La prescription d’antibiotiques et l’évaluation et la prise en charge de la douleur

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Critères d’inclusion et d’exclusion

Nous avons inclus tous les patients consultant au SAU du CHC pour une ou plusieurs plaies aigues indépendamment de l’âge et des antécédents du patient, de la localisation, de la profondeur ou du mécanisme de la plaie.
Nous avons exclu, tous les patients présentant des dermabrasions superficielles, des brûlures, des plaies chroniques, des plaies associées à un état de choc hémorragique et/ou nécessitant une prise en charge au bloc opératoire ou les patients qui ont refusé de participer à l’étude.

Zone de l’étude

La Guyane est bordée au Nord par l’océan Atlantique sur 320 km environ. À l’Ouest se situe le Suriname, au Sud et à l’Est le Brésil (6). Sa superficie est de 83 534 kilomètres carrés, avec une population estimée à 254 000 personnes en 2014. La terre est inégalement habitée, la majeure partie de la population vivant sur le littoral, la minorité vit à l’intérieur et dans les villages isolés. Pour ces régions éloignées, il y a une inégalité évidente d’accès aux soins de santé.
La Guyane possède une population multiethnique, résultat de vagues migratoires successives. La population guyanaise diffère du reste de la population française sur de nombreux aspects. Il s’agit d’une des population les plus jeunes (40% des guyanais ont moins de 20 ans) et les plus pauvres de France (36% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté)(7,8).
La Guyane possède un climat de type tropical. L’humidité relative moyenne est élevée, entre 80% et 90% selon la saison (6).
La couverture sanitaire en Guyane s’inscrit dans un contexte démographique, géographique et épidémiologique singulier. La faible densité de population (3 habitants/km²) reflète une dispersion des zones d’habitations sur un territoire couvert à 91% par la forêt amazonienne. Alors que le temps moyen d’accès aux infrastructures hospitalières est d’environ 16 minutes pour les communes du littoral, les habitants de Saint-Georges de l’Oyapock se trouvent à plus de 2 heures de route du premier hôpital (6). Certaines communes de l’intérieur sont davantage isolées et dépendent en majeure partie du transport aérien, ce qui porte à 22% la population guyanaise n’ayant pas d’accès à un service d’urgence générale en moins de 30 minutes (6). Hormis le littoral, le reste du territoire est couvert par 17 centres de santé, rattachés au centre hospitalier de Cayenne et regroupés au sein d’une même organisation. Sept d’entre eux sont médicalisés en permanence et les 10 autres ont une présence infirmière continue avec une présence médicale plus ou moins importante selon le centre (9). En 2005, 20 % des logements n’étaient pas équipés en eau potable, 60 % n’avaient pas le tout-à-l’égout et 13 % n’avaient pas accès à l’électricité (10).
Le CHC est l’hôpital de référence sur la région. Il couvre une population globale de 300 000 habitants environ. Son service des urgences (SAU) compte aux alentours des 40000 passages par an dont 10% environ de traumatologie selon le dossier informatique médical des urgences.
Deux autres centres hospitaliers sont présents sur le territoire Guyanais : le centre hospitalier de l’Ouest Guyanais et le centre hospitalier de Kourou.

Recueil de données

Pour le recueil de données, nous avons établi une fiche « patient » et une fiche concernant les caractéristiques de la plaie (Annexe 1 et 2). Un questionnaire à l’attention des soignants a été placé dans le dossier médical des patients répondant à nos critères d’inclusion. Cette fiche est organisée de manière à suivre le parcours du patient au sein du service des urgences. Certaines données, non reportées au moment l’admission sur de la feuille de recueil de données, ont pu être complétées de façon rétrospective à partir du dossier informatisé des urgences.
Les patients ont été informés du déroulement de l’étude et de l’exploitation secondaire des informations à des fins de publication dans un intérêt scientifique. Une non opposition orale a été recueillie et tracée dans la fiche de recueil. Une fiche d’information rédigée en 4 langues leur a aussi été distribuée (Annexe 3), leur expliquant qu’ils seront contactés par un médecin pour suivre l’évolution de la plaie.
Notre étude a été approuvée par le comité d’éthique local après analyse des modalités du travail. Le délai de l’appel téléphonique était défini en fonction de la date théorique de l’ablation des points de sutures selon les recommandations de la SFMU de 2017 (5).
Les appels téléphoniques ont été assurés par l’investigateur du travail. Au bout de trois appels infructueux, les patients ont été considérés comme perdus de vue.
Pour l’analyse des données, le visage, le cou, l’oreille et le scalp ont été regroupé dans un groupe « tête ». Les localisations « main face dorsale, face palmaire et réinsertion inguinale » ont été réuni dans un groupe « Main ».

