La matiรจre organique du sol (MOS) joue un rรดle important dans la qualitรฉ du sol. Elle est composรฉe principalement de substances humiques (SH) et de substances non-humiques (Stevenson, 1994 ; Zech et al., 1997). Les SH peuvent รชtre fractionnรฉes en humine de couleur noire insoluble dans l’eau ร n’importe quel pH, en acide humique (AH) de couleur brune soluble en milieu basique et insoluble en milieu acide (pH < 2) et en acide fulvique (AF) de couleur jaunรขtre soluble dans l’eau ร n’importe quel pH (Kononova, 2013). Des รฉtudes ont montrรฉ que la MOS est le sorbant principal des composรฉs organiques peu solubles et donc elle joue un rรดle important dans le transport, la rรฉactivitรฉ et la biodisponibilitรฉ des polluants organiques dans la colonne du sol. La MOS prรฉsente une structure interne de nanopores qui constitue des sites de sorption spรฉcifiques aux composรฉs organiques quelle que soit leur polaritรฉ (Pignatello, 1998). Il a รฉtรฉ รฉgalement montrรฉ que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) s’associaient aux rรฉgions hydrophobes de la matiรจre organique du sol parce qu’ils prรฉsentaient une faible solubilitรฉ dans l’eau (Qiu et al., 1994). L’affinitรฉ de liaison des HAP a รฉtรฉ trouvรฉe corrรฉlรฉe avec l’aromaticitรฉ de la matiรจre organique (McCarthy et al., 1989). Ainsi, l’hydrophobicitรฉ du polluant et la qualitรฉ de la MOS dรฉterminent la nature des interactions qui se produisent entre polluants et MOS et dรฉfinissent le degrรฉ de biodisponibilitรฉ et de toxicitรฉ du polluant (Landrum et al., 1987 ; Haitzer et al., 1999). รtant donnรฉ que la MOS a une structure complexe difficile ร caractรฉriser, des รฉtudes ont utilisรฉ les propriรฉtรฉs physico-chimiques telles que les propriรฉtรฉs spectrales pour caractรฉriser et dรฉfinir les SH, AF, AH (Chen et al., 2002) et en particulier la spectroscopie de fluorescence (Ohno et Bro, 2006).
Depuis la rรฉvolution industrielle au XIXe siรจcle jusquโร nos jours, lโhomme participe ร
la dรฉgradation de lโenvironnement. La destruction de lโรฉcosystรจme est souvent irrรฉversible, ce qui met en danger la vie de tout รชtre vivant sur la planรจte. La pollution se dรฉfinit par lโintroduction de polluants dans un environnement ร un seuil au-delร duquel leurs effets deviennent nuisibles aux รชtres vivants (humains, animaux, vรฉgรฉtaux) et ร lโenvironnement global. Lโimpact nรฉfaste de la pollution touche tous les compartiments environnementaux. Les effets de la pollution sont divers : augmentation des maladies et des mortalitรฉs humaines et animales, dรฉgradations et mutations des vรฉgรฉtaux, destruction de lโhabitat naturel, dรฉtรฉrioration des conditions de vie etc… La pollution dโorigine humaine, directe ou indirecte est la cause de nombreuses maladies et se trouve responsable chez certaines espรจces de leur migration voire mรชme de leur extinction si elles sโavรจrent incapables ร sโadapter aux nouvelles conditions environnementales. Plusieurs types de pollutions existent selon lโorigine des polluants : chimique, sonore, lumineuse, etc.
Selon leurs propriรฉtรฉs physico-chimiques, des polluants sont capables de parcourir des distances importantes et atteindre des รฉcosystรจmes sensibles. Certains polluants transportรฉs dans lโatmosphรจre tels que le dioxyde dโazote et le dioxyde de soufre issus des rejets industriels et des rejets liรฉs aux transports peuvent รชtre ร lโorigine des pluies acides qui altรจrent les sols et les cours dโeau.
