LA PRISE EN CHARGES DES TROUBLES CLIMATERIQUES DE LA PREMENOPAUSE

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Le syndrome climatérique altère la qualité de vie des femmes bien avant la ménopause

L’étude prospective de Dennerstein, Dudley et Hopper en 2000 concernant 172 femmes âgées de 45 à 55 ans mettait en évidence que 27% d’entre elles souffraient de bouffées de chaleur et 17% de sueurs nocturnes ainsi que de sècheresse vaginale (25). Les femmes présentant une courte période transitionnelle présentaient des symptômes climatériques plus sévères (35). L’intensité de ces symptômes allant crescendo entre le début de la préménopause et l’arrivée de la ménopause, leur prévalence augmentait dans l’article de Woods et al. publié en 2005 dans l’American Journal of Medecine de 40% pour les bouffées vasomotrices, de 10% pour l’humeur dépressive et de 14% pour les troubles du sommeil. « The Normal Menopause Transition » de McKinlay publié en 1996 dans Maturitas montrait que les bouffées vasomotrices en préménopause apparaissaient environ 3 ans avant les premières perturbations des cycles (36). Oldenhave a publié la même année dans Lancet une étude intégrant 5 213 femmes âgées de 39 à 60 ans. Il constatait que 25% des femmes de moins de 43 ans ont des cycles réguliers jusqu’à 47 ans et que 41 % d’entre elles se plaignaient de symptômes vasomoteurs, ce taux s’élevant à 85 % quand les cycles s’allongeaient (37). Les résultats de l’étude SWAN publiée en 2000 mettaient en évidence que 25,2% des femmes de 40 à 43 ans présentaient des symptômes vasomoteurs, 37,0% des troubles du sommeil, 33,1% des pertes de mémoire et 14,8% des fuites urinaires. Ces données confirment que ce n’est pas juste avant l’arrêt des règles que ces symptômes apparaissent (38). Ainsi les troubles du climatère altèrent la qualité de vie de nombre de femmes bien avant la ménopause.

La femme européenne particulièrement touchée par les troubles du climatère

Si l’association entre ménopause et bouffées de chaleur est constante, la proportion de femmes qui s’en plaint varie d’un pays à l’autre et d’un groupe de femmes à l’autre (26). Les femmes européennes semblent très touchées par les bouffées vasomotrices. L’étude « Age of menopause and impact of climateric symptoms by geographical region » publiée en 2010 dans CLIMATERIC montre que 74% des femmes européennes entre 45 et 60 ans rapportaient des bouffées de chaleur, contre 38% aux USA, 36% au Canada, 50 à 69% en Amérique Latine et 22 à 63% en Asie (35). Dans l’étude « Prevalence of hot flushes and night sweats around the world » publiée en 2007, les femmes européennes rapportaient des bouffées vasomotrices chez 55% à 74% d’entre elles, contre 22 à 63% pour les asiatiques et 45 à 69% pour femmes d’Amérique latine (39). Dans une revue de la littérature publiée par Obermeyer en 2000 dans le NAMS Menopause Journal 27 à 60% des femmes européennes se plaignaient de bouffées vasomotrices contre 6 à 50% chez les femmes asiatiques (40). Les femmes européennes font parties de celles qui ressentent le plus de symptômes climatériques en période de transition ménopausique et se plaignent particulièrement des bouffées vasomotrices. A l’inverse les femmes asiatiques sont les moins gênées par les symptômes vasomoteurs (41,42).

L’IMPORTANCE DU MEDECIN GENERALISTE DANS LA PRISE EN CHARGE DES TROUBLES CLIMATERIQUES DE LA PREMENOPAUSE

Un motif de consultation fréquent en soins premiers

En France l’âge moyen de la ménopause est de 51 ans et peut s’étendre de 40 à 59 ans selon les femmes. Ces dernières représentent, d’après le recensement de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) de 2016, 13,5% de la population (43). Pour l’Observatoire de la Médecine Générale, la prise en charge des bouffées de chaleur en 2009 représentait 0,75% des actes réalisés chez les femmes de 40 à 49 ans, correspondant en s’appuyant sur les données de l’IRDES (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) publiées en Juillet 2009, à presque un motif de consultation par semaine (44).

