Milieu scolaire
Facteurs de risque et approche en PC Rempel (2012) indique que souvent les enfants ne savent pas ou n’ont tout simplement pas appris à gérer leurs préoccupations de façon adéquate. Ils sont confrontés à plusieurs stresseur, à la maison et à l’école. Le milieu scolaire est étroitement lié au niveau de stress vécu par les plus jeunes, que ce soit au niveau scolaire ou social (Rempel, 2012). Le stress qu’ils vivent est couteux en énergie; il crée des préoccupations qUI accaparent leur esprit et amènent des difficultés de concentration et d’attention (Costello & Lawler, 2014; Shashi & Subhash, 2007). Ils peuvent développer des maux de ventre ou de tête, dus à de la somatisation du stress, qui a un effet direct sur leur niveau d’attention et de concentration (Costello & Lawler, 2014). Tel que mentionné, l’anxiété, la dépression et les ruminations sont étroitement liées, elles réduisent les ressources cognitives et affectent la concentration (Nolen-Hoeksema, 2000; Owens et al., 2012). Ces symptômes peuvent être perçus à tort comme un trouble déficitaire de l’attention. Certains enfants peuvent devenir irritables et agressifs (Shashi & Subhash, 2007).
Au contraire, il est noté que d’autres essaieront de compenser leur faible estime personnelle en faisant plaisir à leur entourage, ce qui pourrait se traduire par de bons résultats scolaires et ne pas paraitre dans leur comportement (Son & Kirchner, 2000). La plupart des écrits scientifiques présentent l’importance d’outiller les enfants à l’autogestion du stress et des émotions afin de prévenir des comportements à risque par exemple, l’agression en milieu scolaire, la délinquance, de mauvais résultats, le décrochage ou des troubles de santé mentale (Felver, Frank, & McEachem, 2014). Spécifiquement, l’anxiété et la dépression auraient un impact négatif sur les performances scolaires des jeunes; un haut niveau étant associé à de l’inefficacité lors de résolution de problèmes et à de faibles résultats scolaires (Ng & Lee, 2015; Owens et al., 2012). Il existe donc un risque important que l’anxiété et la dépression en jeune âge aient des répercussions importantes dans le présent et qui se poursuivent dans le futur (Rempel, 2012). De plus, un individu qui a eu un épisode dépressif sera plus à risque de vivre un second épisode. En fait, plus un individu vivra d’épisodes dépressifs, plus il sera à risque de vivre des rechutes (Gelenberg, 2010).
Prédispositions structurales: explications neuropsychologiques Les écrits scientifiques récents font état de deux réseaux de fonctionnement cérébral; un volontaire, exécutif, actif lors des tâches nécessitant de l’attention, fréquemment associé au cortex cingulaire dorsal antérieur et au cortex dorsolatéral préfrontal (Brewer et al., 2011). Le second est automatique, actif lors du vagabondage et de l’introspection passée et future, nommée mode par défaut (default mode) ou circuit de mode par défaut (default mode network, DMN) (Buckner, Andrews-Hanna, & Schacter, 2008). Les structures impliquées dans ce circuit DMN ne font pas encore partie d’un consensus dans la littérature scientifique. Toutefois, les plus associées sont le cortex préfrontal médian, le cortex cingulaire postérieur et le lobule pariétal inférieur (Brewer et al., 2011; Buckner et al., 2008). Quelques autres structures feraient également parties du DMN, soit le cortex temporal latéral, les hippocampes et le précuneus (Buckner et al., 2008). Le DMN est identifié comme le mode au « repos », soit quand l’ esprit n’est pas concentré sur une tâche (Buckner et al., 2008). Ce mode est un circuit structurel cérébral qui s’ active de façon automatique lorsque le cerveau est inactif, en veille, associée aux vagabondages de l’ esprit ou sans n’être lié à un but (Buckner et al., 2008; Garrison, Zeffiro, Scheinost, Constable, & Brewer, 2015; Kingsland, 2016). L’utilisation du mode par défaut est associée aux pensées ruminatives, à une diminution du bien-être ainsi qu’à plusieurs psychopathologies, dont l’anxiété et la dépression (Buckner et aL, 2008; Killingsworth & Gilbert, 2010; Kingsland, 2016). Chez les adultes dépressifs, il existe un schéma dysfonctionnel (hyperactif) du DMN (Gaffrey, Luby, Botteron, Repovs, & Barch, 2012).
