LA PROBLEMATIQUE DE LA CROISSANCE DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES CHEZ KARL POPPER

LA THEORIE DE LA CONNAISSANCE DANS LA PHILOSOPHIE QRECQUE ET MEDIEVALE

ย  ย  ย  Le problรจme de la connaissance apparaissait dรฉjร  en filigrane dans la philosophie grecque mรฉdiรฉvale. Cโ€™est justement aux philosophes prรฉsocratiques quโ€™on doit attribuer les premiรจres รฉlaborations thรฉoriques sur la connaissance. Dรฉjร  vers le Ve siรจcle AV J.C. Hรฉraclite et Parmรฉnide tentรจrent la recherche dโ€™un principe unificateur du rรฉel dont lโ€™apprรฉhension permettrait de libรฉrer les hommes tout ร  la fois des apparences trompeuses de lโ€™opinion. Leurs recherches vont sโ€™effectuer non sans problรจme car elles se heurtรจrent ร  lโ€™attitude quotidienne qui ne prรชtait foi quโ€™aux apparences et au scepticisme ordinaire qui dรฉfendait lโ€™idรฉe selon laquelle toutes les opinions se valent. Les sophistes, solidaires de ces attitudes ร  la fois relativistes et phรฉnomรฉnistes, dรฉclaraient avec Protagoras que ยซ lโ€™homme est la mesure de toute chose ยป, rรฉvรฉlant ainsi la part irrรฉductible du sujet dans toute connaissance. En se proposant de rรฉsoudre la crise introduite par les sophistes, Platon qui assume et dรฉveloppe lโ€™enseignement de Socrate, sรฉpare radicalement le monde des objets connaissables et lโ€™univers sensible de la perception quotidienne. Selon le maรฎtre de lโ€™Acadรฉmie, la vraie connaissance a pour objet des รชtres purement intelligibles dont les phรฉnomรจnes du monde sensible ne sont que de pรขles copies. Pour le disciple de Socrate, la possibilitรฉ pour lโ€™homme dโ€™accรฉder par la connaissance ร  ces รชtres intelligibles ou Idรฉes, rรฉvรจle une parentรฉ de lโ€™รขme et des objets du monde idรฉal. Donc pour Platon, la connaissance est une sorte de rรฉminiscence, un retour de lโ€™รขme vers son รฉtat premier โ€“ celui dโ€™une contemplation originelle des Idรฉes antรฉrieure ร  son ensomatose. La thรฉorie des Idรฉes, formulรฉe dans plusieurs de ses dialogues, particuliรจrement dans la Rรฉpublique et le Parmรฉnide, divise lโ€™univers en deux mondes : le monde intelligible formรฉ dโ€™idรฉes ou formes parfaites รฉternelles et invisibles et le monde sensible formรฉ dโ€™objets concrets et familiers. Pour Platon, tous les objets connus par les sens comme les arbres, les pierres, les corps humains ne sont que de vagues copies irrรฉelles et imparfaites des Idรฉes. Puisse que tous les objets apprรฉhendรฉs par les sens sont sujets au changement, comme le dรฉfendait du reste Hรฉraclite ยซ on ne descend pas toujours dans le mรชme fleuve car de nouvelles eaux coulent toujours sur toi. ยป ,un รฉnoncรฉ fait ร  un moment donnรฉ sur de tels objets peut sโ€™avรฉrer faux ร  un moment ultรฉrieur. Selon le maรฎtre de lโ€™acadรฉmie, puisque ces objets ne sont pas du tout rรฉels, logiquement les croyances rรฉsultant de leur expรฉrience ne peuvent รชtre que vagues et trompeuses. Dรฉs lors, les principes de la mathรฉmatique et de la philosophie, dรฉcouverts par la mรฉditation sur les Idรฉes, constituent le seul moyen dโ€™accรจs ร  une connaissance digne de ce nom. Aristote va sโ€™insurger contre les prรฉtentions dรฉmesurรฉes que son maรฎtre semble attribuer aux mathรฉmatiques. Il rejette la thรจse de la primautรฉ de lโ€™intelligible sur le sensible et par voie de