Le médecin généraliste en difficulté face à ce motif de consultation

Bien que les publications internationales et françaises abordent sur tous les aspects de la ménopause, il en existe peu sur la préménopause. Il s’agit pourtant d’une période
à la fois intéressante sur le plan physiopathologique, difficile à vivre pour les patientes du fait d’une riche symptomatologie, et complexe en ce qui concerne sa prise en charge thérapeutique. L’absence de consensus laisse le médecin généraliste dans le doute face à la prise en charge d’une patiente en préménopause consultant pour des symptômes climatériques.

La nécessité d’une approche globale

Il existe une grande variabilité interindividuelle en ce qui concerne l’importance relative du syndrome climatérique (38). L’origine ethnique mais aussi le tabac, l’indice de masse corporelle, la vie conjugale et socioprofessionnelle, les représentations personnelles sur la ménopause, ainsi que les affections chroniques peuvent expliquer cette variabilité (25,44). L’étude des altérations du bien être nécessite que ces facteurs d’influence soient identifiés. Pour cela une méthodologie clinique basée sur le concept de qualité de vie est essentielle afin d’aborder objectivement la gêne ressentie par la patiente. Des questionnaires d’évaluation de qualité de vie spécifiques permettent d’évaluer l’intensité du syndrome climatérique. Les plus utilisés sont le score de Kupperman, le Menopause Rating Scale, le Green Climatéric Scale et QUALIFEMME (28,45). Certains scores s’intéressent aux champs socioprofessionnels et conjugaux permettant une prise en charge plus globale de la patiente.

UNE DEMARCHE DIAGNOTIQUE BASEE SUR LA CLINIQUE

Le diagnostic du syndrome climatérique reste clinique, aucun dosage hormonal n’est justifié. L’existence d’une aménorrhée ou de trouble des cycles depuis 3 à 11 mois prédit la ménopause dans les 4 ans en moyenne. La présence de glaire cervicale lors de l’examen permet, chez les femmes en aménorrhée et souffrant de signes climatériques, d’affirmer la persistance de l’activité ovarienne, de même si elles rapportent des mastodynies (3). Les dosages hormonaux ne sont d’aucune aide pour le diagnostic de préménopause ou de syndrome climatérique. Les taux sont en effet trop fluctuants, et ce bien avant la ménopause, pour que ces dosages soient contributifs (46). La société savante d’étude de la ménopause préconise également un diagnostic clinique et plus particulièrement par l’interrogatoire face à ces états hormonaux allant de l’hyperestrogénie à l’hypoestrogénie en passant provisoirement par un retour à une fonction ovarienne normale (29).

LES TRAITEMENTS DISPONIBLES DES TROUBLES CLIMATERIQUES DE LA PREMENOPAUSE

Les traitements hormonaux des signes d’hypoestrogénie :

