La politique nationale de santé
Face aux différents problèmes économiques actuels, le gouvernement accorde un grand appui dans le secteur santé publique à partir du milieu des années 90. Pour cela, la nouvelle politique nationale de santé visait tout d’abord à la décentralisation des ressources et à la prise de décision. Ainsi, depuis 1995 le secteur santé publique de Madagascar est organisé autour des 111 districts sanitaires qui correspondent à l’unité administrative du Fivondronana. Cette nouvelle politique consistait à généraliser le recouvrement de coût. A partir de janvier 1998, les médicaments étaient facturés dans toutes les formations sanitaires primaires. De plus, dans le cadre de recouvrement de coût, une centrale publique d’achat des médicaments a été créée en 1997 dont sa fonction est d’acheter des médicaments essentiels et de les vendre à bas prix aux prestataires publics et non commerciaux. En 1996, Madagascar a défini sa Politique Nationale de santé qui a été revue et adoptée en février 1998. La politique Nationale de santé traduit les options socio sanitaires du Gouvernement qui visent l’amélioration de la qualité de vie et l’instauration d’un bien être pour toutes les catégories de population. La Politique Nationale de santé s’inscrit dans une démarche participative et décentralisée. Elle prend en compte les objectifs de la politique Nationale de population, les acquis et engagements internationaux souscrits par Madagascar. Dans ce cadre, la Politique Nationale de santé fonde ses actions, entre autres sur la protection et la promotion de la santé du couple mère/enfant, la santé de la reproduction, y compris la planification familiale et la santé des adolescents et des hommes.
Pour conforter cette option, Madagascar a décidé d’accorder une haute priorité à la santé de la reproduction en élaborant une politique Nationale de santé de la reproduction, approuvée en mars 2000. L’objectif de cette politique est de renforcer l’accès aux services de la santé de la reproduction au niveau des districts sanitaires pour toutes les catégories de la population quels que soient leur sexe, âge et leur statut. L’objectif du Ministère de la population, de la condition Féminine et de l’enfance est de soutenir la réalisation des objectifs du ministère de la santé dans la prise en charge sanitaire de ses groupes cibles et de favoriser, en particulier, l’accès des femmes à des soins de qualité tenant compte de leurs besoins à toutes les étapes de leurs cycles de vie.
Les moyens dont dispose le secteur de la santé
Au niveau des ressources financières
Les contraintes économiques et financières auxquelles Madagascar est confronté, ces dernières années, ont limité les capacités de l’Etat à contribuer efficacement au financement du secteur santé. En plus des ressources propres de l’ Etat et des contributions des partenaires, le Ministère de la Santé a généralisé à partir de 1999 la participation financière des usagers, permettant ainsi la disponibilité permanente des médicaments, à un prix abordable, dans toutes les formations sanitaires du secteur public. Grâce à la priorité accordée à la décentralisation, il faut également noter une meilleure répartition de ce budget entre le niveau central, les régions et les districts sanitaires. Mais, faute de donnée nous n’avons pas pu mentionné les détails des financements et des budgets alloués au secteur santé.
Au niveau des infrastructures sanitaires
Selon les statistiques du ministère de la Santé, les formations sanitaires fonctionnelles s’élèvent à 2423 soit :
-1143 (CSB1) et 1178 (CSB2) qui sont les Centres de Santé de Base situés au niveau périphérique ; ils constituent le point d’entrée dans le système de santé ;
-102 Centres Hospitaliers de Districts dont 73 de type 1(CHD1) qui représentent le premier recours d’hospitalisation et d’orientation et 29 de type 2(CHD2) qui disposent en plus de structures d’interventions chirurgicales.
Le secteur privé compte environ 380 formations sanitaires (cliniques, dispensaires et cabinets médicaux) qui sont essentiellement implantées en zone urbaine. Le secteur parapublic intervient également dans le secteur de la de la santé à travers des infrastructures composées essentiellement des services médicaux interentreprises (12) et de dispensaires d’entreprises (8). L’accessibilité géographique de ces structures sanitaires est de 5Km en moyenne. Le taux de fréquentation des structures sanitaires est passé de 38% en1998 à 51% en l’an 2000. Cependant des disparités importantes existent entre les six Provinces du Pays et même à l’intérieur des Provinces entre les zones urbaines et les zones rurales .
Au niveau du personnel
Malgré l’augmentation constante de la population et les contraintes de l’ajustement structurel, l’Etat a également fait des efforts au niveau du personnel, le nombre de médecins par habitant est passé de 84 médecins pour 1.000.000 d’habitants en 1994 à 130 médecins pour 1.000.000 d’habitants en 1997. En 1998, le ratio Sages femmes par femmes en âge de procréer est de 1 pour 9965. L’apurement du personnel de santé a permis de dénombrer (en juin 2000) 12393 agents dont 826 nouveaux médecins répartis dans toutes les Communes. Le plan de développement des ressources humaines élaboré par le Ministère de la santé va ainsi contribuer à assurer une meilleure répartition du personnel .
