LA PROBLEMATIQUE DE LA FILIERE ARACHIDIERE DANS L’ARRONDISSEMENT DE DIAKHAO

Le couvert végétal

   On observe d’une manière générale, un couvert végétal clairsemé et composé de trois strates :
– Une strate arborée avec la prédominance : d’Acacia albida (Kadd) et d’Andansonia digita (Gouye). On observe que ces espèces sont présentent un peu partout dans la localité.
– Une strate arbustive formée essentiellement de Combretum glutinosum (Ratt) et Guier Senegalensis (Nguer) qui sot également bien éparpillées dans la zone.
– Une strate herbacée composée en majeure partie de graminées.
Par ailleurs quelques rares zones relativement bien conservées gardent une formation dense. Il s’agit en l’occurrence de la forêt classée de Mahecor, qui située à l’ouest entre les communautés rurales de Diakhao et de Mbellecadio, couvre une superficie de 1 150 hectares. Elle est constituée d’une savane arbustive et d’une tanne enherbée où l’on retrouve avec une densité très faible, l’Eucaliptus (Xoti Butel) le Cordyla pinnata, l’Adansonia digitata, le Parinari, Acacia, les combrétacées, Acacia albida. On note que la végétation au niveau de cette forêt et d’une manière générale sur la majeure partie du département, a atteint un état de dégradation avancée. On observe cependant que les défrichements réguliers, les feux de brousse, les coupes de bois pour divers usages sont à l’origine d’une dégradation progressive du couvert végétale avec la disparition de certaines espèces ou en voie de l’être comme le Tamarindus indica (Daxar), le Grewia bicolor (kèl) et le Stercula setigera (Mbèp). Aussi, la pression démographique, la persistance de la sécheresse, la salinisation des terres et l’extension de la culture arachidière entraîne inexorablement le recul systématique du couvert végétal qui amenuise la capacité de reconstruction du sol et favorise l’érosion éolienne.

Un contexte défavorable à la commercialisation

    A partir de la fin des années 1960, on assiste déjà à la fin des prix préférentiels accordés au Sénégal en ce qui concerne l’exportation de l’arachide vers la métropole française. En effet, depuis 1968, l’arachide est payée au cours mondial. Elle subit la concurrence de l’arachide produite ailleurs (USA notamment) et des autres oléagineux comme le soja. Ainsi, les cours de l’arachide sont en baisse. Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique d’ajustement structurel, l’Etat a entamé au début des années 1980 un processus de désengagement de la filière arachidière avec l’application de la Nouvelle Politique Agricole (NPA). Dans ce contexte, l’Etat sénégalais avait des difficultés à soutenir les prix au producteur déjà jugés très faibles aux yeux des paysans. Depuis la campagne 2001/2002, les producteurs devaient livrer leur graine aux usines contre paiement de la facture dans un délai de 48 heures. Ce système avait tout de suite montré sa défaillance du moment où les huiliers n’ont pas assez de liquidité. Ajouté à cela, les huiliers ont choisi comme option d’importer de l’huile végétale (Huile brute de soja ou colza) pour la consommation nationale et d’exporter l’huile d’arachide. C’est ainsi qu’ils ont en même temps réduit le tonnage d’arachide qu’ils collectaient auprès des producteurs Le prix du kilogramme d’arachides destinées aux huileries, principales clientes des producteurs, est fixé par le Comité National d’Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA) en fonction des cours mondiaux du prix des huiles et tourteaux d’oléagineux . Lors de la campagne 2011, le prix aux producteurs est passé de 165 FCFA à 175 FCFA alors que les coûts de production des producteurs s’élèvent en moyenne à plus de 190 FCFA le kilogramme actuellement. Par conséquent, les revenus des producteurs ne cessent de s’éroder et il s’est ensuite développé de façon anarchique des marchés parallèles entraînant une désarticulation des circuits de commercialisation. En effet, les producteurs sont obligés d’y brader leurs productions entre 115 FCFA et 120 FCFA le kilogramme au lieu de 175 FCFA.

