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Physiopathologie
Il existe plusieurs thรฉories pour expliquer les mรฉcanismes lรฉsionnels de la PRN Aigue
Thรฉorie du mimรฉtisme molรฉculaire
Cette thรฉorie, suggรฉrรฉe par lโassociation temporelle frรฉquente (75 % des cas) entre infection virale ou bactรฉrienne et la polyradiculonรฉvrite aigue, propose que lโagression auto-immune du nerf pรฉriphรฉrique soit due ร la production dโanticorps dirigรฉs contre des antigรจnes exogรจnes ayant un mimรฉtisme molรฉculaire avec des composants myรฉliniques. La dรฉcouverte des anticorps anti-glycolipides a confortรฉ cette hypothรจse. Il a par exemple รฉtรฉ dรฉmontrรฉ un mimรฉtisme molรฉculaire entre les lipopolysaccharides de Campylobacter jejuni et certains gangliosides (GM1) expliquant lโassociation classique infection ร C. jejuni, immunoglobulines G anti-GM1 et formes motrices de polyradiculonรฉvrite aigue.
Mรฉcanismes de lโatteinte cellulaire
Deux mรฉcanismes dโatteinte nerveuse ont รฉtรฉ observรฉs dans les neuropathies aiguรซs associรฉs ร des anticorps anti-glycolipides :
โ Un mรฉcanisme de destruction des cellules de Schwann par le complรฉment et diverses cytokines expliquant le bรฉnรฉfice des รฉchanges plasmatiques (EP) dans les PRNA.
Dans les formes dรฉmyรฉlinisantes, il existe une infiltration multifocale de cellules mononuclรฉรฉes. Les macrophages activรฉs par les lymphocytes T sont guidรฉs par des antigรจnes situรฉs sur la myรฉline. Un dรฉpรดt dโanticorps et une activation du complรฉment entraรฎnant une dissolution de la myรฉline surviennent probablement ร la phase initiale. Les lรฉsions axonales sont en gรฉnรฉral secondaires ร la destruction de la myรฉline.
โ Un mรฉcanisme de blocage fonctionnel de la transmission nerveuse le long du nerf pรฉriphรฉrique. Ce dernier mรฉcanisme a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ notamment avec les anticorps anti-GM1 qui pourraient bloquer les canaux ioniques des nลuds de Ranvier. Ce blocage fonctionnel en lโabsence de destruction axonale pourrait expliquer les rรฉmissions rapides observรฉes dans de rares cas de formes axonales de Guillain-Barrรฉ [37].
La lรฉsion immunisรฉe dans la polyradiculonรฉvrite aigue est entraรฎnรฉe par le mimรฉtisme molรฉculaire entre les molรฉcules microbiennes et les molรฉcules de surface axolemmale. Des biomarqueurs spรฉcifiques d’anticorps dirigรฉs contre les gangliosides de membrane neuronale (notamment GM1 et GD1a) ont รฉtรฉ identifiรฉs. Ils induisent des dommages axonaux en fixant des complรฉments, en recrutant des macrophages et en dรฉposant un complexe d’attaque membranaire dans la membrane axolemmale aux nลuds de Ranvier et des terminaisons nerveuses , tout en perturbant l’intรฉgritรฉย anatomique et physiologique de ces membranes [16].
Une origine inflammatoire ? [32, 33, 34]
La nature inflammatoire du processus pathologique a longtemps รฉtรฉ dรฉbattue. De nombreuses รฉtudes anatomopathologiques ont รฉtรฉ publiรฉes dans la littรฉrature franรงaise et allemande entre les annรฉes 30 et 60, insistant sur le caractรจre inflammatoire des lรฉsions. Bien que prรฉsente dans de nombreuses descriptions, l’atteinte de la gaine de myรฉline avec prรฉservation de l’axone n’รฉtait pas particuliรจrement soulignรฉe, mais plutรดt vue comme le rรฉsultat d’une atteinte non spรฉcifique de l’inflammation dans le nerf, pouvant donner une simple atteinte fonctionnelle dans les cas les plus bรฉnins, une dรฉmyรฉlinisation dans les formes intermรฉdiaires, et aller jusqu’ร une perte axonale dans les formes les plus sรฉvรจres.
