La pneumocystose au cours du SIDA en Afrique

La pneumocystose ou pneumonie ร  pneumocystis est une forme de pneumopathie causรฉe par le micro-organisme Pneumocystis jirovecii (anciennement appelรฉ Pneumocystis carinii). Pathologie opportuniste la plus frรฉquente au cours du SIDA, elle reprรฉsente la deuxiรจme cause de mortalitรฉ par opportuniste aprรจs la tuberculose. C’est une maladie retrouvรฉe chez les malades immunodรฉprimรฉs (infection opportuniste). Cet agent pathogรจne est spรฉcifique des รชtres humains. L’infestation est trรจs courante dans la population gรฉnรฉrale, de l’ordre de 70 %, mais ne conduit ร  une maladie pulmonaire que lorsque le taux de lymphocytes T CD4 circulants est infรฉrieur ร  200/mmยณ. Les deux types de patients les plus concernรฉs sont les greffรฉs sous immunosuppresseurs et les patients sรฉropositifs VIH au stade SIDA. Les symptรดmes sont principalement ceux dโ€™une pneumonie avec fiรจvre, toux sรจche, douleurs thoraciques et dyspnรฉe. Pneumocystose pulmonaire (PCP) reste une des principales causes dโ€™insuffisance respiratoire aiguรซ parmi les patients VIH non connus ou non traitรฉs [41]. Dans 10 ร  30% des cas les pneumocystoses surviennent chez des patients atteints du sida, il existe de larges images kystiques prรฉdominant aux lobes supรฉrieurs, rรฉsolutives, mais pouvant se compliquer de pneumothorax parfois mortel. [42] Le diagnostic de certitude est apportรฉ par la mise en รฉvidence de P. jiroveci aprรจs lavage broncho-alvรฉolaire et colorations spรฉcifiques (Gomori Grocott, Giemsa,). Chez les nourrissons et enfants immunodรฉprimรฉs, lโ€™issue de cette maladie est fatale dans 100% des cas, en lโ€™absence de traitement. P. jirovecii serait aussi un facteur aggravant au cours des bronchiolites et des apnรฉes du nourrisson.[4] On retrouve le Pneumocystis jiroveci dans le monde entier. Une augmentation inhabituelle des cas de pneumocystose a eu lieu aux ร‰tats-Unis dans les annรฉes 1980. Ceci a entrainรฉ une augmentation importante de la demande d’un antibiotique utilisรฉ rarement le pentamidine qui a รฉtรฉ le premier indice de santรฉ publique de l’existence du Sida.

La pneumocystose reste dโ€™actualitรฉ puisquโ€™elle reprรฉsentait encore en France en 2001 la pathologie inaugurale de sida la plus frรฉquente (20,4%), survenant avant tout chez des patients non dรฉpistรฉs ou non suivis [33]. A la diffรฉrence des pays du nord, oรน elle reprรฉsente l’infection opportuniste la plus frรฉquente au cours du sida, la pneumocystose (PJP) est plus rare sur le continent africain : la plupart des รฉtudes rรฉalisรฉes en Afrique ร  partir des donnรฉes d’autopsie ou des rรฉsultats d’examens endoscopiques observent une frรฉquence de la PCP variant de 0 ร  22 % chez les sujets sรฉropositifs prรฉsentant une symptomatologie pulmonaire. Plusieurs hypothรจses ont รฉtรฉ avancรฉes pour expliquer cette faible prรฉvalence : une plus faible exposition des sujets africains au Pneumocystis, le manque des moyens diagnostiques sous รฉvaluant ainsi le nombre de cas de PCP diagnostiquรฉes, le dรฉcรจs des sujets infectรฉs interviendrait ร  un stade peu avancรฉ du dรฉficit immunitaire avant l’apparition de cette pathologie (la tuberculose qui reprรฉsente la premiรจre cause de mortalitรฉ des sujets africains au cours du sida), ou encore une immunitรฉ cellulaire des sujets de race noire diffรฉrente de celle des sujets de race blanche.[46] Avant le dรฉveloppement de nouveaux traitements, la pneumocystose รฉtait une cause frรฉquente et commune de dรฉcรจs chez les patients atteints de Sida. L’incidence de pneumocystose a beaucoup diminuรฉ en instituant du cotrimoxazole pour prรฉvenir la pathologie chez les patients qui ont un taux de CD4 infรฉrieur ร  200/mm3 . Dans les populations qui ne peuvent pas avoir accรจsร  un traitement prรฉventif, la pneumocystose continue d’รชtre une cause majeure de dรฉcรจs liรฉe au Sida.

Du grec kustis [-cyste, cyst(o), -cistie], vessie et du grec -รดsis [-ose], suffixe dรฉsignant des maladies non inflammatoires ou/et des รฉtats chroniques. La pneumocystose humaine est due ร  un microorganisme, cosmopolite, trรจs ubiquitaire ร  comportement opportuniste, Pneumocystis jirovecii, se dรฉveloppant principalement dans les poumons de patients profondรฉment immunodรฉprimรฉs.