La situation dans l’arrondissement de Diakhao

   Si la production arachidière a connu une reprise depuis la campagne 2008/09, l’écoulement du produit constitue toujours l’un des problèmes majeurs dont souffrent actuellement les producteurs de l’arrondissement de Diakhao. Les facteurs qui rendent précaires la commercialisation de l’arachide sont multiples. D’abord, on observe l’absence d’opérateurs privés dans certains points de collecte prévus avant le début de la campagne de commercialisation. Cette absence des opérateurs sur certains points de collecte cause de nombreux préjudices aux producteurs qui voulant écouler leur production sont pénalisés par l’éloignement et le transport. Cette situation est due en partie au fait que la demande en arachide de la part des industriels est très limité et que les opérateurs ne sentent pas la nécessité de descendre dans certaines communautés rurales enclavées. Ensuite, on observe la faiblesse de financements dont disposent les opérateurs privés. Ce qui est un facteur qui limite la possibilité pour l’opérateur de collecter le maximum d’arachide apporté par les producteurs. En effet, les sommes souvent mises en place parviennent tout juste à assurer une journée de collecte au niveau de certains points. Ce qui fait que les producteurs, soumis à une course contre la montre, se bouscule devant les SECO pour écouler leurs arachides au plus vite avant que le financement apporté par l’opérateur ne se termine. Enfin, on peut constater la présence de plusieurs opérateurs dans un même point de collecte où un problème de cohabitation peut se produire. Les producteurs subissent les préjudices de ces accrochages entre opérateurs. Dans le même temps, le contraire peut se produire où il y’a la gestion d’un nombre trop élevé de points de collecte par un même opérateur ; Ce qui réduit de manière considérable les montants affectés à chaque point de collecte. Cette situation induit le stockage des graines durant une période plus long que prévu et entraîne leurs détériorations. Ce qui démontre que l’écoulement de l’arachide constitue un énorme problème pour les producteurs d’arachides du département de Fatick actuellement. Ces derniers parviennent difficilement à tirer profit de l’arachide qui constitue pour eux le principal produit générateur de revenu. Par ailleurs, la vente par détail de l’arachide ne permet pas au paysan d’entretenir convenablement sa famille contrairement à la vente en gros auprès des opérateurs privés. La faiblesse du prix constitue aussi une grande contrainte pour les producteurs. En effet, pour 90% des paysans enquêtés, le prix du kilogramme d’arachide qui est passé de 165 FCFA à 175 F CFA en 2011/12 est encore trop bas pour satisfaire l’ensemble de leurs besoins. Selon les producteurs, ce prix jugé dérisoire est loin d’être à la hauteur de la peine endurée lors des opérations culturales ayant abouties à la production de l’arachide. Les difficultés liées à la commercialisation de l’arachide constituent ainsi une des principales causes de la diminution des revenus tirés de la production de l’arachide. En effet, 45% des paysans enquêtés estiment que les contraintes liées à la commercialisation de leur production est à la source de la diminution de leur revenu tiré de l’arachide. En moyenne, seulement 3% de la production d’arachide sont collectées au niveau des points de collecte ; Ce qui est très faible pour que la majeure partie des producteurs puissent tirer profit de la commercialisation de l’arachide. C’est ainsi que certains agriculteurs préfèrent conserver leur production afin de les écouler au niveau des marchés hebdomadaires à l’approche de l’hivernage. Durant cette période, les besoins en semences sont fortes et le prix du kilogramme d’arachide peut grimper jusqu’à 400 FCFA. D’autre part, on observe que la pauvreté des sols, inaccessibilité des intrants agricoles et la faiblesse de prix au producteur sont aussi des facteurs qui contribuent à restreindre les revenus tirés de la production arachidière.

