L’histoire a retenu que, depuis quelques décennies, l’approche genre occupe une place importante dans les approches de développement. Ainsi, les politiques publiques permettent d’accorder, aujourd’hui, une importance particulière au statut de la femme grâce à sa position sociale et son rôle socioéconomique dans les pays du monde en général et dans les milieux ruraux en particulier. Dès lors, les concepts de femme et développement, et de genre et développement constituent les nouvelles préoccupations de beaucoup d’hommes d’Etat, de décideurs politiques mais surtout de dirigeants des collectivités locales. Ces deux approches ont permis de poser la problématique de la situation de la femme qui est en proie à la discrimination, à l’exclusion et aux stéréotypes. En effet, la majorité des données disponibles ont prouvé que les femmes sont souvent des perdantes par rapport au processus et aux fruits du développement.
Alors, l’on se rend, de plus en plus, compte que les progrès (ou l’absence de progrès) dans le monde entier, ou du moins dans le tiers monde, n’ont pas eu le même impact sur les hommes et sur les femmes. Les mouvements féministes nationaux et internationaux qui ont mené des luttes multiformes dans les associations activistes, les institutions universitaires et politiques ont suscité ces questionnements. C’est ainsi que des thèmes ont été développés en rapport avec ces questionnements et chaque thème a reflété des préoccupations précises et des actions concrètes dont la mise en œuvre devrait aider les femmes à mieux participer au processus de développement.
Avec les PAS (des années 80), les femmes ont vécu une accentuation de leur marginalisation économique et sociale. Alors, une mobilisation aussi bien internationale que nationale a permis d’entreprendre des actions pour juguler ce lot de discriminations. Pour l’intégration de la femme au développement, des réunions et des conférences majeures ont retenu l’attention de la communauté internationale. C’est ainsi que des initiatives ont été prises pour rendre à la femme et aux couches sociales défavorisées des positions et des pouvoirs plus légitimes.
CADRE GENERAL
Problématique
Les crises socio-économiques qui ont prévalu depuis les années 1970 à travers le monde n’ont épargné aucune couche de la société. Cela s’est particulièrement accentué au niveau des femmes qui sont naturellement au foyer en milieu rural. Les femmes ont, en réalité, connu un statut social qui les maintenait dans le rôle de mère de famille, d’éducatrice, de gestionnaire de la famille et de gardienne de la tradition sans aucun grand rôle économique. Cette discrimination ou cette marginalisation à leur égard, n’a cessé d’être l’élément instigateur qui a soutenu de nouvelles politiques pour faire de la femme une actrice de développement au sens véritable du terme.
C’est ainsi qu’après la seconde guerre mondiale, vers les années 1970 un courant féministe a émis l’idée de Femme et développement. On notait en ce moment la naissance d’associations de femmes. Ce qui aboutit au terme de la première conférence internationale sur les femmes à Mexico (du 16 Juin au 02 Juillet 1975) à la prescription de l’Année Internationale de la Femme en 1975. Pour placer les femmes dans une dynamique développementale, cette année fut décrétée Année Internationale de la Femme et la décennie 1976-1985 fut également celle des Nations Unies pour la Femme. Beaucoup de projets s’intéressaient désormais au développement de la femme qu’il fallait mieux éduquer pour qu’elle puisse jouir pleinement de ses droits. Durant cette période, le forum des ONG s’est tenu à Copenhague en 1980 où les thèmes principaux à l’ordre du jour étaient : Egalité, Développement, Paix. Toutefois, à la clôture de la décennie à Nairobi en 1985, un véritable progrès n’était pas noté pour la femme en général et la femme rurale en particulier. En effet, on notait une véritable discrimination, à l’endroit de la femme, qui la confine à la périphérie des espaces de décision avec un rôle et une place dans la société qui ne faisait pas d’elle une véritable actrice du développement. En Afrique, la préoccupation reste aussi prégnante que partout ailleurs. C’est ce que justifie d’ailleurs la tenue en 1985 à Nairobi de la clôture de la Décennie de la femme au Forum des ONG où furent adoptées des stratégies prospectives.
La situation y est plus accentuée car la société, dans sa majorité, est surtout patriarcale. Alors, dans les sociétés où la lignée est patriarcale, la femme est sous la tutelle de l’homme qui assure la charge de direction de la famille et de gestion des ressources. Par conséquent, ces tâches incombent au mari ou au frère de ce dernier. Tous ces facteurs ont accentué l’exacerbation de la précarité de la situation de la femme dans nos sociétés. Beaucoup de rencontres ont été organisées à l’échelle africaine sur l’examen critique du rôle des femmes dans le développement socioéconomique. On peut retenir fondamentalement :
-le Plan de Lagos (1980) qui souligne le rôle crucial que jouent les femmes dans la production alimentaire et a recommandé que ce rôle soit reconnu dans le cadre de la recherche des solutions durables au moment de la crise alimentaire en Afrique ;
-la troisième conférence sur l’intégration des femmes au développement à Arusha en Tanzanie (1984) qui a conclu que les femmes devraient participer au processus de production et devraient également disposer de ressources nécessaires leur permettant de participer efficacement à ce processus ;
-le Programme des Nations Unies pour le Redressement Economique et le Développement de l’Afrique (1986-1990) (PNUREDA) qui a recommandé que le rôle des femmes africaines dans le développement doit sérieusement être pris en compte, non seulement dans la planification de développement mais aussi dans l’allocation des ressources ;
-la Déclaration d’Abuja sur le développement participatoire (Octobre1988) a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir les femmes dans l’emploi et que au moins un sur cinq (1/5) de tous les postes professionnels nationaux vacants devront être occupés par des femmes.
