La polygamie au pays tsimihety

La société traditionnelle malgache est formée par les membres de la famille y compris les ancêtres. Pour qu’il y ait une cohésion durable, les descendants doivent vivre quotidiennement au milieu de la famille. Autrement dit, les ancêtres malgaches n’acceptent pas que leurs descendants aillent trop loin des parents. C’est pour cette raison que les garçons prennent leurs épouses parmi les voisines de la périphérie même. Cela nous amène à dire tout simplement que les parents tiennent une place importante dans la vie des Malgaches. Alors notre thème se consacre justement à « la polygamie au pays tsimihety » qui figure parmi les catégories de mariage traditionnel malgache et fait partie de l’anthropologie, une étude de l’homme.

Pour ce faire, nous avons choisi le district de BefandrianaNord comme centre de nos investigations, car nous sommes natif de la région et nous avons pensé prétendre à l’optimum de nos recherches auprès des échantillons qui nous sont familiers. Et le travail que nous avons l’honneur de présenter ici, est le fruit de notre collaboration étroite avec les entités locales, entre autres les pères et mères de familles de tous âges, des présumés conservateurs de la tradition culturelle tsimihety, ainsi que des autorités administratives et religieuses.

PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : LE DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD 

LA SITUATION GEOGRAPHIQUE 

Géographiquement parlant, Madagascar se trouve dans l’hémisphère sud. Elle se situe à quatre cents kilomètres à l’est de l’Afrique. Madagascar se divise en vingt-deux régions. L’une de ces régions est la région de Sofia qui se trouve dans la partie nord-ouest de la grande île. La région de Sofia est composée de sept districts dont un de ces districts est Befandriana-Nord. Ce district se trouve à quatre vingt dix kilomètres à l’est de la ville d’Antsohihy, et à cent huit kilomètres au nord-ouest de la ville de Mandritsara. Sa superficie est de neuf mille cent vingt et un kilomètres carrés et il est composé de douze communes dont une urbaine et onze rurales.

Le climat
Pour mieux traiter ce domaine, nous donnerons d’abord, en premier lieu, sa définition pour parvenir en deuxième lieu à sa place. En parlant donc du climat, c’est l’ensemble des éléments qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère dans une région déterminée. Le district de Befandriana-Nord a un climat tropical à deux saisons : une saison sèche et une saison humide.

LOCALISATION ET CARTE DU DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD

La saison sèche 

A Befandriana-Nord, la saison sèche dure du mois de mai jusqu’au mois de décembre. Elle se divise aussi en deux : du mois de mai au mois de juillet ; et du mois d’août au mois de décembre. Cette saison a une température assez basse, de quinze à vingt degrés Celsius en moyenne. Cette saison est une période de récolte. La deuxième division de saison, c’est-à-dire du mois d’août au mois de décembre, la température est très forte : de vingt-huit à trentecinq degrés Celsius. C’est la saison de l’été. Il fait très chaud. Le mois d’octobre est le début des cultures et c’est pendant cette saison que les paysans préparent la culture du riz et autres cultures vivrières comme le maïs, le manioc, le bananier…

La saison humide 

Concernant la saison humide dans ce district, elle commence au mois de janvier et va jusqu’au mois d’avril. Alors la région reçoit de très fortes précipitations dont certaines sont dues au passage des cyclones. Presque en tout endroit dans ce district, on trouve beaucoup de rizières irriguées surtout dans les fonds des montagnes. Ceci nous explique que la culture du riz est la base de l’activité locale. C’est parce que le riz est la base fondamentale de la nourriture de tous les Malgaches.