En 1949, Haymaker and Kernohan ont dรฉcrit les lรฉsions anatomopathologiques de 50 cas fatals de polyradiculonรฉvrite aigue, dont 22 dรฉcรฉdรฉs avant la premiรจre semaine et 4 dans les 3 jours suivant le dรฉbut des troubles. Ces auteurs ont insistรฉ sur la prรฉpondรฉrance des lรฉsions ร la jonction des racines antรฉrieures et postรฉrieures, avec la prรฉsence initiale d’ลdรจme durant les trois ร quatre premiers jours, suivie d’un gonflement et d’irrรฉgularitรฉs des gaines de myรฉline et des axones au cinquiรจme jour, puis l’apparition de lymphocytes au neuviรจme jour. Les phagocytes n’apparaissaient qu’au onziรจme jour et la prolifรฉration schwannienne qu’ร partir du treiziรจme jour. Cet article trรจs remarquรฉ a nรฉanmoins รฉtรฉ critiquรฉ par la suite en raison de la faiblesse des donnรฉes cliniques concernant les patients autopsiรฉs, faisant craindre une mauvaise spรฉcificitรฉ des lรฉsions dรฉcrites.
Le modรจle de l’EAN en 1969, la conception physiopathologique de la polyradiculonรฉvrite aigue (PRNA) a notablement รฉvoluรฉ, suite ร la description par Asbury, Arnason et Adams de lรฉsions anatomopathologiques inflammatoires sรฉvรจres comparables ร celles retrouvรฉes dans la nรฉvrite allergique expรฉrimentale (EAN) chez 19 patients atteints de polyradiculonรฉvrite aigue. En effet, prenant exemple sur l’encรฉphalomyรฉlite allergique expรฉrimentale (EAE), Waksman et Adams avaient dรฉcrit dix ans plus tรดt une nรฉvrite auto-immune expรฉrimentale chez le lapin suite ร l’injection de broyat de nerf sciatique entier. Par la suite des rรฉsultats comparables ont รฉtรฉ obtenus par injections de diffรฉrents รฉpitopes de la myรฉline des nerfs pรฉriphรฉriques, notamment les protรฉines P0, P2 et PMP22. Dans leur article de 1969, Asbury, Arnason et Adams ont dรฉcrit une atteinte inflammatoire prรฉcoce, essentiellement faite de lymphocytes, avec une destruction de la gaine de myรฉline dans les zones inflammatoires. L’ลdรจme n’รฉtait pas une anomalie prรฉpondรฉrante. Les รฉtudes suivantes, notamment grรขce ร la microscopie รฉlectronique, ont montrรฉ que l’effecteur majeur de la dรฉmyรฉlinisation รฉtait les macrophages et que l’atteinte รฉtait prรฉcisรฉment dirigรฉe vers la myรฉline compacte. Cette atteinte ciblรฉe d’un composant de la myรฉline compacte รฉtait probablement mรฉdiรฉe par les lymphocytes T. Ce modรจle physiopathologique de la PRNA, calquรฉ sur l’EAN est restรฉ le modรจle prรฉpondรฉrant jusqu’au dรฉbut des annรฉes 90.
Les formes axonales de PRNA [8]
La destruction axonale รฉtait considรฉrรฉe comme une consรฉquence d’une atteinte secondaire ร une attaque sรฉvรจre de la myรฉline. Pourtant Feasby et al. ont en 1986, dรฉcrit cinq cas de PRNA sรฉvรจres avec inexcitabilitรฉ nerveuse et dรฉmonstration d’une perte axonale, sans dรฉmyรฉlinisation lors de l’autopsie de l’un des cas. Les auteurs plaidaient pour une forme ยซ primitivement ยป axonale de Guillain-Barrรฉ, mais cette notion est restรฉe trรจs controversรฉe. En 1990, Yuki et al. ont rapportรฉ le cas de deux patients japonais prรฉsentant une polyradiculoneuropathie axonale aiguรซ purement motrice, avec รฉlรฉvation anticorps anti-GM1 aprรจs un รฉpisode infectieux ร Campylobacter Jejuni [10]. Par la suite, une รฉquipe sino-amรฉricaine a publiรฉ une รฉtude de 36 cas de paralysies aiguรซs purement motrices, survenant chez des enfants ou des adultes jeunes, de faรงon รฉpidรฉmique en รฉtรฉ dans des zones rurales du nord de la Chine. Ces paralysies, initialement dรฉnommรฉes syndrome paralytique chinois par les auteurs de cet article, se prรฉsentaient cliniquement comme des PRNA et รฉtaient accompagnรฉes d’une hyperprotรฉinorachie, mais les signes รฉlectrophysiologiques รฉtaient รฉvocateurs d’une atteinte axonale. Deux ans plus tard, la mรชme รฉquipe a publiรฉ l’รฉtude de 90 cas, avec donnรฉes anatomopathologiques montrant des dรฉgรฉnรฉrescences wallรฉriennes des fibres motrices, sans signe de dรฉmyรฉlinisation. Les auteurs ont alors proposรฉ l’existence d’une forme purement motrice de PRNA, dont les mรฉcanismes physiopathologiques seraient diffรฉrents, et proposรฉ le terme dโAcute Motor axonal Neuropathy (AMAN). Les รฉtudes ultรฉrieures menรฉes sur ces AMAN ont รฉtรฉ particuliรจrement fructueuses et permis d’importantes avancรฉes dans la comprรฉhension des mรฉcanismes physiopathologiques de la PRNA. Le lien avec les anticorps anti-gangliosides et les mรฉcanismes de mimรฉtismes cellulaires a รฉtรฉ progressivement dรฉtaillรฉ. Des modรจles animaux d’AMAN ont รฉgalement รฉtรฉ dรฉveloppรฉs, permettant de mieux en cerner la physiopathologie.
