L’inflation, hausse continue du niveau des prix, est un phénomène quasi général dans les économies du monde libre actuel, qu’elles soient développées ou non. Pourtant, les opinions des économistes sont différentes quant à ses causes et ses conséquences sur les équilibres macroéconomiques et surtout aux moyens à mettre en œuvre pour la maîtriser. Un moyen jugé efficace de lutter contre l’inflation serait la mise en œuvre d’une politique monétaire adéquate. C’est un volet de la politique économique qui vise à réguler l’évolution de la masse monétaire et des taux d’intérêt. Elle est menée par la Banque Centrale en concertation plus ou moins étroite avec le gouvernement.
LA POLITIQUE MONETAIRE ET L’INFLATION
La politique monétaire a été décisive dans la « victoire sur l’inflation » des années 80-90. Elle est jugée efficace dans la lutte contre l’inflation, mais cette politique présente une certaine limite quant à l’effet de récession engendré par une politique de déflation.
LA POLITIQUE MONETAIRE
Théorie monétaire
Selon la pensée économique classique, la monnaie est « neutre ». Cette neutralité de la monnaie se justifie par le fait que les variations monétaires n’influençaient aucune des lois de production, de l’échange et de la répartition des biens. Au contraire, selon Keynes, un économiste britannique, fondateur d’une école de pensée nouvelle, la monnaie n’est pas neutre, elle a un rôle déterminant dans l’obtention du plein emploi des ressources et des hommes. Quant aux analystes néoclassiques, le rôle de la monnaie se justifie à travers ses « fonctions », fonction de réserve, fonction de transaction. Ils ont affirmés que la cause principale de l’inflation serait l’accroissement monétaire. Cette affirmation découle du principe de la théorie d’effet-revenu et d’effet-prix, que nous n’entrons pas dans le détail.
La fonction de demande de monnaie
Vision néoclassique et keynésienne
La fonction de demande monnaie diffère chez les keynésiens et chez les néoclassiques.
La « préférence pour la liquidité » chez Keynes :
D’après Keynes la demande d’encaisses monétaires est déterminée par ce qu’il appelle la « préférence pour la liquidité ». Il distingue trois motifs de « préférence » et trois types d’encaisses :
• Le motif de transaction et la constitution d’encaisse-transaction, basée sur le niveau actuel et escompté de la transactions. L’encaisse-transaction répondrait donc aux dépenses ordinaires et prévisibles (autrement dit, elle découlerait des besoins engendrés par la circulation des marchandises et de la monnaie) ;
• Le motif de précaution et la constitution d’encaisse-précaution qui servirait à des dépenses imprévisibles, notamment quant à leur date ;
• Le motif de spéculation : certains agents détiendraient une encaisse à des fins de spéculation sur les marchés des biens et des actifs financiers.
L’analyse monétaire néo-classique :
Son objectif est d’inclure la monnaie dans la fonction d’utilité des agents, pour en faire un bien doté d’un rôle spécifique, un objet d’une offre et d’une demande sur un marché : une valeur d’équilibre ou prix de ce bien doit en découler. La monnaie-bien, sera demandée en fonction de sa nature s’est à dire du type de besoin auquel elle correspond. Dans ce cas trois fonctions sont assimilables au rôle de la monnaie :
– la monnaie, bien de consommation de luxe
– la monnaie, actif financier
– l’assimilation de la monnaie actif-physique.
La théorie quantitative de la monnaie
Cette théorie a été initiée par l’économiste Irving FISHER au XVIème siècle. Elle propose une relation qui lie la quantité de monnaie en circulation, le volume des transactions et le niveau des prix. L’équation des échanges se formule comme suit:
M .V= P.T
Avec M : masse monétaire
V : vitesse de circulation de la monnaie
P : niveaux des prix
T : volume des transactions et de la production .
S’intéressant en particulier à l’étude de la demande de monnaie, l’école de Cambridge, dirigé par Alfred Marshall, a tiré de la formule de Fisher l’équation suivante de la demande de monnaies : Md = kPT où k est le coefficient de comportement (en fait l’inverse de V) et Md la demande de monnaie. Cette formule de Fisher nous permettra d’aller plus loin dans l’analyse de l’inflation du à l’augmentation de la quantité de monnaies en circulation.