Agent pathogรจne : Pneumocystis jirovecii

Historique
Lโ€™agent pathogรจne, aujourdโ€™hui appelรฉ Pneumocystis jirovecii a รฉtรฉ dรฉcouvert pour la premiรจre fois en 1909, au Brรฉsil, dans les poumons de cochons dโ€™Inde infectรฉs par Trypanosoma cruzi. A cette รฉpoque, Carlos Chagas croyait avoir identifiรฉ une nouvelle forme (prรฉkyste) de trypanosome.

En 1910, Carini a fait la mรชme observation dans des poumons de rats infectรฉs par Trypanosoma lewisi. [17] En 1912, le couple Delanoรซ, de lโ€™Institut Pasteur de Paris, a observรฉ ce kyste dans des poumons de rats dโ€™รฉgouts parisiens non infectรฉs par le trypanosome et lโ€™a dรฉcrit comme รฉtant une entitรฉ biologique diffรฉrente du trypanosome. [27] Ils le nommรจrent Pneumocystis carinii : ยซ pneumo- ยป en raison de son tropisme pulmonaire, ยซ -cystisยป pour sa forme caractรฉristique et ยซ carinii ยป en hommage ร  Antonio Carini. [1] En 1913, Aragao a proposรฉ de classer ce pathogรจne dans lโ€™ordre des Coccidies parce quโ€™il prรฉsente des similaritรฉs avec Cryptosporidium muris.

Dรจs lors, commence le dรฉbat controversรฉ de lโ€™appartenance de Pneumocystis sp. au rรจgne des parasites ou ร  celui des champignons. En 1976, Frenkel a suggรฉrรฉ que ces pathogรจnes rencontrรฉs chez lโ€™humain et chez le rat appartenaient ร  deux espรจces distinctes du fait dโ€™une spรฉcificitรฉ dโ€™hรดte et de diffรฉrences antigรฉniques. Il a alors vainement proposรฉ de nommer Pneumocystis jirovecii le microorganisme infectant lโ€™espรจce humaine (jirovecii en hommage au Docteur Otto Jirovec). Il faudra attendre la fin des annรฉes 1980 pour que la biologie molรฉculaire confirme lโ€™existence de plusieurs espรจces de Pneumocystis sp. ainsi que lโ€™appartenance fongique. Lโ€™Histoire officielle aura choisi de donner la primeur de la notation รฉpidรฉmie au bulletin hebdomadaire des CDC (Centers for Diseases Control) le Morbidity Mortality Weekly Report , รฉditรฉ ร  Atlanta, Gรฉorgie. Le premier insert est du 8 juin 1981 : entre octobre1980 et Mai 1981, 5 jeunes homosexuels ont รฉtรฉ traitรฉs ร  Los Angeles pour unepneumonie ร  Pneumocystis carinii, une maladie qui nโ€™affecte autrement que des patients sรฉvรจrement immuno-dรฉprimรฉs Dรฉcembre 1981, contre-champs sur 2 autres revues de mรฉdecine ร  trรจs grand tirage international cette fois, The Lancet (Londres), The New England Journal of Medicine (Boston). Cinq articles publiรฉs simultanรฉment rapportent : 11 cas de pneumocystosepulmonaire acquise entre 1979 et 1981 chez des hommes jeunes, 6 droguรฉs, 5homosexuelsโ€ฆ Dans le sang des patients, baisse des lymphocytes de la classe deslymphocytes T ; la rรฉaction de ces lymphocytes aux stimulations (au laboratoire) sont dรฉprimรฉesโ€ฆUn รฉtat dโ€™immuno dรฉficience avec baisse des lymphocytes T fait suspecterโ€ฆchez les homosexuels โ€ฆ.une genรจse pathologique de type immunodรฉficience โ€ฆ. Lescontacts sexuels avec les malades ne sont pas directement la cause de lโ€™immunodรฉficienceobservรฉe, mais marquent un certain style de vieโ€ฆHomosexuels (ยซ H1 ยป), Hรฉroรฏnomanes (ยซ H2 ยป), sans antรฉcรฉdents pathologiquesnotablesโ€ฆlโ€™รฉpidรฉmie s’ouvrait en occident sur une porte รฉtroite. Les maladies index (infections ร  microbes et virus opportunistes, sarcomes de Kaposi ) en donnaient la dรฉfinition clinique, รฉlargie en 1992 pour englober les lymphocytes TCD4+ du sang en nombres infรฉrieurs ร  200 par ยตL. Le terme AIDS fait son apparition au MMWR fin 1982- portant ses assonances compassionnelles – ร  lโ€™Aideโ€ฆ. Suivi de peu en France de sa traduction linรฉaire : SIDA, vide de toute rรฉsonance. La nouveautรฉ tenait ร  leur apparition chez de jeunes gens sans passรฉ mรฉdical. De vrai, et de mรฉmoire de mรฉdecins formรฉs dans les annรฉes 1960-1980, on nโ€™avait jamais vu รงa. Un tรฉmoignage en ce sens, pour l’Histoire : en 1979 les immunologistes de lโ€™Assistance Publique de Paris avaient รฉtรฉ conviรฉs tour ร  tour au chevet de cet ancien marin portugais qui se mourrait ร  lโ€™hรดpital Claude Bernard1 dโ€™une maladie bizarre, inaugurรฉe en 1973 par une pneumonie ร  Pneumocystis ; la pneumonie avait รฉtรฉ suivie dโ€™une infectiondouloureuse de lโ€™ล“sophage- par levure opportuniste (candida albicans) -, puis dโ€™une toxoplasmose cรฉrรฉbrale, puis de verrues multiples dues au papilloma virus. Lโ€™ensemble clinique รฉtait assez inaccoutumรฉ pour que les mรฉdecins en charge de Mr F aient appelรฉs ร  conseil consultants aprรจs consultantsโ€ฆ.Chauffeur de taxi parisien avant sa malade, le patient avait fait son temps militaire en Angola, puis au Mozambique, au dรฉbut des annรฉes 1970, et lโ€™un des spรฉcialistes consultรฉs annotera lโ€™observation : a dรป contracter enAfrique une โ€ฆ. inconnue ici ! La valeur du tรฉmoignage est dans la congrรฉgation des spรฉcialistes et dans leur รฉtonnement. Pour dire que les docteurs des annรฉes 1960โ€“80 nโ€™auraient pas pu ยซย raterย ยป des malades de ce type, sโ€™il en avait รฉtรฉ avant 1980. Pas plus que leurs maรฎtres en pathologie infectieuse, formรฉs dans les annรฉes 1940-60, souvent dโ€™anciens mรฉdecins militaires qui avaient exercรฉ leur art en Afrique ouestรฉquatoriale dans les annรฉes coloniales. L’auteur se souvient dโ€™avoir argumentรฉ dans ce mรชme hรดpital- en 1967- le cas inhabituel dโ€™un homme atteint de mรฉningite ร  cryptocoque de source mystรฉrieuse โ€“ lโ€™infection des mรฉninges est due ร  cryptococcus neoformans, une levure reconnue aujourdโ€™hui comme un traceur microbiologique de SIDA avรฉrรฉ. Depuis lโ€™exhumation des cas de mรฉningites de ce type, dans le bassin du Congo (belge), dans lesannรฉes 1955-1960, la datation clinique de lโ€™รฉmergence du SIDA maladie sโ€™est vue affirmรฉe. En 1994, lors des troisiรจmes ateliers internationaux sur les protistes opportunistes (IWOP-3), la nomenclature trinomiale prรฉconisรฉe par lโ€™ICBN (International Code of Botanical Nomenclature) a รฉtรฉ adoptรฉe temporairement. Les souches, considรฉrรฉes comme des ยซ formae specialesยป (f.sp.), sont alors nommรฉes en utilisant le nom de genre et dโ€™espรจce du champignon suivi du nom de lโ€™hรดte. Ainsi lโ€™organisme isolรฉ chez le lapin est appelรฉ Pneumocystis carinii f.sp. oryctolagi. Puis peu ร  peu, la ยซ formae specialesยป a substituรฉ le nom dโ€™espรจce.