Recueil de données concernant les patients

Pour les patients, nous avons recueilli les données épidémiologiques (âge, sexe, antécédents, IMC, statut vaccinal antitétanique…), cliniques (pouls, TA, température, SpO2, FR) et thérapeutiques (antalgiques, soins locaux, antibiotiques…)

Recueil de données concernant les plaies

Pour les plaies, nous avons recueilli les caractéristiques cliniques (localisation, profondeur, taille, aspect…) et les données thérapeutiques (soins, suture, …).
Nous avons réparti les plaies en fonction d’un score allant de risque infectieux élevé à faible noté de 1 à 4 en nous basant sur les travaux de Hollander et al. et Dire et al. (12,13).
Les plaies de grade 0, 1 et 2 sont considérées comme n’ayant pas besoin de traitement antibiotique prophylactique.
Les plaies de grade 3 ou 4 nécessitent une prévention infectieuse par antibiothérapie.
Les morsures et les plaies > 24h ont été classées en grade 4.

Suivi téléphonique

La fiche de suivi remise au patient est rapportée en annexe 3.
Chaque patient a été appelé par téléphone le jour prévu de l’ablation des points déterminé par la localisation de la plaie comme stipulé dans la recommandation de la SFMU de 2017 (5).
Les paramètres suivant ont été recueillis :
– Consultation chez un médecin les jours suivant la sortie du SAU et le motif (désunion des points, infection, suivi de pansement)
– Présence d’une douleur résiduelle et quantification de celle-ci par l’EVA.
– Jour d’ablation des points, en cas de suture, recommandé par le médecin qui a pris en charge la plaie.
– Jour de retrait effectif des points.
– L’évaluation de la satisfaction concernant l’aspect de la cicatrice a été recueillie à partir des items suivant : très insatisfait, insatisfait, neutre, satisfait et très satisfait.

Evaluation des Pratiques professionnelles

Dans notre travail, nous avons choisi deux axes d’évaluation de pratiques professionnelles : la prescription d’antibiotiques et l’évaluation et la prise en charge de la douleur.
Une réunion avec l’équipe des urgences et le comité anti infectieux de l’hôpital a été organisée regroupant des médecins et des infirmier(es), des pharmaciens, infectiologues, la responsable qualité de l’hôpital. Les résultats leur ont été présentés et une discussion s’en est suivie afin de trouver des idées à la réalisation d’un protocole de service. Un protocole sera ensuite rédigé à partir des réflexions et des informations recueillies au cours de la réunion et il sera mis en place dans le service selon la procédure institutionnelle. Une étude portant sur l’analyse de la prise en charge des plaies après mise en place des actions correctrices et du protocole du service sera réalisée d’ici 6 mois à 1an dans le cadre de l’étape 4 de la roue de Deming.

Définitions

Dans notre étude, les définitions suivantes ont été utilisées :
Plaies : blessures entrainant une interruption de la continuité des tissus du corps (14).
Plaies aigüe : on parle de plaie aiguë en l’absence de facteur local ou général pouvant retarder la cicatrisation. Les causes de plaie aiguë incluent notamment les brûlures, les gelures, les morsures, les greffes et les prises de greffe, les dermabrasions profondes, les plaies à cicatrisation dirigée post chirurgicale et les sinus pilonidaux opérés. (Les pansements Indications et utilisations recommandées – HAS – Avril 2011).
Plaies chroniques : Une plaie chronique est une plaie dont le délai de cicatrisation est allongé. Une plaie est considérée comme chronique après 4 à 6 semaines d’évolution, selon son étiologie. Les causes de plaie chronique incluent notamment les ulcères de jambe, les escarres, les plaies du diabétique et les moignons d’amputation. (Les pansements Indications et utilisations recommandées – HAS – Avril 2011).
Plaie profonde : Une plaie est dite profonde lorsqu’elle intéresse des structures « nobles » (artères, nerfs, viscères).
Plaie superficielle: Une plaie est dite superficielle lorsqu’elle n’atteint que le revêtement cutané ou les tissus immédiatement sous-jacents.
Evolution favorable : l’évolution d’une plaie est dite favorable quand elle évolue sans complication intercurrente.
Plaie compliquée: une plaie est dite compliquée en cas de survenue d’infection locale ou générale ou en cas de retard de cicatrisation.
Infection : L’infection a été définie comme la présence d’un abcès de point, d’un drainage purulent ou d’une cellulite de plus de 1 cm au-delà des bords de la plaie (15), ou d’une invasion de bactéries dans le tissue (14).
Colonisation : bactéries limitées à la surface de la plaie (14).

