La conception classique et nรฉoclassique
ย ย ย ย ย ย ย De faรงon gรฉnรฉrale, la thรฉorie classique et la thรฉorie nรฉoclassique sont ร distinguer, mais, sur la monnaie, elles ont une vision commune. Cette premiรจre conception est structurรฉe autour de quatre idรฉes.
a- Monnaie considรฉrรฉe seulement comme instrument dโรฉchange : Premiรจrement, la monnaie est un instrument qui รฉvite les inconvรฉnients du troc lorsqueย les รฉchanges se dรฉveloppent et se complexifient. Parce quโelle est unitรฉ de compte, la monnaie sert dโintermรฉdiaire des รฉchanges. Simple intermรฉdiaire, elle nโa dโintรฉrรชt que parce quโelle facilite les รฉchanges de marchandises. Mieux, ce sont les marchandises qui sโรฉchangent entre elles. Lโidรฉe que la monnaie est en quelque sorte un voile dissimulant cet รฉchange va รชtre le fil conducteur de la conception classique et nรฉoclassique.
b- La thรฉorie quantitative de la monnaie : La deuxiรจme idรฉe porte un nom : cโest la thรฉorie quantitative de la monnaie. Esquissรฉe par Jean Bodin (1568)1 qui remarqua la corrรฉlation entre lโarrivรฉe massive de mรฉtaux prรฉcieux en Europe et la flambรฉe des prix, puis formulรฉe par John Locke (1690), David Hume (1752) et Richard Cantillon (1757) et mise sous forme dโรฉquation par Irving Fisher (1911)2 , elle a donnรฉ naissance ร une branche particuliรจre de la thรฉorie nรฉoclassique : le monรฉtarisme. Pour un volume de transactions (T) donnรฉ et une vitesse de la circulation (V) constante, toute variation de la quantitรฉ de monnaie en circulation (M) entraรฎne une variation proportionnelle des prix (P) : MV = PT. La vitesse de circulation est supposรฉe constante ร court terme car les habitudes de paiement nโรฉvoluent que lentement. Le volume de transactions est lui aussi supposรฉ constant car lโรฉquilibre des marchรฉs assure le plein emploi de toutes les capacitรฉs de production.3 La thรฉorie quantitative de la monnaie sโintรจgre donc dans le modรจle dโรฉquilibre gรฉnรฉral de Walras.
c- La neutralitรฉ de la monnaie : La troisiรจme idรฉe dรฉcoule de la prรฉcรฉdente. Si la variation de la quantitรฉ de monnaie ne fait varier que les prix, elle nโa aucune influence sur la production et lโemploi. La monnaie est donc neutre au regard de lโactivitรฉ rรฉelle. Une autre maniรจre de dire quโelle nโest quโun voile. Cette idรฉe trรจs ancienne puisquโelle date au moins de deux siรจcles et demi a รฉtรฉ remise au goรปt du jour dans les annรฉes 1950 par Milton Friedman4 qui a รฉtendu le raisonnement du court au long terme. La neutralitรฉ de la monnaie vis-ร -vis de lโactivitรฉ productive est vraie ร long terme aprรจs que les entreprises, les travailleurs et les mรฉnages ont rรฉagi rationnellement ร un รฉvรฉnement non anticipรฉ. Ainsi, dit Friedman, si le gouvernement dรฉcide dโaugmenter certaines prestations sociales, les individus peuvent se croire plus riches et augmenter leurs dรฉpenses sโils nโanticipent pas quโun jour prochain le gouvernement devra augmenter les prรฉlรจvements. Les entreprises vont embaucher pour rรฉpondre ร cette demande et augmenter les salaires. Les salariรฉs vont croire ร une hausse de leurs salaires rรฉels, dรฉpensรฉ et les entreprises embaucher de nouveau, etc. Mais lโinflation va annuler la hausse des salaires, les entreprises vont rรฉduire lโemploi et le chรดmage va retrouver son niveau dโavant. La conclusion politique tirรฉe par les monรฉtaristes est quโil faut รฉtroitement surveiller lโรฉmission de monnaie pour quโelle ne dรฉbouche pas sur lโinflation, รฉtant entendu quโelle ne peut avoir que cette consรฉquence et aucune sur la production. La monnaie est neutre par dรฉfinition mais il faut, de plus, la neutraliser politiquement car elle est inefficace.