consรฉquence ยซ le postulat de lโ€™adรฉquation des mathรฉmatiques au rรฉel ยป. Selon lui, les propriรฉtรฉs du cercle ont une perfection que lโ€™on ne peut trouver nulle part dans la nature. Les mathรฉmatiques et le rรฉel ne sont pas de mรชme nature : les propriรฉtรฉs mathรฉmatiques sont รฉternelles contrairement au rรฉel qui est constamment en devenir. Il soutient lโ€™idรฉe selon laquelle une vรฉritable connaissance sโ€™รฉlabore toujours sur la base de lโ€™expรฉrience et de la perception sensible. Par la suite, grรขce aux capacitรฉs dโ€™abstraction de lโ€™esprit et ร  lโ€™instrument de la logique, la science peut sโ€™accomplir en une connaissance vรฉritablement dรฉductive, qui procรจde des causes aux effets et accรจde finalement ร  une intelligibilitรฉ extra empirique, comme celle qui rรฉgit la ยซ mรฉtaphysique ยป. La conception aristotรฉlicienne de la science et lโ€™idรฉe que toute connaissance vient originellement de lโ€™expรฉrience vont irriguer toute la pensรฉe scolastique mรฉdiรฉvale, non sans susciter, au moyen รขge, des oppositions fortes ร  lโ€™instar de celle des nominalistes pour lesquels il nโ€™y a de connaissance que du particulier ; les essences abstraites nโ€™รฉtant que des fictions de lโ€™esprit sans rรฉpondant dans les choses. Il faut attendre le XVIIe siรจcle pour assister au dรฉboulonnement de la conception dโ€™Aristote qui sera principalement lโ€™ล“uvre de Bacon et de Descartes.

LE PROBLEME DE HUME

ย  ย  ย  ย Hume a abordรฉ lโ€™induction, non pas selon la perspective de sa caractรฉrisation รฉpistรฉmologique ou de son efficacitรฉ pratique mais, surtout dans la perspective de sa justification rationnelle et logique : le passage des cas singuliers observรฉs ร  lโ€™attente dโ€™occurrences futures similaires est un phรฉnomรจne qui dรฉcoule simplement de lโ€™habitude et des croyances quโ€™elle suscite et qui nโ€™est susceptible dโ€™aucun fondement logique. Lโ€™illusion que celle-ci est possible rรฉsulte du fait que lโ€™on confond la conjonction des รฉvรจnements avec leur connexion et que lโ€™on pense que lโ€™รฉtablissement des causes et des effets dรฉcoule de la nรฉcessitรฉ interne de ce genre de lien entre les รฉvรจnements.Pour Hume, le passage des observations particuliรจres ร  une loi gรฉnรฉrale est illรฉgitime, puis que cette opรฉration ne possรจde aucune base logique. Il est certes possible de rรฉpondre ร  cette difficultรฉ en trouvant, pour lโ€™induction, un principe dโ€™induction, comme Stuart Mill a tentรฉ de le faire : mais il sโ€™agit simplement dโ€™un recul, car la justification dโ€™un tel principe, en tant que principe empirique, se heurte exactement aux mรชmes objections que le procรฉdรฉ inductif. Cette conclusion sceptique rรฉveillera, comme on le sait, Emmanuel Kant de son sommeil dogmatique et le conduira ร  chercher dans les facultรฉs de lโ€™esprit humaine des formes ร  priori qui puissent garantir la validitรฉ universelle, objective, des lois scientifiques. Il rendra nรฉanmoins ร  Hume qui ยซ nโ€™apporta aucune lumiรจre en cette connaissance, mais il fit jaillir une รฉtincelle avec laquelle on aurait pu allumer une lumiรจre si elle avait rencontrรฉ une mรจche inflammable dont on eรปt pris soin dโ€™entretenir et dโ€™augmenter lโ€™รฉclat ยป Popper va sโ€™inspirer fortement de la lecture de Hume. Il ne se contentera pas de reformuler le problรจme. Il