Analyse statistique

Les variables quantitatives sont exprimées en moyenne et écart-type et en médiane et étendu interquartile (EIQ). Les variables qualitatives sont exprimées en pourcentage.
La comparaison des moyennes est réalisée par le test de Student et la comparaison des variables qualitatives est réalisée par le test Chi-2. Les variables liées statistiquement à l’évènement en étude univariées, sont analysées dans un modèle multivarié par régression logistique. Les résultats sont exprimés en fonction de l’Odd Ratio et de l’Intervalle de confiance à 95%. Une valeur de p < 0,05 est considérée comme significative.

Mode de vie

Concernant l’autonomie des patients :
– Cent soixante-seize patients (97,2%) n’avaient pas de déficit moteur.
– Trois patients (1,7%) se déplaçaient avec de l’aide.
– Deux patients (1,1%) étaient en fauteuil roulant.
Concernant le temps de trajet pour arriver à l’hôpital : – Cent trente-huit patients (90,2%) vivaient à moins de 15 minutes en voiture de l’hôpital.
– Sept patients (4,6%) vivaient à moins de 30 minutes en voiture de l’hôpital. – Quatre (2,6%) vivaient à moins d’une heure de route de l’hôpital. – Six (3,9%) vivaient à moins d’une heure et demie de route de l’hôpital.

Caractéristiques des plaies

Cent trente plaies (72,2%) étaient défini comme superficielle. Trente-huit plaies (21,3%) ont été considérées comme souillées par les soignants qui les ont prises en charge.
Les plaies de plus de 5 cm de long représentaient 42(24.6%) de l’ensemble des plaies.
Neuf (5.1%) des plaies ont été suturées au bout de 24 heures ou plus.

Ecart de pratiques

Un écart de pratiques par rapport aux recommandations de la SFMU a été constaté pour:
 L’utilisation d’antiseptique sur une plaie franche ou une plaie à risque infectieux faible selon la classification utilisée par Hollander et al et Dire et al.
 L’analgésie, lorsqu’elle ne respectait pas le schéma thérapeutique en annexe 4.
 La taille de fil de suture
 L’évaluation de la douleur avec une échelle adaptée à l’âge. Dans notre étude, l’évaluation initiale de la douleur a été enregistrée chez 47,6% des patients
 Le délai d’ablation des points
 Le lavage de la plaie qui était réalisé dans 63,3% des cas alors qu’il devrait constituer la première étape indispensable pour permettre de débarrasser la plaie des corps étrangers, du sang coagulé, des tissus nécrosés non adhérents et limite ainsi au maximum le risque infectieux.
 L’utilisation d’antiseptique en cas de plaie supérieur à 24h. ce paramètre était conforme aux recommandations dans 100% des cas.
Les écarts de pratiques par rapport aux recommandations sont représentés dans la figure 13

DISCUSSION

Notre étude est réalisée dans le cadre d’une démarche d’amélioration des pratiques avec la méthode HAS pour l’évaluation de pratiques professionnelles (EPP). Elle est au stade III de la démarche en fonction de la classification de la roue de Deming. Nos résultats montrent une prédominance des lésions au niveau de la tête et des mains avec des pics de survenue à 8:00; 12:00, 17:00 et 20:00 et 26,8% des patients ont reçu des antibiotiques. Les complications infectieuses ont été enregistrées dans 16% des cas et la satisfaction globale de la prise en charge est de 78%. Les écarts par rapport aux recommandations concernaient 7 items. Une communication autour de ces résultats et un plan d’action pour améliorer les prises en charges seront mises en place et concerneront deux des 7 items qui nous paraissaient les plus important à améliorer : la prescription d’antibiotique et l’évaluation et la prise en charge de la douleur.