En dépit de tous ces problèmes de santé dans le milieu rural malgache, plusieurs solutions sont déjà entreprises pour éviter les impacts négatifs que ceux-ci peuvent entraîner sur la production et le développement rural.
Actions déjà entreprises par rapport à l’offre de service de santé
Une stratégie de déconcentration a été mise en œuvre par le ministère responsable à partir de 1994. En effet, on a actuellement 111 districts sanitaires. La structure du service sanitaire public se présente en trois niveaux :
– Niveau primaire : Les Centres de Santé de Base et les Centres Hospitaliers de District dont les nombres sont respectivement de 2417 et de 110,
– Niveau secondaire : Les Centres Hospitaliers Régionaux) dont il y en a 4 (à Antananarivo, à Fianarantsoa, à Antsirabe et à Tuléar),
– Niveau national : Les Centres Hospitaliers Universitaires qui sont au nombre de 16 dont 13 à Tanà et 3 à Majunga.
Le nombre de personnel médical du secteur public en 1999 est de 12.393 dont 1340 professeurs, médecin et pharmaciens et 89% de paramédical. Selon l’EPM 99, seul 1,1% des ménages ont une plomberie intérieure : 15,8% s’approvisionnent auprès de robinets publics ; 50% s’alimentent en eau provenant des sources non contrôlées comme lacs et rivières et 18% utilisent des puits avec ou sans pompe. Par rapport en 1993, cette situation s’est améliorée .
En matière budgétaire
On constate que le budget global alloué au secteur public de la santé qui a augmenté de 32% entre 1998 a permis d’accroître l’approvisionnement auprès des centres de santé. les dépenses totales du ministère de la santé ne cessent d’augmenter pour les deux années 1998 et 1999. Ces dépenses comportent les dépenses en solde, les dépenses hors soldes et les dépenses d’investissement. Les dépenses en solde augmentent de 70.996 Fmg en 1998 et de 83.059 Fmg en 1999 si elles étaient de 61.541 Fmg en 1997 et de même pour les dépenses hors solde, elles ont augmenté pour les deux années : 70.006 Fmg en 1998 et 88.983 Fmg en 1999, mais les dépenses d’investissement diminuent en 1998 :120.512 Fmg et ont significativement augmenté en 1999 : 173.350 Fmg si elles étaient de 121.949 Fmg en 1997. Ces chiffres sont tous multipliés par un million de Fmg.
D’une part, par rapport au budget général de l’Etat, les dépenses totales du ministère de la santé ont baissée de 8,03% en 1998 mais augmente de 9,19% en 1999. D’autre part, par rapport aux investissements de l’Etat, les dépenses d’investissement en santé diminuent de 12,46 en 1998 mais ont connu une hausse de 14,30% en 1999. Les femmes sont les premières à être interpellées pour le succès de toutes les actions à entreprendre. Leur capacité de tirer au mieux profit des services mis à leur disposition et d’assumer leur responsabilité dans la gestion des problèmes sanitaires est très importante pour l’amélioration de la santé des enfants. Les mères sont ainsi appelées à utiliser de façon appropriée les services de santé disponibles pour des soins tant préventifs que curatifs de leurs enfants.
Les comportements sanitaires des mères : les recours aux soins préventifs et curatifs
Les comportements différentiels des mères en matière de santé ont des conséquences sur leur santé et celle de leurs enfants. Dans la plupart des pays Africains, la mortalité infantile, le suivi prénatal et la vaccination des enfants sont encore très méfiants et de même pour Madagascar.
Le recours aux soins en cas de maladie
Prenons ici le cas des maladies diarrhéiques qui figurent parmi les principales causes de la mortalité des enfants de moins de cinq ans. A Madagascar, des événements répétés de maladies diarrhéiques sont à l’origine de la grande majorité des décès d’enfants de moins de cinq ans. Elles contribuent également à la détermination du niveau élevé de la malnutrition. Dans plusieurs cas, les mères n’administrent aucun traitement ou attendent que la maladie s’aggrave avant d’agir. Elles recourent prioritairement aux interventions traditionnelles à cause de l’ignorance de la maladie et les problèmes financiers. Ne recevant pas les soins nécessaires, les enfants malades sont exposés à un risque élevé de décès. Il s’avère ainsi important d’examiner le recours aux soins de la mère en cas de diarrhée de l’un de ses enfants.
Le suivi prénatal
La surveillance médicale avant et au cours de la grossesse est une mesure indispensable à prendre par les mères afin d’éviter tout danger pouvant menacer leur santé et la survie de l’enfant à naître. Le suivi prénatal permet de surveiller le déroulement de la grossesse. Le médecin profite également de cette occasion (c’està-dire de la visite prénatale de la future mère) pour lui donner des conseils pratiques sur les soins à procurer à l’enfant depuis sa naissance. On recommande généralement aux futures mères d’effectuer au moins trois visites prénatales, une première visite au cours du premier trimestre de la grossesse. Mais, ce n’est pas le cas à Madagascar. Les femmes, du faite que la visite à l’hôpital est payante, préfèrent ne pas y aller, ou se rendre chez les matrones pour demander conseils. Mais on sait que consulter un médecin ou un personnel médical qualifié réduit le risque de décès de l’enfant .