prรฉtend avoir trouvรฉ une solution.Dans lโ€™analyse humienne de lโ€™induction, Popper distingue en premier lieu deux problรจmes diffรฉrents : un problรจme logique et un problรจme psychologique. Le problรจme logique de Hume formulรฉ ainsi : ยซ Sommes-nous justifiรฉs ร  raisonner de cas (rรฉpรฉtรฉs) dont nous avons lโ€™expรฉrience pour dโ€™autres cas (conclusion) dont nous nโ€™avons pas lโ€™expรฉrience ยป consiste ร  savoir sโ€™il est ou non justifier de raisonner ร  partir de la rรฉpรฉtition de cas dont nous avons eu lโ€™expรฉrience : la rรฉponse de Hume est nรฉgative quel que soit le nombre de rรฉpรฉtitions prises en considรฉration. Ainsi Hume va plonger, comme le fait remarquer Russel, la philosophie des sciences dans une situation impossible et la rend presque schizophrรจne. Dโ€™une part, la science fait des bonds spectaculaires et dโ€™autre part on est dans lโ€™incapacitรฉ de dรฉterminer sur quoi logiquement la science peut reposer. Hume va dรฉsappointer bien des inductivistes devenus par la suite des rationalistes. Cโ€™est justement ce qui fait dire ร  Russel citรฉ par Popper que ยซ La philosophie humienne reprรฉsente la banqueroute du raisonnable du 18e siรจcle. ยป Ainsi, Popper va rรฉagir en vue de sauver la science de lโ€™irrationalisme dans lequel il semble sโ€™empรชtrer. Le problรจme psychologique est celui de savoir pour quelle raison les hommes vivent avec la conviction selon laquelle les cas dont ils nโ€™ont pas lโ€™expรฉrience se produiront dans le futur conformรฉment aux cas dont ils ont eu lโ€™expรฉrience dans le passรฉ. ยซ En dโ€™autre terme, pourquoi faisons-nous des prรฉvisions auxquelles nous accordons grande confiance ยป. Comme nous lโ€™avons รฉvoquรฉ plus haut, la rรฉponse de Hume est donnรฉe ร  travers les rรฉpรฉtitions et lโ€™habitude, laquelle organise notre expรฉrience et nos attentes. Popper reprend ces distinctions en les reformulant de faรงon ร  poser en termes de connaissance objective ce qui chez Hume, รฉtait formulรฉ sous lโ€™angle de la croyance subjective. Le problรจme de lโ€™induction devient dรฉs lors le problรจme de la ยซ validitรฉ (vรฉritรฉ ou faussetรฉ) des lois universelles relatives ร  des รฉnoncรฉs expรฉrimentaux donnรฉs ยป 11 .Karl Popper partage avec Hume lโ€™idรฉe selon laquelle il nโ€™est pas possible dโ€™atteindre lโ€™universalitรฉ dโ€™un รฉnoncรฉ ร  partir dโ€™une quelconque sรฉrie finie dโ€™observations, mais il sโ€™inscrit en faux contre la dรฉmarche qui, chez Hume, consiste ร  fournir une explication psychologique des processus inductifs. Cโ€™est justement sur ce point que Popper sโ€™oppose ร  la tradition รฉpistรฉmologique des derniers siรจcles an affirmant que la connaissance humaine ne procรจde pas par induction. Selon lui ยซ le concept dโ€™induction par rรฉpรฉtition doit รชtre dรป ร  une erreur โ€“ une sorte dโ€™illusion optique โ€“ bref il nโ€™y a pas dโ€™induction par rรฉpรฉtition ยป Ainsi donc, les donnรฉes du problรจme sont de cette faรงon entiรจrement reformulรฉes. La science nโ€™est pas inductive.A la lumiรจre de la pensรฉe de Popper on peut donc retenir que la conception รฉtroitement inductiviste de la recherche scientifique est insoutenable pour plusieurs raisons : Dโ€™abord, il est loin dโ€™รชtre รฉvident dโ€™un point de vue purement logique que nous ayons le droit dโ€™infรฉrer des รฉnoncรฉs universels ร  partir