La prise en soin en orthophonie dans le cadre de troubles du langage oral chez le mineur détenu

Au 1er Décembre 2021, la France comptait 666 détenus mineurs, ce qui représente 1% de la population carcérale . D’après l’étude pilote de Blondet et Guiraud (2017), 78.9% d’entre eux présenteraient des difficultés ou des troubles du langage oral, ce qui est nettement supérieur à la prévalence dans la population générale en France, s’élevant à 7%. Les catégories sociales les plus démunies ainsi que certains troubles en lien avec le langage oral sont également surreprésentés dans la population pénale (troubles neurodéveloppementaux, troubles de la santé mentale, consommation de drogue ou d’alcool). Ces facteurs participent au contexte fragile et particulier des mineurs détenus.

Les troubles du langage oral

Définitions

De la communication

« Les domaines de la communication comprennent la parole (par exemple articulation, fluidité/bégaiement), la voix, le langage oral et écrit (réceptif et expressif, y compris le langage figuré ou abstrait), la conscience phonologique et la pragmatique (communication sociale) » (Caire, 2013). Plus largement, nous pouvons qualifier la communication de « tout moyen verbal ou non verbal utilisé par un individu pour échanger des idées, des connaissances, des sentiments, avec un autre individu » (Brin-Henry et al., 2011) ou encore comme « le fait d’utiliser le langage articulé, ou tout autre système de signes, pour transmettre un ensemble d’informations ».  En linguistique, psychologie et sciences sociales, la communication est le « processus par lequel une personne (ou un groupe de personne) émet un message et le transmet à une autre personne (ou groupe de personne) qui le reçoit, avec une marge d’erreurs possibles (due, d’une part, au codage de la langue parlée ou écrite, langage gestuel ou autres signes et symboles, par l’émetteur, puis au décodage du message par le récepteur, d’autre part au véhicule ou canal de communication emprunté) ».

La communication peut donc être verbale et/ou non verbale.

Parmi les signes non verbaux ayant une valeur communicative, Françoise Coquet (2012), cite notamment les expressions faciales, le regard, les gestes, les postures, la proxémie.

En 1963, Jakobson élabore un schéma de la communication verbale. Il décrit une articulation entre six facteurs de communication et six fonctions du langage dans la transmission d’un message à partir d’un destinateur (celui qui émet) vers un destinataire (celui qui reçoit). Les facteurs correspondent au message lui-même, au destinateur, au destinataire, au contexte (auquel le message renvoie), au code (commun, la formulation du message) et au contact (canal physique et relation psychologique établie entre les deux membres). Les fonctions identifiées sont : expressive (exprimer des sentiments), conative (relative à l’autre, qui suscite une réaction), phatique (établissement et maintien du contact), métalinguistique (le code lui-même), référentielle (qui renvoie au contexte) et poétique (la forme du message). Selon lui, tout acte de communication verbale est régi par ce cadre d’échange, où le code n’est autre que le langage oral.

Bishop et al. (2016) indiquent que le langage et la parole sont les deux facettes de la communication, qui englobe l’ensemble plus large des moyens non verbaux et verbaux de transmettre des informations et des émotions.

Du langage oral 

Par analogie, nous considérerons un « langage animal » par leur capacité à communiquer entre eux par des cris, des chants ou des mouvements. A proprement parler, le langage articulé est un outil de communication spécifique à l’espèce humaine. En effet, le dictionnaire de l’Académie Française décrit une « faculté propre à l’espèce humaine d’exprimer et de communiquer sa pensée par des mots ; emploi que l’homme fait des sons et des articulations de la voix pour user de cette faculté ». Il est également envisagé comme une « faculté que les hommes possèdent d’exprimer leur pensée et de communiquer entre eux au moyen d’un système de signes conventionnels vocaux et/ou graphiques constituant une langue ».

Le système du langage engage la compréhension et l’utilisation de mots et de phrases pour transmettre des idées et des informations. Il peut se produire sous les modalités : parlée, écrite, ou signée (Bishop et al., 2016). Nous nous intéresserons ici à la modalité parlée.

Selon Colas et al. (2021), le langage oral a deux versants : expressif et réceptif dans le but de produire et de comprendre un message, et différentes composantes qui se développent de façon asynchrone mais en interaction constante les unes avec les autres : la prosodie, le phonétisme, la phonologie, le lexique, la syntaxe, la pragmatique, la sémantique (Gerard, 2011).

Cependant, le langage oral ne semble pas se développer de façon comparable d’un enfant à l’autre avant l’âge de quatre ans (Colas et al., 2021).