Il faudra attendre 2005 pour que la dรฉnomination Pneumocystis jirovecii soit dรฉfinitivement validรฉe pour la forme exclusivement humaine de Pneumocystis sp. Lโ€™appellation P. carinii est conservรฉe pour lโ€™une des deux espรจces retrouvรฉe chez le rat (Rattus norvegicus). Actuellement de nombreuses espรจces ont รฉtรฉ mises en รฉvidence chez divers animaux aussi bien domestiques que sauvages. De plus, dโ€™aprรจs des analyses de sรฉquences dโ€™ADN, il existerait de nombreux gรฉnotypes au sein de lโ€™espรจce P. jirovecii.

Le terme ยซ Pneumocystis hรฉtรฉrogรจne de micro-organismes eucaryotes รฉtroitement adaptรฉs aux mammifรจres et largement rรฉpandus dans lโ€™รฉcosystรจme. [ Il existe diffรฉrentes espรจces de morphologiques mais qui affectent de faรงon spรฉcifique les divers mammifรจres. Pour le moment, cinq espรจces ont รฉtรฉ dรฉcrites : le rat, P. murina chez la souris, l’espรจce humaine.

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Table des matiรจres

LISTE DES ABREVIATIONS
I.INTRODUCTION
II. OBJECTIFS
III. GENERALITES
1/ Dรฉfinitions
2/ Agent pathogรจne
3/ Physiopathologie
4/ Epidรฉmiologie
5/ Prรฉsentation clinique
6/ Diagnostic de la PCP
7/ Traitement
IV. METHODOLOGIE
V. RESULTATS
VI. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
VII. CONCLUSION
VIII. RECOMMANDATIONS
IX. REFERENCES

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