La prise d’auspices dans le fonctionnement de l’armée

LE FONCTIONNEMENT DE L’ARMÉE 

Sous la République, l’armée romaine était régie par des règles d’administration strictes mais aussi par une discipline très aigue. Elle fonctionnait à travers des lois tant du point de vue de sa composition, de l’encadrement des troupes que dans son mode d’opération. En effet, le commandement ne pouvait être assuré que par des magistrats de rang supérieur ayant à cet effet les pouvoirs de commander une expédition. L’âge, les moyens financiers et l’appartenance sociale des soldats étaient choses à tenir en compte même si durant la fin de cette période on tendait à se passer de certaines de ces exigences. La discipline était encore plus rigoureuse dans la sanction. Le général, en vertu des pouvoirs qu’il possédait (imperium) avait le droit de sanctionner tout soldat qui n’obéissait pas à l’ordre établi. Toutefois, la sanction pouvait être positive comme en témoignaient les récompenses que pouvaient recevoir les soldats à la suite d’une victoire (armes d’honneurs, couronne, triomphe). Les impératifs de l’armée ne se situaient pas seulement dans la composition ou dans la discipline, dans le domaine religieux il y’avait tout aussi des exigences à respecter (cultes, rites et fêtes religieux) dont la finalité était de se concilier avec les dieux afin de bénéficier de leur bienveillance et de leur soutien dans les opérations guerrières.

Recrutement et enrôlement des soldats

Le recrutement des soldats

Sous la République, seuls les citoyens devaient être recrutés dans les légions de l’armée romaine, du moins ceux qui pouvaient acheter leurs propres armatures. En effet, l’une des caractéristiques premières de l’armée romaine est que seuls les citoyens étaient admis à faire la guerre. Tout citoyen romain avait le droit et le devoir d’intégrer le service militaire. Celuici, devait servir pendant sa jeunesse dans l’armée afin de prétendre intégrer le cursus honorum qui lui permettait de diriger une magistrature du peuple. Mais le statut de citoyen ne suffisait pas ou n’était pas le seul critère pour qu’une personne soit enrôlée dans le rang des combattants. En effet, outre sa qualité de citoyen, l’obtention d’une fortune minimum lui était indispensable depuis la réforme dite servienne . Ceci s’explique du fait qu’au début de la République, l’Etat romain ne fournissait pas les armements aux soldats. Ce sont ces derniers eux-mêmes qui devaient payer leurs armatures. Tout citoyen qui n’arrivait pas, par faute de moyen financier à s’équiper en arme, ne pouvait pas, malgré sa qualité de citoyen, accéder à l’armée romaine. Donc chaque soldat devait s’équiper en armes par ces propres moyens. Le cens ou la fortune minimum fixée par l’Etat et que devait avoir tout soldat était 11000 as. Toute personne ayant une fortune inférieure à cette somme ne pouvait servir dans l’armée. Toutefois « à partir du deuxième siècle av. J-C, les conflits incessants dans lesquels la République romaine s’engage requièrent un nombre de soldat, de plus en plus important » . Cette situation les obligea à faire baisser la fortune requise pour permettre de combler les rangs de l’armée.

Dès lors on commença à recruter au-dessus de cette cinquième classe, classe à partir de laquelle on ne pouvait servir dans l’armée. L’épisode de la bataille de Cannes est à cet effet une parfaite illustration. En effet lors de celle-ci nous dit Tite-Live, non seulement l’âge des soldats mais aussi le cens furent revus à la baisse. Le cens fut rabaissé à 4000 as quant à l’âge des soldats, il passa de 18 ans à 17 ans . Devant des situations de troubles jugés extrêmes, dans lesquels l’armée était considéré comme minime ou faible face à l’ennemi, on n’hésitait pas à faire des levées en masse, des situations incertaines dans lesquelles même les esclaves étaient appelés à combattre. Il est intéressant toutefois de signaler que la Rome républicaine n’a connu que de très rares cas de troubles extrêmes qui nécessitaient une levée en masse . Le tumultus Gallicus est à cet effet un exemple illustratif .

