Les antibiotiques
Définition Les antibiotiques se définissent comme des molécules capables d’inhiber la croissance ou même de tuer les bactéries, sans affecter l’hôte (cellules eucaryotes) [4]. Les familles d’antibiotiques sont nombreuses et les plus prescrites sont les bétalactamines (pénicillines, céphalosporines, pénèmes), les cyclines, les aminosides, les macrolides et apparentés, les fluoroquinolones, les glycopeptidiques, la polymyxine et les sulfamides. Il existe d’autres antibiotiques non classés tels que l’acide fusidique, la fosfomycine, le thiamphénicol, le linézolide, la rifampicine [5].
Mécanisme d’action Les antibiotiques ont des mécanismes d’action différents selon leur structure et agissent sur une composante de la bactérie. Quatre catégories d’antibiotiques peuvent être distinguées par rapport à leur mode d’action :
Action sur la paroi bactérienne : Les antibiotiques agissant sur la synthèse de la paroi bactérienne sont les bétalactamines, les glycopeptides, la fosfomycine. En effet les bactéries sont entourées d’une paroi de peptidoglycane, polymère de chaines glucidiques reliées par des ponts peptidiques. Ces antibiotiques agissent en inhibant la synthèse de ce peptidoglycane.
– Les bêta-lactamines (pénicillines, céphalosporines, carbapénèmes et monobactames) inhibent la transpeptidase, enzyme qui catalyse la liaison entre le sucre et le peptide pour former le peptidoglycane.
– Les glycopeptides (vancomycine, teicoplanine) inhibent également la synthèse du peptidoglycane, mais par un mécanisme différent. lls se lient aux acides aminés D-alanine et empêchent ainsi les étapes de transglycosylation et de transpeptidation, nécessaires à la bonne synthèse du peptidoglycane.
Inhibition de la synthèse protéique : Les aminosides, les macrolides, la clindamycine et les cyclines inhibent la synthèse des protéines par liaison aux ribosomes. Les aminoglycosides et les cyclines se lient avec la sous unité 30S du ribosome empêchant à celle-ci de lire le code du mARN des signaux de l’ARN de transfert (ARNt). Quant aux macrolides et la clindamycine, ils se lient à la sous-unité 50S et interfèrent avec la liaison des acides aminés.
Inhibition de la synthèse de l’acide nucléique : Les quinolones/fluoroquinolones, les sulfamides et associés et la rifampicine agissent par interférence dans la synthèse de l’acide nucléique et dans le métabolisme de l’acide folinique. En effet les quinolones interfèrent dans de la synthèse de l’ADN en inhibant les ADN gyrases. La rifampicine intervient également dans cette étape, puisqu’elle inhibe les ARN polymérases dépendantes de l’ADN. Les sulfamides quant à eux agissent sur la synthèse de l’acide folinique, un cofacteur de la synthèse des bases puriques et pyrimidiques à incorporer dans les acides nucléiques.
Les anti-herpétiques (hors CMV)
Les différents anti-herpétiques hormis les anti-CMV sont : l’aciclovir, le valaciclovir, le famciclovir.
Aciclovir : L’aciclovir – triphosphaté (ACV-TP) est la forme active de l’aciclovir. Elle agit sélectivement en inhibant l’ADN-polymérase virale. L’incorporation de l’ACTTP dans l’ADN viral interrompt sa synthèse et bloque la réplication virale. L’ACV n’interfère pas avec le métabolisme cellulaire.
Valaciclovir : Le valaciclovir (V-ACV), une prodrogue de l’aciclovir a le même mode d’action que l’aciclovir
Les mécanismes de résistance
Il existe différents mécanismes de résistance [27]: La résistance dite de comportement ou de mécanisme d’évitement : c’est lorsque le parasite fuit au contact de l’hôte ou d’un support traité par l’antiparasitaire. Elle est due à une baisse de pénétration ou d’absorption du principe actif ou d’une modification de la cible sur laquelle agit l’antiparasitaire, La résistance dite de famille : concerne les antiparasitaires qui ont le même mode d’action comme les benzimidazolés. En effet la résistance se fait modification de la β-tubuline suite à une mutation génétique. C’est ce qui empêche la polymérisation de la β-tubuline nécessaire à la constitution du fuseau mitotique cellulaire. La résistance dite croisée : concerne les antiparasitaires qui ont des modes d’actions différents. Dans ce cas de figure, on peut citer l’exemple des stongles résistants aux benzimidazolés et aux lactones macrocycliques. En cas de suspicion, la résistance peut être confirmée par des examens complémentaires de laboratoires comme la chimiorésistance qui utilise la méthode de la DL50.
