La population du kef et ses indicateurs

 LA POPULATION DU KEF ET SES INDICATEURS 

La demande en eau est un phénomène social. Elle dépend de la densité de population: la demande croît avec le nombre d’habitants. Mais la disponibilité en eau, variable dans le temps et hétérogène dans l’espace, n’autorise donc pas toujours et partout la même densité de population. Il est bien évident, que dans une région où l’eau est rare, la disponibilité aisée/rare et/ou constante/momentanée, va conditionner la densité de population, en contribuant à la fixer à proximité de la ressource. L’analyse de la géographie de la population est donc une étape obligée de cette étude.

RÉPARTITION ET COMPOSITION DE LA POPULATION 

La composition à l’échelle du gouvernorat

Le gouvernorat du Kef compte 258 790 habitants soit 2,6% de la population tunisienne. Il fait partie des gouvernorats les moins peuplés (Fig.I-1). Entre le recensement de 1994 et celui de 2004, cette région a enregistré une diminution de la population ce que traduit le taux d’accroissement négatif (-0.51%). C’est le plus faible de toute la Tunisie .

Cette baisse résulte de la volonté stratégique de diminution du taux de croissance, adoptée depuis les années soixante ; chaque famille étant incitée en cela par la politique gouvernementale. Elle a été suivie d’effet comme le montre la diminution de l’indice synthétique de fécondité (ISF) à l’échelle de tout le pays (Fig. I-3). Au nord Ŕ ouest cette diminution d’ISF était plus importante et l’écart entre ISF observé et ISF estimé s’est creusé en particulier au Kef (Fig.I-4). Ainsi, le taux est passé de 2,3% à 1,21% à l’échelle nationale et de 1% à -0.51% dans le gouvernorat du Kef .

L’immigration en premier lieu, et secondairement la pauvreté qui pousse les parents à avoir moins d’enfants, pourraient aussi expliquer cette perte de population. Dans une étude mettant en relation pauvreté-fécondité, réalisée en Tunisie, Bénédicte GASTINEAU et Frédéric SANDRON vérifient la relation entre la modernisation et la baisse de la fécondité en Tunisie. Une croissance économique rapide, une modernisation des infrastructures, une généralisation de la scolarisation et des progrès importants dans le domaine de la santé, ont favorisé une baisse de la fécondité depuis le milieu des années 1960. Si on confronte le niveau de développement économique à l’indice synthétique de fécondité (ISF), la relation inverse entre degré de développement et niveau de la fécondité est observée à l’exception notable de la région du nord-ouest où pauvreté et faible fécondité coexistent (Fig.I-5) et (Fig.I-6.) Dans cette région, d’autres mécanismes que la  modernisation ont contribué à la baisse de la fécondité. Au coeur de ces mécanismes, les bouleversements des systèmes de production familiale, qui ont abouti à de nouveaux rôles pour la famille, pour les individus au sein de la famille, et à un changement dans la perception du statut de la femme et de la fille. Celles-ci, sous l’impulsion d’une situation économique très difficile, ne sont plus cantonnées à la sphère de la reproduction et à l’espace domestique, mais participent de manière accrue à la constitution du revenu familial. La valeur de l’enfant a changé, le besoin en bras n’est plus une nécessité dans une économie de micro exploitations agricoles’’.

Malgré cette limitation de natalité, la population du Kef reste jeune. En effet, deux tiers de la population ont des âges inférieurs à quarante ans (Fig.I-7). La crainte dans l’avenir (dans 20 ans), si ce rythme de natalité se maintient est que cette population évoluera rapidement vers un vieillissement. La population du Kef se montre aussi homogène, avec une proportion de 50,6% de femmes, un taux légèrement supérieur à celui des hommes (49,4%). Ce qui s’observe dans toutes les catégories d’âges (Fig.I-8).

La répartition spatiale de la population par délégation

Cette population équilibrée de point de vue âge et sexe montre un déséquilibre dans sa répartition dans l’espace. Les délégations du centre et de l’est du Kef, présentent un nombre d’habitants plus élevé que celles de l’ouest et de sud du gouvernorat (Fig.I-9). Des facteurs économiques et des disparités d’infrastructures pourraient expliquer l’hétérogénéité du nombre d’habitants entre délégations. A noter que la délégation du Kef ouest, la plus peuplée, représente le centre administratif du gouvernorat du Kef, et le principal lieu de liens avec la capitale Tunis.