Epidémiologie

Age

L’âge des patients consultant pour plaie aux urgences est généralement jeune. Il était de 38 ans (extrémités 18 et 87 ans) dans l’étude de Brudvik al. (16) et de 23±18 ans dans l’étude de Hollander et al. (17). Dans notre étude, l’âge médian des patients était de 31ans (EIQ: 18-42). Ceci témoigne que c’est la population active qui est la plus touchée d’autant plus que les horaires de survenue des blessures correspondaient aux horaires de début et de fin de journée, en dehors des heures de travail.

 Sexe

Les patients de sexe masculin sont plus à risque de présenter une plaie d’origine traumatique (16–19). Dans notre étude, plus de deux tiers des patients étaient de sexe masculin (65%).

Horaires

Dans notre travail, nous avons observé un pic de consultation à 08h00, midi, 17h00 et 20h00 pouvant correspondre aux périodes de temps libre d’une population active.

Mécanismes des plaies

Les deux mécanismes des blessures les plus fréquemment enregistrés étaient l’accident domestique et l’accident sportif. Ces deux mécanismes sont retrouvés dans la plupart des études (16). Cependant, dans notre travail, on note une forte prévalence de plaies suite à des agressions. En effet, la Guyane est concernée par un taux de criminalité élevé « https://www.insee.fr/fr/statistiques/2563376″.
Les blessures causées par la faune représentent une des particularités de la Guyane. En effet, la faune riche et diversifiée de la Guyane française est réputée pour son agressivité. Une analyse rétrospective des dossiers du service d’urgence du SAMU à Cayenne a montré que moins de 1% des appels téléphoniques reçus entre 1998 et 2001 concernaient des attaques de la faune. La plupart de ces appels concernaient des hyménoptères volants (36,9%), des serpents (15,6%), des chiens (13,8%) et des scorpions (9,8%) (20). Dans notre étude, seul 4 morsures de chien ont été observées. Ces blessures ont justifié une prescription d’antibiotiques et une consultation dans le centre antirabique.

Descriptif des plaies

Localisation des plaies

Les plaies se situaient principalement au niveau de la tête (33,1%) et des mains (32%). Dans notre étude, aucun lien statistique n’a permis de distinguer une localisation plus à risque d’infection qu’une autre, Ce même constat a été rapporté dans les travaux de Robson et al. et Brudvik et al. (16,21).

Profondeur et étendue

Les plaies superficielles représentaient la majorité des plaies (72,2% contre 27,8% pour les plaies profondes).
Les plaies de plus de 5 cm de long représentaient 24,6% de l’ensemble des plaies et les plaies souillées 21,3%. Ces valeurs sont supérieures à ce que retrouve Brudvik et al et Hollander et al dans leur travaux (16,17). Cette différence peut être expliqué par le fait qu’une part non négligeable de notre population, près de 15%, vivaient en situation de précarité, sans eau et/ou ni électricité, dans des habitations fait de taules et de bois. Cette situation de précarité favorise la survenue de plaies plus importante et par des matériaux souillés.

Délais de prise en charge

La moitié des patients de notre étude sont arrivés à l’hôpital et étaient pris en charge par l’IAO, 65 min après la blessure. La fermeture de la plaie était réalisée dans un délai médian de 2h55min. Nous avons considéré que le temps médian de prise en charge était satisfaisant. Nous avons donc décidé de ne pas traiter ce point dans nos objectifs d’amélioration.