Le développement du langage oral 

Le langage oral se développe en interaction continue avec les capacités neurocognitives de l’enfant et les stimulations environnementales reçues (Webster & Shevell, 2004). Dès le 6ème mois de gestation, le fœtus commence à traiter les sons et se familiarise avec les voix, puis le bébé va rapidement se spécialiser dans sa langue maternelle. Premières vocalisations, babillage canonique, premiers mots, et explosion lexicale entraînent l’acquisition des premières structures syntaxiques. Au fur et à mesure, l’enfant maîtrisera la structure de sa langue et continuera d’enrichir et de développer son langage par son utilisation, notamment grâce aux interactions et aux échanges expérimentés. Il affinera alors sa compréhension et intègrera les structures grammaticales de sa langue (Colas et al., 2021).

Le développement du langage oral se fait donc progressivement et en fonction de certains critères individuels comme l’audition, l’intégrité des organes phonateurs, les commandes motrices intactes, l’efficience intellectuelle et le développement affectif (Touzin, 1996).

Le langage oral de l’adolescent

En France, c’est Blanche Ducarne de Ribancourt (citée par Ducastelle, 2004) qui introduit pour la première fois le « langage élaboré », dans un contexte aphasiologique. Ducastelle (2004) s’intéresse à son tour à cette notion à partir de recueils de professionnels et de la littérature. Ainsi, le langage élaboré serait un langage de haut niveau, caractérisé par sa complexité. Il s’inscrit aussi bien à l’oral qu’à l’écrit dans les versants expressif et réceptif. Il est perçu comme un moyen d’interagir avec et sur l’environnement où nous distinguerions la métalinguistique (savoir) et la pragmatique (savoir faire). L’accès au langage élaboré nécessiterait un bon niveau dans toutes les compétences à l’exception de la phonologie. Son utilisation complexe permettrait aussi d’accéder à la maîtrise du sens figuré, des métaphores, de l’humour et du second degré (Ducastelle, 2004). Nous savons que des difficultés généralement détectées dans l’enfance ont tendance à perdurer. Leurs répercussions peuvent en effet être observables dès l’enfance jusqu’à l’âge adulte, en passant par l’adolescence (Johnson et al., 2010. Conti-Ramsden et al., 2012). La recherche montre donc l’efficacité des interventions précoces (Leonard, 1998, citée par Beitchman & Brownlie, 2010).

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Table des matières

INTRODUCTION
I. CONTEXTE THEORIQUE
I.1 Les troubles du langage oral
I.1.1. Définitions
a. De la communication
b. Du langage oral
I.1.2. Le développement du langage oral
I.1.3. Le langage oral de l’adolescent
I.1.4. La terminologie des troubles
I.1.5. La prévalence des troubles
a. Dans la population générale
b. Dans la population carcérale
I.2. Le contexte pénitentiaire pour les mineurs en France
I.2.1 Le système pénitentiaire français
a. Les structures
b. Les acteurs
I.2.2 La population des mineurs détenus
a. Définition
b. Démographie
I.2.3 La vie en détention
a. L’organisation et les conditions
b. L’enseignement
I.2.4 L’accès aux soins
a. Situation des soins
b. Les modalités de prise en charge des arrivants
I.2.5 Le projet de sortie
I.3. Perspective de prise en charge orthophonique en détention
I.3.1 Un intérêt à l’international
I.3.2 Les répercussions des troubles du langage oral
a. Sur l’aspect psycho-affectif
b. Sur l’aspect comportemental et la délinquance
c. Sur l’aspect scolaire
d. Sur le parcours judiciaire
I.3.3 Le repérage des troubles
I.3.4 Le rôle de l’orthophoniste dans ce contexte
I.4 Problématique et objectifs de l’étude
II. METHODOLOGIE DE L’ETUDE
II.1 Population visée
II.2 Matériel
II.2.1 Description du questionnaire préalable au support
II.3 Création d’un support d’information
II.3.1 Le support
II.3.2 La mise en forme
II.3.3 Le contenu et la structuration
II.3.4 L’utilisation
IV. RESULTATS
IV.1. Connaissances et enseignements des étudiants et orthophonistes
IV.2. Etat de la pratique actuelle en orthophonie
IV.3. Le besoin en informations complémentaires
V. DISCUSSION
V.1. Etat des lieux de la pratique orthophonique dans la rééducation des troubles du langage oral chez les mineurs détenus
V.1.1. La rééducation des troubles du langage oral chez les mineurs détenus
V.1.2. Les connaissances des orthophonistes en exercice et des étudiants en orthophonie à propos des troubles du langage oral chez les mineurs détenus
V.1.3. La rééducation des troubles du langage oral chez les adolescents
V.2. Intérêt pour un support d’information à propos de la prise en soin orthophonique dans le cadre de troubles du langage oral chez le mineur détenu
V.2.1. L’intérêt pour un support d’information
V.3. Limites de l’étude
V.4. Intérêts et perspectives
CONCLUSION

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