Lโatteinte nerveuse est due ร une infiltration par des macrophages et des lymphocytes activรฉs du tissu nerveux pรฉriphรฉrique, sโy associe ร des degrรฉs plus ou moins important des dรฉpรดts dโanticorps associรฉs ร une activation du complรฉment. Ces mรฉcanismes inflammatoires sont mรฉdiรฉs par le biais de cytokines. Les รฉtapes initiales conduisant ร ces rรฉactions sont mal connues.
Dans les formes axonales pures (motrices ou sensitivomotrices), les anticorps dirigรฉs contre les gangliosides nerveux se fixent directement au niveau des nลuds de Ranvier. Il en rรฉsulte lโinvasion par les macrophages activรฉs et la destruction directe de lโaxone.
Quelques anticorps ont รฉtรฉ isolรฉs :
AIDP (acute inflammatory demyelinating polyradiculoneuropathy): aucun anticorps nโa pu รชtre isolรฉ
AMSAN (acute motor axonal neuropathy): les anticorps IgG (immunoglobulines G) anti GM1 ou anti GD1a ont pu รชtre isolรฉ.
Les anticorps IgG anti GQ1b sont associรฉs au syndrome de Miller Fisher dans 95% des cas, IgG anti GD1b ร la forme sensitive pure.
Dans les Formes sรฉvรจres avec atteinte bulbaire, on peut retrouver des anticorps IgG anti GT1a et anti GT1b
Cette rรฉponse immunitaire conduit ร une rupture de la barriรจre sang-nerf des racines nerveuses et aboutit ร une hyperprotรฉinorachie du LCR, classiquement sans plรฉocytose [8].
Formes cliniques [11, 27, 28, 42]
๏ Syndrome de Miller-Fisher
Il se dรฉfinit par la triade ophtalmoplรฉgie, ataxie, arรฉflexie ostรฉotendineuse et reprรฉsente 5% des PRNA. Des paresthรฉsies distales et un dรฉficit modรฉrรฉ des muscles proximaux et de la dรฉglutition peuvent parfois sโy associer. Cette forme clinique peut รฉvoluer vers une PRNA avec un dรฉficit moteur gรฉnรฉralisรฉ et une paralysie des muscles respiratoires, mais elle reste le plus souvent bรฉnigne. Les รฉtudes รฉlectrophysiologiques de ce syndrome ont toutes dรฉmontrรฉ des signes de neuropathie pรฉriphรฉrique. Lโophtalmoplรฉgie est souvent associรฉe ร une รฉlรฉvation non spรฉcifique des anticorps anti-GQ1b.
Formes purement motrices
Elles reprรฉsentent environ 3% des PRNA. Les lรฉsions prรฉdominent sur les racines antรฉrieures. Lโexamen รฉlectrique peut montrer des modifications caractรฉristiques des conductions nerveuses, parfois des blocs de conduction. Un ralentissement de la vitesse de conduction nerveuse peut sโobserver sur les nerfs sensitifs, mรชme en lโabsence dโatteinte clinique.
๏ Formes purement sensitives
Elles sont rares et se caractรฉrisent par des paresthรฉsies distales associรฉes ร un engourdissement et une arรฉflexie ostรฉotendineuse alors quโil y a peu ou pas de faiblesse musculaire pendant la durรฉe de la maladie.
๏ Pandysautonomie aiguรซ idiopathique
Cโest une forme trรจs rare avec fatigue, vomissements, douleurs abdominales, troubles du transit, hypotension orthostatique avec parfois syncope et pouls fixe, impuissance, troubles de la sudation, de la salivation, et anomalies pupillaires. Les rรฉflexes ostรฉotendineux sont diminuรฉs ou absents. Lโรฉvolution est prolongรฉe sur plusieurs mois, voire des annรฉes. Cette forme doit รชtre diffรฉrenciรฉe des perturbations vรฉgรฉtatives transitoires des formes sรฉvรจres de PRNA typiques par ailleurs.
๏ Formes axonales de PRNA
Les formes graves avec lรฉsions axonales pures reprรฉsentent une extrรฉmitรฉ du spectre de la PRNA, lโautre extrรฉmitรฉ รฉtant reprรฉsentรฉe par les formes dรฉmyรฉlinisantes pures, de bien meilleur pronostic, avec entre les deux, des formes plus ou moins graves selon la proportion de lรฉsions axonales.