Evaluation de la douleur

L’organisation mondiale de la santé définie la douleur comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes.
Dans notre travail, l’évaluation de la douleur était réalisée dans 47,6% des cas et un antalgique n’étaient administré que dans 48% des cas malgré une EVA > 1.
La délivrance de paracétamol peut se faire par prescription médical anticipée (5). Il y a un délai entre l’évaluation de la douleur et la prise en charge par le médecin. Dans certain cas, les IAO donnent du paracétamol à dissolution sublinguale et demandent une prescription médicale à postériori. Dans d’autre cas, les patients ne reçoivent pas de paracétamol. Les médecins peuvent utiliser une anesthésie locale, loco régionale ou autre en fonction de la plaie et prescrire des antalgiques sur l’ordonnance de sortie. Au final le patient ne reçoit pas de traitement analgésique oral corrélé à l’EVA. Un protocole de service stipulant que le paracétamol doit être administré par prescription anticipée et la possibilité de donner du paracétamol sans ordonnance avec la nouvelle réforme permettra au premier soignant qui évalue la douleur d’agir en conséquence de manière libre. (22) Selon nous, une amélioration de la prise en charge de la douleur devrait en découler. Notre étude ne s’est concentrée que sur l’évaluation initiale de la douleur sans la réévaluer après fermeture de la plaie ou dans les suites de l’analgésique donné.
Il est possible que malgré une EVA évaluée initialement à 0, l’infirmière qui prend en charge initialement le patient lui administre du paracétamol de manière préventive à la suture. Dans ce cas, l’analgésie est jugée non conforme alors cette pratique mérite réflexion. En effet, la suture et les heures qui suivent peuvent être douloureuses pour le patient.
Une étude plus précise sur l’évaluation initiale de la douleur, après la fermeture et dans les heures qui suivent la prise en charge pourrait permettre d’optimiser l’analgésie.
Dans tous les cas, la prise en charge optimale de la douleur est difficile car son évaluation ne répond qu’à des critères subjectifs dépendant de chaque soignant. En plus, une même douleur peut être perçue de manière complètement différente d’un patient à l’autre. Elle doit être appréciée au cas par cas par le soignant. L’utilisation d’échelle adaptée à l’âge est nécessaire afin d’optimiser la prise en charge de la douleur.

Antiseptique

Les classes médicamenteuses d’antiseptiques sont nombreuses (annexe 5). Dans notre travail, l’utilisation d’un antiseptique a été rapportée dans 84,7% des plaies alors que leur bénéfice n’a pas été démontré pour des plaies franches (5,23) or 69,8% des plaies observées dans notre étude présentaient des berges franches. En plus, 42,6% des plaies ont été désinfectées à deux reprises à l’aide d’antiseptique.
A la différence des antibiotiques, les antiseptiques n’entrainent pas de résistances bactériennes.(24)
La dépopulation de la zone désinfectée entraine une rupture d’équilibre dans la prolifération et le développement des différentes bactéries occupant la zone. Ce déséquilibre peut laisser place à une bactérie déjà présente ou opportuniste et lui permettre une croissance rapide dans ce territoire laissé vacant.(5)
Les résultats de notre étude concernent les antiseptiques tous types confondu sans faire de distinction sur le choix de l’antiseptique ni sur leur bon usage (24). Les modes d’action des antiseptiques sont répertoriés en annexe 4 et 5.

Les antibiotiques

Dans notre étude le taux de prescription d’une antibiothérapie prophylactique est de 26,8%. Ce résultat est similaire à celui rapporté dans d’autres études (18, 24–27).
Dans notre hôpital, le comité des anti-infectieux a validé la classification utilisée par Hollander et al. et Dire et al. Ainsi, un traitement antibiotique ne doit être utilisé que dans la prise en charge de plaies à risque élevé ou très élevé (28).
Chez les patients qui ont reçu des antibiotiques, on note une prescription plus importante d’antibiotique par les internes (60,9%) que par les séniors (42,6%). Cette différence peut s’expliquer par une plus grande expérience et une meilleure appréciation clinique des séniors urgentistes.
La définition de plaie à haut risque infectieux est clinique et repose sur des critères subjectifs. Une définition plus précise pourrait aider le soignant à réduire la prescription d’antibiotiques.
Les paramètres indépendamment liés à une prescription d’antibiotiques étaient une plaie souillée (OR:32.5 IC95%: 4.9-214.4), une plaie profonde (OR: 29.3 IC95%: 5.7-150) et une plaie causée par une coupure (OR: 4.7 IC95%: 1-22.4).
Une couverture antibiotique après morsure par chien est recommandée (5,29). Dans notre étude, un des patients admis pour prise en charge d’une morsure de chien n’a pas reçu d’antibiotique.

Sutures

Les sutures traditionnelles prennent beaucoup plus de temps à mettre en place et nécessitent l’utilisation d’un anesthésique local ainsi que d’un plateau de suture. Mais, ils permettent la fermeture la plus minutieuse et les taux de déhiscence de la plaie les plus faibles (30). En plus, la taille du fil et le délai d’ablation des points doivent être adaptés à la localisation (5).
Dans notre étude, 9 plaies (5,1%) ont été suturées au bout de 24 heures ou plus. En plus, 44% des plaies suturées l’ont été avec une taille de fil adaptée à la localisation et le délai d’ablation des points a été respecté une fois sur deux (50%).

