Qu’est-ce que la douleur ?
L’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) la définit comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes » [1]. Cette expérience est difficile à chiffrer et à caractériser car elle repose sur le ressenti du patient qui peut être différent selon les individus et leur environnement [2]. En fonction de sa durée la douleur revêt un caractère aigu ou chronique [2]. La douleur chronique a une durée supérieure à six mois malgré la mise en place d’un traitement [3]. Il existe différents types de douleur chronique [3] :
– La douleur par excès de nociception qui provient de la lésion des tissus périphériques causant un message douloureux dans le système nerveux [3] ;
– La douleur neurogène ou neuropathique, qui nait d’une affection du système nerveux centrale ou périphérique [3] ;
– La douleur psychogène, qui rassemble les douleurs qui n’entrent pas dans les catégories précédentes [3].
Cette douleur chronique est couplée fréquemment à des dépressions, anxiété ou troubles du sommeil, c’est pourquoi elle constitue une grande part des coûts de santé publique [2]. D’après l’INSERM, 30% des adultes présentent des douleurs chroniques et 7% des douleurs neuropathiques [2]. Parmi les douleurs neuropathiques, on retrouve les douleurs radiculaires. « La douleur radiculaire ou radiculalgie est due à la lésion d’une racine nerveuse sensitive, et est localisée sur le territoire innervé par celle-ci » [4]. Cette douleur entre en jeu dans le cas d’une radiculopathie. Notre étude cible les radiculopathies localisées au niveau du rachis cervical bas (vertèbres C3 à C7) ; nous n’aborderons pas de conflits impliquant Atlas (C1) et Axis (C2).
Radiculopathie du rachis cervical bas
Rappels anatomiques
Le rachis cervical est constitué de sept vertèbres qui, unies les unes aux autres par un disque, dessinent une courbure à concavité postérieure ou lordose physiologique [5]. Il soutient la tête et surplombe le rachis thoracique [5]. Ses vertèbres arborent une plus grande mobilité et une plus petite taille que leurs homologues thoraciques et lombaires [5].
On divise le rachis cervical en deux régions : le rachis cervical haut (vertèbre C1 et C2) et le rachis cervical bas (vertèbre C3 à C7) [6]. Chaque vertèbre cervicale basse dispose d’un arc antérieur, le corps vertébral et d’un arc postérieur, composé de deux pédicules, deux lames, deux processus transverses, deux processus zygapophysaires, et un processus épineux [5].
Les structures énoncées précédemment délimitent des foramens, orifices à travers lesquels passent des éléments vasculonerveux [5]. Ainsi, les processus transverses tracent le foramen transversaire, présent uniquement à l’étage cervical [5]. Les pédicules de deux vertèbres consécutives forment le foramen intervertébral duquel émergent les racines nerveuses rachidiennes [5].
Enfin, l’arc antérieur et postérieur s’unissent pour refermer un tunnel ostéo-fibreux ou foramen vertébral, structure osseuse qui entoure l’axe nerveux médullaire [5]. Il livre passage à la moelle épinière et son enveloppe méningée [5].
Définition de la radiculopathie cervicale
Du latin « radicula » qui désigne « une petite racine » et du grec « pathos » qui signifie « une souffrance ou un changement accidentel » [12], la radiculopathie cervicale (RC) regroupe l’ensemble des atteintes des racines nerveuses [4]. Elle correspond à l’addition d’un syndrome rachidien (cervicalgie) et d’un syndrome radiculaire (radiculalgie) et altère la sphère à la fois motrice et sensitive [13]. On parle de névralgie-cervico-brachiale lorsque que la RC est responsable d’une « douleur unilatérale cervicale, irradiant dans le membre supérieur et qui peut être accompagnée de paresthésies » [4]. Plus de la moitié de la population adulte ferait l’expérience de douleurs cervico-brachiales au moins une fois dans leur vie avec une prévalence de 83,2/100 000 individus [14]. La racine nerveuse C7 est la plus touchée, suivie par la racine C6 [8].
Classification
En fonction de l’origine de la lésion, on divise les patients en deux groupes :
– Patients présentant un syndrome radiculaire commun dû à une altération ostéo-disco-ligamentaire non spécifique ;
– Patients avec syndrome radiculaire symptomatique c’est-à-dire d’origine inflammatoire, infectieuse, tumorale, cancéreuse, post-traumatique ou neurologique .
Il s’agit, le plus souvent, de la somme de facteurs ostéo-discoligamentaires avec dans 75% des cas un rétrécissement du foramen accompagné de la compression d’une racine nerveuse [8]. Nous nous intéressons à la RC commune.
