La politique budgetaire dans son contexte theorique

La sécurité alimentaire demeure un problème d’actualité à l’échelle mondiale et jugée de portée exceptionnelle pour les pays en développement. Avant la survenue des crises alimentaires, énergétiques et financières, 923 millions de personnes souffraient de malnutrition dans le monde et près de 800 millions d’entre elles souffrent de sous-alimentation chronique. En raison des hausses des prix alimentaires survenues entre la fin 2007 et l´été 2008, le nombre de personnes ayant pas un accès suffisant à l´alimentation a augmenté de 100 millions d´après les estimations du Programme Alimentaire Mondial. Selon les estimations, dans les pays en développement, 174 millions d’enfants de moins de cinq ans ont souffert de malnutrition entre 1996 et 1998, et sur les 12,2 millions de décès d’enfants de cet âge, 6,6 millions sont liés à la malnutrition.

Toutefois, malgré le poids important du secteur agricole dans leur économie, les pays en développement arrivent à grande peine à satisfaire leurs besoins alimentaires et appuyer leur croissance sur le secteur.

Les répercussions de l’insécurité alimentaire sont pourtant considérables et vont bien au-delà des pertes humaines. Elle entraîne des coûts économiques conséquents pour les individus, les familles et les sociétés entières. À cause d’elle, la main-d’œuvre, souvent unique atout des pauvres, perd de sa valeur. L’absence de nourriture nuit à la santé physique et mentale, entraînant une baisse de la productivité, de la production et des revenus. En outre, les personnes souffrant de sous-alimentation chronique ne sont pas en mesure d’accumuler le capital financier ou humain qui leur permettrait de tourner le dos à la pauvreté. L’insécurité alimentaire compromet gravement la croissance économique alors qu’il s’agit d’un élément indispensable à une réduction durable de la pauvreté.

LA POLITIQUE BUDGETAIRE DANS SON CONTEXTE THEORIQUE

La politique économique

Définition

La politique économique désigne l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour modifier l’affectation des ressources, réguler la conjoncture et redistribuer le revenu national.

Types d’analyse de la politique économique

Deux grands types d’analyses existent selon deux conceptions opposées en sciences économiques : l’analyse libérale et l’analyse keynésienne.

L’analyse libérale
Elle est soutenue par les théoriciens classiques et néoclassiques et explique les phénomènes économiques par le comportement d’agents économiques rationnels, qui procèdent à des échanges sur des marchés à concurrence pure et parfaite, et concourent de cette manière à l’intérêt général. Pour cette école de pensée, le rôle de l’Etat doit être limité aux actions visant à corriger les défaillances du marché : la justice, l’éducation, et la défense nationale.

Dans ce modèle théorique, le plein emploi est toujours assuré grâce aux variations du salaire réel. Le chômage involontaire est impossible : seuls les travailleurs qui recherchent momentanément un emploi, ou qui estiment trop faible le salaire réel d’équilibre sont au chômage. De même, les déséquilibres sur le marché des biens et services sont impossibles ou passagers (Loi de Jean Baptiste SAY). Sur le marché des capitaux, la fixité des taux d’intérêt assure l’équilibre entre l’investissement et l’épargne. Ainsi, au sein de cette concurrence pure et parfaite l’existence de déséquilibre est impossible et l’intervention de l’Etat dans l’économie est sans effet : la politique économique est inutile. En effet, une politique monétaire expansionniste serait inflationniste et n’aurait aucun impact sur la sphère réelle. Une politique budgétaire serait inefficace quel que soit le mode de financement choisi. En effet, la théorie libérale explique que le recours à l’emprunt élève le taux d’intérêt sur le marché des capitaux, augmente l’épargne des ménages mais diminue leur consommation ainsi que les investissements des entreprises. De même, le financement par l’impôt réduit le revenu disponible des ménages et donc leur consommation.

L’analyse keynésienne
Avec la publication de « La Théorie Générale » en 1936, J.M Keynes cherche à rompre avec les analyses néoclassiques dominantes et à démontrer le bien-fondé des politiques macroéconomiques. Il explique les mécanismes économiques par des grandeurs globales indépendantes comme la production, le revenu, l’investissement, la consommation et l’épargne. Les prix sont rigides à court terme et les déséquilibres entre l’offre et la demande sont possibles car les ajustements se réalisent par les quantités et non par les prix. Ce sont les entreprises qui décident du volume de leur production en fonction d’anticipations de la demande. En conséquence, l’Etat doit se substituer au marché, parfois défaillant, et mettre en œuvre des politiques conjoncturelles. Et c’est ainsi que la politique budgétaire, accompagnée ou non de la politique monétaire constitue l’une des politiques souvent adoptée par l’Etat afin d’atteindre certains équilibres et objectifs macroéconomiques.

Les objectifs 

L’intervention de l’Etat dans l’économie est justifiée par la poursuite de quatre objectifs reconnus comme conditions du développement économique profitable à tous :

Le plein emploi
Il s’agit du plein emploi de l’ensemble des ressources, qui sont généralement de deux types : le capital et le travail. D’une part, le rôle des pouvoirs publics est de favoriser la mise en place le plus largement possible des ressources matérielles du pays. Cette fonction peut consister à mettre en place un système bancaire fiable, à désinciter à la thésaurisation improductive de l’épargne, à réguler dans la mesure du possible les comportements d’épargne et de consommation en fonction des besoins de l’économie, gérer les taux d’intérêt (le prix du capital) à court terme D’autre part, l’Etat peut jouer un rôle plus délicat de cet objectif de plein emploi : la valorisation maximale des capacités humaines au sein de la collectivité. Cela passe par l’attention à l’adéquation entre offre et demande de travail au niveau quantitatif mais surtout qualitatif. Pour ce faire, l’Etat doit favoriser les formations nécessaires à la vie économique (pour une main d’œuvre qualifiée), encourager l’activité (lutter contre le chômage), encadrer la mobilité de la main d’œuvre et la rencontre entre offre et demande de travail…

La croissance
La croissance est l’objectif primordial de la politique économique et considérée comme le moyen d’améliorer le niveau de vie collectif. Elle justifie les objectifs en même temps qu’elle conditionne bien souvent les autres. Il s’agit de promouvoir la croissance mais aussi de la réguler. Par exemple, dans le cas d’une forte croissance, les pouvoirs publics doivent juguler les risques de dérapage inflationniste et éviter que les capacités de production débordent.