Avec une moyenne de 51 habitants/km2 , la densité de population au Kef est parmi les plus faibles de la Tunisie. La répartition de la population tunisienne montre un déséquilibre par « excès » de concentration dans les grandes villes septentrionales et côtières. Même les villes du nord-ouest, tout comme celles du centre ouest et du sud, présentent de faibles densités de population (Fig.I-10). Le chômage, la pauvreté, et l’émigration au sein du pays et vers l’étranger, sont des facteurs qui pourraient expliquer ‘’la désertification humaine’’ dans ces régions de la Tunisie.

La carte de densité de population (Fig.I-11) montre un déséquilibre Est/Ouest dans le gouvernorat. Les densités les plus élevées sont enregistrées dans les délégations centrales. Mentionnons toutefois que bien que les délégations de Nebeur (nord) et de Tajerouine (centre) aient une population élevée, du fait de leur grande superficie, elles ont une densité dans la moyenne. Les délégations de l’ouest du gouvernorat montrent une désertification avec des densités qui ne dépassent pas 40 habitants /km2 . D’une façon générale, la densité de la population à l’échelle du gouvernorat reste très faible; ce qui pourrait être lié au mode de vie et aux degrés de développement intrinsèques de chaque délégation.

MODE DE VIE 

La population tunisienne, est presque en totalité concentrée dans les grandes villes et les villes côtières. Dans les villes intérieures et surtout au centre et au nord-ouest, au contraire, le mode de vie reste plutôt rural (Fig.I-12). Au Kef, le mode de vie à 50% rural traduit des difficultés dans les stratégies de développement et les choix politiques. La population est restée ancrée dans la pauvreté visible sur le terrain par la nature des logements qui sont à 70% des petits studios modestes (Fig.I-13) isolés des services faute d’infrastructures surtout routières (Fig.I-14), et qui sont souvent partagés par un nombre important d’individus.

A l’intérieur du gouvernorat le mode de vie rural est observé dans les délégations de l’ouest où les villes concentrent moins de 30% des habitants. Seules les délégations du centre et en particulier Kef-ouest et Kef-est (Fig.I-15) ont vu leurs modes de vie évoluer progressivement grâce aux infrastructures et aux activités économiques et administratives beaucoup plus importantes que dans les autres délégations. Les faibles revenus des citoyens de l’ouest et du sud du Kef, sont visibles aussi au niveau de la nature de l’habitat. Dans ces régions 80% des logements sont constitués de modestes deux pièces ou des maisons traditionnelles utilisant les matériaux disponibles localement (pierres calcaires, argile, …) (Fig.I-16). Une faible amélioration est remarquée au Kef-ouest et Kef-est, où les constructions sont plus  récentes (relié au réseau d’eau, électricité,…) et où 60% de la population occupe des maisons plus grandes et mieux aménagées.

Ce mode de vie rural reste une contrainte face aux besoins associés aux projets d’aménagement des territoires et l’amélioration des conditions de vie. En effet, le taux de raccordement en eau potable dans la ville du Kef est de 61% et reste parmi les taux les plus faibles du pays (Fig.I-17). La moitié des logements est sans raccordement aux réseaux d’assainissement (Fig.I-18). Seules les grandes villes tunisiennes ont à 100% l’eau du robinet de même qu’à des aménagements d’évacuation, alors que les villes du centre et du nord-ouest sont restées sans investissement pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

Le quart de la population du Kef utilise une source privée (Puits, sources naturelles..) pour son alimentation en eau et 18% utilisent une source publique (Fig.I-19). Ces modestes aménagements sont les seuls moyens des pauvres citoyens pour se procurer les quelques litres d’eau dont ils ont besoin et encore bien souvent dans des conditions sanitaires insalubres (Fig.I-20).

A l’intérieur du gouvernorat, les délégations de Nebeur et Sakiet Sidi Youssef, présentent les taux de raccordement en eau les plus faibles (Fig.I-21). Dans les délégations du centre la situation s’améliore, mais la moitié des ménages reste sans eau. Seules Kef-ouest, Kef Ŕest et Jerissa au sud où on observe un taux de raccordement satisfaisant (80 à 90%). La délégation de Jerissa fait exception, parce que c’est une ancienne région minière où les infrastructures et les aménagements des conduites d’eau ont été réalisés pour répondre aux besoins des activités minières et à la vague d’arrivants pour le travail.

ÉDUCATION 

L’éducation et le niveau de scolarisation sont les reflets du degré de développement des sociétés. L’étude du niveau de savoir en Tunisie montre que la population tunisienne souffre d’un taux d’analphabétisme important surtout dans les villes du centre et du nord-ouest tunisien. Dans la région du Kef le tiers de la population est analphabète (Fig.I-22). Le plus alarmant c’est que 45% des analphabètes ont entre 10 et 50 ans (Fig.I-23). Cette catégorie d’âge représente le vivier actif et l’avenir de la société.

