le projet des deux premières coépouses (« il y avait… réussir leur coup »)
Cette séquence s‟ouvre sur une description d‟un foyer conjugal et d‟un ménage composé d‟un mari et ses deux épouses. Kumba et Buso, respectivement première et deuxième femme, tentent de monter un stratageme qui les mettrait à l‟abri d‟une troisième. Elles décident alors, sous l‟initiative de Kumba, de recourir aux services d‟un marabout. Celle-ci, consciente que seule l‟union fait la force, entretient une complicité avec sa coépouse Buso. Malheureusement, pour Kumba et Buso, le marabout refuse de prier pour que leur voeu se realise. Les hommes selon lui, ont le droit d‟épouser jus qu‟à quatre femmes. Cette séquence débouche sur l‟arrivée de la troisième coépouse, sur la déception de Kumba et de Buso. Elle met en exergue, comme sujet d‟état, la famille (au début une femme et un mari), comme objet valeur la troisième épouse (elles sont disjointes à l‟objet valeur), comme sujet opérateur Kumba et Buso, et comme opposant, le marabout et l‟époux La séquence estdescendante car lesfemmes échouent dans leur quête.
L’épreuve
Cette partie permet de voir la manière dont l‟épreuve est vécue par les coépouses. Chacune pense être la plus aimée ou la meilleure parmi ses coépouses. Dans la plupart des contes qui traitent de la polygamie, la concurrence, la jalousie et la haine sont des thémes recurents. La femme ou les femmes qui reçoivent une nouvelle coépouse ne sont pas toujours contentes ou prêtes à l‟accueillir.Elles manifestent leurs désaccords par des menaces et autres mises en garde. Cette atmosphere peut se traduire parle xaxar.il « désigne le chant satiriqque par lequel uneèpouse est accueillie dans le domicile conjugal par ses rivales. » Le xaxar donne à la femme le privilège de tourner en dérision sa coépouse sans que celle-ci ne riposte. Dès lors, la nouvelle mariée avertie tente de se faire accepter par ses coépouses. En fait, c‟est une situation à laquelle la femme est confrontée après que son mari a épousé une autre. Cette dernière n‟accepte que dificilement cette situation nouvelle.Elle devient méfiante à l‟égard de sa coépouse.La cause peut être l‟incapacité du mari à subvenir à leurs besoins, le manque d‟attention, voire l‟abandon. Ce qui fait que la femme est gagnée par la haine et la jalousie. Ceci entraîne une concurrence. Dans « la nouvelle mariée et ses coépouses », Marilette, la nouvelle épouse vit dans une situation difficile. Elle est maltraitée par ses coépouses qui n‟acceptent sa présence. Le charme et la beauté attirent les hommes et Marilette, en plus d‟être une bonne cuisinière, était belle.D‟où la haine et la jalousie qu‟elle suscitait. Ses coépouses ne voulaient pas d‟elle. À ce propos le narrateur raconte : « Elle alla voir une vieille dame dans la forêt et lui expliqua : nous avons une coépouse insuportable voilà pourquoi je suis venue te voir pour que tu nous aides à trouver une solution. » L‟époux est plus attiré par Marilette que par ses autres épouses de son pouvoir de séduction. Cela fait naître du chagrin inouï chez Kumba et Buso respectivement première et deuxième femme de Mudu Ndiaye. Elles tenteront de trouver une solution définitive à leur situation d‟épouses négligées par leur époux. Sur ce, le narrateur dit : « Marilette, viens prendre du café avec nous. » Nous avons l‟habitude de boire du café le soir surtout que cette année les récoltes sont bonnes ! Marilette venue, elles lui demandèrent de s‟assoir au milieu de la natte. Elle tomba dans le trou. Elles s‟emprèssent de l‟enterrer. » Souvent les femmes qui viennent de milieux différents et qui sont appelées à vivre en communauté et à partager le même mari, n‟échappent pas à cette situation. Très peu sont celles qui s‟entendent parfaitement. Mais cette émulation ne se manifeste pas seulement entre coépouses, elle peut aussi exister entre les enfants de même père et de mères différentes. Dans « Le berger et son demi-frère » cette situation est exposée. Le demi-frère de Saadi Laay Baay est jaloux de lui et cherche à le nuire. Car ce garçon a hérité de sa mère un troupeau. Aminé par un sentiment de jalousie et de méchanceté, le demi-frère de Saadi Laay Baay use de ruse pour faire échouer celui-ci : « Lorsque Saadi Laay Baay exécuta, son demi-frère se plaça derrière lui et le poussa dans le puits.Puis il amena