dโ€™รฉnoncรฉs singuliers, aussi nombreux soient-ils. Toute conclusion tirรฉe de cette maniรจre peut toujours, en effet, se rรฉvรฉler fausse : quel que soit le nombre important de cygnes blancs qui ont pu รชtre observรฉs, il nโ€™est pas lรฉgitime de conclure que tous les cygnes sont blancs. Alors quโ€™il existe des rรจgles de dรฉduction, aucune rรจgle semblable nโ€™a รฉtรฉ formulรฉe par lโ€™induction logique. Lโ€™infรฉrence inductive ne semble donc pas applicable sur le plan strictement logique pour dรฉgager des rรฉgularitรฉs universelles. Ensuite, une recherche reposant sur lโ€™induction ne pourra jamais dรฉbuter. Le prรฉcepte, selon lequel on doit rassembler les donnรฉes sans รชtre guidรฉ par une hypothรจse sur les relations entre les faits รฉtudiรฉs, se dรฉtruit lui-mรชme et personne ne s’y conforme dans la rรฉalisation dโ€™une recherche scientifique puisse quโ€™il faut dรฉjร  avoir une idรฉe de ce sur quoi le chercheur portera son attention. En revanche il est nรฉcessaire de hasarder des hypothรจses et de les formuler ouvertement afin quโ€™elles orientent la conduite dโ€™une recherche. Notons que lโ€™invaliditรฉ logique de lโ€™induction a conduit certains รฉpistรฉmologues ร  la notion dโ€™induction probabiliste ou de logique probabiliste. Parmi eux, on peut en citer Carnap pour qui le raisonnement inductif doit abandonner toute prรฉtention ร  รฉtablir la vรฉritรฉ dโ€™une proposition et se contenter de lui confรฉrer une certaine probabilitรฉ, appelรฉe ยซ degrรฉ de confirmation ยป ou ยซ probabilitรฉ logique ยป. Les rรจgles pour attribuer un degrรฉ de probabilitรฉ au proposition gรฉnรฉrale sur la base de la probabilitรฉ des propositions particuliรจres doivent รชtre ร  ses yeux strictement formelles ou analytiques. Moyennant quoi il nโ€™a jamais abandonnรฉ le projet dโ€™รฉlaborer une logique inductive expliquant comment les preuves apportรฉes parย  lโ€™observation peuvent soutenir des hypothรจses plus gรฉnรฉrales. Cette position sera lโ€™un des principaux points dโ€™achoppement entre Popper et Carnap.

LA THEORIE DE Lโ€™ESPRIT SEAU

ย  ย  ย  La thรฉorie de la connaissance qui procรจde du sens commun qualifiรฉe par Popper de la ยซ thรฉorie de lโ€™esprit seau ยป a รฉtรฉ dโ€™abord formulรฉe par Parmรฉnide sous la cรฉlรจbre assertion : ยซ quโ€™il nโ€™est rien en notre intellect qui nโ€™y soit parvenu par la voie des sens ยป. Il sโ€™agit donc dโ€™une thรฉorie sensualiste qui postule le primat deย  lโ€™activitรฉ des sens pour lโ€™acquisition des connaissances. Dรฉs lors nos diffรฉrents sens se positionnent comme รฉtant nos principales sources de connaissances. Popper emploie la mรฉtaphore du seau parce que la thรฉorie qui procรจde du sens commun dรฉfend lโ€™idรฉe selon laquelle ยซ notre esprit est un seau vide ร  lโ€™origine โ€“ ou plus ou moins vide โ€“ et les matรฉriaux entre dans ce seau par la voie de nos sens (ou รฉventuellement par un entonnoir propre ร  le remplir ou ร  lโ€™atteindre depuis le haut). Lร , ils sโ€™accumulent et se digรจrent ยป Cette thรฉorie de la connaissance est mieux connue dans les milieux philosophiques, nous dit Popper, sous le nom de la thรฉorie de lโ€™esprit comme table rase comparant ainsi notre esprit ร  une tablette vide sur laquelle les sens gravent leurs messages. Il rรฉsume bien la thรจse primordiale de la thรฉorie du seau : ยซ nous apprenons la