 Les bouffées vasomotrices:
Le traitement étiologique des manifestations d’hypoestrogénie est la substitution par l’estradiol. Un traitement quotidien n’est cependant pas envisageable, car l’ovaire, bien que déficient, continue à en produire de façon imprévisible.
Le traitement par freinage-substitution est indiqué en période de préménopause où peuvent alterner les signes d’hyper et hypoestrogénie. Il consiste à administrer pendant 20 à 21 jours sur 28 un progestatif antigonadotrope neutre sur le plan métabolique. Celui-ci permet de freiner le fonctionnement ovarien et d’éviter les poussées d’hyperestrogénie. On y associe alors une substitution œstrogénique pour pallier les manifestations d’hypoestrogénie. L’oestradiolémie baissant vers le 10e jour d’administration du progestatif et réaugmentant lors de la fenêtre d’arrêt, l’administration des estrogènes est donc licite en seconde partie du traitement progestatif, pendant une dizaine de jours (47). Au fur et à mesure que l’on se rapproche de la ménopause, la reprise de la fonction ovarienne se fait de plus en plus difficilement, et les signes d’hypoestrogénie peuvent apparaître pendant la phase d’arrêt et la première partie du traitement progestatif. Il faudra donc augmenter la durée d’administration des estrogènes. Il est fréquent qu’avec le temps, estrogènes et progestatifs soient prescrits simultanément sur la même durée (20-21 jours sur 28). En pratique, on prescrit le 17-β-estradiol par voie per cutané de préférence, en l’absence de contre-indications. Bien que peu d’études soient disponibles, ce traitement semble très satisfaisant sur le contrôle du cycle, des symptômes d’hyperestrogénie et des bouffées de chaleur. Par ailleurs, la tolérance métabolique reste bonne (48).
 Le syndrome génito-urinaire:
L’œstrogénothérapie améliore la maturation cellulaire, favorise la recolonisation vaginale par les lactobacilles, accroit la vascularisation, baisse le PH vaginal, et améliore l’élasticité́et l’épaisseur vaginale. Elle améliore donc la relation sexuelle et limite les dyspareunies (32). Le traitement œstrogénique vaginal semble tout à̀fait aussi efficace qu’un traitement systémique (49). Une méta-analyse publiée en 2006 montre que les œstrogènes diminuent constamment la symptomatologie vulvo-vaginale (50). Un effet systémique des œstrogènes par voie vaginale ne semble pas à̀craindre, cependant il reste déconseillé chez les patientes aux antécédents de cancers hormono-dépendants. Le faible passage systémique ne suffit pas à̀améliorer la symptomatologie vasomotrice (28).

Les traitements non hormonaux des troubles climatériques de la préménopause

 Règles d’hygiène de vie:
Des études récentes mettent en évidence l’intérêt de l’activité physique dans l’amélioration de la qualité de vie, ainsi que dans la baisse des bouffées vaso-motrices et des troubles neuropsychiques. Elles attirent l’attention sur les mécanismes affectifs et cognitifs sous tendus par les mécanismes neuroendocriniens, les effets de l’exercice et l’activité physiques sur la composition corporelle, la thermorégulation et l’humeur (51). La North American Menopause Society recommande les mesures suivantes pour diminuer la fréquence ainsi que la sévérité des bouffées de chaleur :
– Entretenir des lieux de vie frais et aérés .
– Porter des vêtements légers .
– Une perte de poids .
– Le sevrage tabagique .
– Limiter la consommation de café, de boissons chaudes et d’aliments épicés 
 Ces recommandations parfois difficiles à mener de front par les patientes sont sans doute la partie de la prise en charge la plus complexe à mettre en œuvre sur le long terme, pour la patiente, et pour le praticien (4,54).
 Compléments alimentaires et phytothérapie:
– Il existe contre les bouffées de chaleur, le Sérélys, un complément alimentaire d’origine naturelle associant de la vitamine E et des extraits purifiés de pollens, qui n’a pas d’action hormonal ni phytoestrogénique (8,55).
– Les phyto-estrogènes sont des micro-constituants végétaux (isoflavones ou lignans) contenus dans des plantes (soja, trèfle, lin, houblon, actée à grappe) et ayant des effets biologiques similaires aux estrogènes. Il a été émis l’hypothèse que la moindre fréquence des bouffées de chaleur chez les femmes asiatiques pourrait être expliquée en partie par la consommation importante de soja. Différentes études ne permettent pas d’établir pour l’ensemble des femmes ménopausées, un effet des phyto-estrogènes sur les bouffées de chaleur. De plus, l’AFSSAPS (L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a publié un rapport le 9 mars 2005 expliquant qu’aucune action des phytoestrogènes n’était démontrée et qu’ils respectaient, par principe de précaution, les mêmes contre-indications que les estrogènes (10,52).
 L’homéopathie:
Certaines données d’études observationnelles et d’essais randomisés sont encourageantes mais des recherches supplémentaires sont nécessaires (57). L’homéopathie est considérée comme non toxique et dépourvue d’effets secondaires mais son efficacité n’est actuellement pas prouvée (9).
 La bêta-alanine (abufène ):
La bêta-alanine est un acide aminé qui est fréquemment proposé pour le traitement des bouffées de chaleur. Il agirait sur les phénomènes de vasodilatation périphérique en s’opposant à la décharge brutale d’histamine. Cependant les études ne permettent pas de conclure à un effet supérieur à un placébo et il a été déremboursé en avril 2011 compte tenu d’un service médical rendu insuffisant (52,57)
 La clonidine (catapressan ):
Elle a une autorisation de mise sur le marché dans le cadre de l’HTA, mais est peu utilisée dans cette indication. Elle est efficace dans le traitement des bouffées de chaleur, efficacité démontrée par plusieurs études randomisées, notamment chez les patientes présentant des symptômes climatériques induits par le tamoxifène, traitement adjuvant du cancer du sein. Cependant ses effets secondaires tels que la sécheresse buccale, les vertiges, nausées et agitations nocturnes expliquent le fait que ce médicament soit très peu utilisé (51).
 Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRNA):
Plutôt que d’autres molécules non hormonales qui ont montré une efficacité limitée sur les bouffées vasomotrices (b-alanine, clonidine) les ISRS et ISRNA présenteraient un apport nouveau et intéressant. L’escitalopram (seroplex ) et la valenfaxine (effexor ) montraient, selon des études concernant des femmes en périménopause, une efficacité sur la symptomatologie dépressive et vasomotrice (18,59,60). La paroxétine ainsi que la fluoxétine ont montré une efficacité dans le traitement des bouffées de chaleur notamment chez des femmes suivies pour un cancer du sein (28,61).
 Médecines non conventionnelles à visée thérapeutiques:
Les techniques telles que l’acupuncture, les massages ayurvédiques ou l’hypnose soulagent certaines patientes, mais leur évaluation est à ses débuts et leur efficacité n’est pas clairement démontrée (63–65). De même l’activité sportive, le yoga et autres techniques de relaxation diminueraient les bouffées vasomotrices (8,10,66).

