La pêche joue des rôles primordiaux, sinon vitaux, dans le développement de pays insulaire tels que le notre et mérite à juste titre une attention particulière. En effet, elle entretient la vie de l’humanité et assure à un bon nombre de la population des ressources et espaces vitaux. Fort de cette conviction, le Ministère de l’Environnement estime qu’une politique de développement durable devrait trouver une place privilégiée dans la stratégie de développement du pays.
« Jusqu’au début du PE II, les zones côtières ont été négligées face à nos écosystèmes terrestres uniques et réputés sur le plan mondial, alors que la nature a doté notre pays de conditions idéales pour le développement et la valorisation de ses ressources halieutiques, riches et diversifiées, d’importance régionale, voire mondiale. En effet, s’étendant sur 6597 km de large, le littoral malgache confère à Madagascar une zone exclusive de 1 million de km² et ne déroge pas aux caractéristiques de receler une diversité floristique et faunistique reconnue pour sa forte endémicité et comprenant des espèces devenus rares. «Il constitue un terrain d’étude relativement vierge, passionnant par l’originalité et la complexité de ses problématiques incluant des aspects économiques, écologiques mais aussi sociaux et culturels » . Ainsi par son immensité superficiaire, la mer a toujours été considérée comme un garde – manger intarissable pour l’Homme » .
« Erreur car sous d’autres …mers, sa surexploitation a abouti à l’épuisement des ressources halieutiques » . La dégradation accélérée de nos zones côtières menace dangereusement les richesses littorales. L’accroissement rapide de la population, les migrations, l’urbanisation côtière et l’occupation anarchique des zones classées sensible d’une part, l’exploitation et l’utilisation irrationnelle des ressources et des écosystèmes d’autre part, risquent à terme de détruire irréversiblement cette richesse. En effet la prise en compte de la dimension environnementale est loin d’être établie dans la société malgache. La population se préoccupe peu de l’avenir et vit au jour le jour. Cet état de fait est renforcé par la culture tournée vers les ancêtres, le passé, plus que vers la descendance. L’extrême pauvreté qui touche la majorité des malgaches ne les incite pas non plus à se préoccuper de leur environnement. La protection de l’environnement et sa gestion sont un luxe, réservé à des sociétés qui peuvent se le permettre.
Face au problème de dégradation de l’environnement et de la pauvreté, tout en prenant conscience des interrelations existantes entre ces deux phénomènes, « nous avons le devoir de préserver et de faire fructifier ce capital (environnement côtier), cette richesse si fragile et soumise à diverses pressions, vis à vis de l’humanité et des générations actuelles et futures » . C’est à ce titre que la politique environnementale vise désormais la gestion durable des ressources halieutiques pour assurer le développement durable dans le secteur pêche. Cette politique détermine l’ensemble des orientations à donner en matière d’environnement en se proposant de réconcilier l’homme et son environnement afin d’enrayer la spirale de dégradation dans laquelle Madagascar se trouve. Ainsi le but de ce travail «évaluation environnementale stratégique de la politique de pêche à Madagascar » est d’établir un inventaire du littoral malgache avant et après l’application de la politique de pêche. Pour ce faire, nous diviserons notre travail en deux parties. Nous consacrerons toute la première partie à la politique de pêche conçue par l’autorité malgache. La seconde partie mettra en exergue les apports que ce soit positifs ou négatifs de chaque stratégie appliquée sur l’environnement, tout en dégageant quelques propositions.
LA POLITIQUE DE PECHE A MADAGASCAR
Le secteur pêche est encore mal connu à Madagascar. Cette partie sera consacrée à l’apport des éléments d’information sur le milieu aquatique malgache et les problèmes qui s’y posent, et sur la nécessité d’un développement durable du secteur pêche. La complexité des problèmes et des enjeux nécessiterait alors la mise en place des stratégies adaptées aux situations actuelles de ce secteur.
SITUATION ACTUELLE DES PECHERIES MALGACHES
« Madagascar avec une superficie de 587 000 km² dispose d’un domaine maritime constitué d’une zone économique exclusive dont la surface est de 1140000km², et d’un plateau continentale d’une surface de 117 000 km².