La vaccination des enfants
L’immunité naturelle obtenue par la transmission des anticorps de la mère à l’enfant à travers le cordon ombilical ou le lait maternel acquis par l’enfant depuis sa naissance garantit la protection de l’enfant contre une série de maladies durant les premiers mois de sa vie. Cependant, son efficacité diminue progressivement et son effet protecteur disparaît complètement avec les anticorps lorsque l’enfant atteint l’âge de six mois . Il est ainsi important d’introduire des vaccins qui stimulent la production des anticorps dans son organisme pour le protéger contre certaines maladies infectieuses. Il convient de souligner que dans le cadre du programme élargi de vaccination, l’OMS recommande à ce que l’enfant reçoive l’ensemble des vaccins contre six principales maladies qui attaquent généralement les enfants : la tuberculose, la rougeole, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et le poliomyélite. Ces vaccins doivent donc être complets et administrés selon un calendrier approprié. Actuellement, on constate que dans la majorité des centres de santé existent des sensibilisations à la vaccination des enfants. Ce qui a des effets non négligeables dans la réduction du taux de mortalité des enfants. Ces trois aspects relatifs aux comportements des mères vis-à-vis de la santé permet de résumer en premier lieu que l’utilisation des services de santé moderne et les comportements différentiels des mères en matière de santé peuvent être expliqués entre autres par des approches économique, culturelle et sociale. Selon la première approche, la mère adopte un comportement de rationalité économique : toute action engagée par la mère pour préserver sa santé et celle de son enfant est dictée par les moyens disponibles et leur niveau d’instruction. Certains systèmes actuels réservent les soins aux seules personnes qui peuvent payer et marginalise davantage les femmes qui se trouvent dans une situation économique difficile. Ainsi, malgré la volonté des femmes d’emmener les enfants aux centres de santé modernes pour recevoir les soins requis (vaccination ou consultation médicale) ou de venir se faire consulter pendant la période de grossesse, elles en sont parfois empêchées par les moyens disponibles .
|
Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I. LA SANTE DANS LES MILIEUX RURAUX DE MADAGASCAR
I.1 CONTEXTE GENERAL ET PROBLEMATIQUE
I.1.1 La politique nationale de santé
I.1.2 Les moyens dont dispose le secteur de la santé
I.1.3 Actions déjà entreprises par rapport à l’offre de service de santé
I.1.4 En matière budgétaire
I.2 LES COMPRTEMENTS SANITAIRES DES MERES
I.2.1 Le recours aux soins en cas de maladie
I.2.2 Le suivi prénatal
I.2.3 La vaccination des enfants
Chapitre II. GENERALITES SUR LE GENRE
II.1 NOTION DE GENRE
II.1.1 Définition du genre
II.1.2 Egalité et équité entre les sexes
II.1.3 Définition de l’approche genre et développement
II.2 DE L’APPROCHE FEMME ET DEVELOPPEMENT A L’APPROCHE GENRE ETDEVELOPPEMENT
Chapitre III. L’APPROCHE GENRE APPLIQUE DANS LE CADRE DE LA SANTE
III.1 APPROCHES EXPLICATIVES DES COMPORTEMENTS SANITAIRES DES MERES
III.2 METHODOLOGIE , CADRE DE L’ETUDE ET SOURCE DE DONNEES
III.3 ETUDE DES VARIABLES
III.3.1 Niveau d’instruction
III.3.2 Activité économique
III.3.3 Religion
III.3.4 Groupe d’âge de la mère
III.3.5 Ecart d’âge entre les époux
III.3.6 Différence des niveaux d’instruction des conjoints
III.3.7 Différence d’activités des conjoints
III.3.8 Position de la femme dans le ménage
III.4 APPORT DU GENRE DANS L’EXPLICATION DES COMPORTEMENTS DES MERES EN MATIERE DE SANTE : IMPACT DES RELATIONS AU SEIN DU COUPLE OU AU SEIN DU MENAGE SUR LES COMPORTEMENTS SANITAIRES DE LA FEMME
III.5 ETUDE DE CAS
III.5.1 Résultat de l’étude
III.5.2 Interprétation
Chapitre IV. PERSPECTIVES
IV.1 ORIENTATIONS STRATEGIQUES
IV.2 OBJECTIFS PRIORITAIRES ET STRATEGIES OPERATIONNELLES
IV.2.1 Objectifs et stratégies pour assurer la promotion économique des femmes
IV.2.2 Objectifs et stratégies pour promouvoir le droit des femmes à la santé
CONCLUSION