La représentation du syndrome climatérique par les médecins généralistes

Nous avons regroupé les médecins interrogés selon leur représentation du syndrome climatérique. Ceux qui pensaient que celui-ci était une chose normale à laquelle on pouvait remédier étaient appelés « modérateurs » (60,2%), ceux qui pensaient qu’il correspondait à un dérèglement hormonal devant être traité étaient les « activistes » (28,3%). Les moins nombreux, les « fatalistes », pensaient qu’il était un bouleversement hormonal qu’il fallait accepter (11,5%). Sept médecins généralistes utilisaient des échelles de mesure pour évaluer la sévérité du syndrome climatérique.

Les difficultés ressenties face à la prise en charge du syndrome climatérique

Plus de la moitié des médecins interrogés (53,1%) se sentaient en difficultés pour prendre en charge les troubles climatériques de la préménopause. Parmi les médecins généralistes ressentant des difficultés, les hommes étaient majoritaires (61,7% vs 38,3%, p = 0,178). Cette tendance s’inversait pour les médecins généralistes les moins en difficultés (49,1% vs 50,9%, p = 0,178). Les médecins généralistes les moins en difficultés avaient suivi une formation complémentaire en gynécologie pour 37,7% d’entre eux, alors que les médecins généralistes en difficultés n’avaient suivi cette formation que dans 28,3% des cas (p = 0,288). Des différences significatives n’étaient pas mises en évidence pour l’âge, le sexe, le secteur d’exercice et la formation complémentaire en gynécologie en analyse univariée..

Les déterminants du recours aux examens complémentaires

Parmi les prescripteurs de bilan hormonaux, les médecins généralistes de 50 ans et plus représentaient à eux seuls 69,5% des prescriptions. Les médecins de moins de 50 ans représentaient 51,3% des non prescripteurs. Les hommes semblaient prescrire plus de bilans hormonaux que les femmes (60,5% vs 39,5%, p = 0,143) alors que les femmes représentaient 54,0% des non prescripteurs. Les médecins prescrivant des bilans hormonaux étaient significativement moins formés en gynécologies (76,3% vs 23,7%, p = 0,003). A l’inverse, ceux ne prescrivant pas de bilans hormonaux avaient majoritairement suivi cette formation complémentaire (51,4%). Parmi les prescripteurs de bilans hormonaux, 61,8% rencontraient des difficultés à prendre en charge ces troubles du climatère (p = 0,009). A l’inverse, les médecins les moins en difficultés représentaient significativement la majorité des non prescripteurs de bilans hormonaux (64,9%).