La description de chaque catégorie d’âge a montré que presque la totalité (87%) des personnes âgées est analphabète. L’analphabétisme est très fréquent aussi chez la catégorie d’âge 50 à 70 ans, où ce paramètre atteint les 67% (Fig.I-24). Au niveau des adultes, le pourcentage d’analphabètes reste important et handicape le quart de la génération 25-50 ans. Avec l’amélioration et l’obligation de scolarisation depuis l’indépendance, les jeunes de 10 à 25 ans ont eu un peu plus de chance d’apprendre à écrire et à lire et seulement 5% des jeunes du Kef est resté analphabète. La pauvreté et le manque d’infrastructure dans l’enseignement, sont les causes principales du faible niveau de scolarisation de la population Kefoise. Les deux tiers de cette population sont restés sans instructions ou à peine avec un niveau primaire donc avec des connaissances sommaires (Fig.I-17). Seul un tiers de la population a pu poursuivre des études secondaires et 5% a réussi à approfondir ses connaissances à l’université.

Au niveau du gouvernorat de Kef, les régions septentrionales sont très déshéritées. Plus du tiers de la population ne sait ni lire ni écrire (Fig.I-26). Au contraire dans les villes, ce taux passe à un quart voire un cinquième. C’est moins mal mais c’est encore trop. A l’inverse, peu de jeunes (moins du quart au maximum) parviennent à effectuer avec succès des études supérieures (Fig.I-27). Ils travaillent ensuite dans les villes, où ils vivent de revenus issus des services publics qui les emploient, et dans les secteurs de l’industrie. Le faible niveau de formation et de scolarisation du potentiel humain au Kef a et aura des répercussions négatives sur les possibilités de travail en particulier dans les domaines qui demandent un niveau de connaissance, même moyen, et l’embauche restera limitée aux métiers précaires qui ne demandent aucune qualification.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. LA POPULATION DU KEF ET SES INDICATEURS
I.1. REPARTITION ET COMPOSITION DE LA POPULATION
I.1.1 La composition à l’échelle du gouvernorat
I.1.2 La répartition spatiale de la population par délégation
I.2. MODE DE VIE
I.3. ÉDUCATION
I.4. ACTIVITÉ ET CHÔMAGE
I.5. LES MIGRATIONS
II. ORGANISATION DE L’ECONOMIE
II.1. L’AGRICULTURE
II.1.1 Les terres agricoles
II.1.2 Les exploitations agricoles
II.1.3 Les exploitants agricoles
II.1.4 Les services agricoles et les financements
II.1.5 La production agricole
II.1.6 Synthèse
II.2. L’INDUSTRIE, LES MINES ET CARRIERES
II.2.1 L’Industrie
II.2.2 Mines et carrières
II.3. LE TOURISME
II.3.1 L’offre hôtelière et les nuitées
II.3.2 Une clientèle peu diversifiée
II.3.3 Une demande saisonnière
II.3.4 Une offre touristique de moins en moins compétitive
II.3.5 Le tourisme, la consommation d’eau et l’environnement
II.3.6 Un potentiel de diversification touristique existe et il faut le promouvoir !
II.3.7 Synthèse
III. LE MILIEU NATUREL : L’EAU, DU CIEL AU SOUS-SOL
III.1. LE CADRE CLIMATIQUE
III.1.1 Les précipitations
III.1.2 Températures
III.1.3 L’insolation
III.1.4 L’humidité
III.1.5 L’évapotranspiration
III.1.6 Aridité et étages bioclimatiques
III.1.7 Estimation du bilan hydrologique par l’évapotranspiration
III.2. LE CADRE GEOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE
III.2.1 Contexte structural et géologique et les ressources associées
III.2.2 Subdivision géographique et relief en Tunisie et au Kef
III.3. Synthèse : un potentiel minier et hydrogéologique diversifié
IV. LES RESSOURCES EN EAU EN TUNISIE ET DANS LA REGION DU KEF : LA DEMANDE, L’OFFRE ET SES LIMITES
IV.1. LA DEMANDE EN EAU
IV.1.1 La demande par secteurs
IV.1.2 L’eau virtuelle : un indicateur qui souligne des spécificités dans la situation de la Tunisie
IV.2. L’OFFRE ET SES LIMITES
IV.2.1 Les eaux de surface : priorité d’usage pour l’urbanisme et l’agriculture
IV.2.2 Les eaux souterraines
V. CONCLUSION GENERALE

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