La résistance aux anti-CMV
Dans cette classe d’agents antiviraux, nous pouvons citer [10] :
d’une part la résistance au ganciclovir : qui est due le plus souvent à des mutations du gène UL97 qui va ensuite induire une résistance clinique pouvant aller jusqu’à un taux de 8% en cas de traitement avec une charge virale élevée,
d’autre part, les résistances au foscarnet ou au cidofovir : elles sont rares et sont liées à des mutations du gène UL54, qui code pour la polymérisation virale.
A cet effet, il y’a des molécules en cours de développement qui devraient s’élargir sur le marché comme le maribavir (disponible en ATU avec des indications restreintes), le letermovir, et le brincidovir (prodrogue administrée par voie orale du cidofovir).
Plans nationaux et autres stratégies
L’un des principaux moyens de combattre la RAM au niveau mondial était l’élaboration de plans nationaux complets. Ces derniers sont fondés sur une approche multisectorielle avec un financement durable. Cependant peu de pays ont indiqué avoir un tel plan. Par ailleurs, des mécanismes nationaux, comme un point focal national et un mécanisme central de coordination, étaient en général plus courants que les plans. Ainsi de nombreux pays ont signalé avoir une politique ou une stratégie nationale, mais peu d’entre eux avaient publié un rapport de situation dans les 5 années précédentes [47].
Politique de la maitrise de la résistance au Sénégal
Face à la situation actuelle de la RAM, le Sénégal a recommandé, en 2016 avec la collaboration de l’OMS, quatre activités prioritaires pour la maîtrise de la résistance. Il s’agit :
– de l’élaboration d’un plan national multisectoriel de lutte contre la RAM,
– du renforcement de la surveillance multisectorielle de la RAM,
– du renforcement de la coordination des différentes interventions multisectorielles sur la RAM et des liens entre les laboratoires des différents secteurs,
– du renforcement des capacités des différents acteurs de la RAM,
La mise en vigueur de ces activités nécessite un atelier de formation et un atelier de validation de tous les acteurs concernés. A travers ces recommandations, le Sénégal s’appuiera sur trois plans stratégiques à savoir :
– Le plan national multisectoriel RAM,
– Le plan de développement des ressources humaines,
– Le plan d’action opérationnel.
Difficultés rencontrées
Au cours de notre enquête, nous avons été heurté à certaines difficultés :
-Les dossiers des malades qui étaient le plus souvent incomplets. En effet certains d’entre eux ne comportaient pas de traitement et nous étions obligés de consulter leurs fiches de traitements affichés à côté du lit du malade correspondant. Dans d’autre cas, les traitements ne figuraient ni sur le dossier, ni sur la fiche de traitement, mais étaient enregistrés dans le registre du service. Pour ces cas, les informations complémentaires étaient fournies par le médecin traitant, ou bien des surveillants de services et même des étudiants en stage.
– L’accès aux dossiers des malades était difficile du fait que les médecins faisaient leur visite dans les salles d’hospitalisations et de ce fait les dossiers étaient indisponibles durant la visite.
– Un défaut de rangement des dossiers était noté et certains étaient abandonnés dans les salles ce qui les rendaient difficiles à retrouver.
– Pour certains patients aussi, leurs poids n’étaient pas relevés soit par ce que le service n’avait pas de balance, soit le patient était dans un état pas du tout favorable (exemples en chirurgie générale, en orthopédie, maternité).