Malgré les rencontres et les mouvements qui ont vis le jour, les choses n’ont véritablement pas bougé ni du point de vue de l’éducation, de la santé, de l’acquisition des ressources. Selon l’OIT, la main d’œuvre féminine en Afrique subsaharienne était de 73 millions en 1990 ; soit 38 % de la main d’œuvre totale. Malgré toutes ces initiatives ; les activités génératrices de revenus (AGR) ne leur permettaient pas de régler leurs problèmes. De la politique de « lutte anti-pauvreté » (de la femme), on est passé à celle de la « tendance vers l’efficacité » et finalement des recherches sur l’approche « femme et développement » (cas de Kenya Esther BOSERUP 1970) ont fait remarquer que 80 % du travail en milieu rural est effectué par les femmes qui détiennent également 1 % des terres. En ce moment, elle fait remarquer que le rôle des femmes dans la production a été jusqu’alors sous-estimé dans la théorie du développement. Ainsi ouvre-t-elle le débat sur ce thème. Avec la création de l’AFARD en 1977, les intellectuelles féministes africaines ont tenté et su mettre en valeur des outils et des moyens d’investigation dans le sens de la réhabilitation des valeurs féminines en rapport avec le processus de développement.
Au milieu des années 80, l’approche de l’autonomie de pouvoir pour les femmes s’impose à l’avant-plan pour être remplacée dans les années 1990 par celle du genre. A ce titre, Marianne BRAIG fait l’historique de la thématique et du genre dans la théorie et la politique du développement. Alors, du nouveau mouvement féministe à un rôle transnational, on est passé aux mouvements transnationaux, puis aux ingérences transnationales de la recherche sur les femmes et les sexes. Ensuite de l’institutionnalisation de la question des femmes, on est arrivé à la prise en compte du genre à travers laquelle elle aborde les perspectives pour les intérêts des sexes dans les relations internationales.
Données empiriques sur le champ d’étude
Les zones et les cibles d’intervention de l’ONG dans la CR
Notre étude a révélé que l’intervention de PLAN couvre toute la Communauté Rurale. En effet tous les cinquante et un (51) villages reçoivent les actions de cette ONG. Les enfants parrainés sont répertoriés par village par rapport à la composition démographique complète selon l’âge et le sexe. Il s’agit donc de deux variables que nous avons choisi de cumuler dans le tableau de la situation démographiques et des SCs par village. Ce tableau fait état de la situation démographique globale de la Communauté Rurale. Les cinquante et un (51) villages totalisent une population de vingt mille deux cent cinquante deux (20 252) habitants avec un pourcentage de 54,57% de sexe féminin. Ce fort taux de femmes correspond à la tendance générale nationale et internationale démographique. Cela s’est toujours expliqué par l’espérance de vie plus élevée chez les femmes contrairement aux hommes qui sont plus exposés aux charges et aux vicissitudes de la vie. La population jeune représente plus de la moitié (10 295); soit 50,84% de la population. Cette population essentiellement jeune est majoritairement constituée de garçons puisse que le pourcentage de filles est de 47,89%. En ce qui concerne les enfants parrainés ils sont de l’ordre de mille deux cent soixante et un (1261) ; soit seulement 12,25% de la population enrôlée âgée de 0 à 18ans. Ce segment des jeunes qui sont effectivement enrôlés est très insuffisant compte tenu de la pauvreté qui reste encore une question préoccupante dans la localité. Aucun pourcentage de parrainage n’atteint 30% de la population « enrôlable » par village. Seul le village de Sipane connaît un taux assez important de 25,47% de sa jeunesse nécessiteuse d’aide. Ce fort taux est relatif à l’engagement des animateurs de la zone et à l’état avancé de la pauvreté ; mais aussi à l’enclavement de la zone qui est difficile d’accès surtout en saison pluvieuse. Il existe également une disparité au niveau du nombre d’enfants enrôlés selon le sexe. En réalité parmi les mille deux cent soixante et un (1 261) SCs, il n’y a que cinq cent quatre vingt treize (593) filles ; soit un pourcentage de 47,02%. Cette discrimination sexiste est liée à des considérations culturelles et traditionnelles, à des représentations sociales qui voudraient réservées plus de protection aux filles. Lors de nos focus group avec les GIE et les GPF, les femmes ont soutenu que : « mieux vaut laisser les garçons d’abord avoir des amis puisse que l’expédition de la photo d’une fille n’est pas sûre surtout pour un parrain qu’on ne connaît que de nom ». Elles ajoutent à ces stéréotypes que : « le parrainage est une sorte de vente de nos enfants ». C’est pourquoi elles sont souvent réticentes pour que l’on photographie leurs enfants et les animateurs communautaires n’ont pas manqué de souligner les calvaires qu’ils endurent durant cet enrôlement.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1 : Cadre Général
CHAPITRE 2 : Méthodologie
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
CHAPITRE 1. Données empiriques sur le champ d’étude
CHAPITRE 2 : Les réalisations de PLAN
CHAPITRE 3: Les mécanismes d’intervention
CHAPITRE 4 : Les disparités de genre dans les interventions de PLAN/SENEGAL
TROISIEME PARTIE : LES DIFFICULTES DE MISE EN ŒUVRE DE LA DIMENSION GENRE DANS LES MECANISMES ET LES STRATEGIES D’INTERVENTION
CHAPITRE 1 : Les difficultés liés à la mise en œuvre des Programmes
CHAPITRE 2 : Appréciation des stratégies d’intervention de PLAN par les enquêtés
CHAPITRE 3 : Appréciation du niveau d’implication des bénéficiaires et des structures concernées
CHAPITRE 4 : Appréciation des stratégies d’évaluation de PLAN par les bénéficiaires directs
CHAPITRE 5 : La synthèse des difficultés
CONCLUSION