๏ Formes fulminantes รฉvoluant en 24 heures vers une tรฉtraplรฉgie complรจte avec atteinte respiratoire aiguรซ
Les facteurs de risque prรฉcoces de survenue dโune insuffisance respiratoire aiguรซ ont รฉtรฉ identifiรฉs:
โข dรฉlai entre le dรฉbut du dรฉficit moteur et lโhospitalisation infรฉrieur ร 7 jours ;
โข impossibilitรฉ ร relever la tรชte du plan du lit ;
โข capacitรฉ vitale (CV) ร lโadmission infรฉrieure ร 60 % de la valeur thรฉorique.
La probabilitรฉ dโรชtre ultรฉrieurement ventilรฉ est de 85 % chez les patients ayant ces trois signes
En lโabsence de mesure de la CV, trois facteurs de risque peuvent รชtre associรฉs:
โข existence dโune cytolyse hรฉpatique
โข impossibilitรฉ de tenir debout
โข impossibilitรฉ de soulever les coudes
Dans ce cas, la probabilitรฉ de nรฉcessitรฉ de ventilation est รฉgalement de 85 %.
๏ Formes compliquรฉes
Les manifestations vรฉgรฉtatives sont nombreuses et polymorphes, constituรฉes de labilitรฉ tensionnelle, et parfois des poussรฉes hypertensives prรฉoccupantes.
Les troubles vรฉsico-sphinctรฉriens ont รฉtรฉ notรฉs dans prรจs dโun quart des cas. Ils rรฉgressent en une quinzaine de jours parfois persistent quelques mois mais sont gรฉnรฉralement de bon pronostic [1]. Lโincontinence urinaire est plus rare et rรฉsulte le plus souvent de mictions par regorgement. Dโautres troubles vรฉgรฉtatifs sont รฉgalement rencontrรฉs de faรงon transitoire.
La plupart des complications gรฉnรฉrales que lโon rencontre dans lโรฉvolution de la PRNA sont en rapport avec lโimmobilisation prolongรฉe, avec en particulier un risque dโembolie pulmonaire, et de pneumopathies [4, 8, 42].
๏ Formes atypiques
Dans ces formes, le dรฉficit est asymรฉtrique et ou dโinstallation asynchrone.
Traitement [27, 33, 34]
๏ถ Traitement spรฉcifique
Les รฉchanges plasmatiques et les immunoglobulines intraveineuses (Ig i.v.) sont les deux traitements spรฉcifiques dont lโefficacitรฉ a รฉtรฉ prouvรฉe dans la PRNA associรฉ ร un dรฉficit moteur. Il ne concerne pas les formes sensitives pures ou le syndrome de Miller-Fisher qui rรฉgressent spontanรฉment sans complication.
Le choix entre ces deux traitements dรฉpend ร la fois de leurs contre-indications respectives et de la sรฉvรฉritรฉ clinique initiale ainsi que de la date de dรฉbut du dรฉficit moteur.
Dans les formes bรฉnignes, qui se dรฉfinissent par une marche conservรฉe, les Ig I.V nโayant jamais รฉtรฉ รฉtudiรฉ, deux รฉchanges plasmatiques sont prรฉconisรฉs si le dรฉbut des symptรดmes moteurs date de moins de 15 jours. En cas dโaggravation clinique deux autres รฉchanges supplรฉmentaires devront รชtre effectuรฉs.
Dans les formes plus sรฉvรจres, cโest-ร -dire en cas de perte de la marche ou dโinsuffisance respiratoire aiguรซ, les รฉchanges plasmatiques (4 รฉchanges) ou les Ig I.V (0,4 gr/kg/jour pendant5 jours) sont รฉquivalents.
Les Ig I.V et les รฉchanges plasmatiques ont รฉtรฉ validรฉes pour un SGB รฉvoluant depuis respectivement moins de deux et quatre semaines.
Il nโy a pas dโindication ร une association des deux traitements. Dรจs le diagnostic confirmรฉ, les รฉchanges plasmatiques ou les immunoglobulines intraveineuses (Ig I.V) doivent รชtre le plus rapidement dรฉbutรฉs.
Les allergies connues, le dรฉficit en Ig A et lโinsuffisance rรฉnale sont les contre-indications principales des Ig I.V. Un ionogramme sanguin et une mesure de la clairance de la crรฉatinine quotidiens sont indispensables.
Les infections, lโinstabilitรฉ cardio-vasculaire et les hรฉmorragies sont les contre-indications principales des รฉchanges plasmatiques.
๏ถ Traitement non spรฉcifique
Les mesures symptomatiques sont primordiales dans la prise en charge de la PRNA. La prรฉvention thromboembolique par hรฉparine de bas poids molรฉculaire ou non fractionnรฉe est systรฉmatique chez les patients alitรฉs. Lโincidence des thromboses veineuses profonde et de lโembolie pulmonaire est dโenviron 5 pour cent.