Peu d’études dans la littérature scientifique font état du développement du circuit DMN, il est étudié principalement chez l’ adulte, alors qu’il est à maturation (Fair et aL, 2008). Selon Fair et son équipe, le circuit DMN chez l’enfant serait une version fragmentée de celui de l’adulte, car toutes les structures ne sont pas encore connectées ensemble. Ce circuit serait tout de même fonctionnel. Gaffrey et al. (2012) se sont intéressés aux enfants ayant déjà eu un épisode dépressif par le passé et ont conclu qu’il existe un lien entre les épisodes dépressifs en bas âge et le développement structurel du cerveau. L’ activation du DMN était favorisée plutôt que le mode attentif ou exécutif. Il n’est pas confirmé si cette différence structurelle est une «cicatrice» laissée dans le cerveau à la suite d’un épisode dépressif en jeune âge ou s’ il s’agit d’une prédisposition déjà présente chez les enfants à risque, avant même le premier épisode dépressif (Gaffrey et al., 2012). Dans un cas de modification ou tout comme de prédisposition, activer le circuit volontaire axé sur l’attention permet de diminuer le rôle du DMN. Qui plus est, une suractivation du DMN est liée à des troubles de régulation émotionnelle et des comportements adaptatifs (Gaffrey et al., 2012). En situation d’inaction du cerveau, le DMN s’activerait de façon automatique. Par contre, chez certains individus, cette activation amènerait l’activation des structures associées à la réaction de combat-fuite.
Cette réponse de combat-fuite, brièvement abordée précédemment, est produite par le système nerveux sympathique en réaction à une situation de menace, de peur ou de stress (Halzel et al., 2011 ; Lupien et al., 2007). Chez l’enfant, cette dernière est semblable à celle de l’adulte, c’est-à-dire qu’en situation de stress, une réponse de combat ou de fuite est activée et des hormones sont libérées. Biologiquement, pour se préparer à fuir ou à combattre, la région cérébrale amygdalienne libère des hormones d’adrénaline et de noradrénaline (Halzel et al., 2011 ; Kingsland, 2016). Les amygdales sont deux petites structures en forme d’amande, contenues dans le système limbique, associées aux émotions (peur) et à la mémoire (Halzel et al., 2011). Elles servent à détecter les stimuli menaçants pour assurer la survie de l’être humain (Lupien et al., 2007). Deux autres structures sont importantes quant aux réactions émotionnelles: le cortex cingulaire antérieur (CCA) et l’ insula.