La forêt 

Concernant la forêt du district de Befandriana-Nord, d’abord, dans la région de la Sofia, on trouve encore de la forêt dense, plus particulièrement dans le tampo-ketsa (haut plateau) qui s’étend à l’est de ce district. Ensuite, dans certaines parties, on ne trouve que de très rares forêts à cause de l’action néfaste de l’homme qui a détruit son environnement par la pratique du tavy (culture sur brûlis) et surtout par les feux de brousse. De plus, les gens de ce district font de la culture sur brûlis, parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens de vivre s’ils ne coupent pas les arbres pour faire leurs cultures pour compléter les cultures vivrières comme le riz, le maïs, le manioc…

L’hydrographie

En matière hydrographique, le district de Befandriana-Nord a beaucoup de rivières qui se trouvent auprès des rizières et des villages. La Somboaña, par exemple, passe au milieu de la ville de BefandrianaNord. Disons que ces rivières sont pleines d’eau toute l’année.

Ensuite, le nord-est de ce district dispose de vastes bassins hydrologiques favorisant l’écoulement et le déversement des rivières. En outre, la Sofia est un fleuve qui traverse le district de BefandrianaNord. La région porte le nom de ce fleuve. Il y a un régime hydrologique caractérisé par des cours d’eau bien alimentés en saison de pluie. Bref, Befandriana-Nord a plusieurs rivières et fleuves. Ceux-ci coulent dans ce district avant de se jeter à la mer dans le canal de Mozambique.

La démographie

Du point de vue démographique, la population du district de Befandriana-Nord compte 65 803 habitants en l’année 2006 . Ce district est dominé par des jeunes et des enfants, cela signifie que les personnes âgées sont rares. Elles représentent seulement 7 %. De plus, Befandriana-Nord est constitué par plusieurs ethnies dont l’ethnie tsimihety est l’ethnie dominante.

Dispositif sanitaire

Pendant les enquêtes que nous avons effectuées, nous avons constaté que ce district a des problèmes comme les suivants :
– L’éloignement du centre hospitalier des villages périphériques ;
– L’insuffisance des médicaments pour le traitement préventif ;
– La persistance de la médicine traditionnelle.
– Etc.

Dans la suite, depuis 1993, la couverture sanitaire du district est assez faible. Elle n’est assurée qu’à 8 % pour les fokontany et à 26 % pour les communes . Mais à partir de l’année 2002, elle s’est améliorée, grâce aux efforts gouvernementaux.

Le groupe ethnique tsimihety 

L’origine de l’ethnie tsimihety 

L’ethnie tsimihety provient du brassage des éléments ethniques et claniques originaires du district de Mananara-Nord, de FénériveEst, de Soanierana-Ivongo, de Vavatenina, de l’île Sainte-Marie et de Toamasina. A ces éléments s’ajoutent et s’entremêlent d’autres souches : des ethnies sakalava, tanala, merina, plus le produit de la traite des esclaves, les Makoa, d’une part et les Antemahory, d’autre part. Ces éléments en multitude émigrés particulièrement dans la zone de Vohitrovy, commune rurale de Manambolosy, bien qu’issus des mêmes souches, des mêmes communautés, ayant le même sang, ont cependant des opinions, des convictions : foi et idéologie diamétralement opposées. Ils s’étaient répartis en deux directions opposées. Les uns proroyaume vont vers le nord-est dans la région de Maroantsetra sous l’étiquette de Marobory (les nombreux rasés), attachés au royaume Rabay, aux descendants princières Zafirabay. Les autres farouchement anti-royaume sous le sobriquet de tsy-mihety (ceux qui ne coupent pas les cheveux) vont vers le nord ouest dans la région de Mandritsara. Ils peuplent et occupent en premier lieu le plateau oriental de Vohilava aboutissant au nord-est de Mandritsara, à la forêt vierge d’Amparimilanga à la lisière de laquelle campe majestueusement le village de Bandabe. De ladite forêt vierge d’Amparimilanga prennent source les deux rivières renommées : l’une la Mangarahara traversant et baignant la plaine du district de Mandritsara et l’autre la Jabahina séparant au nord le district de Mandritsara de ses communes rurales d’Ambilombe, d’Antsatramidola et d’Ankiabe-Salohy avec le district de Befandriana-Nord de ses communes rurales de Matsondakana, d’Antsakabary et d’Ankarongana. Ainsi, nous pouvons dire que l’ethnie tsimihety résulte du brassage des éléments ethniques et claniques provenant des autres ethnies dont notamment, par ordre dégressif et de densité :