d- La loi des dรฉbouchรฉs : En dรฉcouvrant le monรฉtarisme, on a fait allusion sans le dire explicitement ร la quatriรจme idรฉe contenue dans la conception classique et nรฉoclassique. Elle fut formulรฉe par Jean-Baptiste Say (1803)5 et est connue sous le nom de loi des dรฉbouchรฉs. Elle fut systรฉmatisรฉe par Lรฉon Walras (1874)6 dans son modรจle dโรฉquilibre gรฉnรฉral de tous les marchรฉs. Comme les marchandises sโรฉchangent contre des marchandises (la monnaie nโรฉtant quโun voile), toute offre crรฉe sa propre demande. La production permet de distribuer des revenus monรฉtaires dโun montant รฉquivalent ร la valeur de la production. Les revenus sont dรฉpensรฉs en achats de biens de consommation et en achats de biens dโinvestissement via lโรฉpargne. P = R = C + S = C + I = D. Toute surproduction est impossible. Un dรฉsรฉquilibre dans un sens dans un secteur de lโรฉconomie serait immรฉdiatement compensรฉ par un autre en sens inverse. Lโรฉquilibre gรฉnรฉral serait rรฉtabli par la flexibilitรฉ des prix. Cette ยซ loi ยป est ร premiรจre vue imparable. Or, deux failles profondes la traversent. Mais elles ne peuvent apparaรฎtre quโร la lumiรจre des conceptions suivantes de la monnaie.
Les instruments de contrรดle direct de la liquiditรฉ : encadrement et sรฉlective du crรฉdit
ย ย ย ย ย ย ย ย Lโobjectif poursuivi de lโencadrement du crรฉdit est de lutter contre certains dรฉsรฉquilibres รฉconomiques en maitrisant la croissance de la masse monรฉtaire. Pour ce faire, les autoritรฉs monรฉtaires choisissent et de contrรดler et limiter rรฉglementairement le montant des encours de crรฉdits bancaires. Lโobjectif de lโencadrement est dโabord quantitatif. Il sโagit ร partir dโun taux de croissance de la masse monรฉtaire souhaitรฉe, de fixer le montant des crรฉdits allouรฉs ร lโรฉconomie. Les autoritรฉs monรฉtaires dรฉterminent pour une pรฉriode donnรฉe (annuel ou semestriel, โฆ), des normes de progression mensuelle des encours de crรฉdit que peut octroyer chaque banque. Ainsi une banque ne peut augmenter le montant des crรฉdits quโelle accorde au-delร dโun certain seuil qui est fixรฉ relativement au montant quโelle a accordรฉ lโannรฉe prรฉcรฉdente. Le non-respect des normes dรฉfinies par la banque centrale entraine lโobligation pour les banques de constituer des rรฉserves supplรฉmentaires non rรฉmunรฉrรฉes, pour un montant particuliรจrement รฉlevรฉ. Lโavantage principal de lโencadrement du crรฉdit certainement son extrรชme efficacitรฉ pour agir sur les quantitรฉs, sans pour autant entrainer de fortes variations des taux dโintรฉrรชt. Cependant cette efficacitรฉ sโaccompagne dโune grande rigiditรฉ prรฉsentant lโinconvรฉnient dโentraver le dรฉveloppement bancaire, ce qui rejaillit sur le dynamisme de lโรฉconomie. Cโest pourquoi, afin dโattรฉnuer la rigiditรฉ de lโencadrement, les autoritรฉs monรฉtaires sโattachent ร mettre en place une politique sรฉlective du crรฉdit. Dans la politique sรฉlective des crรฉdits, les autoritรฉs monรฉtaires autorisent lโouverture du crรฉdit ร des secteurs dโactivitรฉ particuliers. La sรฉlectivitรฉ vise ร orienter les crรฉdits vers des domaines dโactivitรฉ que lโEtat souhaite voir se dรฉvelopper de faรงon prioritaire. Les modalitรฉs sont diverses, il peut sโagir dโactions par lโintermรฉdiaire des taux ou des quantitรฉs, ou bien encore par une combinaison des deux.