plus grande part, si pas tout, de ce que nous apprenons par le biais de lโ€™immixtion de lโ€™expรฉrience par nos orifices sensoriels ; tant et si bien que toute expรฉrience consiste en information reรงue par la voie de nos sens. ยป Popper souligne dans Conjectures et Rรฉfutations que cette conception appelle notre critique. Il fustige ยซ lโ€™observationnisme cโ€™est ร  dire lโ€™idรฉe selon laquelle notre connaissance du monde repose sur le fait que nous lโ€™observons en ouvrant les yeux et les oreilles et que nous prenons note de ce que nous voyons, entendons, etc. ; et cela constituerait toute la maniรจre de la connaissance. Cโ€™est lร  un prรฉjugรฉ trรจs profondรฉment enracinรฉ et cette idรฉe est ร  mon sens un obstacle ร  la comprรฉhension de la mรฉthode scientifique. ยป La thรฉorie de la connaissance qui procรจde du sens commun est fondatrice dโ€™un vaste courant pรฉdagogique qui, de lโ€™antiquitรฉ ร  nos jours, continue dans une certaine mesure, dโ€™inspirer certaines mรฉthodes dโ€™enseignement. Ce fait nโ€™a pas รฉchappรฉ ร  Karl Popper et il souligne dans son ouvrage intitulรฉ : la connaissance objective que cette thรฉorie ยซ joue encore son rรดle dans les thรฉories de lโ€™enseignement. ยป Ce rรดle est dโ€™autant plus prรฉgnant que les instructions officielles relatives ร  lโ€™enseignement des sciences stipulaient : ยซ quโ€™une leรงon de chose sans la chose est le comble de lโ€™aberration pรฉdagogique ยป. Il apparaรฎt ร  la lumiรจre de ce qui prรฉcรจde que toute erreur, toute connaissance erronรฉe, provient dโ€™une mauvaise digestion intellectuelle qui altรจre ces รฉlรฉments dโ€™informations ultimes en les interprรฉtant mal, ou en les associant ร  tort avec dโ€™autres รฉlรฉments. Lโ€™auteur de la connaissance objective va sโ€™insurger contre les deux principaux leviers de la thรฉorie du seau que sont : la parfaite vacuitรฉ de lโ€™esprit ร  la naissance et la question liรฉe ร  la certitude nonobstant leurs impacts sur le plan pรฉdagogique.

LE PRIMAT DE Lโ€™ACTIVITE CONJECTURALE

ย  ย  Karl Popper nโ€™a jamais cessรฉ de rรฉcuser, en des termes invariables, la croyance si rรฉpandue et si fortement ancrรฉe selon laquelle la science procรจde de lโ€™observation ร  la thรฉorie. Cette conception est si tenace au point dโ€™ orienter la plupart des thรฉories de lโ€™enseignement qui accordent une place primordiale ร  la leรงon dite dโ€™observation dans le tiers temps pรฉdagogique. Nous verrons plus loin que cette conception passรฉe au crible de la pensรฉe poppรฉrienne ne convainc plus. Lโ€™auteur de la logique de la dรฉcouverte scientifique proclame la prรฉรฉminence absolue de la thรฉorie sur lโ€™observation. Dans son ouvrage Misรจre de lโ€™ historicisme, il รฉcrit : ยซ A aucune รฉtape du dรฉveloppement scientifique, nous ne commenรงons par quelque chose qui ne ressemble ร  une thรฉorie, une hypothรจse, une opinion prรฉconรงue ou un problรจme qui en quelque faรงon guide nos observations et nous aide ร  choisir parmi les innombrables sujets dโ€™observation qui ceux qui peuvent รชtre intรฉressants ยป Lโ€™observation nโ€™est jamais totalement neutre. Elle est presque toujours entachรฉe de subjectivitรฉ. Lโ€™observateur projette toujours quelque chose de son moi sur lโ€™objet ร  observer. De ce fait, lโ€™observation devient sรฉlective. Elle exige quโ€™on ait choisi lโ€™objet, circonscrit