La stabilité des prix
L’inflation ou la montée générale des prix est fortement dommageable pour une économie. Elle place les différents agents dans un contexte d’incertitude, d’autant plus qu’une fois lancée, elle a tendance à s’autoentretenir. En effet, en anticipant une hausse des prix, les agents exigent dans cette perspective une hausse de leurs revenus nominaux pour préserver leur pouvoir d’achat, ce qui est valable aussi bien pour les revenus du capital – taux d’intérêt – que pour ceux du travail – les salaires. La hausse des coûts qui en découle va générer elle-même une hausse des prix. Ainsi, une spirale inflationniste s’engage. Or, l’inflation biaise le signal « prix », crucial pour le bon fonctionnement d’une économie de marché. Elle opère alors un transfert de revenus au profit des catégories endettés aux dépens des forces vives de l’économie ; et surtout, elle menace la compétitivité des produits nationaux sur les marchés internationaux si aucune variation du taux de change n’absorbe la hausse de leurs prix. A l’inverse, une baisse générale du niveau des prix ou une tendance déflationniste est aussi dommageable. En incitant les agents à reporter leurs consommations et investissements au lendemain lorsque les prix seront moins élevés, la déflation affecte la croissance en annihilant la demande et donne lieu à un mécanisme de spirale, symétrique à la spirale inflationniste. Cette baisse des prix s’autoentretient alors que les mécanismes de relance s’essoufflent dans ce climat de défiance généralisée.

L’équilibre extérieur
Les différentes économies fonctionnent actuellement et de plus en plus en système ouvert et en interaction avec celles des autres pays. Les flux internationaux de marchandises, de services et de capitaux font partie donc de la vie économique de chaque collectivité nationale. Cependant, rien n’assure que les différentes actions des différents acteurs nationaux s’équilibrent spontanément. Et des déséquilibres extérieurs durables ont des effets délétères : déficit des paiements et évolution incontrôlée du taux de change, endettement vis à vis de l’extérieur, risque de défiance des marchés internationaux, dépendance financière ou matérielle vis-àvis d’autres pays … Par conséquent, les autorités nationales doivent veiller à ce que les relations de l’économie nationale avec l’extérieur restent soutenables. La régulation de la croissance, des prix et de la monnaie est primordiale.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA POLITIQUE BUDGETAIRE DANS SON CONTEXTE THEORIQUE
Chapitre 1 : LA POLITIQUE BUDGETAIRE EN TANT QUE POLITIQUE ECONOMIQUE
Section 1 : La politique économique
Section 2 : La politique budgétaire
Section 3 : Types-Instruments-Mécanisme de la politique budgétaire
Chapitre 2 : LA REMISE EN CAUSE THEORIQUE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Section 1 : Les contraintes de la politique budgétaire
Section 2 : Dépassement des limites de la politique budgétaire
Section 3 : Les conditions d’efficacité de la politique budgétaire
Chapitre 3 : LES PROLONGEMENTS DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Section 1 : L’allocation des ressources
Section 2 : La répartition des richesses
Section 3 : Les interventions de l’Etat dans le secteur agricole
DEUXIEME PARTIE : L’INEFFICACITE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Chapitre 1 : LA POLITIQUE BUDGETAIRE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Section 1 : Les contraintes de la conduite de la politique budgétaire
Section 2 : Contexte de la politique budgétaire – Cas de l’Afrique
Chapitre 2 : LES PROBLEMES DU SECTEUR AGRICOLE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Section 1 : Les contraintes liées à l’Offre et à la Demande
Illustration : Madagascar
Section 2 : Les difficultés du secteur agricole à répondre au mécanisme de la politique budgétaire
Chapitre 3 : LES FINANCES PUBLIQUES : ALLOCATION ET REPARTITION DES RESSOURCES
Cas particuliers de l’Afrique et de Madagascar
Section 1 : La répartition et l’exécution des dépenses publiques
Section 2 : La mobilisation des ressources dans les collectivités territoriales
TROISIEME PARTIE : LA POLITIQUE BUDGETAIRE AU SERVICE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Chapitre 1 : RENFORCER L’EFFICACITE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE EN VUE DE LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERIEURES
Section 1 : Une politique budgétaire anticyclique
Section 2 : Politiques budgétaires visant à stimuler l’épargne privée
Chapitre 2 : RENFORCER LE SECTEUR AGRICOLE
Section 1 : Améliorer le soutien et le développement du secteur agricole
Section 2 : Améliorer le cadre de vie de la population agricole
Chapitre 3 : AMELIORER LES FINANCES PUBLIQUES
Section 1 : Améliorer la répartition et de l’exécution des dépenses
Section 2 : Améliorer la mobilisation des ressources au niveau des collectivités
CONCLUSION
ANNEXE
RESUME
BIBLIOGRAPHIE

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