L’indice des prix ร la consommation
ย ย ย ย ย ย ย ย L’indice des prix ร la consommation (IPC) est l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux pรฉriodes donnรฉes, la variation du niveau gรฉnรฉral des prix des biens et des services consommรฉs par les mรฉnages. C’est une mesure synthรฉtique des รฉvolutions de prix ร qualitรฉ constante. L’IPC couvre tous les biens et services consommรฉs sur lโensemble du territoire, par les mรฉnages rรฉsidents et non-rรฉsidents (comme les touristes). Une faible part des biens et services ne sont pas observรฉs par lโindice : il sโagit principalement des services hospitaliers privรฉs, de lโassurance vie et des jeux de hasard.
๏ Mรฉthode de calcul : L’indice des prix ร la consommation (IPC) est un indice de Laspeyres. Lโindice des prix de Laspeyres permet de synthรฉtiser en un indice unique un certain nombre d’indices. Il mesure l’รฉvolution dans le temps du prix ร payer pour un panier de rรฉfรฉrence, choisi sur la base des consommations d’une annรฉe de rรฉfรฉrence. Il ne tient pas compte de la modification des habitudes de consommation (composition du panier). La problรฉmatique est la suivante : nous souhaitons calculer un indice synthรฉtique permettant de mesurer l’รฉvolution du niveau gรฉnรฉral des prix. Pour cela, on dispose de la quantitรฉ qi et du prix pi pour chaque produit i considรฉrรฉ.
Inflation par la demande (la thรฉorie keynรฉsienne)
ย ย ย ย ย ย ย ย Lโinflation par la demande est une explication de la hausse des prix par un excรจs de la demande globale sur lโoffre globale (lโensemble des biens disponibles, รฉvaluรฉs aux prix courants); lโรฉgalitรฉ entre valeur des ventes et valeur des achats est cependant une propriรฉtรฉ des รฉchanges (cโest une contrainte). Les quantitรฉs de biens et la dรฉpense globale รฉtant donnรฉes, seules les modifications des prix peuvent assurer la rรฉalisation de la contrainte Offre =Demande. Lโensemble des prix sโรฉlรจvera, dans des proportions variables. La thรฉorie de lโinflation par la demande reste insuffisante tant quโon ne sait pas comment il est possible que lโexcรจs de demande et lโinsuffisance de lโoffre se sont produits ; en effet, les conditions de crรฉation du revenu impliquent normalement que les revenus distribuรฉs sont une masse รฉgale ร celle des biens produits. Dans ce cas, lโexcรจs de la demande pourrait provenir des mรฉnages : c’est-ร -dire la hausse de la consommation ou acquisition de logements financรฉs ร crรฉdit, des entreprises : causรฉ par lโaccroissement non autofinancรฉ de leur investissement, de lโEtat : dรป ร la politique de soutien ร lโactivitรฉ รฉconomique financรฉ par le dรฉficit budgรฉtaire. Lโinsuffisance de lโoffre pourrait รชtre dรป รฉgalement ร des entreprises ; insuffisance des capacitรฉs de production et la forte rigiditรฉ des techniques de production. Et aussi ร lโEtat : le manque dโinfrastructures et la formation insuffisante de la main dโลuvre. Et enfin ร lโenvironnement : Des facteurs accidentels (guerres…) peuvent provoquer des pรฉnuries temporaires.