-Les dates de début de traitement surtout pour les antimicrobiens n’étaient pas mentionnées dans la plupart des cas. Concernant les dates d’arrêts de traitement, elles étaient tardivement mentionnées dans le registre dans certains cas.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. GENERALITES SUR LES ANTIMICROBIENS
I.1. Définition des antimicrobiens
I.2. Les différents antimicrobiens et leurs mécanismes d’action
I.2.1. Les antibiotiques
I.2.1.1. Définition
I.2.1.2. Mécanisme d’action
I.2.2. Les antiparasitaires
I. 2.2.1. Définition
I.2.2.2. Mécanisme d’action
I.2.3. Les antifongiques
I.2.3.1. Définition
I.2.3.2. Mécanisme d’action
I.2.4. Les antiviraux
I.2.4.1. Définition
I.2.4.2. Les différents antiviraux
I.2.4.3. Mécanismes d’action des antiviraux
I.2.4.3.1. Les anti-herpétiques
I.2.4.3.2. Les anti-CMV
I.2.4.3.3. Les Antirétroviraux
I.2.4.2.4. Les anti-hépatites
I.2.4.2.5. Les antigrippaux
II. RESISTANCE AUX ANTIMICROBIENS
II.1. Définition
II.2. Résistance aux antibiotiques
II.2.1. Mécanisme génétique
II.2.1.1. Résistance intrinsèque ou naturelle
II.2.1.2. Résistance acquise
II.2.2. Mécanismes biochimiques
II.3. Résistance aux antiparasitaires
II.3.1. Définition
II.3.2. Les mécanismes de résistance
II.4. Résistance aux antifongiques
II.4.1. Définition
II.4.2. Types de résistances
II.4.2.1.La résistance innée ou intrinsèque
II.4.2.2. la résistance acquise
II.4.2.3. Autres mécanismes de résistance
II.5. Résistance aux antiviraux
II.5.1. La résistance aux anti-CMV
II.5.2. La résistance aux antigrippaux
II.5.3. La résistance aux antirétroviraux
II.5.3.1. Définition
II.5.3.2. Mécanismes de résistance aux ARV
II.5.3.2.1. Résistance aux INTI
II.5.3.2.2. Résistance aux INNTI
II.5.3.2.3. Résistance aux IP
II.5.3.2.4. Résistance aux inhibiteurs d’entrée
II.5.3.2.5. Résistance aux inhibiteurs d’intégrase
III. SITUATION ACTUELLE DE LA RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS
III.1. Dans le monde
III.1.1. Plans nationaux et autres stratégies
III.1.2. Surveillance et capacitation des laboratoires
III.2. En Afrique
III.3. Au Sénégal
III.4. Problématique de la consommation des antimicrobiens
III.4.1. La prescription des antimicrobiens
III.4.2. Politique de la maitrise de la résistance au Sénégal
III.4.2.1. Le plan national multisectoriel
III.4.2.2. Le plan de développement des ressources humaines
III.4.2.3. Le plan d’action opérationnel
III.4.3. Recommandations locales
III.4.3.1. L’antibiothérapie
III.4.3.1. Le traitement du paludisme
DEUXIEME PARTIE
I. CADRE DE L’ÉTUDE
II.MATERIELS ET METHODE
II.1. Matériels
II.1.1. Fiches de collecte
II.1.1.1. Fiche de service
II.1.1.2. Fiche « Patient »
II.1.2. Autres matériels
II.2. Méthode
II.2.1. Type et période d’étude
II.2.2. Participation à l’étude du Global-PPS
II.2.3. Collecte des données
II.2.3.1. Critères d’inclusion
II.2.3.2. Critères de non inclusion
II.2.3.3. Données recueillies
II.2.4. Saisie et exploitation des données
II.2.5. Difficultés rencontrées
III. RESULTATS
III.1. Aspects épidémiologiques
III.1.1. Répartition des patients selon l’âge
III.1.2. Répartition des patients selon le sexe
III.1.3. Répartition des patients selon les services
III.1.4. Répartition des services selon leur activité
III.2. Aspects cliniques
III.3. Aspects paracliniques
III.3.1. Nature des produits pathologiques prélevés
III.3.2. Bactéries isolées
III.4. Aspects thérapeutiques
III.4.1. Antimicrobiens prescrits
III.4.2. Prescription selon les recommandations locales
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
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