Complications infectieuses

Dans une étude portant sur 23 649 patients, Cruse et al. ont mis en évidence une augmentation du risque d’infection des plaies chez les personnes âgées, les patients diabétiques, atteint d’insuffisance rénale, souffrant de malnutrition et les patients sous traitement immunosuppresseur (31). L’âge avancé et un antécédent de diabète comme facteur de risque de surinfection sont également rapportés par Hollander et al. (17). Quinn et al. rapportent que le diabète serait un facteur de risque d’infection d’une plaie avec 6,7% d’infection dans le groupe des patients diabétiques contre 2,5% chez les patients non atteint de cette pathologie (RR 2,70, IC 95%: 1,1 – 6,5)(18).
Concernant le mécanisme, Hollander et al. ont montré qu’une plaie au niveau de la tête ou une blessure par objet contendant sont associées à un risque d’infection plus faible (17). Quinn et al. trouvent également un risque de surinfection moindre lorsque la plaie se situe au niveau de la tête (18).
Quinn et al. et Hollander et al. n’ont pas trouvé d’association entre le temps écoulé entre la blessure et la fermeture de la plaie et le développement de l’infection, ni de différence entre le type ou la méthode de fermeture et d’infection (17,18).
De nombreuses études rapportant des plaies avec un faible risque initial d’infection n’ont révélé aucun bénéfice pour le traitement de ces plaies par une antibiothérapie prophylactique systématique (28,29,32–37).
Les données existantes ne corroborent pas l’existence d’une « golden period » ni le rôle de l’âge de la plaie sur le taux d’infection dans les plaies simples. Bien qu’il soit possible que les plaies les plus anciennes présentent les taux d’infection les plus élevés, il n’est pas clair qu’une fermeture précoce pourrait prévenir l’infection dans de tels cas. En l’absence d’un essai contrôlé randomisé rigoureux, ce dogme médical ne peut être résolu avec confiance (30,38).
Notre étude a montré un taux d’infection secondaire de 17.6%. Ce chiffre est dans la moyenne par rapport à la littérature (12,13,25,26,36,37). Notre étude a été réalisée pendant la saison sèche et nous ne pouvons écarter l’hypothèse d’une élévation de ce chiffre en cas de saison des pluies. En effet de nombreuses personnes en Guyane vivent dans une situation précaire.(10)
Aucun lien statistique significatif entre les caractéristiques des plaies et un éventuel risque d’infection n’a pu être démontré dans notre étude. Cependant Quinn et al. ont observé une augmentation du taux d’infection en rapport avec la taille des plaies et donc le nombre de point de suture, la contamination et le délai de fermeture (18).

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Table des matières

1 Méthodologie
2 Critères d’inclusion et d’exclusion
3 Zone de l’étude
4 Recueil de données
4.1 Recueil de données concernant les patients
4.2 Recueil de données concernant les plaies
4.3 Suivi téléphonique
4.4 Evaluation des Pratiques professionnelles
5 Définitions
6 Analyse statistique
1 Epidémiologie
1.1 Age
1.2 Sexe
1.3 Mode de vie
1.4 Comorbidités
1.6 Les paramètres physiologiques
1.7 Horaire et délais de prise en charge
2 Prise en charge par l’IAO
3 Caractéristiques des plaies
3.1 Localisation des plaies
4 Prise en charge de la douleur
5 Prise en charge médicale
5.1 Ordonnance de sortie
5.2 Evaluation à distance
6 Ecart de pratiques
1 Epidémiologie
1.1 Age
1.2 Sexe
1.3 Horaires
1.4 Mécanismes des plaies
2 Descriptif des plaies
2.1 Localisation des plaies
2.2 Profondeur et étendue
2.3 Délais de prise en charge
2.4 Evaluation de la douleur
2.5 Antiseptique
2.6 Les antibiotiques
2.7 Sutures
3 Complications infectieuses
4 Satisfaction
5 Evaluation des pratiques professionnelles
5.1 Ecart de pratiques relevé mais non retenu pour nos objectif d’amélioration
5.1.1 Les antiseptiques
5.1.2 Les sutures
5.1.3 Le lavage de la plaie
5.2 Objectifs d’amélioration
5.2.1 Prescription d’antibiotiques
5.2.2 Evaluation et prise en charge de la douleur

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