La pollution chimique est due ร la prรฉsence en grande concentration dโune substance chimique anthropogรจne qui normalement est absente ou prรฉsente en faible concentration dans un compartiment environnemental donnรฉ. Il existe des seuils pour chaque substance chimique au-delร desquels la prรฉsence de cette substance est nocif pour le compartiment environnemental donnรฉ. La pollution chimique intรฉresse plusieurs compartiments : eau, sol, air. La communautรฉ internationale a mis en place des normes concernant les teneurs de rรฉsidus dans les aliments et les eaux (CEE,1980), alors que pour le sol ces normes nโexistent pas mais on trouve seulement des valeurs guides pour la gestion des sols contaminรฉs (Gourdon et al, 1994).
Il existe รฉgalement des pollutions dโorigine naturelle, qui sont moins frรฉquentes et qui ont souvent des consรฉquences plus ou moins nรฉgligeables. Une pollution de lโair, par exemple, peut รชtre due aux รฉruptions volcaniques, ou aux feux de forรชts. Dโautres sources naturelles de pollution peuvent รชtre liรฉes aux รฉrosions, aux pluies acides, ร lโaltรฉration de la roche-mรจre, etc.
Le sol constitue une interface dโรฉchange entre lโatmosphรจre, lโhydrosphรจre et la lithosphรจre. Il joue un rรดle trรจs important dans le cycle de lโeau et il constitue une rรฉserve de carbone et dโazote provenant de la dรฉgradation de la matiรจre organique. Il hรฉberge des vรฉgรฉtaux et divers organismes qui maintiennent sa fertilitรฉ, rรจglent le cycle de lโeau, luttent contre lโรฉrosion et participent ร la dรฉcontamination. Le sol participe donc ร la diminution ou lโรฉlimination des impacts des polluants et en consรฉquence il constitue un filtre physique et chimique pour les eaux sโy infiltrant.
Tout type de sol (agricole, urbain etc.) peut รชtre polluรฉ de maniรจre directe ou indirecte et, ร son tour, peut lui-mรชme constituer une source de pollution. Les causes directes sont liรฉes aux rejets directs ou accidentels de polluants issus de lโagriculture, des rejets industriels et des dรฉchets mรฉnagers. Les causes indirectes sont dues aux consรฉquences de la pollution atmosphรฉrique et de la pollution des eaux : infiltration dโune dรฉcharge, infiltration dโeau polluรฉe, infiltration des dรฉchets solides, dรฉversement ou fuites de dรฉchets et dโhydrocarbures, retombรฉes atmosphรฉriques, etc.
Le comportement des polluants va dรฉfinir leur dispersion vers dโautres compartiments (Barriuso et al., 1996). Des polluants prรฉsents dans un sol peuvent soit diffuser dans lโenvironnement par lโintermรฉdiaire de lโeau, des envols de poussiรจres, des รฉmanations gazeuses ou soit entrer dans la chaรฎne trophique par bioaccumulation dans les organismes qui vivent dans le sol. Le sol peut constituer un vrai milieu de stockage de polluants. Un sol polluรฉ met en danger les vรฉgรฉtaux, les animaux et les humains (DalCorso et al., 2008). Le sort des polluants est largement contrรดlรฉ par leurs interactions avec la matiรจre organique du sol (Ahangar et al., 2008). Les interactions des polluants hydrophobes avec les substances humiques pourraient changer leur sort dans l’environnement (Caron et al., 1985). Ils peuvent affecter la biodisponibilitรฉ et la toxicitรฉ vis-ร -vis des organismes vivants (Landrum et al., 1987) dont la vรฉgรฉtation (Dellโ Agnola et al., 1981).
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Table des matiรจres
Chapitre I. Introduction
Chapitre II. รTUDE BIBLIOGRAPHIQUE
II.1. La pollution environnementale
II.1.1. La pollution des sols
II.1.2. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques
II.1.3. Le devenir des HAP dans le sol
II.2. Le Benzo(a)pyrรจne
II.3. Les matiรจres organiques
II.3.1. Dรฉfinition de la matiรจre organique naturelle
II.3.2. Rรดle de la matiรจre organique du sol (MOS)
II.3.3. Substances Humiques
II.3.4. Les Acides Fulviques (AF) et les Acides Humiques (AH)
II.3.5. รtudes des SH, AF, AH et du BaP par la technique de fluorescence
Chapitre III. Conclusionย
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