conscience que l’utilisation de la voiture est source d’externalités négatives, nous ne saisissons pas forcément notre responsabilité individuelle. Or, c’est bien la multiplication des comportements qui induit cette situation problématique du tout voiture. Mais d’un autre côté, il ne faut pas attendre d’un individu qu’il change du jour au lendemain sa façon de concevoir ses déplacements, car choisir un mode de transport différent ne suffit pas, il faut que cela résulte d’un prise de conscience et d’une motivation. La psychologie sociale étudie le changement de comportement. C’est lorsque j’ai assisté à une conférence sur le sujet dans le cadre du stage que j’ai voulu développer ce point dans ce rapport. De même, lors de la réunion du 4 septembre avec les référents ADEME, une stagiaire de M2 en psychologie sociale nous a présenté ses travaux pour le compte de l’ADEME Picardie sur « Comment proposer une escalade d’engagement et évaluer les effets du challenge en Picardie ? ».
Bilan : un stage riche en apprentissages et découvertes
D’un point de vue personnel, ce stage fut une réelle expérience, qui m’a conduite d’une part à découvrir une nouvelle région et d’autre part à m’insérer pleinement durant cinq mois dans le monde professionnel. J’ai eu le temps de m’intégrer dans la structure d’accueil, de rencontrer des acteurs très différents, d’acquérir des connaissances et des compétences et d’en apprendre un peu plus sur le métier de chargé de mission plan climat.
Un suivi régulier de mon travail
L’accomplissement du stage a nécessité un suivi régulier de la part de mon encadrante pédagogique et de ma maître de stage.
L’encadrement universitaire a été entrepris par Stéphanie LIMA, maître de conférences en géographie, qui m’a aidée dans les étapes de la réalisation du stage. Nos premiers contacts nous ont permis de parler du déroulement de ces cinq mois, des attentes universitaires, et de mes missions au sein de la structure. Dans un deuxième temps, elle m’a accompagnée dans la préparation du rapport de stage. Nos échanges se sont ponctués d’une rencontre début juin puis par la suite d’appels téléphoniques.
Parallèlement, mon stage a fait l’objet d’un accompagnement quotidien de la part de ma maître de stage, Virginie FORMOSA. Nous avons partagé le même bureau, ce qui a facilité nos échanges. En effet, lorsque j’avais des questionnements ou des difficultés, je pouvais facilement lui en parler. Dans les débuts, elle souhait régulièrement valider mon travail avant que celu i-ci ne soit diffusé. Je disposais quand même d’une certaine autonomie dans la planification des tâches à accomplir, du moment que les délais étaient respectés. Par ailleurs, Virginie n’ a pas été la seule à suivre le déroulement de mes missions, pour la coordination du défi vélo par exemple, j’ai pu travailler plus en détail avec quelques partenaires, à qui je devais faire état de mon avancement. Globalement, la mission de coordination du défi vélo a nécessité un suivi plus régulier que la mission de réflexion sur un challenge multimodal. En tout cas je me suis sentie très encadrée lors de ce stage, car si besoin je disposais toujours d’un interlocuteur.
Concernant, le rendu de mon travail durant le stage, un bilan du défi vélo a eu lieu le 25 août avec l’ensemble des partenaires, pour lequel j’ai présenté un état des lieux des résultats. Cette réunion fut l’occasion aussi de prendre du recul sur l’organisation et de réfléchir à sa réédition l’année prochaine. Concernant, le projet de challenge multimodal, je n’ai pas eu de rendu à faire. Néanmoins la réunion de bilan du défi vélo m’a permis de présenter les premières démarches et réflexions que j’ai réalisées dans le cadre de ce projet de challenge.
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Table des matières
Introduction
I/ La problématique des déplacements domicile-travail dans une région très mobile
A/ Le dynamisme strasbourgeois au cœur des mobilités en Alsace
1. État des lieux du transport en Alsace
2. Strasbourg : pionnière dans les mobilités
B/ Une recherche de stage compliquée et surprenante
C/ Présentation de la structure d’accueil et des missions
1. Le pays d’Alsace du Nord comme structure d’accueil
2. Un stage sur la thématique de la mobilité durable
D/ Le sujet des déplacements domicile-travail
II/ L’expérimentation : un levier pour une mobilité plus durable des actifs ? Exemple de deux actions de sensibilisation
A/ Le défi inter-entreprises « Au boulot, j’y vais à vélo ! »
1. Une action solidaire ciblant les trajets domicile-travail
2. Une démarche partenariale
3. Quand coordination rime avec animation et communication
4. Résultats : une participation en hausse, mais une action à étoffer
B/ Le challenge multimodal : un projet en réflexion pour 2016
1. Intermodalité, multimodalité : de quoi parte-t-on ?
2. Pourquoi réaliser un challenge multimodal en Alsace ?
3. Sollicitation des partenaires potentiels
4. Proposition de structuration de l’évènement
C/ Le changement de comportement : un processus complexe qui prend du temps
1. Le choix du mode de transport : entre habitudes et représentations
2. Le passage à l’acte : une étape importante dans le changement de pratique des mobilités
III/ Bilan : un stage riche en apprentissages et découvertes
A/ Un suivi régulier de mon travail
B/ Difficultés rencontrées et solutions apportées
C/ Une expérience professionnelle et personnelle
D/ Le métier de chargé de mission plan climat, un acteur du développement local
Conclusion
Glossaire
Bibliographie
Annexes