CARACTERISTIQUES DES PRESCRIPTEURS DE THM EN PREMIERE INTENTION

Seuls les médecins généralistes de plus de 40 ans prescrivaient significativement un THM en 1ere intention (p = 0,009). Les prescripteurs de THM en 1ère intention étaient significativement et presque exclusivement des hommes (94,5%), alors que les femmes étaient majoritaires parmi les non prescripteurs de THM en 1 ère intention (51,6%, p = 0,001). De plus, les prescripteurs de THM en 1ère intention semblaient moins formés en gynécologie (88,9%), alors que parmi les médecins non prescripteurs, seulement 63,2% n’avaient pas suivi une formation en gynécologies (p = 0,052). Les médecins prescrivant des THM en 1ere intention se sentaient plus souvent en difficulté (83,3% vs 16,7%, p = 0,009) alors que ceux n’en prescrivant pas était en difficultés dans seulement 47,4% des cas. Les médecins généralistes prescrivant des THM en 1ère intention, réalisaient des dosages hormonaux pour 88,9% d’entre eux, alors que les non prescripteurs de THM en 1ère intention en réalisaient moins fréquemment (63,2% vs 36,8%, p = 0,052). Il semblerait aussi que les prescripteurs utilisaient plus souvent des échelles de qualités de vie que les non prescripteurs (16,7% vs 4,2%, p = 0,079).

COMPARAISON DE LA POPULATION D’ETUDE

Notre population d’étude était comparable à la population médicale du VAR sur le sexe mais pas sur l’âge, en utilisant les données démographiques de 2016 de l’INSEE et le rapport du conseil national de l’ordre des médecins (43,67). Notre échantillon comprenait plus de jeunes médecins que dans la population du Var, mais sur le plan national notre échantillon était comparable sur l’âge et le sexe.

FORCES ET LIMITES

Les différentes phases de validation du questionnaire ont permis de limiter les biais d’information et d’augmenter sa compréhension. L’utilisation d’un logiciel disponible en ligne, Google forms, a permis d’améliorer la qualité de suivi des données. Ce moyen de diffusion nous a permis de collecter des réponses complètes. L’évolution dans l’enquête en ligne ne pouvant se faire que si les personnes remplissaient toutes les questions. Il n’était pas possible de répondre plusieurs fois au questionnaire en ligne avec la même adresse mail, les médecins généralistes pouvaient uniquement modifier leur réponse.
Ainsi aucune donnée n’était manquante et la totalité des questionnaires a pu être analysée. Concernant la méthodologie, des régressions logistiques en univariée ont été réalisées.
Notre étude regroupait deux modes de réponses différentes, par internet ou par courrier. Il n’y avait pas de différence significative sur les 3 variables d’intérêt testées ; la prescription de THM en première intention (p=0,158), le recours aux bilans hormonaux (p=0,410) et au test progestatif (p=0,530). Les 2 modalités de réponses ne semblaient donc pas avoir influencé les répondants quant à leur pratique.
L’échantillon a été constitué uniquement par les médecins généralistes répondants, exposant notre étude au biais de non-réponse. Le taux de participation était de 55,4%. Dans des études similaires sur la même thématique (concernant les médecins généralistes et la ménopause) le taux de réponse était beaucoup plus faible (entre 27% et 35%) (15,16).
Comme dans toute enquête déclarative, il existe un biais de mémorisation et de désirabilité sociable. Ce type d’étude explore les attitudes et opinions des individus qui sont amenées à évoluer au cours du temps. Enfin certaines questions ont pu prêter à confusion : le THM bien que décrit comme traitement oestroprogestatif substitutif de la ménopause a pu être assimilé par certains médecins généralistes aux progestatifs usuellement administrés en préménopause. Quant aux symptômes neuropsychiques, qui ont été abordés en fin de questionnaire, ils ont pu être associés aux bouffées vasomotrices citées en amont. Ceci a pu inciter les médecins généralistes à prescrire préférentiellement un THM plutôt qu’un psychotrope.