le troupeau au marigot nommé, Ngandary. » Le récit nous présente aussi le double visage de la marâtre de Saadi Laay Baay qui au début condamnait le comportement de son fils à l‟égard de Saadi Laay Baay. Cependant, par la suite, cette femme au comportement irréprochable va se transformer en une méchante femme, une vraie marâtre. Le récit montre ainsi le véritable visage, la vraie nature de la tante de Saadi Laay Baay qui dés qu‟elle voit son fils en mauvaise posture, prend part au conflit. Découvrant que c‟est Saadi Laay Baay le responsable de ce qui est arrivé à son fils, elle se met à le combattre. Elle part voir le génie qu‟elle avait l‟habitude de voir chaque fois qu‟elle avait un probléme pour chercher une solution. Ainsi, elle donna Saadi Laay Baay comme sacrifice au génie : « C‟est l‟enfant qu‟elle a laissé au monde que je veux écarter du chemin de mon fils. » la jalousie est donc au coeur de la plupart de nos récits. C‟est le même cas aussi dans « Jabbu Jaw, l‟orpheline », La haine a conduit la marâtre de Jabbu Jaw à l‟offrir en sacrifice au djinn. En fait cette marâtre ne supportait pas la fille de sa coépouse. Alors elle cherche un moyen de la supprimer. Elle partit puiser de l‟eau au puits, mais au moment de porter le récipient d‟eau sur sa tète, elle ne vit personne. Ainsi beaucoup d‟adjuvants se présentent en vain. Finalement elle accepta le soutien du génie-Varan qui à son tour pose ses conditions qui consistaient à manger à sa fin. Ainsi elle accepte les conditions en proposant Jabbu Jaw à l‟animal.Le narrateur raconte : « Je te donnerai une fille. Elle s‟appelle Jabbu Jaw. Aujourd‟hui, il y aura un sabar dans le village elle y sera. » De là, Jabbu est mise au danger. En fait la méchanceté et la haine sont sentiments que l‟on ne peut pas cacher. Dans ces deux récits nous avons le même dénouement car toutes les deux femmes finissent par mourir. À ce niveau, écoutons le narrateur dans « Jabbu Jaw, l‟orpheline » : « Prenez-la et mettez-la dans l‟eau. Alors ils jetèrent la tante de Jabbu Jaw dans la mare. » Dans « le berger et son demi-frère », nous avons le même dénouement. La marâtre finit par mourir : « La tante de Saadi Laay Baay aussi courut et entra dans le trou de l‟arbre sans en sortir. » Elle mourut ainsi D‟où le proverbe utilisé pour dramatiser les actes de cette femme : « yeene neeg la boroo ma cay fanaan» Le théme est omniprésent dans les contes qui abordent la polygamie. Elle demande un certain effort de l‟homme et de la femme. Les femmes sont appelées à faire face à toute situation et à subir toutes les épreuves qui peuvent survenir. Elles se défendent par la concurrence. Et c‟est là que le mari intervient afin de mieux encadrer et organiser sa maison. Bien que les tensions entre femmes soient inévitables, une solution est possible. Cependant le mari peut lui-même être source des problèmes conjugaux du fait de son comportement inégal. Ce comportement inégal du mari envers ses épouses est mis en exergue dans la « complicité des deux coépouses » Il s‟agit de deux coépouses qui s‟entendaient bien mais le mari était contre cette complicité. Il fait tout pour les mettre en mal. Le récit dit : « C‟était letour de Njeemé. Il entra dans la chambre de cette dernière et prit son diner. Dès que Njeemé ferma les yeux, il sortit pour rejoindre Lingéer dans sa chambre. » En effet, le comportement inégal du mari entraîne des dysfonctionnements dans le rapport entre ses épouses. Cependant dans la « complicité des deux coépouses », les deux femmes ont échappé au conflit que le mari soulait ait installer entre elles. Ces deux coépouses incarnent la vertu. Par ailleurs nous notons une atmosphère différente dans la « nouvelle mariée et ses coépouses », où les coépouses entretiennent la jalousie et la concurrence. C‟est le propre des coépouses partageant le même mari. Le conte nous montre un mari qui porte son choix sur sa troisième épouse. Le narrateur pense : « Elles n‟arrivaient plus à satisfaire leur mari. Ce dernier ne mangeait plus à leur repas. » Le chagrin pousse les coépouses de Marilette à agir de façon scandaleuse. En effet, la polygamie est une pratique source d‟épreuve de la part des coépouses. Ces dernières sont issues de milieux différents et ont un statut social différent. Dès lors chacune prône son appartenance sociale et la met en valeur.