CONCLUSION GENERALE

   En guise de conclusion, on peut dire que cette étude nous a permis de mieux appréhender les caractéristiques de la filière arachidière et d’en saisir ses contraintes majeures dans l’arrondissement de Diakhao situé dans le département de Fatick. D’abord, on a observé que malgré les difficiles conditions de production, l’arachide conserve encore une place de choix dans les espaces culturales. En effet, les agriculteurs restent d’une manière générale très attachés à la culture de l’arachide qui reste tout de même le principal produit générateur de revenus dont il dispose. C’est ainsi que dans la perspective de diversification des cultures, on a assisté à l’introduction de la pastèque dans le calendrier cultural à la fin des années 1990. Ceci afin de diversifier les sources de revenues à côté de l’arachide. Cependant, on note que d’une manière générale, la pastèque est loin de se hisser à la hauteur des surfaces cultivées et des rendements des cultures traditionnelles comme le mil, le niébé et l’arachide. Dans le département de Fatick par exemple, l’arachide concentre en moyenne 25% des surfaces totalement cultivées où la pastèque n’emblave pas plus de 1%. Ensuite, la filière arachidière fait face à des contraintes qui sont aussi visibles dans l’ensemble du bassin arachidier. Il s’agit à la fois de contraintes naturelles et conjoncturelles. En effet, la salinisation des sols, favorisée par les intrusions marines et les sécheresses récurrentes, a accentué la dégradation des sols déjà épuisés. Ce phénomène, très présent dans le département de Fatick, affecte aussi l’arrondissement de Diakhao. Rendant les sols infertiles, la salinisation des sols tend aussi à retarder le cycle végétatif de la plante. Dans l’arrondissement de Diakhao également, les producteurs sont confrontés aux difficultés liées à l’inaccessibilité aux intrants agricoles et aux contraintes liées à la commercialisation de l’arachide. Les semences et les engrais, composantes essentiels du processus de production agricole, sont inaccessibles principalement à cause de leurs chertés, leurs insuffisances et leurs distributions souvent tardives. Les outils de production, caractérisés par leurs vétustés, nécessitent de multiples réfections assurées le plus souvent par les artisans métalliques. On a également observé que la commercialisation de l’arachide constitue une véritable contrainte pour les producteurs de l’arrondissement de Diakhao. En effet, le désengagement de l’Etat, le manque de financement des Opérateurs Privés Stockeurs et l’insuffisance des points de collecte qui sont absents dans certaines communautés rurales rendent précaires l’écoulement des produits agricoles et en particulier de l’arachide. Face à ces contraintes majeures qui affectent la filière arachidière dans l’arrondissement de Diakhao, on a observé que les producteurs tentent de s’adapter afin de pérenniser leur activité. En effet, les difficiles conditions de production et de commercialisation de l’arachide dans l’arrondissement de Diakhao ne découragent pas pour autant les producteurs qui y restent attachés. Passant outre le circuit officiel, les producteurs préfèrent recourir aux marchés parallèles qu’ils considèrent plus accessibles pour s’approvisionner en intrants et écouler leurs productions. Cependant, on note qu’ils tendent plutôt à brader leur production à des opérateurs véreux qui cassent les prix. Ou bien, ils vendent le plus souvent en détail, une forme de vente qui n’apporte que des revenus maigres. A la suite de ces conclusions, nos recommandations vont dans le sens de :
– Construire des digues anti- sel surtout à l’ouest de l’arrondissement de Diakhao et veiller à impliquer les populations locales dans la gestion de ces infrastructures.
– Revaloriser la subvention faite sur le prix des intrants afin de les rendre plus accessibles aux producteurs en manque de moyen.
– Multiplier les points de collecte au niveau des communautés rurales de l’arrondissement de Diakhao pour épargner les producteurs qui sont contraints au déplacement pour écouler leurs productions.
Ces recommandations, qui ne sont pas définitives, tendraient quand même à réduire les conditions de production et de commercialisation de l’arachide dans notre zone d’étude.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE/ PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I/ UN CADRE PHYSIQUE FAVORABLE A LA PRODUCTION ARACHIDIERE
A) Les Températures
B) Les précipitations
C) La répartition des sols
D) Le couvert végétal
CHAPITRE II/ UN CADRE HUMAIN A L’IMAGE DU DEPARTEMENT DE FATICK
A) L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE
B) CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
DEUXIEME PARTIE/ LA FILIERE ARACHIDIERE DANS L’ARRONDISSEMENT DE DIAKHAO
CHAPITRE I/ L’ARACHIDE DANS LES ESPACES DE CULTURE
A) UN SYSTEME DE CULTURE DOMINE PAR LE MIL
1) Le mil comme principale culture traditionnelle
2) Le sorgho et le niébé comme culture d’appoint
B) L’ARACHIDE, UNE CULTURE QUI SE PERENNISE
1) L’introduction de la pastèque
2) L’arachide dans les surfaces cultivées
CHAPITRE II/ L’ANALYSE SPATIALE DE LA FILIERE ARACHIDIERE
A) ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION DES INTRANTS
B) DE LA COLLECTE A LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE
CHAPITRE III/ LES CONTRAINTES MAJEURES DE LA FILIERE ARACHIDIERE ET LES STRATEGIES D’ADAPTATIONS
A) LA DEGRADATION DES SOLS
1) L’abandon progressif de la jachère
2) La salinisation des sols
B) LA PEJORATION CLIMATIQUE
1) Une physionomie climatique favorable entre 1960 et 1969
2) Une péjoration climatique à partir des années 1970
3) Le retour d’une pluviométrie favorable à la fin des années 2000
C) L’INACCESSIBILITE DES SEMENCES
1) La mauvaise qualité des semences
2) Le retard et la cherté des intrants distribués
D) LA VETUSTE DU MATERIEL AGRICOLE
E) LES DIFFICULTES LIEES A LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE
1) Un contexte défavorable à la commercialisation
2) La situation dans l’arrondissement de Diakhao
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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