LA PRESCRIPTION DE THM HORS RECOMMANDATIONS

Il est surprenant de constater que 15,9% des médecins répondants prescrivaient un THM en première intention. Le Groupe d’Étude de la Ménopause et du Vieillissement hormonal (GEMVi) reconnait qu’une aide médicamenteuse hormonale est possible en préménopause mais rappelle qu’elle ne correspond pas au THM en tant que tel. Cette supplémentation œstroprogestative doit être réalisée selon un schéma prescrit « sur mesure » et de manière transitoire (68).
L’efficacité de faibles doses d’estrogènes (dès 0,5 mg par jour par voie orale) a été démontrée par Notelovitz et Stevenson dans leurs travaux (69,70). Dans une étude française coordonnée par David Elia, 82% des femmes de l’étude étaient soulagées par des patchs à 25 g d’estradiol/j (71). L’efficacité de ces faibles doses sur les signes d’hypoestrogénie, avec des risques individuels infimes, ont pu encourager, selon la médecine fondée sur les faits, certains médecins à utiliser un THM en préménopause en dehors de toute recommandation (54). En effet le 17beta-estradiol percutané associé à l’utilisation de progestérone naturelle ou dydrogestérone, sont connus pour éviter un sur-risque carcinologique et thromboembolique (étude ESTER et E3N). Cependant l’efficacité et l’innocuité du THM, même avec des petites doses d’œstrogènes, ne sont pas démontrées en préménopause.
La prévalence du syndrome climatérique étant à son apogée l’année précédant l’arrêt des menstruations, la prescription de THM en troisième intention correspondait probablement à une entrée en ménopause, même si le diagnostic ne sera retenu qu’après 12 mois d’aménorrhées (25,36). Dans cette situation la démarche thérapeutique des médecins généralistes rentrerait dans les recommandations pour la prise en charge de la ménopause.

LA PRISE EN CHARGE DU SYNDROME CLIMATERIQUE DE LA PREMENOPAUSE INSPIREE DES GUIDES DE BONNES PRATIQUES POUR LA MENOPAUSE

Les bouffées vasomotrices de la préménopause

Les médecins interrogés dans notre étude se tournent en première intention vers les règles hygiéno-diététiques pour traiter les bouffées vasomotrices de la préménopause, en suivant les recommandations pour la ménopause de la North American Menopause Society et du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français. En deuxième intention ils prescrivent majoritairement (dans 26,5% des cas) de la béta-alanine. Il s’agit d’un traitement à l’efficacité modéré mais généralement bien toléré. Sa sécurité d’emploi est donc probablement la principale raison à cette large prescription. Cependant, face à un service médical rendu jugé insuffisant il a été déremboursé (5). Les femmes médecins semblent également peu convaincues par la béta-alanine : seulement 4,4% d’entre elles en prendraient. Les médecins interrogés prescrivent peu de phytoestrogènes. Ils semblent tenir compte des mises en garde de l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) vis à vis de ces traitements (72). Leur efficacité et leur innocuité n’étant pas bien évaluées, ces traitements doivent être envisagés avec précautions contrairement aux compléments alimentaires et traitement homéopathique (5).

Les traitements locaux dans le syndrome génito-urinaire de la préménopause

La prise en charge des symptômes génito-urinaires est largement dominée par les traitements locaux à base d’œstrogène. L’attitude thérapeutique des médecins interrogés semble bien adaptée aux données de la Cochrane library. En effet, plusieurs études montrent que les estrogènes restent dans la balance bénéfice risque le traitement le plus sûr et efficace du syndrome génito-urinaire (73,74) Le taux d’estradiol plasmatique avec ces traitements locaux reste inférieur à 20 pg/ml, taux identique au taux retrouvé en période de ménopause(49,75). L’étude « Genitourinary Syndrome of Menopause in Breast Cancer Survivors: Are We Facing New and Safe Hopes ? » ne contre indiquait pas l’utilisation de topique locaux oestrogéniques chez les femmes aux antécédents de cancer du sein, devant un échec des traitement hydratants, du fait de son faible passage systémique (76).