Les conquêtes incessantes et éloignées de la ville qui demandaient la mobilisation d’un nombre important de légions obligèrent aussi du coup Rome à recourir aux contingents des légions des peuples alliés jadis soumis à son autorité. Ce qui fait que vers la fin de la République, l’on assistait à une sorte d’hétérogénéité de la composante de l’armée romaine. On ne pouvait plus attribuer l’armée romaine la qualité d’armée de citoyens . Une véritable union de couches sociales et d’appartenance différente dans laquelle coexistaient patriciens, plébéiens, mais aussi des pérégrins et parfois même des esclaves formaient l’armée. A cette époque sévissait dans l’armée un véritable clientélisme de la part de certains hommes politiques . Ce phénomène finit par donner naissance à un nouveau rapport entre soldats et généraux mais aussi avec l’État .

L’enrôlement des soldats

Il faut tout d’abord comprendre qu’au début de la période républicaine, l’armée romaine n’était pas permanente. Contrairement aux modes de fonctionnement de nos armées modernes, elle n’était mobilisée qu’en cas de guerre. Autrement dit, si Rome décidait d’entrer en guerre contre une cité, on faisait appel aux citoyens volontaires qui devaient défendre la cité . Dès que la campagne militaire prenait fin, les soldats étaient licenciés et ceci jusqu’à une nouvelle déclaration de guerre. Le regroupement des soldats, appelé enrôlement avait lieu qu’en cas de conflit et s’effectuait en fonction du calendrier religieux qui le fixait au printemps particulièrement au mois de mars de chaque année.

Le cérémonial se déroulait au champ de mars, place réservée aux choses ayant connotation avec l’armée. Le consul que le sort avait désigné cette année comme ayant les pouvoirs de commander l’armée présidait la cérémonie d’enrôlement. Assisté des tribuns militaires, il procédait à l’appel des soldats (ager dilectus). Une fois l’appel terminé, les soldats admis et enrôlés, effectuaient certaines formalités d’ordre religieuses puis partaient en campagne. De ces formalités figurait la fameuse prestation de serment : le sacramentum militiae, que les soldats prononçaient devant leurs généraux. Par ce serment ainsi prononcé, un fort lien s’établissait entre les généraux et leurs soldats qui leur devaient en vertu de ce serment, respect et obéissance dans leur commandement. Le sacramentum militiae constituait un moyen sacré par lequel la cohésion au sein des troupes était préservée. Toute violation du serment était réprimandée par les dieux . Apres avoir prêté serment, le soldat était considéré comme juratus et avait obligation de servir loyalement la nation sous la conduite de son chef .

Une fois la campagne achevée, les soldats, à leur retour à Rome étaient licenciés. Cette période, comme celle où se tenait l’enrôlement s’effectuait aussi suivant le calendrier religieux de la guerre et qui coïncidait chaque année avec l’automne.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE: LA PRISE D’AUSPICES DANS LE FONCTIONNEMENT DE L’ARMÉE
CHAPITRE 1 : LE FONCTIONNEMENT DE L’ARMÉE
CHAPITRE 2 : LA PRISE D’AUSPICES : LIEUX ET MOMENTS DE FONCTIONNEMENT
DEUXIÈME PARTIE : L’IMPACT DE LA PRISE D’AUSPICES ET LEUR D’EFIANCE DANS L’ARMÉE
CHAPITRE 1 : L’IMPACT DE LA PRISE D’AUSPICES DANS L’ARMÉE
CHAPITRE 2 : LA DÉFIANCES VIS-A-VIS DES AUSPICES DANS L’ARMÉE
TROISIEME PARTIE : CRISE ET DÉCADENCE DE LA PRATIQUE AUGURALE DE L’AUSPICIUM DANS LE DOMAINE DE LA GUERRE
CHAPITRE 1 : LA CRISE DE LA PRATIQUE AUGURALE DE L’AUSPICIUM DANS L’ARMEE
CHAPITRE2 : LA DECADENCE DE LA PRATIQUE AUGURALE DE L’AUSPICIUM DANS L’ARMEE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WÉBOGRAPHIE

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