“Les Betsimisaraka-Nord de sous-groupe de Betanimena sont 70 %, les Sihanaka de sous-groupe d’Antanosimboangy sont 20 %, les Sakalava sousgroupe de Zafinifotsy par opposition au Zafinimena sont 7 % et le reste 3 % se répartit facilement, d’une part, entre les Tanala, les Merina de sous-groupe de Hova venus au temps de protectorat conventionnel, puis plus tard après le temps de la colonisation française et d’autre part, du produit d’origine de l’exploit sur la traite des esclaves. Signalons en passant que la traite des esclaves était opérée et entreprise très activement, à Anorontsanga-Maromandia district d’Analalava, province de Mahajanga” .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : LE DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD
CHAPITRE I : LA SITUATION GEOGRAPHIQUE
I.- Le climat
II.- LOCALISATION ET CARTE DU DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD
1.- La saison sèche
2.- La saison humide
III.- La forêt
IV.- L’hydrographie
V.- La démographie
1.- Tableau
2.- Dispositif sanitaire
CHAPITRE II : LE CONTEXTE HISTORIQUE
I.- Le groupe ethnique tsimihety
1.- L’origine de l’ethnie tsimihety
CHAPITRE III : LE CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE
I.- L’agriculture
1.- Les cultures vivrières
2.- Les cultures d’exportation
II.- L’élevage
III.- Le commerce
CHAPITRE IV : LE CONTEXTE SOCIOCULTUREL
I.- Le fihavanana selon les Tsimihety
II.- La croyance
III.- La scolarisation
IV.- Les sports
DEUXIEME PARTIE : LA DESCRIPTION DE LA POLYGAMIE
CHAPITRE I : DEFINITIONS
I.- Définition étymologique
II.- Définition élargie
CHAPITRE II : LES CAUSES DE LA POLYGAMIE
I.- La cause traditionnelle
II.- Les causes nouvelles
III.- Origine de la famille et du mariage
1.- Origine de la famille et du mariage selon Bachofen
2.- Origine de la famille et du mariage selon John Ferguson Mac Lennan
3.- Origine de la famille et du mariage selon Lewis Henry Morgan
CHAPITRE III : LA PRATIQUE DE LA POLYGAMIE
I.- La vie sociale
II.- L’égalité
1.- Matériel
2.- Le partage des nuits
III.- Le cas de décès
1.- En cas de décès de l’une des femmes du polygame
2.- En cas de décès du mari
3.- Les différentes formes de vady (mariage chez les Tsimihety)
CHAPITRE IV : LE ROLE DE LA FEMME DANS LA SOCIETE TSIMIHETY
TROISIEME PARTIE : ANALYSE PHILOSOPHIQUE
CHAPITRE I : LES AVANTAGES DE LA POLYGAMIE
I.- Avantages économiques
2.- Avantages sociaux
3.- Pour l’honneur
CHAPITRE II : LES INCONVENIENTS DE LA POLYGAMIE
I.- Inconvénients au niveau social
II.- Inconvénients au niveau national
CHAPITRE III : ETUDE COMPARATIVE DE LA POLYGAMIE
I.- La polygamie chez les Merina
II.- La polygamie chez les musulmans
CHAPITRE IV : LE MARIAGE ET LA POLYGAMIE SELON LA RELIGION CHRETIENNE
I.- Le mariage
II.- La polygamie
III.- La polygamie est interdite pour les chrétiens
CHAPITRE V : LA POLYGAMIE SITUATION ANCIENNE ET ACTUELLE
I.- Polygamie et législation
II.- Les vrais facteurs explicatifs de la polygamie
III.- Polygamie et évolution
IV.- Réflexions personnelles
La polygamie et la Bible
CONCLUSION

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