La problématique de la dégradation des ressources halieutiques

Les côtes sénégalaises disposent d’une énorme potentialité de ressources halieutiques en raison des facteurs hydrodynamiques, climatiques et géomorphologiques favorables. En effet, avec la présence des phénomènes de upwelling et de pilling up côtiers, une température et une durée d’insolation adéquates, les apports terrigènes par les cours d’eau (Sénégal, Casamance et le complexe fluvio-lagunaire du Sine Saloum), l’existence d’un important canyon au large de Kayar, etc., expliquent la très forte productivité des côtes dotées d’une grande diversité biologique (JA 2000). Au Sénégal, le niveau moyen de consommation de poisson est de 28kg/an/habitant tandis que la moyenne africaine est de 8,2kg/an/habitant (CSE, 2005). Ces ressources marines ou continentales sont d’une importance capitale pour le pays où elles contribuent pour une large part à la sécurité alimentaire, à l’emploi et à l’économie nationale. Cependant, le changement climatique et la pression sur leur exploitation observée durant ces quinze dernières années, fait que les ressources halieutiques sont aujourd’hui de plus en plus confrontées à la dégradation (augmentation de la salinité des cours d’eau comme le fleuve Casamance, l’acidification de la mer et la surexploitation). Ces facteurs constituent les principaux moteurs de la diminution des ressources halieutiques. De ce faite, si cette baisse constatée de manière générale continue de se faire sentir, elle risque de compromettre sérieusement les opportunités de survie, de santé et de développement durable des populations locales. C’est pourquoi, la recherche d’une solution à une gestion plus efficiente des ressources halieutiques est considérée comme une priorité pour atténuer ou enrayer ce phénomène qui est en train d’accentuer la pauvreté et la vulnérabilité des populations locales.

La Commune de Mangagoulack est située au sud du Sénégal, notamment dans la région administrative de Ziguinchor (Casamance), et plus particulièrement dans le département de Bignona. Cette Commune dispose d’un espace de pêche assez vaste, qui est confronté à un phénomène de dégradation de ses ressources halieutiques due à la pression anthropique (mauvaise pratique d’exploitation) et au changement climatique (augmentation de la salinité et acidification).

Cet espace de pêche de la Commune qui est aussi très accessible et permet à un grand nombre de pêcheurs de venir s’approvisionner en poisson. En plus, il y’a l’accroissement du taux de salinité qui empêche la bonne reproduction et la croissance de certaines espèces continentales ou marines. Tous ces facteurs perturbent fortement l’équilibre écologique et biologique de l’écosystème dans son mode de fonctionnement. Cependant, cette situation, a fait l’objet d’une attention particulière de la part d’une association de pêcheurs de la Commune, qui a décidé de prendre les choses en main avec la création d’une Aire du Patrimoine Autochtone et Communautaire de « Kawawana » pour une restauration et une gestion efficiente de ses ressources halieutiques. Car ces ressources halieutiques comme le poisson occupent une place importante dans l’alimentation quotidienne des populations de la localité.

Problématique

La Commune de Mangagoulack est située dans la région de Ziguinchor (Casamance), et plus particulièrement dans le département de Bignona. Elle compte neuf (9) villages : Affiniam, Boutem, Bodé, Boutégol, Djilapâo, Diatock, Elana, Mangagoulack et Tendouck, représentant une population de 8477 personnes. L’ethnie Diola y est majoritaire, mais plusieurs autres groupes ethniques y vivent. Cette Commune est animée par diverses activités socioéconomiques comme l’agriculture, le maraîchage, le commerce, l’exploitation des ressources forestières et des ressources halieutiques.

En effet, l’espace de pêche de la Commune de Mangagoulack est sillonné par de nombreux bolons, colonisé par une mangrove chargée en huître et nourricière en poisson. Le passage des bancs de poissons lors de leurs migrations est déterminé par le déplacement saisonnier des masses d’eau, ce qui fait de cet endroit un milieu très diversifié en ressource halieutique. Auparavant, cet écosystème était riche en ressources halieutiques, car étant traditionnellement exploitées par différents usagers locaux, peu nombreux, qui pratiquaient une pêche de subsistance avec des équipements rudimentaires. Les activités d’exploitation dans les bolons étaient réglementées par les populations elles-mêmes. Les limites de chaque espace de pêche villageois étaient connues et reconnues de tous et l’exploitation des ressources était régie par des règles traditionnelles généralement respectées. L’abondance et la fréquence des pluies avaient joué un rôle important dans la régulation de la salinité et dans l’équilibre de l’environnement du milieu. C’était l’époque de la « bonne vie » où le poisson frais de bonne qualité était abondant sur le marché local. Cependant, durant ces deux dernières décennies (1990-2000 et 2000-2010), avec la persistance des effets du changement climatique, nous assistons de plus en plus à un réchauffement des eaux et à une baisse de la fréquence du régime pluviométrique combinés à une évaporation élevée. Cela a favorisé ainsi, une augmentation graduelle du sel tout au long du fleuve Casamance. Une augmentation, qui va entre autre modifier la répartition ainsi, que la structure de la composition des espèces et altérer le fonctionnement des écosystèmes du fleuve Casamance. En plus, de cette situation il s’y ajoute les mauvaises pratiques d’exploitations (surpêche, pêche destructive) pratiquées par les pêcheurs locaux ou étrangers. Ces derniers utilisaient des filets avec des mailles très serrées qui capturaient davantage les espèces plus petites qui devraient assurer le renouvellement des stocks. Ce phénomène a entrainé l’effondrement du stock de poisson et la disparition de certaines espèces emblématiques. C’est, avec le changement climatique, l’accroissement démographique, l’accès libre à la ressource de pêche et l’absence de règles d’exploitation que la dégradation des ressources halieutiques surtout du poisson a pris des proportions de plus en plus importantes.

