La place de l’anglais dans le paysage sociolinguistique plurilingue

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Lieu et milieu d’enquête

Nous avons choisi comme terrain de recherche le CEG Ambohimangakely

Le lieu de l’enquête

Ambohimangakely est une commune rurale située dans la périphérie Est d’Antananarivo. Elle compte 17 fokontany étalés sur 53 km2. La population est au nombre de 79 158, selon le recensement de 2011, soit 1 314 habitants/km². Il s’agit d’une population majoritairement paysanne, mais l’implantation du by-pass qui relie les nationales 2 et 7 a beaucoup changé les flux démographiques et les activités économiques dans la commune. En effet, quatre entreprises franches et des espaces de loisir s’y sont très rapidement installés si bien que des gens viennent emménager dans la commune pour pouvoir être plus près de leurs nouveaux lieux de travail.

Le milieu de l’enquête

Notre lieu d’enquête, le CEG Ambohimangakely, fait partie de la circonscription scolaire d’Avaradrano dont fait partie la zone administrative et pédagogique (ZAP) Ambohimangakely. 14 écoles primaires publics, 2 collèges d’enseignement général, et un lycée sont implantés dans cette ZAP.
Pour l’année scolaire 2016-2017, le CEG Ambohimangakely reçoit 1375 élèves âgés de 9 à 19 ans répartis dans les 28 sections que compte l’établissement dont 6 pour la classe de 6ème, 8 pour la classe de 5ème, 7 pour la classe de 4ème, et 7 pour la classe de 3ème. L’établissement a aussi, en dehors des salles de classe et des bureaux pour le personnel administratif, une bibliothèque avec une cinquantaine de livres qui sont dans la majorité désuets et dans un état piteux. Une série de « Go for English » et 3 dictionnaires bilingues français – anglais constituent la documentation pour l’enseignement de l’anglais, ce qui confirme ce que Dahl a écrit l’environnement socioculturel est peu favorable à l’apprentissage de langues étrangères dans la plus grande partie de l’île (Dahl, et al., 2005, p.5). Pour le prochain examen du BEPC, l’établissement va présenter 340 candidats dont 29 candidats ont opté de ne pas passer l’épreuve d’anglais (candidats option B), c’est-à-dire 8,52% des candidats. Ce taux n’est pas loin de ceux des 3 dernières années : session de 2014 7,49%, session de 2015 6,33%, et session de 2016 13,04%. En moyenne alors 8,84% des candidats au BEPC au CEG Ambohimangakely optent pour l’option B.

Nous ne visons pas à faire une recherche quantitative dans ce travail et nous ne sommes pas encore au stade d’analyse des données mais selon les informations obtenues auprès de la direction de l’établissement, moins de 10% des candidats de cet établissement ont choisi de ne pas passer l’épreuve d’anglais. Apparemment les garçons sont plus enclins à s’y inscrire dans l’option B. Les tendances en la matière de 2014 à 2017, c’est-à-dire en quatre années scolaires sont synthétisées dans le tableau récapitulatif suivant :

Méthode et méthodologie d’enquête

Pour ce travail nous avons adopté les méthodes descriptive et analytique. La première consiste à décrire les situations sociolinguistiques observées tandis que la deuxième nous permet d’analyser les données collectées, tandis que les méthodes interprétatives permettent de procéder à des analyses en profondeur (Gumperz, 1989 cité par Blanchet, 2000, p.36) et par conséquent nous guide dans la compréhension des pratiques linguistiques qui découlent des représentations linguistiques des témoins.
Nous avons également adopté une méthodologie empirico-inductive. Blanchet précise que cette méthodologie consiste à « s’interroger sur le fonctionnement et la signification de phénomènes humains qui éveillent la curiosité du chercheur à rechercher des réponses dans les données » et à « comprendre » (donner du sens à des évènements spécifiques) (Blanchet, 2000, p. 30). Dans ce travail « phénomènes humains » correspond aux pratiques linguistiques de l’enseignant d’anglais et de ses élèves pendant le cours d’anglais tandis que les « données » sont celles que nous avons collectées lors des entretiens et des observations de classes. La méthode inductive va nous éclairer à percevoir la cohérence entre leurs usages de langues déclarés par les témoins et leurs pratiques linguistiques effectives pendant le cours d’anglais : Le projet d’une méthode inductive est de proposer une compréhension (une interprétation) de phénomènes individuels et sociaux observés sur le terrain spontané (Blanchet, 2011, p.16).

Ceci est aussi une recherche qualitative qui nécessite que nous considérions le contexte dans lequel évoluent les personnes ainsi que le passé de ces dernières (Blanchet, 2011, p.31) si bien qu’un des volets des guides d’entretien va essayer de retracer les expériences antérieures des témoins en tant qu’apprenants d’anglais.
Cette méthode est qualifiée de subjective à cause du problème de distance et de neutralité du chercheur et de la multiplicité des conclusions possibles (Blanchet, 2011, p.32) vu le fait que l’homme (le chercheur) est lui-même l’objet de sa propre démarche de connaissance (Blanchet, 2011, p.30).

CHOIX ET PROFILS DES TEMOINS

Choix des témoins

Nous avons choisi d’observer les classes de 6ème et de 3ème, c’est-à-dire en début et en fin du cycle du collège car si les élèves découvrent l’anglais en 6ème, ils ont déjà une opinion très arrêtée sur cette langue en 3ème, après quatre ans de sa pratique effective en classe. Castellotti a écrit dans ce sens que les représentations peuvent être installées dans la mémoire à long terme tout en étant aussi (…) en constante reconstruction (Castellotti, 2001, p24).
Nous ne nous sommes pas limitées aux élèves comme témoins. Nous avons également interrogé leurs enseignants et leurs parents pour bien identifier les influences des représentations linguistiques de ces deux types de témoins sur celles des élèves.

En la cellule familiale répercute les conflits linguistiques environnants (Calvet, 1999a, p.103), ce qui est souvent manifesté par la mise en place d’une politique linguistique familiale à travers le développement d’une stratégie d’apprentissage des langues. Concrètement le facteur langue est parmi les critères de choix pour un établissement scolaire, ainsi les parents envoient-ils leurs enfants dans un établissement dont la politique linguistique répond à leur critère en la matière sans oublier les paramètres économiques comme les frais de déplacement.
Selon Babault et Puren, de nombreux éléments relevant du domaine du «déjà là » familial (qu’il s’agisse de pratiques ou de représentations) sont susceptibles d’être modifiés, de manière brusque ou progressive, volontaire ou plus ou moins incontrôlée, par des données inhérentes à l’entrée des enfants dans la sphère scolaire (Babault et Puren, 2005, p.84).

Profils des témoins:

Profils des enseignants-témoins
Les enseignants témoins identifiés sont au nombre de deux et toutes de sexe féminin. Il s’agit d’enseignantes d’anglais de la classe de 6ème et de la classe de 3ème. Elles sont titulaires du baccalauréat, aucune des deux n’ont fait d’études anglophones. Néanmoins une d’entre elles a suivi des cours d’anglais dans un de ces centres d’apprentissage de langues pendant 3 mois. Elles ont la trentaine et ont entre 5 à 10 années d’expérience dans l’enseignement. A part enseigner l’anglais, une enseigne aussi l’histoire géographie et l’autre le français dans cet établissement. L’une d’entre elles est inscrite en filière Droit au CNTEMAD.

Profils des élèves-témoins
Les élèves témoins de la classe de 6ème sont au nombre de quatre dont deux filles et deux garçons. Ils sont âgés entre 10 et 11 ans. Ceux en 3ème sont également quatre dont 2 filles et 2 garçons. Ils sont âgés de 14 à 16 ans, un des garçons et les deux filles vont passer l’examen d’anglais au BEPC tandis que l’autre garçon s’est inscrit dans l’option B. Quatre de nos 8 élèves témoin ont commencé l’apprentissage de l’anglais au primaire. Concernant l’identité des témoins, nous avons demandé à rencontrer un nombre égal de filles et de garçons car le sexe est un variable sociologique qui permet d’établir d’éventuelles corrélations avec certaines réponses, ainsi que d’établir un éventuel échantillonnage statistique (Blanchet, 2011, p.75).

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Protocole d’enquête 
Sous-partie 1 : Objectifs et cadrage méthodologique
Sous-partie 2 : Choix et profils des témoins
Sous-partie 3 : Modalités de réalisation de l’enquête
Deuxième partie : La place de l’anglais dans le paysage sociolinguistique plurilingue
Sous-partie 1 : La situation sociolinguistique malgache
Sous-partie 2 : L’enseignement de l’anglais à Madagascar
Troisième partie : Usages de langues déclarés, représentations linguistiques, et pratiques linguistiques de l’anglais au CEG Ambohimangakely
Sous-partie 1 : Usages de langues déclarés
Sous-partie 2 : Représentations linguistiques des témoins sur l’enseignement apprentissage de l’anglais
Sous-partie 3 : Pratiques linguistiques des témoins pendant le cours d’anglais 51
Conclusion générale
Références bibliographiques
Table des annexes

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