L’offre de monnaie
Notons que la plupart des théories courantes considéraient que l’offre de monnaie est exogène. Le mot exogène veut dire que son volume n’est en aucun cas influencé par d’autres variables macroéconomiques. Elle n’est donc expliquée et elle est considérée comme dépendant de la politique des autorités monétaires. C’est à la Banque Centrale de régler à sa convenance suivant sa mission dans la recherche de la stabilité, la quantité de monnaie produite dans l’économie, et ce, même si les banques commerciales prennent un part active dans la création de monnaie. A l’endroit de l’hypothèse d’exogeneité de la monnaie existe un critique fondés sur deux hypothèses :
– hypothèse faite sur le comportement des banques
Le principe d’exogeneité suppose que les banques règlent leur comportement sur le volume de leurs liquidités. Elles accroissent leurs crédits à l’économie dès que des liquidités supplémentaires leurs sont accordées. Elles diminuent leur distribution de crédits à l’économie au cas contraire. On note que les banques diminuent jamais leurs crédits à l’économie à la suite d’une diminution du volume de monnaie centrale mis à leur disposition, ce qui démontre bien qu’une très grande souplesse règne en fait dans le jeu de leurs liquidités.
– hypothèse faite sur le comportement des entreprises et de l’économie
Le même principe d’exogeneité suppose que les entreprises et l’économie sont obligées d’accepter le volume de monnaie que le système bancaire crée à leur intention. Ceci est dit de façon tout à fait explicite par Milton Friedman à diverses reprises. Tout au plus les agents ont-ils un pouvoir de disposition sur les encaisses supplémentaires qui leurs sont livrées. Cette affirmation est fausse pour quiconque s’est intéressé au processus de création monétaire. Hors l’hypothèse de la monnaie externe, toute monnaie est intégralement crée en contrepartie d’un endettement des entreprises. Cet endettement ne peut être imposé aux entreprises et nombre d’essais de « relance » de l’économie par une politique monétaire mal comprise ont échoué sur le refus des entreprises d’accroître leur niveau d’activité.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LA POLITIQUE MONETAIRE ET L’INFLATION
CHAPITREI : LA POLITIQUE MONETAIRE
A-Théorie monétaire
A1- la fonction de demande de monnaie
A1-1. Vision néoclassique et keynésienne
A-1-2. La théorie quantitative de la monnaie
A2- l’offre de monnaie
B-La politique monétaire : objectifs, instruments et efficacité
B1- objectifs de la politique monétaire
B-1-1 Les objectifs finals
B-1-2 Les objectifs intermédiaires
B2- Instruments de la politique monétaire
B-2-1 Méthode d’intervention directe
B2-2. Méthode d’intervention indirecte
B-3. Efficacité de la politique monétaire
B-3-1. Efficacité selon les théories économiques
B-3-2. La bonne conduite de la politique monétaire selon le FMI
CHAPITRE II : L’INFLATION
A- Définition, mesure et types d’inflation
A-1. Définition
A-2. Mesure de l’inflation
A-3. Types d’inflation
B- Les causes de l’inflation
B-1. Approche non monétariste
B-1-1. L’inflation par excès de la demande
B-1-2. L’inflation par les coûts :
B-1-3. L’inflation par les structures socio-économiques
B-2. Approche monétariste de l’inflation
B-2-1. Les thèses friedmaniennes de l’inflation
B-2-2. Critique des thèses de l’inflation
PARTIE II : POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE DES PRIX A MADAGASCAR
CHAPITRE I : REALITES DE L’INFLATION A MADAGASCAR
A- Evolutions récentes du taux d’inflation
B- Mesures monétaires prises pour réduire le taux d’inflation
CHAPITRE II : SURVOL DU STATUT DE LA BCM
A- les attributions de la Banque Centrale
B- Structure et organisation de la Banque Centrale
CHAPITRE III : LA POLITIQUE MONETAIRE A MADAGASCAR POUR LA PERIODE 2000-2004
A- les objectifs et instruments de la politique monétaire adoptée
A-1- les objectifs
A-2- les instruments de politique monétaire
A-2-1- le taux directeur
A-2-2- les réserves obligatoires
A-2-3- les interventions sur le marché monétaire et des changes
B- La conduite de la politique monétaire pendant l’année 2000 à 2004
CHAPITRE IV : LES ENJEUX ENTRE LA MASSE MONETAIRE ET L’INFLATION
A- Evolutions de la masse monétaire à Madagascar
B- Interaction entre la masse monétaire et l’inflation
C- Efficacité de la politique monétaire sur les prix
D- Recommandations
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE