Etat de la situation de la PME au Québec
Afin d’être en mesure de situer dans son contexie théorique la problématique du cas étudié, il apparaît utile de brosser un bref tableau de l’état de la situation des PME au Québec et en Abitibi-Témiscamingue. Cette description sera suivie de l’identification des principaux obstacles liés à l’implantation d’une PME manufacturière en région excentrique. Au Québec et au Canada en général. les PME occupent une place très importantedans l’économie. Selon un document du ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec, » on compte près de 158 800 PME au Québec sur un total de 159 8CO corporations actives soit 99,3% de l’ensemble » 6 La répartition par secteur d’activités des PME révèle la situation suivante:
3.6 % secteur primaire
21 ; 1 % secteur secondaire
75.3 % secteur tertiaire
Les PME du secteur secondaire sont concentrées à Montréal (67%) ainsi qu’à Québec (13%). Le 20% des PME restantes, soit 31 760 des 158 800 entreprises, sont disséminées sur le reste du territoire québécois.On affirme souvent que le secteur des PME est celui qui favorise la création d’emplois et sur lequel pourrait s’appuyer le développement régional. Les statistiques donnent raison aux tenants de ce discours, puisque, pour la période de 1983 à 1985 inclusivement, les petites entreprises de moins de 20 employés ont créé 102 600 emplois, soit62,8% de l’ensemble des nouveaux emplois au Québec. Pour le secteur de l’emploi, (L)es PME dans leur ensemble, et plus particulièrement la petite entreprise (moins de 20 employés), enregistrent donc des performances nettement supérieures à celles de la grande entreprise. Elle résistent mieux en période de récession, s’adaptent immédiatement aux variations de la conjoncture, affichent une reprise plus rapide et des taux de croissance plus forts en période d’expansion. Elles sont aussi plus créatrices d’emplois. Les données et les commentaires cités plus haut confirment le dynamisme et l’importance que peuvent prendre les PME dans un scénario de développement régional.
La PME manufacturière au Québec
En 1984, dernière année pour laquelle des données statistiques sont disponibles, on dénombrait 9 700 PME manufacturières au Québec. Ces dernières représentent 91,2% du secteur manufacturier québécois. Elles employaient 163 400 personnes. A l’instar des PME en général, les PME manufacturières sont concentrées dans les rég ions de Montréal (70%) et de Québec (13%).
La situation en Abitibi-Témiscamingue
Le secteur de la PME manufacturière est très peu développé en AbitibiTémiscamingue. Selon un document du ministère de i’lndustrie et du CommerceS on dénombre 237 entreprises de ce type dans la région, scit une proportion de 2.4% du nombre total de 9 712 PME manufacturières québécoises. Du point de vue de l’emploi, les 8 986 emplois manufacturiers en région représentent 1 ,7% des 517 600 emplois que compte ce secteur au Québec. Les entreprises manufacturières de la région sont concentrées dans les secteurs d’activités reliés aux ressources naturelles. Les secteurs du bois et des pâtes regroupeni, â eux seuls, 64% du nombre d’établissements et 65% des effectifs du secteur manufacturier. Si l’on ajoute à ces deux secteurs les emplois reliés à l’usine de transformation de cuivre du « Groupe Noranda ». il ne reste que 2 751 emplois manufacturiers régionaux qui ne soient pos reliés directement à une première transformation de !a matière première (bois et cuivre). Les PME manufacturières de la région ont en moyenne 16 employés. Cette donnée est obtenue en mettant en rapport les 2 751 emplois manufacturiers et le 231 entreprises manufacturières non reliées au domaine du métal primaire et au papier. Par ailleurs, pour la période de 1983 à 1985 inclusivement, 67% des investissements du secteur manufacturier régional ont été effectués dans les secteurs dubois et des pâtes. Cette concentration est d’autant plus préoccupante que le secteur du bois obéit à de fortes variations cycliques. L’emploi manufacturier en région est peu développé et est fortement concentré. Ainsi, 3,8% des entreprises fournissent 45,7% des emplois, alors que 85% d’entre elles ne représentent que 20% de l’ensemble des emplois du secteur manufacturier régional. Les intenenants régionaux ont inventorié une série de facteurs qui selon eux expliquent la faiblesse marquée <ju w cteur manufacturier régional. Voici l’exposé de ces facteurs.
Facteurs explicatifs
La situation des PME manufacturières en Abitibi-Témiscamingue n’est guère reluisante. Le ministère de l’Industrie et du Commerce 10 et d’autres intervenants dans lemilieu ont identifié des facteurs qui sont susceptibles de fournir une expiication au faible niveau de développement des PME manufacturières en région. Voici les facteurs qui, selon le ministère précité, sont à l’origine du faible niveau de développement des PME manufacturières en région :
– La faiblesse de la taille du marché intérieur régional: Cette caractéristique du marché régional implique un faible niveau de production, d’où une impossibilité d’amortir les coûts fixes; il faut se tourner vers les marchés d’exportation. Cette dernière mesure a été utilisée avec succès par quelques entreprises.
– L’éloignement des autres régions du Québec :Ce facteur implique des coûts de transport élevés pour les entreprises de la région. Ces coûts s’appliquent tant à la fonction approvisionnement qu’à la fonction expédition.
– L’absence de main-d’oeuvre spécialisée :La région souffre d’une pénurie d’ingénieurs et de personnels qualifiés. capables de soutenir une opération manufacturière d ‘envergure. Cette situation nécessite souvent les services de consultants provenant l’extérieur de la région. Ces derniers commandent des honoraires élevés et manquent d’une part de perspective régionale et sont souvent peu impliqués d’autre port. A ces facteurs s’ajoutent :
– L’absence de masse critique :L’entrepreneur de la région a souvent l’impression de faire partie d’une « race » en voie d’extinction, au sens où il a souvent à faire face à l’isolement dans son secteur d’activités. L’isolement le prive souvent de l’effet de stimulation que procure la saine compétition
– L’absence de recherche et de développement :L’absence de main-d’oeuvre spécialisée rend difficile la recherche et le développement. Ce manque de perspective face au marché et à son évolution risque de mettre en péril la survie même de l’entreprise pour les cas où de nouveaux produits font leur apparition sur le marché.
– Des difficultés d’accès au capital de risque :Les institutions financières sont presque exclusivement représentées dans la région par des banques. Il n’y a pas ou presque de « venture capital » . Les dossiers de ce type sont donc acheminés à l’extérieur de la région où ils sont passés en revue par des analystes qui n’ont à proprement parler pas de perspective régionale.
– L’absence d’entreprises de service aux PME manufacturières :Il n’y a pas en région d’entreprises de service qui sont orientées prioritairement vers les besoins des PME manufacturières. Par conséquent les intervenants doivent faire appel à l’expertise provenant de l’extérieur de la région ( coûts élevés, manque de connaissances du milieu).
– L’éloignement des organismes de recherche gouvernementaux :Ce facteur est surtout significatif en regard de l’absence de main-d’oeuvre qualifiée en région. d’où une difficulté à formuler des demandes et une quasi-impossibilité d’interpréter ou d’adapter les réponses.
– La culture entrepreneuriale régionale à développer :Les entrepreneurs sont d’instinct orientés vers les secteurs reliés aux ressources naturelles. Cette situation a pour effet d’entretenir la dépendance de la région envers les secteurs cycliques que sont les mines et la forêt et limite souvent le champ d’intervention à celui de la première transformation. Nous allons maintenant. procéder, à l’aide du cas d’une étude d’implantation en région d’une PME manufacturière dans le secteur de la viande bovine, à l’identification de modalités d’impiantation qui réduisent le degré d’influence des éléments ci-dessus sur la mise en oeuvre des projets identifiés.
La portée du mandat
Le mandat de la présente intervention est de produire, dans un cadre de recherche-action,· une étude d’opportunrté pour la transformation en région des produits agricoles. Plus spécifiquement, cette étude s’intéressera au secteur de la transformation de la viande bovine et de ses dérivées. » Cette recherche en est une de type « interactif » . au sens de Jacques Girin. puisque l’on y retrouve un volet recherche et un volet action. Le volet action y est représenté par des rencontres périodiques avec les responsables de Bovi 2000 pour le projet; nécessairement il s’est établie une interactivité entre le chercheur et les acteurs. Ces rencontres avaient pour but la gestion du projet dans son ensemble. Elles ont été » une source d’information considérable peur la compréhension de l’arrière-plan des prises de position et des exigences des différents partenaires de la recherche. » Tout au cours de la recherche elles ont servi à valider ie volet action de la recherche. L’étude comporte aussi une dimension « recherche-expert », en ce qui touchent les parties sur l’étude de marché et la faisabilité. Pour cet aspect de la recherche, les relations entre l’étudiant-chercheur. son directeur. les professeurs du Département d’administration de I’UQAT et, ultimement, le comité de lecture ont pour fonction
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Table des matières
REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
TABLE DES MATiERES
INTRODUCTION
1. METHODOLOGIE
1.1 Dimension recherche-action
1.1.1 Provenance des données
1.1.2 Protocole
1.1.3 Participation de « ceux du terrain »
1. 1.4 Absence de sous-traitance
1.1.5 Instances de gestion et de contrôle
1.2 Dimension identification et résolution de problème
1.3 Dimension étude de faisabilité
1.4 Dimension réflexion théorique
2. PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE DE LA PME MANUFACTURIERE
2.1 Etat de la situation de la PME au Québec
2.2 PME manufacturière au Québec
2.3 Situation en Abitibi-Témiscamingue
2.4 Facteurs explicatifs
3. LE MANDAT
3.1 La portée du mandat
3.2 La mandataire
4. LA DEMARCHE
4.1 description de la démarche
5. HISTORIQUE DE LA PROBLEMATIQUE REGIONALE DE LA TRANSFORMATION DE LA VIANDE
6. INDUSTRIE DE LA VIANDE AU CANADA
6.1 Description sommaire de l’industrie canadienne
6.2 lm port-Export
6.3 Principaux pays producteurs
6.4 Indicateurs financiers du secteur
6.4.1 ratios financiers
6.4.2 Répartition des coûts de production
6.5 Le produit traditionnel
6.5.1 rendement en poids-carcasses
7. L’OFFRE
7.1 L’offre globale de la viande de coupe
7.2 Approvisionnement- importations
7.2.1 axe ouest-est
7.2.2 axe Montréal ou TorontoAbitibi-T émiscamingue
7.3 Proportion de l’offre représentée par l’importation
7.4 Production régionale de bovins
7.5 Bovi 2 000
7.6 Problématique des abattoirs
7 .6. 1 contexte canadien et québécois
7.6.2 encans électroniques
7.6.3 problèmes de l’abattoir de La Sarre
7 .6.3.1 incompatibilité d’intérêt de certains membres
7.6.3.2 cinquième quartier
7.6.3.3 infidélité de certains producteurs
7.6.3.4 continuité du seNice d’abattoir
7.6.3.5 perception du seNice d’abattoir
7 .6.3.6 absence de production de porcs dans la région
7.7 Classification des permis
7. 7. 1 permis provinciaux
7.7.2 permis fédéraux
7.8 Une lueur d’espoir : les abattoirs à faible volume
7.9 Tableau récapitulatif: le réseau d’approvisionnement
8. LA DEMANDE
8.1 Evolution démographique des tendances générales
8.2 Tendances du marché de la viande de boeuf
8.3 Demande de la viande de coupe au niveau canadien
8.4 Demande du marché régional pour la viande de coupe
8.4.1 quantités de viande consommées par famille
8.5 Nombre requis de carcasses pour la région
8.6 Marché potentiel pour de nouveaux produits
9. LES ZONES PROBLEMATIQUE
10. LES STRATEGIES D’INTERVENTION
10.1 Scénario A: Abattoir et transformation
10.1.1 avantages du scénario A
10.1.2 inconvénients du scénario A
10.2 Scénario B: Transformation seulement
10.2.1 Produit pré-cuit, scellé sous vide, non congelé
10.2.1.1 présentation du concept
10.2.1.2 le produit
10.2.1.3 publicité
10.2.1.4 prix
10.2.1.5 distribution (pipeline)
10.2.1.6 faisabilité financière
10.2.1.6.1 production annuelle
1 0.2. 1 .6.2 répartition des coûts de production par portion
10.2.1.6.3 détermination du prix de vente
10.2.1.6.3.1 prix de vente à l’unité au grossiste
10.2.1.6.3.2 prix de vente à l’unité au détaillant
10.2.1.6.3.3 prix de vente à l’unité aux consommateurs
10.2.1.6.4 projection pour une année d’opération
10.2.1.6.5 coûts et mode de financement du projet
10.2.1.6.6 difficuités techniques
10.2.2 Abattoir à faible volume
10.2.2.1 présentation du concept
10.2.2.2 le produit
10.2.2.3 publicité
10.2.2.4 prix
10.2.2.5 distribution (pipeline)
10.2.2.6 faisabilité financière
1 0.2.2.6.1 projection des coûts de production pour une année d’opération
10.2.2.6.2 établissement du point mort
10.2.2.6.3 difficultés techniques
11. SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
12. REFLEXION THEORIQUE
12.1 Le volet action : le point de vue des acteurs
12.2 Le volet action : le point de vue de l’étudiant -chercheur
12.3 Le volet connaissances
12.3.1 Implantation d’un abattoir à faible volume
12.3.2 Usine de transformation produit scellé sous-vide
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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