Le monitoring cardiovasculaire est important pour dรฉpister les troubles dysautonomiques. Des bradycardies extrรชmes lors des aspirations peuvent รชtre รฉvitรฉes par une hyperoxygรฉnation transitoire ร FiO2 100 %. Elles peuvent nรฉcessiter lโadministration dโatropine, un entraรฎnement รฉlectro-systolique รฉtant exceptionnellement requis.
En cas dโhypertension artรฉrielle associรฉe ร une tachycardie, un traitement par Labรฉtalol (Trandateยฎ) peut รชtre utile. Une tachycardie isolรฉe ne nรฉcessite aucun traitement antiarythmique.
Il doit รชtre rapidement procรฉdรฉ ร une intubation et une ventilation en rรฉanimation lorsque sont constatรฉs des signes de dรฉtresse respiratoire, une hypercapnie, une hypoxรฉmie ou une capacitรฉ vitale (CV) infรฉrieure ร 20 % (ou ร 15 mL/kg). La ventilation mรฉcanique est รฉgalement indiquรฉe si la toux est inefficace, les troubles de la dรฉglutition majeurs ou sโil existe une atรฉlectasie sur la radiographie de thorax [34].
Les modalitรฉs de la ventilation mรฉcanique chez le patient avec une PRNA ne diffรจrent pas de celles des autres patients de rรฉanimation.
La durรฉe moyenne de la ventilation mรฉcanique varie de 15 ร 43 jours selon les sรฉries. Le sevrage de la ventilation mรฉcanique se fait par des sรฉances de respiration spontanรฉe sur piรจce en T, qui sont dรฉbutรฉes dรจs que la CV est supรฉrieure ร 30 % de la valeur thรฉorique. Nous ne procรฉdons ร lโextubation du patient que lorsque le patient tolรจre cette รฉpreuve de dรฉbranchement pendant au minimum plus de six heures dโaffilรฉes (avec le ballonnet de la sonde dโintubation dรฉgonflรฉ) et quโaucune hypercapnie nโest constatรฉe ร son terme.
La trachรฉotomie peut รชtre envisagรฉe aprรจs trois ร quatre semaines de ventilation mรฉcanique si aucune amรฉlioration respiratoire (CV et toux) et neurologique (force musculaire) nโest observรฉe. En cas de troubles de la dรฉglutition, une sonde gastrique doit รชtre posรฉe et lโalimentation per os doit รชtre proscrite. Bien que les formes sรฉvรจres de PRNA sโaccompagnent dโune amyotrophie, lโutilitรฉ dโune alimentation entรฉrale hypercalorique ou enrichie nโest pas dรฉmontrรฉe.
La constipation (voire un ilรฉus adynamique) survient chez la moitiรฉ des patients atteints de PRNA.
Un examen abdominal journalier ร la recherche des bruits hydroaรฉriques est indispensable. En cas dโilรฉus adynamique un traitement par รฉrythromycine ou nรฉostigmine associรฉ ร un sondage rectal peut รชtre proposรฉ.
Les troubles vรฉsico-sphinctรฉriens doivent รชtre systรฉmatiquement recherchรฉs, notamment en quantifiant ร lโaide dโun bladder scan le rรฉsidu post-mictionnel. Le cas รฉchรฉant, une sonde vรฉsicale ร demeure doit รชtre posรฉe. Son ablation sera ร envisager lorsque le dรฉficit moteur des membres infรฉrieurs commencera ร rรฉcupรฉrer.
Des douleurs sont rapportรฉes par 89 pour cent des patients, dont la moitiรฉ dรฉcrive des douleurs sรฉvรจres. Celles-ci sont surtout observรฉes dans les formes sรฉvรจres. Les antalgiques doivent รชtre rationnellement prescrits en fonction de la sรฉmiologie de la douleur. En cas de douleurs neuropathiques, la gabapentine (Neurontinยฎ) peut รชtre utile et il ne faut pas hรฉsiter ร administrer rapidement mais progressivement les doses maximales.
Le Cloanazรฉpam (Rivotrilยฎ) ou un antidรฉpresseur tricyclique ร faibles doses peut lui รชtre associรฉ mais entrainant souvent une somnolence. En cas dโรฉchec, un traitement par opiacรฉs est alors requis. [24]
La prise en charge comporte enfin la prรฉvention et le traitement des escarres, la kinรฉsithรฉrapie respiratoire et des membres ainsi que le soutien psychologique.