la tรขche, quโ€™on parte dโ€™un intรฉrรชt, dโ€™un problรจme. Ainsi lโ€™observation ne se rรฉsume jamais ร  des sensations ou des perceptions que lโ€™observateur se contenterait de transcrire dans des comptes rendus รฉcrits, elle est partiellement prรฉdรฉterminรฉe par les attentes et les problรจmes qui hantent lโ€™esprit du chercheur et quโ€™il tient lui-mรชme dโ€™une connaissance antรฉrieure. Il nโ€™y a pas dโ€™observations qui ne soit au dรฉpart ยซ imprรฉgnรฉe de thรฉories ยป nous dit Karl Popper. La dรฉfense dโ€™une conception รฉminemment conjecturale de la connaissance a conduit Popper ร  concevoir de faรงon particuliรจre lโ€™histoire de la science, ร  la penserย non pas comme une progression continue des observations ร  la thรฉorie qui garantisse la possession de la vรฉritรฉ, mais plutรดt comme une articulation et une transformation รฉvolutives de problรจmes qui, ร  travers des essais et des erreurs rรฉsolus โ€“ dans le meilleur des cas – , suscitent de nouveaux problรจmes et ainsi de suite. Il sโ€™agit de cette faรงon de comprendre la croissance de la connaissance, et non pas de garantir son fondement. Selon Popper, le dรฉveloppement de la connaissance nโ€™est pas un processus rรฉpรฉtitif ou cumulatif, mais un processus dโ€™รฉlimination dโ€™erreurs. De maniรจre gรฉnรฉrale, quand on considรจre lโ€™รฉvolution de la science, on voit quโ€™elle procรจde par lโ€™adoption provisoire dโ€™รฉnoncรฉs gรฉnรฉraux, de thรฉories prรฉconรงues, rรฉpondant ร  des attentes innรฉes, au lieu de dรฉcouler dโ€™une accumulation dโ€™expรฉriences. Ces thรฉories ne sont donc pas fondรฉes sur une dรฉmarche inductive, sur lโ€™observation des cas particuliers. On ne doit donc pas concevoir lโ€™activitรฉ scientifique comme une activitรฉ dans laquelle les hypothรจses dรฉcoulent, tant en ce qui concerne leur formulation que leur justification, de procรฉdรฉs inductifs qui vont du particulier au gรฉnรฉral. Ceci confirme Popper dans sa conviction selon laquelle lโ€™รฉlaboration de thรฉories nโ€™est pas explicable ร  partir de lโ€™induction et que lโ€™on ne peut rรฉduire les concepts thรฉoriques ร  leur fonction logique ou ร  leur base observationnelle. L’รฉlaboration de bonnes thรฉories devient le premier piรฉdestal ร  franchir pour aller vers la conquรชte de toute connaissance.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: Thรฉorie gรฉnรฉrale de la connaissance
Chapitre I Historique et รฉvolution
1 . 1 La thรฉorie de la connaissance dans la philosophie grecque et mรฉdiรฉvale
1 . 2 La thรฉorie de la connaissance dans la philosophie moderne
1 . 2 . 1 Le problรจme de HUME
1 . 2 . 2 La rรฉhabilitation de la mรฉtaphysique
Chapitre II 2 Critique de la connaissance qui procรจde du sens commun
2 . 1 La thรฉorie de lโ€™esprit seau
2 . 2 La thรฉorie de la table rase
2 . 3 Le problรจme de la certitude
2 . 3 . 1 La rรฉgularitรฉ de la nature
2 . 3 . 2 La question du dรฉterminisme
DEUXIEME PARTIE : La croissance des connaissances scientifiques
Chapitre III La mรฉthode critique et rationnelle
3 . 1 Le primat de lโ€™activitรฉ conjecturale
3 . 2 La rรฉvolution permanente
3 . 3 La controverse avec KUHN
Chapitre IV Le faillibilisme au secours de la didactique
4. 1 Approche philosophique
4 . 2 Approche pรฉdagogique
4. 3 Dรฉdramatiser lโ€™erreur
CONCLUSION

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