La politique de renouveau rural
De la genèse au développement des PPDRI
Depuis l’an 2000, les prémices d’une approche territoriale du développement rural semblent commencer à germer en Algérie, après l’adoption de la Politique du Renouveau Rural (PRR) et de ses principaux instruments de mise en ouvre, notamment les Projets de Proximité de Développement Rural Intégré (PPDRI). L’introduction du paradigme de « proximité » et de l’expression« développement rural », dénotent une innovation institutionnelle majeure dans la manière d’agir sur le monde rural et de le penser. Dans l’histoire des politiques publiques en Algérie, ces concepts entrent pour la première fois dans le jargon des pouvoirs publics et dans les fondements et les principes qui guident leurs actions. Le premier renvoi à une volonté de décider et d’agir ensemble au plus près des territoires d’intervention, et en concertation avec les populations qui y habitent. Quant au second, il sonne la rupture avec une représentation longtemps dominante, du développement rural comme développement agricole, et sous entend la diversification des activités en milieu rural, par la valorisation des potentialités de chaque terroir, l’intégration intersectorielle et l’amélioration des conditions de vie des ruraux.
Puis, avec la mise en oeuvre de mesures destinées à appuyer la politique de réconciliation nationale et à dynamiser le développement rural, et à partir de février 2009 et le discours fondateur du Chef de l’Etat à Biskra, une autre période est engagée avec le lancement de la politique actuelle de Renouveau Agricole et Rural. Celle-ci généralise une approche de développement intégré, participatif et décentralisé, et une nouvelle forme de gouvernance basée sur un recentrage du rôle de l’Etat sur ses fonctions régaliennes, la modification profonde des rapports entre les acteurs du monde agricole et rural et la construction progressive d’un véritable partenariat public-privé.1 Le concept d’intervention a traversé plusieurs champs débutant de la médecine chirurgicale et arrivant au champ des sciences sociales.
« Les expressions d’interventions psychologiques et sociologiques désignent le plus souvent des pratiques de consultation répondant aux demandes d’acteurs se trouvant en situation problématique. Certains d’entre elles, donnent la priorité à l’établissement d’une relation d’aide, d’autres les utilisent davantage comme stratégie de recherche, toutes s’inscrivent dans un rapport de collaboration entre praticiens et acteurs. »2 Dans ce contexte, nous essayons d’expliquer les étapes d’évolution de la politique de renouveau rural arrivant a la démarche de programmation participative ascendante définie pour les projets de proximité et de développement rural intégré PPDRI , la première section de ce chapitre aborde des généralités sur les notions de développement rural, espaces et territoires ruraux et la deuxième section examinera l’intervention de l’état Algérien a travers la politique de renouveau agricole et rural et ses fondements.
Généralités sur les notions de Développement, Espace et Territoire Rural
Les critères de définition de l’espace rural : 1.1 .La définition par le seuil de population : Selon l’OCDE1, la méthode la plus courante consiste à fixer une taille limite entre ville et campagne, limite qui varie cependant sensiblement d’un Etat à l’autre. Le seuil des 2000 habitants par unité administrative de base (la commune pour la France, par exemple), le plus utilisé, a été choisi dans des pays aussi différents que la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Ethiopie, le Liberia, le Honduras, la Bolivie, Cuba. La limite très voisine de 2500 habitants, elle aussi fréquente, est utilisée aux Etats-Unis, au Mexique, au Venezuela, à Porto-Rico, à Bahreïn. Le seuil des 5000 habitants est retenu dans plusieurs pays d’Afrique (Cameroun, Soudan, Tchad) ainsi qu’en Inde, en Iran, en Autriche et en Tchéquie. La limite peut cependant monter jusqu’à 10000 habitants (Sénégal, Jordanie, Portugal) et même à 50000 au Japon, pour tomber à 1000 habitants au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Irlande, à 500 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à 400 en Albanie et à 200 dans les pays scandinaves. En France, durant de nombreuses décennies, le découpage du territoire reposait sur la notion d’agglomération ou unité urbaine basée sur la continuité de l’habitat. Il s’agissait d’un ensemble de communes dont le territoire était partiellement couvert par une zone bâtie d’au moins 2000 habitants. Dans cette zone bâtie, les constructions étaient séparées de leurs voisines de moins de 200 mètres. Les campagnes, ou espaces ruraux, étaient en quelque sorte le négatif des agglomérations.
le développement communautaire : Le développement communautaire répond spécifiquement à un besoin socio-économique des catégories défavorisées de la population. C’est une spécificité du développement local sur un territoire d’entreprendre et de participer à des activités en vue d’améliorer leurs conditions socio-économiques. Douglas, cité par André (2007)1, parle de développement économique communautaire ; pour lui, il est « … un ensemble d’actions collectives visant la satisfaction d’intérêts locaux à caractères socio-économiques ». selon lui , le développement communautaire conduit à ce qu’il appelle « économie sociale ou alternative »qui se veut un processus de développement appuyé sur « la gestion collective, la recherche de la rentabilité sans objectif d’enrichissement » mais dont la production répond aux vrais besoins de la communauté. Quand à Tremblay (1999)2, le développement local ou communautaire est décrit comme une perspective centrée sur la revitalisation des communautés locales et sur l’amélioration des conditions de vie des populations selon des initiatives qui sont mises en oeuvre à la fois par et pour les populations locales C’est aussi « saisir dans un langage qui soit le sein, chacun peut dire son mot, exprimer ses aspirations, mobiliser ses ressources en intégrant ses choix dans des perspectives dynamiques et plus vastes ».