Le thème de la mort
La mort est perçue comme la fin d‟un processus biologique censée être naturelle chez l‟homme. Cependant, dans nos récits, les causes de la mort émanent des hommes. Dans la polygamie, la plupart des cas sont provoqués par les femmes, suite à une jalousie exacerbée, à la haine et à la méchanceté, l‟émulation, sentiments qui les conduisent souvent au meutre où la mort, à un dénouement malheureux. Les acteurs du drame de la mort dans nos récits sont la marâtre et les coépouses elles mêmes. Il s‟agit de la marâtre dans «Le berger et son de mifrère » qui cherche à supprimer le fils de sa coépouse après avoir tué celle ci: « Saadi Laay Baay s‟aura de quel bois je me chauffe. » Alors comme elle voyait au maraboutage, un marabout lui faire croire qu‟elle devait tuer soit sa coépouse, soit son propre fils. Evidemment elle choisit de tuer sa coépouse pour sauver son fils. Elle gagne son combat, pour cette fois- ci, une fois sa coépouse éliminée avec l‟aide du génie. La victime laisse à son fils un troupeau qui fait sa richesse et qui provoque la jalousie du demi-frère décidé à lui usuper son troupeau, par tous les moyens. Le garçon, sous la protection du taureau noir, est le seul à échapper à la catastrophe qui a ruiné cette famille : « La femme marcha jusqu‟à entrer dans l‟arbre où réside le génie sans y sortir. » Dans « Jabbu Jaw, l‟orpheleine », la même scène se produit. Cette orpheline est elle aussi ciblée par sa marâtre. Cette dernière rencontre un djinn à qui il promet de donner Jabbu Jaw en échange. Les motifs de cette femme sont différents de ceux de la précédente causée par la jalousie alors qu‟ici c‟est plutôt la méchanceté qui est présente dans la polygamie. La tante, envieuse, ne supporte jamais l‟enfant de sa coépouse et elle est prête à tout entreprendre pour le nuire. Jabbu n‟a rien contre sa tante et elle est bien éduquée. Mais cette femme fait preuve de méchanceté gratuite à son egard. Son projet avec le djinn échoue et Jabbu à l‟aide, d‟un chant magique, finit par être sauvée par son oncle du danger qui se tramait. L‟oncle maternel joue un rôle déterminant dans la vie de son neveu. Dans la société wolof la relation avunculaire est la réalité la plus partagée. C‟est le neveu qui s‟occupait des travaux champêtres de son oncle et était souvent à son service.dès qu‟elle est confrontée à des difficultés, elle se tourne vers son clan maternel. Dés qu‟il reçoit l‟appel de sa nièce, l‟oncle se présente et prodigue des conseils : « Enléve les cinq orteils de l‟animal. » La trame narrative nous montre que cette orpheline est sauvée aussi par le lion qui a empêché les enfants de la méchante femme à entrer dans la maison. La méchanceté et la jalousie sont souvent les causes de la mort dans la polygamie. Dans « Jabbu Jaw, l‟orpheline » la marâtre finit par être mangeé par la mère du Varan : « prenez-la et mettez- la dans la marre. » Dans la « Lanouvelle mariée et ses coépouses »se sont les coépouses qui s‟entretuent. Les deux coépouses Kumba et Busso, n‟ayant plus de solution à leur situation de marginalisées, tentent de chercher une solution radicale. Ce qui amène Kumba à aller chercher conseil auprès d‟une vieille femme. À son retour à la maison, satisfaite de son voyage, Kumba fait le compte rendu à Buso. Après leur accord, elles tentent de suivre les conseils de la vieille femme pour venir à bout à Marilette, la nouvelle mariée.
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Table des matières
Introduction
Première partie : Corpus
Ñaari wujju yu deggo
Deux coépouses qui s’entendaient
Sàmm bi ak doomu baay bi
Le berger et son demi-frère
Ligéeyu ndey
Le travail d’une mere
Jabbu Jaw, baayo bi
Jabbu Jaw, l‟orpheline
Séet bi ak wujju ya
La nouvelle mariée et ses coépouses
Deuxième partie : Analyse
Chapitre premier : Analyse structurale
1 Les séquences narratives
2 Représentation des rôles actentiels
Chapitre deuxième : Analyse thématique
1. L’épreuve
2 Le statut social
3 La parenté
4 L’entre aide
5. La violence
6 La mort
Chapitre troisième Analyse stylistique : les procédés de dramatistion
1. Les Chants
2. Les proverbes
3. Les dialogues
4. Les répétitions
5. La personnification
6. L‟exagération
Conclusion générale
Éléments bibliographiques
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