๏ถ Rรฉรฉducation fonctionnelle
La rรฉรฉducation est un รฉlรฉment majeur du traitement. Elle sera adaptรฉe en fonction des phases de la maladie. Elle a pour objectif de prรฉvenir des complications, de favoriser la rรฉcupรฉration et de limiter les sรฉquelles, puis รฉventuellement d’en limiter les consรฉquences fonctionnelles.
Pronostic [11, 18, 24, 28]
Le pronostic de la PRNA est gรฉnรฉralement bon avec 70 ร 80% de bonne rรฉcupรฉration des fonctions motrices [10].Des rechutes, aprรจs guรฉrison complรจte de la premiรจre poussรฉe, sont exceptionnelles avec un intervalle variable entre les deux poussรฉes. Une PRNA marque exceptionnellement le dรฉbut dโune polyradiculonรฉvrite chronique.
La mortalitรฉ est de 1 ร 5 %.
Les principaux รฉlรฉments d’un mauvais pronostic sont :
โ La rapiditรฉ d’installation du dรฉficit,
โ L’importance de celui-ci,
โ La durรฉe de la phase de plateau,
โ La nรฉcessitรฉ d’une ventilation assistรฉe,
โ Lโexistence d’une perte axonale prรฉcoce sur l’รฉlectromyogramme : Plus lโatteinte axonale associรฉe ร la dรฉmyรฉlinisation est importante, plus la rรฉcupรฉration sera lente, et pourra laisser des sรฉquelles motrices ou douloureuses. Il faut compter รฉgalement le caractรจre pรฉjoratif dโune amyotrophie prรฉcoce, de signes รฉlectriques importants de dรฉnervation, dโun effondrement des potentiels dโaction, tous ces signes tรฉmoignant de lโintensitรฉ de la perte axonale associรฉe.
Il n’y a pas de corrรฉlation de mauvais pronostic entre l’atteinte faciale, les donnรฉes du Liquide cรฉrรฉbro-spinal (importance de l’hyperprotรฉinorachie), le sexe et la qualitรฉ de la rรฉcupรฉration.
La perspective gรฉnรฉrale pour le patient victime de PRNA est relativement optimiste. Et les valeurs suivantes donnent une estimation du pronostic ร long terme :
La guรฉrison peut รชtre totale chez 50 ร 90 % des patients. Certains de ces patients peuvent avoir des anomalies persistantes lรฉgรจres qui n’interfรฉreront pas avec la fonction ร long terme. Celles-ci peuvent รชtre des sensations anormales telles que des fourmillements, des muscles endoloris ou la fatigue de certains muscles qui rendent la marche ou toute autre activitรฉ maladroite ou difficile.
Quelques patients nโauront pas une rรฉcupรฉration complรจte car ne retrouveront pas la force normale au niveau des mains et des pieds. Les sรฉquelles rรฉsiduelles
ร type de chute de pieds ne sont pas rares, nรฉcessitant des orthรจses de la cheville, facilitant ainsi la marche.
Seulement 5 ร 15 % des patients atteints de PRNA auront des sรฉquelles motrices sรฉvรจres invalidantes ร long terme, ce qui les empรชchera de reprendre un style de vie normale.
La guรฉrison peut s’รฉtendre de six mois ร deux ans ou plus. Certaines gรฉnรฉralitรฉs concernant la rapiditรฉ de guรฉrison peuvent รชtre รฉtablies en se fondant sur les donnรฉes du Hopkins-based GBS Study Group, publiรฉes en 1988.
Ces donnรฉes indiquent que les patients prรฉsentant les caractรฉristiques sous dรฉcrites ont d’excellentes chances (95 %) de guรฉrir totalement (รชtre capable de marcher sans la moindre assistance) dans les trois mois suivant le dรฉbut de leur maladie. Les caractรฉristiques de ces patients sont :
1. Une รฉtude รฉlectroneuromyographique avec amplitude des potentiels dโaction motrice normale ou peu altรฉrรฉe
2. Un traitement par รฉchange plasmatique ou plasmaphรฉrรจse dans les 4 semaines suivant l’apparition des premiers symptรดmes.
3. Aucune ventilation artificielle nโest nรฉcessaire
4. Aucune consultation d’un mรฉdecin avant le septiรจme jour des symptรดmes (ce qui signifie que leur maladie รฉvoluait lentement, c’est-ร -dire sur une ร trois semaines, plutรดt que rapidement, c’est-ร -dire en quelques jours).