le développement local
Le développement local s’est imposé dans les années 1970 d’abord comme remise en question des politiques de développement régional, puis comme complément aux politiques macroéconomiques dans les années 19801. Jean BONNAL définit le développement local ainsi : « le développement local est une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et culturels dans lesquels ils s’intègrent »2. Le local est « ce que l’on prend en considération quand on a mis en évidence les déterminants économiques et culturels à l’échelle nationale et internationale …, dans l’organisation administrative du territoire, il est conçu comme une entité économique autonome, déconnectée du centre et qui jouit d’une large autonomie politique, administrative et financière …3 Pour Pierre TEISSERENC, une démarche de développement local ne peut être entreprise sans « modifier la façon dont les hommes se représentent leur territoire et adaptent leurs comportements pour appréhender collectivement son avenir »4.
La mobilisation de l’ensemble des forces vives de la microsociété locale ( acteurs institutionnels, entrepreneurs, hommes politiques, associations, habitants…), afin de les associer à la définition et à la réalisation des objectifs visés, est en effet un facteur déterminant de la réussite d’un projet de développement local : « les politiques de développement local reposent sur un processus de transformation du système social local capable d’apporter une réponse conjoncturelle à la crise, et de porter un projet de développement dont la réalisation met en cause l’aptitude de la société locale à s’intégrer à un environnement en mutation rapide et à puiser dans son environnement les ressources indispensables à sa réussite »1 Après cette série de définitions relatives au développement, il est évident que le mot quel que soit le qualificatif attribué, se rapporte toujours au changement, à la transformation à l’amélioration d’une situation à une autre jugée préférable.
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Table des matières
Dédicace
Remerciement
Sommaire
Introduction Générale
Partie 1 :
Chapitre 1 : De la Genèse au développement des projets de proximité de développement rural intégré-PPDRI-
Introduction
Section 1 : Généralités sur les notions de développement, Espace et Territoire Rural
Les critères de définition de l’espace rural
Définition de concepts incluant le développement
Le territoire : une appropriation de l’espace
Les territoires ruraux : l’expression d’un développement
Les espaces ruraux au cours des siècles
Caractéristiques du milieu rural en Algérie
Les instruments de préservation et de valorisation des territoires ruraux
Section 2 : la politique de renouveau rural
L’évolution des politiques agricoles et rurales (1962-2012
La politique de renouveau rural, ses définitions, ses constructions et ses articulations avec autres politiques de développement
Les principaux objectifs visés par la politique de renouveau rural
La stratégie nationale de développement rural durable SNDRD : outil de mise en oeuvre de la politique de renouveau rural
L’approfondissement et la consolidation de la politique de renouveau rural : rôle de la commission nationale de développement rural+
Conclusion
Chapitre 2 : Evolution et obstacles des PPDRI
Introduction
Section 1 : Présentation générale des PPDRI
Définition
Objectifs des PPDRI
Les acteurs intervenant dans le PPDRI
L’enquête du groupe
L’enquête de ménages
Justification du projet
Section 2 : les étapes d’élaboration des PPDRI
L’initiation du PPDRI
La préparation du PPDRI
La formulation du PPDRI
L’approbation du PPDRI
La réalisation et la clôture du PPDRI
Suivi-évaluation et contrôle du PPDRI
Exemple d’un PPDRI-Wilaya de Tlemcen
Conclusion
Partie 2 :
Chapitre 1 : le développement de l’entrepreneuriat rural
Introduction
Section 1 : Généralités sur l’entrepreneuriat
Typologie de l’entrepreneuriat
Importance de l’entrepreneuriat dans la société
Les diverses formes d’entrepreneuriat
Définition de l’entrepreneuriat
Historique de l’entrepreneuriat
Les moyens de financement de l’entrepreneuriat
Les conceptions dominantes de l’entrepreneuriat
Les caractéristiques fondamentales de l’entrepreneuriat
Les caractéristiques individuelles favorables à l’entrepreneuriat
Section 2 : la politique de l’entrepreneuriat rural en Algérie
L’entrepreneuriat en Algérie
L’entrepreneuriat rural
La politique de l’entrepreneuriat rural en Algérie
Conclusion
Section 1 : l’évolution des PPDRI (cas de l’Algérie
Les acteurs concernés par la politique de renouveau agricole et rural
Présentation de l’Algérie
Etat de mise en oeuvre des programmes du renouveau rural
Etat de mise en oeuvre des PPDRI cas d’Algérie
Classement des régions et des Wilayas suivant la zone de programme et l’importance des projets lancés
Impacts prévus pour les PPDRI
Section2 : Cas de la Wilaya de Tlemcen
Présentation de la Wilaya de Tlemcen
Les principaux axes de développement
Répartition des PPDRI par thèmes fédérateur dans la Wilaya de Tlemcen
Projet de développement rural dans la Wilaya de Tlemcen
Etat d’avancement des projets de proximité de développement rural intégré PPDRI dans la Wilaya de Tlemcen (troisième trimestre 2013
Impact des PPDRI sur le développement de la micro-entreprise et de l’artisanat
Conclusion
Conclusion général
Références
Annexe1
Annexe2
Annexe3
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des photos
Liste des Abréviations
Table des matières
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