La triade des facteurs de protections et postulats des ateliers MBSR Kabat-Zinn (1982, 1990) a d’abord élaboré le programme MBSR dans le but de traiter des patients ayant des problèmes de douleurs chroniques pour lesquels il n’y avait pas de traitements satisfaisants (Csillik & Tafticht, 2012; Heeren & Philip pot, 2010). Son approche est fortement influencée par le mode de vie des moines bouddhistes, qui à force de méditation en viennent à tolérer de grands inconforts physiques (Kingsland, 2016). Les ateliers ont donc été conçus dans l’optique d’aider les individus à augmenter leur attention au moment présent, à améliorer leurs capacités d’observation afin d’accepter avec compassion l’inconfort physique ou affectif (Kabat-Zinn, 1982, 1990). Ces patients, qui devaient en quelque sorte vivre avec leur douleur, ont reçu l’enseignement de Kabat-Zinn sur comment mIeux VIvre avec celle-ci (Kingsland, 2016). Si le MBSR a d’abord été créé dans un but de prévention, de gestion et d’acceptation des douleurs physiques, il a par la suite été adapté aux problématiques psychologiques, en particulier pour les rechutes de dépression (Heeren & Philippot, 2010; Segal et al., 2002). Ce programme non ésotérique allie les bienfaits de la philosophie bouddhiste avec les aspects d’une psychothérapie afin de créer une approche thérapeutique pour des problématiques associées au stress (Grossman et al., 2004). L’approche aide les individus à se relier à leur corps et à sentir leurs sensations physiques. Il importe d’allouer de l’importance aux sensations physiques, car prendre conscience des sensations du corps en période non stressante, facilite par la suite la compréhension des changements physiques en période de stress (Kingsland, 2016). La pratique des ateliers MBSR permet aussi aux individus de sortir de leur routine automatique dans laquelle ils ont l’habitude d’être lorsqu’ils effectuent des tâches banales (Baer, 2003; Csillik & Tafticht, 2012). Leur façon de réagir aux stimuli anxiogènes s’en trouve donc modifiée, car moins d’importance leur est accordée (Grossman et al., 2004). Avec le temps et la pratique, les exercices ont des effets positifs sur les variables physiologiques, attentionnelles et sur certaines fonctions exécutives. Selon les écrits scientifiques, les effets souhaités ne sont pas différents chez l’enfant ou chez l’adulte; la différence avec les jeunes se situe dans la méthode d’enseignement (Thompson & Gauntlett-Gilbert, 2008; Zoogman et al., 2015).
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Table des matières
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Effet des facteurs de risque: stress, anxiété et dépression
La triade stress, anxiété et dépression
Le stress
L’anxiété
La dépression
Milieu scolaire: facteurs de risque et approche en PC
Prédispositions structurales: explications neuropsychologiques
Du curatif au préventif: augmentation des facteurs de protection
Historique de la méditation par la Pleine Conscience
La Pleine conscience et les ateliers Mindfulness-Based Stress Reduction
La triade des facteurs de protections et postulats des ateliers MBSR
La triade attention-acceptation-défusion
Attention
Acceptation
Défusion
La période développementale des fonctions cognitives chez les enfants
Les variables attentionnelles
L’attention sélective
L’ attention soutenue
Les fonctions exécutives
L’ inhibition
La flexibilité cognitive
Pleine Conscience et neurosciences
Survol des études PC et MBSR chez l’ enfant
Conditions d’adaptation des ateliers
Types de programmes scolaires au primaire inspirés de la PC
Historique de l’ application des ateliers MBSR chez les plus jeunes populations
Méthode
Participants
Procédure de recrutement
Critères d’ inclusion
Critères d’exclusion
Instruments d’évaluation
Formulaire d’ identification des participants
Facteurs de risque
Liste de vérification du comportement des jeunes de 6 à 18 ans, version parents (CBCL, Achenbach, 1991)
Questionnaire de comportement d’Achenbach (version enseignant)
Variables protectrices
Questionnaire d’acceptation et de pleine conscience
Questionnaire d’évitement et de fusion
Variables neuropsychologiques
Tests d’évaluation de l’attention chez l’enfant
Déroulement.
Devis et procédure
Ateliers de l’Arbre en coeur
Résultats
Analyses descriptives
Analyses statistiques
Discussion
Conclusion
Références
Annexe A. Lettre d’appui de l’école participante
Annexe B. Formulaire de participation des parents
Annexe C. Formulaire de consentement des parents
Annexe D. Formulaire d’information des enseignants
Annexe E. Formulaire de consentements des enseignants
Annexe F. Formulaire d’identification des participants
Annexe G. Liste de vérification du comportement des jeunes de 6 à 18 ans, Version parent
Annexe H. Questionnaire de comportement d’ Achenbach, version enseignant
Annexe 1. Questionnaire d’acceptation et de pleine conscience
Annexe J. Questionnaire d’évitement et de fusion
Annexe K. Test d’évaluation de l’attention chez l’enfant
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