Par ailleurs, l’exploitation de piquet de palétuvier, de bois divers de mangrove et la mutilation des rameaux des rhizophora ont occasionné la progression des tannes. La mangrove qui était la principale source d’enrichissement trophique et de reproduction des espèces estuariennes se trouvait dans une situation de régression durant les années (1993-2001). Mais la prise de conscience des populations sur l’importance de la mangrove a fait que la situation connait maintenant une amélioration.

Ces paramètres justifient que la dégradation des ressources halieutiques dans la Commune de Mangagoulack est un phénomène réel. Le poisson, qui devenait de plus en plus rare et les captures, qui étaient peu satisfaisantes ne dépassaient pas 10 voire 15kg lors des sorties de pêche. La taille des espèces pélagiques diminuait de plus en plus et les conflits en mer commençaient à se multiplier. La masse des huîtres avait aussi fortement diminuée. C’est la fin de la « bonne vie » où l’on mangeait du poisson frais chaque jour durant toute la semaine.

La situation géographique 

La Commune de Mangagoulack est l’une des vingt-cinq (25) nouveaux Communes de la région de Ziguinchor et en même temps l’une des cinq Communes de l’arrondissement de Tendouck. Elle est située dans le département de Bignona, plus précisément au Sud de celuici et au Sud-Est de l’arrondissement. La Commune de Mangagoulack est une partie intégrante de l’arrondissement de Tendouck, et se trouve à 40,3Km de la Commune de Bignona et 70,3Km de Ziguinchor. Elle est positionnée entre 16°21`W et 12°42`N .

De part et d’autre de sa position géographique, la Commune est limitée :
➤ A l’Est par la Commune de Niamone ;
➤ A l’Ouest par le littoral du fleuve Casamance et la Commune de Mlomp ;
➤ Au Nord par la Commune de Balingore ;
➤ Au Sud par le fleuve Casamance.

La Commune a une superficie de 222 km²et une densité de 38 habitants/km².

Le milieu physique

La Commune de Mangagoulack est divisible en deux ensembles relativement distincts du fait de leurs caractéristiques physiques et de leurs positions géographiques. Le premier ensemble qui fait référence à la partie nord, est occupé par la forêt communale et le second ensemble est occupé par le fleuve Casamance. Cette partie de la Commune est dominée par les rizières et la mangrove qui offre d’énormes potentialités naturelles.

Le relief et les sols 

Le relief de la Basse Casamance est relativement plat et présente plusieurs types de sols répartis sur deux grands ensembles (Vieillefon et Pereira-Barreto, 1986; CSE, 2008). En effet, dans la Commune de Mangagoulack le relief est dominé par un grand plateau qui occupe les habitations des populations et le boisement naturel. Mais aussi d’une plaine qui abrite les terres inondables, les vallées rizicultivables et les forêts de mangrove. Cette plaine occupe la partie Ouest et Sud qui longe les rives du fleuve de la Commune.

Le plateau de la Commune de Mangagoulack présent deux types de sols :
– Les sols ferrugineux tropicaux lessivés ;
– Les sols ferralitiques qui constituent le résultat d’une pédogenèse caractérisée par une altération complète des matériaux primaires et la présence d’une importante quantité de produits de synthèse issue des oxydes du fer et d’aluminium (CSE, 2010). Ces sols grâce à leur bonne structure et leur perméabilité sont aptes pour les cultures sous pluie.

Ces sols sont généralement dominés par une composition sablo-argileux et représentent 70% du territoire de la Commune.

La plaine par compte présente plusieurs types de sols plus complexes que sont :
– Les sols minéraux bruts d’origine non climatique, d’apport marin et fluviomarin ;
– Les sols peu évolués d’origine non climatique d’apport modaux et peu évolués ;
– Les sols organiques hydromorphes tourbeux, eutrophes et les sols moyennement organiques hydromphes humiques à gley et pseudogley ;
– Les sols halomorphes à structure non dégradée, salins et acidifiés.

Ces formations de sols sont essentiellement dominées par une composition argilo humifère et représentent 30% du territoire de la Commune.

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Table des matières

Introduction
Problématique
Cadre conceptuel et méthodologie
Première partie : Présentation de la zone d’étude
Chapitre I : La situation géographique
Chapitre II : Le milieu humain
Chapitre III : Les activités socio-économiques
Deuxième partie : La dégradation des ressources halieutiques
Chapitre IV : La problématique de la dégradation des ressources halieutiques
Chapitre V : Les facteurs et les impacts de la dégradation des ressources halieutiques
Troisième partie : La restauration des ressources halieutiques
Chapitre VI : Les stratégies de restauration
Chapitre VII : Le principe des APACs et la présentation de Kawawana
Conclusion
Bibliographie
Liste des cartes, des figures, des tableaux et des photos
Annexes

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