Physiopathologie
Le rachis cervical assure deux rôles aux directions opposées [6] :
– La stabilité par le port de la tête, avec parfois des charges supplémentaires (bijoux, casques de moto) [6] ;
– La mobilité afin de suivre les organes des sens et de la mimique [6]. On parle «d’asservissement du cou aux impulsions partant des yeux » [6]. Ces rôles impliquent l’apparition de phénomènes pathologiques :
– En supportant le poids de la tête c’est une zone prédisposée à l’arthrose [6],
– Sa grande mobilité l’expose à des surmenages ou malmenages, des troubles posturaux et des traumatismes [6].
De plus, le rachis cervical ne peut pas absorber de fortes pressions, à l’opposé du rachis lombaire qui participe au caisson abdominal : il peut absorber des contraintes lentes, habituelles et non redondantes mais pas des coups violents [6]. Ces éléments favorisent l’apparition d’une atteinte nerveuse, notamment celle des racines nerveuses [6].
Diagnostic
Nous allons développer uniquement l’examen clinique. Les examens paracliniques liés à la RC sont représentés dans un tableau en annexe .
Examen clinique et symptômes
L’examen clinique permet de mettre en lumière l’existence d’un syndrome rachidien avec radiculopathie associée [13].
Il est scindé en trois parties [13] :
– Examen général du thorax, du cou, des creux sus-claviculaires et axillaires et des membres [13] ;
– Examen du rachis (inspection, palpation et mobilisation) [13] ;
– Examen neurologique qui permet la recherche de déficits musculaires et sensitifs dans le territoire de la racine impliquée et l’abolition d’un réflexe ostéotendineux (ROT) .
La RC se caractérise par « une douleur nucale avec irradiation dans le bras parfois jusqu’au doigts suivant le territoire de la racine lésée, qui peut être diminuée ou augmentée par la position du bras et de la tête (diminution en rotation et inclinaison controlatérale et augmentation en rotation et inclinaison homolatérale) » [8].
Ceci peut être complété par la présence des signes neurologiques suivants [8] [13] :
– « Un déficit moteur sur le territoire de la racine douloureuse » [13], sous forme de «parésie d’intensité variable » [8].
– « Un déficit sensitif sur le territoire de la racine douloureuse » [13], comme une «hypoesthésie » et/ou des « paresthésies » [8].
– « L’abolition ou la diminution du réflexe ostéotendineux (ROT) correspondant à la racine touchée » [13].
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Préambule
1.2 Radiculopathie du rachis cervical bas
1.2.1 Rappels anatomiques
1.2.2 Définition de la radiculopathie cervicale
1.2.3 Classification
1.2.4 Physiopathologie
1.2.5 Diagnostic
1.2.6 Prise en charge kinésithérapique conventionnelle de la RC
1.3 Concept neurodynamique
1.3.1 Rappels des caractéristiques du tissu nerveux
1.3.2 Principes
1.3.3 Classifications
1.3.4 Bilan diagnostic neurodynamique dans le cadre de la RC
1.4 Traitement Manuel dans le cadre de la RC
1.4.1 Techniques de neuro-glissements
1.4.2 Techniques de neuro-tension
1.4.3 Traction cervicale
1.4.4 Neurogymnastique
1.5 Intérêt de cette revue, Problématisation
1.6 Objectifs de cette revue de littérature d’après le modèle PICO
2 Méthode
2.1 Les critères d’éligibilité des études sélectionnées
2.1.1 Schéma d’études
2.1.2 Population/Pathologie
2.1.3 Intervention
2.1.4 Comparateurs
2.1.5 Critères de jugement
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Les équations de recherche utilisées
2.3 Extraction et analyse des données
2.3.1 Sélection des études
2.3.2 Extraction des données
2.3.3 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3 Résultats
3.1 Description des études
3.1.1 Résultats de la recherche, sélection des études incluses
3.1.2 Caractéristiques des études exclues
3.1.3 Caractéristiques des études inclues
3.2 Risque de biais des études
3.2.1 Grill d’analyse utilisée
3.2.2 Synthèse des biais retrouvés
3.3 Effet du traitement Neurodynamique sur la douleur et la force de préhension
3.3.1 Critère de jugement primaire : la douleur
3.3.2 Critère de jugement secondaire : la force de préhension
4 Discussion
4.1 Analyse des principaux résultats
4.1.1 Analyse de l’effet sur la douleur
4.1.2 Analyse de l’effet sur la force de préhension
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique
4.3 Biais potentiels et limitations de la revue
5 Conclusion
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