Les effets nรฉfastes de lโinflation
ย ย ย ย ย Une inflation peut conduire lorsquโelle est forte, ร un ralentissement de la croissance รฉconomique, du produit global, et ร une dรฉtรฉrioration de lโemploi. Lโinflation chronique entraรฎne de nombreux effets nรฉfastes : Elle perturbe la rรฉpartition macroรฉconomique des revenus. Tous les agents รฉconomiques ne peuvent pas faire รฉvoluer leurs revenus ร la mรชme vitesse que lโinflation. Celle-ci est favorable aux emprunteurs et aux titulaires de revenus flexibles, mais elle pรฉnalise les รฉpargnants, les crรฉanciers et les titulaires de revenus indexables. Elle contribue ร rendre lโavenir plus incertain. En rendant incertaine lโรฉvolution des valeurs nominales des revenus et des prix, lโinflation complique les prรฉvisions รฉconomiques et rend la croissance รฉconomique plus chaotique. Une inflation nationale plus forte quโร lโรฉtranger, rรฉduit la compรฉtitivitรฉ de lโรฉconomie et conduit ร procรฉder ร procรฉder ร des rรฉajustements monรฉtaires. Lโinflation rend la croissance รฉconomique dรฉsรฉquilibrรฉe et provoque la stagflation, situation oรน coexistent ร la fois lโinflation et le chรดmage
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Table des matiรจres
REMERCIEMENTS
LISTE DES ACRONYMES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES SCHEMAS ET DES GRAPHES
INTRODUCTION
Chapitre I- LA POLITIQUE MONETAIRE
Section I- APPROCHE THEORIQUE DE LA MONNAIE
1- La conception classique et nรฉoclassique
a- Monnaie considรฉrรฉe seulement comme instrument dโรฉchange
b- la thรฉorie quantitative de la monnaie
c- La neutralitรฉ de la monnaie
d- La loi des dรฉbouchรฉs
2- La conception keynรฉsienne
a- La fonction de rรฉserve de valeur de la monnaie
b- La prรฉfรฉrence pour la liquiditรฉ varie en sens inverse du taux dโintรฉrรชt
c- La monnaie est active
d- Equilibre est un mรฉcanisme conventionnel
Section II- LA NOTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE
1- Dรฉfinition
2- Types de politiques monรฉtaires
3- Objectifs de la politique monรฉtaire
a- Les objectifs finaux
b- Les objectifs intermรฉdiaires
4- Les instruments de la politique monรฉtaire
a- Les instruments de contrรดle direct de la liquiditรฉ : encadrement et sรฉlective du crรฉdit
b- Les instruments de contrรดle indirect : action par le biais des taux d’intรฉrรชt, action sur les rรฉserves obligatoires, politique d’open market
๏ La politique du refinancement bancaire
๏ La politique des rรฉserves obligatoires
๏ politique d’open market
Chapitre II- LโINFLATION
Section I- DEFINITION, MESURE ET TYPES DE LโINFLATION
1- Dรฉfinition
2- Mesure de lโinflation
a- Le dรฉflateur du PIB
b- L’indice des prix ร la consommation
๏ Mรฉthode de calcul
3- Types de lโinflation
a- L’inflation latente, contenue, dรฉguisรฉe ou rampante
b- L’inflation ouverte
c- L’inflation galopante ou hyperinflation
Section II- ORIGINES DE LโINFLATION
1- Origines non monรฉtaire
a- Inflation par la demande (la thรฉorie keynรฉsienne)
b- Lโinflation par les coรปts
c- Lโinflation structurelle
2- Lโapproche monรฉtaire de lโinflation : thรฉorie quantitative de la monnaie
SECTION III- LES CONSEQUENCES DE LโINFLATION
a- Les effets bรฉnรฉfiques de lโinflation
b- Les effets nรฉfastes de lโinflation
c- La politique de lutte contre lโinflation
PARTIE II- POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE DES PRIX A MADAGASCAR (2013- 2014)
Chapitre I- LA REALITE DE LโINFLATION A MADAGASCAR
Section I- LA REALITE DE LโINFLATION EN 2012
Section II- LA REALITE DE LโINFLATION AU DEBUT DE LโANNEE 2013
Chapitre II- ROLE DE LA BCM DANS LA MISE EN ลUVRE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Chapitre III- ANALYSE DE LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BCM DE 2013 A 2014
Section I- MANIPULATION DES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA PART DE BCM
1- Les objectifs de la politique monรฉtaire
2- Manipulation des instruments de la politique monรฉtaire de la part de BCM
๏ Les ventes de titres
๏ Les prises en pension et les appels dโoffre positifs (AOP)
๏ Les interventions de la BCM sur le marchรฉ monรฉtaire
๏ท Les refinancements
๏ท Les ponctions
Section II- CONSEQUENCES DE CETTE POLITIQUE MONETAIRE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DU PAYS
Section III โ EFFET DE CETTE POLITIQUE MONETAIRE SUR LโINFLATION DANS LE PAYS
Chapitre IV- LA MASSE MONETAIRE ET LโINFLATION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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