5. Un patient jeune รขgรฉ de la trentaine.
Aspects รฉpidรฉmiologiques
En une annรฉe nous avons pu colliger 11 cas de polyradiculonรฉvrite aigue (PRNA), il sโagit dโune pathologie qui nโest pas rare mais peu frรฉquente. Le nombre de cas augmenterait sโil sโagissait dโune รฉtude multicentrique. Dans une รฉtude menรฉe sur 8 ans en Tunisie, Bessem et al [21] nโont collectรฉ que 30 patients, une autre รฉtude faite en Inde par Kalita et al [17], a portรฉ sur 140 cas de polyradiculonรฉvrite aigue collectรฉ sur une pรฉriode de 10 ans. Cependant en ย Chine, une รฉtude multicentrique a permis de colligรฉ 5469 patients en 3 ans, dont une incidence de 1,71 / 100.000 Habitants / an [38]. Ce chiffre important de PRNA retrouvรฉ en Chine peut sโexpliquer par sa grande population estimรฉe ร 1,379 Milliards dโhabitants selon le Bureau de recensement de la banque mondiale.
Dans notre รฉtude, la population est relativement jeune, avec une moyenne dโรขge de 36 ans. Ce rรฉsultat est proche de celui dโEl Mabrouki et al au Maroc [35] qui ont retrouvรฉ un รขge moyen de 31 ans. Bessem et al [21], ont retrouvรฉ quant ร eux, un รขge mรฉdian de 42,5 ans par contre dans notre รฉchantillon lโรขge mรฉdian est de 27ans.
Dans lโรฉtude de Gang Zhang et al en Chine [10], lโรขge moyen est de 47 ans, de mรชme dans une autre รฉtude rรฉalisรฉe en Chine [38], Liou et al ont retrouvรฉ un รขge moyen de 52 ans.
Plusieurs รฉtudes ont objectivรฉ une prรฉdominance masculine : El Mabrouki et al [35] au Maroc, Maldji et al en Algรฉrie [36], Mateen et al en Inde [40], Liou et al en Chine [38] ce qui est en accord avec la nรดtre oรน la sex-ratio est de 2,67 avec une prรฉdominance masculine ร 72,7 %. Par contre Bessem et al en Tunisie ont retrouvรฉ une prรฉdominance fรฉminine avec une sex-ratio ร 0,6.
Facteurs dรฉclenchants
Dans notre รฉchantillon, Le syndrome grippal prรฉcรฉdait souvent dans 54,5% des cas, de quelques jours, la survenue de polyradiculonรฉvrite aigue. 27,3% ont eu un syndrome infectieux sans foyer localisรฉ. Chareyre et al [16], en France, ont trouvรฉ dans 45,5% des cas un facteur dรฉclenchant, soit une infection ou la chirurgie. Dans une รฉtude multicentrique faite en Italie [29], les facteurs dรฉclenchants รฉtaient retrouvรฉs dans 61% des cas, il sโagissait de la grippe, une infection des voies respiratoires, une gastroentรฉrite aigue, un zona, une vaccination, la chirurgie. Dans lโรฉtude de Rajesh et al en Inde, 66 % des PRNA รฉtaient prรฉcรฉdรฉs dโune symptomatologie infectieuse [46]. Selon la littรฉrature lโinfection respiratoire aiguรซ et la gastroentรฉrite aigue prรฉcรจdent souvent laย survenue de PRNA, cependant dโautres facteurs tels que la vaccination, la chirurgie, la grossesse, le cancer sont incriminรฉs [24, 40].
Traitement
Dans notre รฉtude, La majeure partie des patients (72,7%) est traitรฉe par la Prednisone 1mg / kg / jour pendant 2 ร 4 semaines suivi dโun arrรชt progressif, en association avec la rรฉรฉducation fonctionnelle.
1 patient (9,1%) a reรงu des immunoglobulines intraveineuses, 2 patients (18,2%) nโavaient reรงu que des traitements symptomatiques, soit antalgiques palier 1, soit antidรฉpresseurs tricycliques et vitaminothรฉrapie B.
Il faut signaler que les patients nโont pas bรฉnรฉficiรฉ de traitement par immunoglobulines injectables du fait de leur cout, et dโun dรฉfaut de moyens.
De ce fait la majeure partie des patients (72,7%) ont reรงu des corticostรฉroรฏdes, mรชme si selon la littรฉrature ils nโont pas fait preuve dโefficacitรฉ [5, 8, 24].
Dans une รฉtude faite en France [16], les corticoรฏdes en perfusion ont รฉtรฉ utilisรฉs en association avec les immunoglobulines IV chez des patients qui avaient une symptomatologie sรฉvรจre, tous les autres patients รฉtaient traitรฉs par immunoglobulines seules.
Dans lโรฉtude de Bessem et al en Tunisie [21], les patients รฉtaient traitรฉs soit par immunoglobulines IV soit par plasmaphรฉrรจses.
Dans la cohorte chinoise de Gang Zhang et al [10] le traitement utilisรฉ รฉtait รฉgalement la plasmaphรฉrรจse ou les immunoglobulines I.V.
Dans lโรฉtude de Kalita et al [17], seuls les patients qui avaient les moyens ont bรฉnรฉficiรฉ des immunoglobulines I.V.