Ce plateau continental est très étroit sur la Côte Est, où il compte de 3 à 5 milles sauf à la baie d’Antongil qui est beaucoup plus vaste, et il est relativement large sur le côte Ouest dans le Canal de Mozambique où il oscille entre 30 à 60 milles » . En outre le plateau continental est bordé au niveau du talus par des barrières récifales immergées et est parsemé en deçà de cette zone de massifs de coraux, concentrant la pêche pour chalutage sur les rares fonds vaseux ou sablo-vaseux localisés dans, ou à proximité immédiate, des baies à fort taux de sédimentation. Sur le plan météorologique, à cheval sur le Tropique du Capricorne et sous l’influence d’un anticyclone quasi- permanent au Sud des Mascareignes, Madagascar présente une grande variété de climats et partant d’écosystème différents avec la partie Est exposée aux vents et l’Ouest sous les vents d’alizé (effet de Foenh). Les côtes malgaches sont soumises de façon variable aux risques cycloniques. De plus Madagascar est constamment dans le domaine de Courant Sud Equatorial orienté Est-Ouest. Celui-ci vient frapper l’île de sa partie Nord Est, pour se diviser en deux branches longeant respectivement les côtes vers le Sud et le Nord, dans la partie Est de Madagascar. Passés les deux caps Sud et Nord, ces courants vont former un système plus complexe à l’Ouest, formant dans le Nord Ouest, une énorme gyre (de Madagascar au Mozambique, en englobant les Comores) allant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, et dans l’Ouest Sud Ouest, plusieurs gyres quasi-stationnaires allant dans l’autre sens. L’action des vents combinée à la stratification thermique des eaux, provoque des « upwellings saisonniers en différents points, plus ou moins au large des côtes. Ces remontées verticales d’eaux froides chargées en nutrients sont propices à la productivité des eaux côtières. C’est ainsi, ces conditions météorologiques distinctes sur la côte Ouest occidentale et celle de la côte Est Orientale représentent un facteur très important pour la pêche notamment pour la pêche traditionnelle et artisanale. La force modérée des vents sur la côte Ouest favorise la pêche traditionnelle, tandis que sur la côte Est qui est exposée aux incessants vents alizés de force variable réduisent les possibilités de la pêche.
Ainsi, l’environnement maritime varie d’une zone à l’autre ainsi que par les techniques de pêche. Ce qui nous amène à essayer de découvrir l’étendue du secteur pêche et sa capacité.
Description du secteur pêche
Le secteur pêche est un secteur riche en activités. Mais dans l’ensemble, la pêche maritime, la pêche continentale constituent les pêcheries malgaches.
– « la pêche maritime comprend 3 types : la pêche traditionnelle, la pêche artisanale et la pêche industrielle, et ceux-ci différent par les embarcations » . La pêche traditionnelle n’utilise pas un moteur d’embarcation. Limitée aux eaux peu profondes, elle a une production très variée : poissons, crevettes, crustacés, trépangs, coquillages, requins, algues… La pêche artisanale est constituée de pirogues ou petits bateaux (inférieur à 50 CV) pouvant se déplacer beaucoup plus rapidement et beaucoup plus loin. Les espèces cibles sont souvent les mêmes que celles de la pêche traditionnelle. La pêche industrielle, enfin, concerne principalement les pêches thonières et crevettières, avec un moteur d’embarcation supérieur à 50 CV. Alors que la pêche thonière a lieu au large (canal de Mozambique), la pêche crevettière est beaucoup plus côtière et pose des problèmes sérieux avec les autres types de pêches et de surexploitation dans certaines zones de l’Ouest de Madagascar.
– La pêche continentale est pratiquée dans des lacs, lagunes, fleuves, rivières ou marais. Ces types de pêche produisent un énorme potentiel pour le secteur.
Potentialités de la pêche
Madagascar dispose d’un énorme potentiel de développement (quoique non illimité…) halieutique. En effet, depuis quelques années, les produits de la pêche représentent plus de 15% de la valeur des exportations nationales dont 85% reposent sur l’exploitation de la crevette. Et la production de la pêche maritime n’a cessé d’augmenter de 1996 à 2001 respectivement de « 86.227 à 100.809 tonnes ». Cette augmentation est un peu moins de 15% durant cette période. La pêche traditionnelle à pied et en pirogue concerne plus de 1250 villages de pêcheurs tout autour de l’île opérant à peu près 22.000 pirogues selon le recensement de 1996. Sa production totale a été de 63.000 tonnes en 1998 ou en moyenne, 3 tonnes par pirogue et 70.000 tonnes en 2001. Pour la pêche industrielle crevettière, le niveau d’exploitation maximal est atteint et il tourne aux environs de 8000 tonnes. Et du fait que le Ministère chargé de la pêche malgache a imposé depuis quelques années aux sociétés de pêche industrielle crevettière à débarquer les poissons d’accompagnement, on a accordé à une société (utilisant 5 navires) pour une pêche expérimentale de poissons d’eaux profondes. Les résultats de cette expérimentation sont probants et ont donné une capture de 2127 tonnes de poissons de qualité. Cet accord a été inspiré en fin 2001 et est transformé en celui d’une pêche commerciale.
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Table des matières
Introduction
Première partie : La politique de pêche à Madagascar
Chapitre I : Situation actuelle des pêcheries malgaches
Section I : Condition de l’environnement maritime
Section II : Description du secteur pêche
Section III : Importance du secteur pêche
Chapitre II : Stratégies de développement de la pêche à Madagascar
Section I : Lois et réglementations régissant la pêche à Madagascar
Section II : L’élaboration du plan directeur de la pêche
Section III : La mise en œuvre de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC)
Deuxième partie : Etude d’impact de la politique de pêche
Chapitre I : Inventaire de l’application de la politique de pêche
Section I : Résultats des lois et traités internationaux et nationaux
Section II : Impacts de l’application du Plan Directeur de la pêche
Section III : Evaluation des résultats de la GIZC
Chapitre II : Propositions
Section I : Nouvelles orientations dans le cadre juridique et institutionnel de la pêche
Section II : Recommandation pour la CIZC
Section III : Recommandation pour la création et l’exécution d’une politique de pêche
Conclusion