La prise en charge des symptômes neuropsychiques de la préménopause

Notre étude montre que les médecins généralistes évitent les psychotropes pour se tourner vers des médecines douces tel que l’homéopathie, les règles hygiéno-diététiques et les médecines parallèles. Leur innocuité facilite probablement leur utilisation bien qu’aucune étude n’ait démontré leur efficacité. Burleson et al.en 2010 soulignent que les troubles neuropsychiques peuvent être responsables d’un effet domino et altérer profondément la qualité de vie personnelle et professionnelle des femmes (77). Berendsen et al. en 2000 montrent l’implication de la sérotonine dans la symptomatologie vasomotrice et neuropsychiques (59). Dans notre étude les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRS et IRSNA) ne font pas partis des traitements proposés par les médecins généralistes.
Or ils seraient, d’après Ladd et Freeman et al. qui ont respectivement démontrés l’efficacité de la venlafaxine (2005) et l’escitalopram (2006), les plus prometteurs des traitements non hormonaux dans la réduction des bouffées vasomotrices et de la symptomatologie dépressive de la préménopause (60,78). Ces traitements amélioreraient également l’indice de qualité de vie (18,79).
Ainsi en l’absence de recommandations les médecins avaient tendance à suivre les recommandations de l’HAS et du CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français) sur la prise en charge de la ménopause en privilégiant les règles hygiéno-diététiques en première intention et le THM devant la persistance de symptômes climatériques invalidants.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1 CONTEXTUALISATION DU PROBLEME
LA PREMENOPAUSE : DEFINITION ET PHYSIOPATHOLOGIE
LE SYNDROME CLIMATERIQUE EN PREMENOPAUSE : DEFINITIONS ET EPIDEMIOLOGIE
L’IMPORTANCE DU MEDECIN GENERALISTE DANS LA PRISE EN CHARGE DES TROUBLES CLIMATERIQUES
DE LA PREMENOPAUSE
UNE DEMARCHE DIAGNOTIQUE BASEE SUR LA CLINIQUE
LES TRAITEMENTS DISPONIBLES DES TROUBLES CLIMATERIQUES DE LA PREMENOPAUSE
OBJECTIFS DE L’ETUDE
2 MATERIEL ET METHODE
DESIGN
POPULATION ET ECHANTILLONAGE
RECUEIL DES DONNEES
ANALYSE STATISTIQUE
ASPECTS REGLEMENTAIRES
3 RESULTATS
FLOW CHART
CARACTERISTIQUES GENERALES DES REPONDANTS
L’APPROCHE DES TROUBLES DU CLIMATERE EN CONSULTATION DE MEDECINE GENERALE
LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES
LA PRISE EN CHARGES DES TROUBLES CLIMATERIQUES DE LA PREMENOPAUSE
CARACTERISTIQUES DES PRESCRIPTEURS DE THM EN PREMIERE INTENTION
CE QUE PRENDRAIT UNE FEMME MEDECIN PREMENOPAUSEE SOUFFRANT DE SYMPTOMES
CLIMATERIQUES
4 DISCUSSION
RESULTATS PRINCIPAUX
COMPARAISON DE LA POPULATION D’ETUDE
FORCES ET LIMITES
LA PRESCRIPTION DE THM HORS RECOMMANDATIONS
LA PRISE EN CHARGE DU SYNDROME CLIMATERIQUE DE LA PREMENOPAUSE INSPIREE DES GUIDES DE
BONNES PRATIQUES POUR LA MENOPAUSE
LE RECOURS EXCESSIF AUX BILANS HORMONAUX
UNE STRATEGIE THERAPEUTIQUE BASEE SUR DES ECHELLES DE QUALITE DE VIE SPECIFIQUES
ASSOCIEE A UNE APPROCHE CENTREE PATIENTE
LES DIFFERENTS FACTEURS LIES AUX PRATIQUES : AGE, SEXE ET MECONNAISSANCE
5 CONCLUSION
6 BIBLIOGRAPHIE

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