Cependant, selon une รฉtude rรฉalisรฉe en Italie, le traitement par immunoglobulines et plasmaphรฉrรจse nโagissent que sur le pronostic fonctionnel ร court terme [29].
Pronostic
Selon la littรฉrature, le pronostic fonctionnel est bon, 50 ร 70% deviennent indรฉpendants par la suite mais 20% garderont des sรฉquelles ร 1 an et une mortalitรฉ ร 10% [7, 5, 8]. Donofrio et al retrouvent une rรฉcupรฉration complรจte autour de 87% et une mortalitรฉ ร 4% [24].
Dans notre รฉtude, lโรฉvolution est moins bonne marquรฉe par 36,3% de dรฉcรจs. Ce taux รฉlevรฉ de dรฉcรจs peut รชtre expliquรฉ par lโinaccessibilitรฉ des immunoglobulines du fait de leur cout.
Cependant on a eu 45.5% de patients qui sont indรฉpendants car ayant complรจtement rรฉcupรฉrรฉ ou ne gardent que des sรฉquelles trรจs minimes nโentravant en rien leurs activitรฉs quotidiennes. 18,2% gardent des sรฉquelles motrices modรฉrรฉes, ce qui proche des chiffres retrouvรฉs dans la littรฉrature [7,5, 8].
Bessem et al [21] en Tunisie ont retrouvรฉ 36,7% de dรฉcรจs, ce qui est proche de nos rรฉsultats, 30% gardent des sรฉquelles et 33,3% ont une rรฉcupรฉration complรจte.
Maldji et al en Algรฉrie ont eu 73% de rรฉcupรฉration complรจte et 27% de patients qui gardent des sรฉquelles motrices [36]. Mateen et al [40], ont obtenu 72% de patients qui ont trรจs bien rรฉcupรฉrรฉ, 9% qui gardent des sรฉquelles, 9% qui nโont aucune amรฉlioration alors que dans notre รฉtude tous les patients ont eu une amรฉlioration fonctionnelle. Dans lโรฉtude de Kalita et al, 47,1 % des patients avaient dรฉjร bien rรฉcupรฉrรฉ ร 3 mois dโรฉvolution, et seulement 2,1% dรฉcรจs [17].
Une analyse par le test statistique de Student a retrouvรฉ une relation entre le score de D2 (motricitรฉ axiale et proximale) et lโรฉvolution mais aussi entre les core MFM total et lโรฉvolution. C’est-ร -dire que plus ces scores sont รฉlevรฉs, plus la probabilitรฉ de rรฉcupรฉration augmente.
Nรฉanmoins, on remarque que ceux qui sont dรฉcรฉdรฉs, avaient un score D1 (station debout et transfert) ร zรฉro, mรชme si le test statistique nโobjective pas un lien significatif entre lโรฉvolution et le score D1. Ce qui est en phase avec les รฉtudes de Liou et al [38], Donofrio et al [24], et lโรฉtude italienne [29], selon lesquelles la sรฉvรฉritรฉ du tableau est un facteur de mauvais pronostic.
Dโaprรจs lโรฉtude de Kalita et al [17], il nโy a pas de relation entre le traitement par immunoglobulines intraveineuses et lโรฉvolution puisque 52 ,6% des patients nโayant pas reรงu dโimmunoglobulines avaient une rรฉcupรฉration complรจte contre 40,6% des patients traitรฉs par les immunoglobulines. Dans notre รฉtude, les rรฉsultats montrent que les patients qui ont รฉtรฉ traitรฉs par les corticoรฏdes (6 patients sur 8) ont mieux rรฉcupรฉrรฉ, soient 54,5% de la totalitรฉ de lโรฉchantillon, un seul patient est traitรฉ par les immunoglobulines IV et il est dรฉcรฉdรฉ ร 2 mois dโรฉvolution. Cependant la taille de lโรฉchantillon est petite, ne permettant pas de tirer une conclusion.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Epidรฉmiologie
II. Physiopathologie
III. Signes
1. La PRNA dans sa forme typique
2. Formes cliniques [11, 27, 28, 42]
IV. Diagnostic
1. Diagnostic positif [43,44]
2. Diagnostic diffรฉrentiel [3, 4, 5, 11]
3. Diagnostic รฉtiologique
V. Traitement
VI. Pronostic
DEUXIEME PARTIE
VII. Mรฉthodologie
VIII. Rรฉsultats
1. Population dโรฉtude
2. Caractรฉristiques sociodรฉmographiques
3. Donnรฉes cliniques
4. Rรฉsultats de lโรฉlectroneuromyographie (ENMG)
5. Traitement
6. Evolution
IX. Discussion
1. Aspects รฉpidรฉmiologiques
2. Facteurs dรฉclenchants
3. Traitement
4. Pronostic
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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