La perception, un moyen d’accès à la compréhension d’une situation

Certaines définitions sélectives de la notion de perception permettent d’entrer dans le concept et de l’affiner avant d’annoncer la distinction entre des termes proches dans le langage courant à savoir la sensation et la perception.

Pour Bonnet (2003) :

La perception désigne l’ensemble des mécanismes et des processus par lesquels l’organisme prend connaissance du monde et de son environnement sur la base des informations élaborées par ses sens (Bonnet, 2003, p. 3).

Pour Bagot (1999) :

La perception désigne l’ensemble des procédures qui nous permettent de prendre connaissance du monde environnant et de construire nos propres représentations mentales de ce monde (Bagot, 1999, p. 5).

Pour Nicolas et al. (2003) :

la perception doit être envisagée comme une construction mentale résultant d’une interaction entre l’individu et son milieu. Le caractère créatif des processus perceptifs est évident dans certaines situations où les informations issues de l’environnement peuvent produire différentes interprétations. Celle qui est retenue correspond généralement à l’interprétation la plus plausible en fonction des connaissances du sujet et/ou du but de l’action à mener (Nicolas et al., 2003, p. 13).

Dans la première définition, Bonnet (2003) utilise le terme « organisme ». Or, l’organisme est considéré comme un système de traitement qui transforme l’information sur le monde et l’information en mémoire en des représentations mentales et/ou des actions (Rui, 2000, p. 11). Des processus et des mécanismes de type modulaire au sens de Fodor (cité par Bonnet, 2003) permettent le traitement (codage, décodage, interprétation pour en reconstituer le message) des informations (Bonnet, 2003, pp. 3-4). Ces informations sont non seulement d’origine sensorielle mais dépendent aussi de l’interprétation que nous en faisons par l’intermédiaire de nos connaissances antérieures, de nos attentes et de nos motivations (Bonnet, 2003, p. 3).

Dans la deuxième définition, il semble que le terme procédures revêt à la fois les processus et mécanismes usités par Bonnet (2003). La notion de construction des représentations mentales clairement citée considère ici l’individu comme « actif » au moment d’une « tâche perceptive ». Bagot (1999) parle d’ailleurs d’ »activités perceptives » ou encore de « constructions perceptives » (Bagot, 1999, p. 5).

La troisième définition conforte celle de Bagot (1999) en positionnant l’individu comme acteur de la construction mentale en interaction avec le monde environnant et ce par l’intermédiaire de ses interprétations. A cela, l’auteur ajoute une prise de décision, un jugement par l’individu qui va conserver l’interprétation la plus vraisemblable tout en considérant ses connaissances antérieures et/ou l’objectif de l’action à atteindre.

Ainsi, la boucle est bouclée, une définition creuse l’autre. Elles semblent donc se superposer et se compléter mutuellement.

Au sein des courants philosophiques, des indices sur le concept de perception 

D’un point de vue historique, la philosophie selon Platon (-428 – -348) (cité par Godefroid, 2008) part du principe que la réalité s’immerge dans le « monde des idées », idées qui en tant que « formes immuables » sont acquises par l’intermédiaire d’ »actes de connaissance » provenant de la raison. La raison, au sein même de notre âme et initiée par nos sens, mène vers une « réalité parfaite » (Godefroid, 2008, p. 39). A contrario, Aristote (-384 – – 322) (cité par Godefroid 2008) affirme que la « forme » des êtres correspond à l’observation fine des caractéristiques spécifiques à chaque être selon l’application d’un principe d’organisation logique de la nature. Les idées émergent, au cours de l’existence, par la combinaison entre eux des sens impulsée par le raisonnement (Godefroid, 2008, p. 39). Ce courant philosophique donnera naissance à la scolastique qui règne sous l’emprise du théologien et philosophe italien Thomas d’Aquin (1228 – 1274) (cité par Godefroid, 2008) et qui institue que l’origine de la connaissance se trouve au sein même de la réalité et que l’objet du philosophe est de situer de manière hiérarchisée, chaque chose, chaque être dans le monde créé par Dieu (Godefroid, 2008, p. 40).

Divers philosophes dont Descartes (cité par Godefroid, 2008), le premier, prônent une rupture avec la scolastique. C’est ainsi que naît le courant rationaliste. Descartes considère d’un côté, le corps de l’être humain dans son fonctionnement mécanique et d’un autre côté, l’âme de l’être humain au sein de laquelle la réalité apparaît comme non palpable et vecteur d’idées innées. Pour préciser cette pensée, Godefroid (2008) affirme que :

Descartes distingue tout d’abord la réalité matérielle (res extensa), accessible par la méthode scientifique, de la réalité pensante (res cogitans), immatérielle et inaccessible, qui est le siège d’idées innées existant de toute éternité (Godefroid, 2008, p. 40).

Or, Descartes (cité par Godefroid, 2008) accorde la primauté à l’âme sur le corps. Cependant, il pose certains principes visant l’atteinte de la connaissance : la méthode de l’intuition portant sur des éléments simples permet d’aboutir, après déduction, aux éléments plus complexes s’il y a vérification postérieure à chaque étape. En effet, le corps ou matérialité perçu(e) par nos sens nécessite des doutes dans la démarche de Descartes (cité par Godefroid, 2008) alors que ce sont par les idées, initiées par la raison, que l’être humain va vers la vérité (Godefroid, 2008, p. 41). Leibniz (1646 – 1716) (cité par Godefroid, 2008), un philosophe allemand, va bien au-delà de la théorie des idées innées proposée par Descartes (cité par Godefroid, 2008).

La psychologie, une science d’où émerge le concept de perception 

Le résultat de la structuration des associations de sensations élémentaires 

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, deux courants théoriques, le structuralisme et l’empirisme, incitent les disciplines à décomposer leur objet d’étude en éléments plus simples. Selon Wundt (1832 – 1920) (cité par Lemaire, 1999), physiologiste et psychologue allemand, la compréhension de l’esprit nécessite la connaissance de ses éléments constitutifs que sont les « sensations » et les « sentiments ». La méthode de l’introspection est utilisée pour révéler les éléments conscients lors de l’accomplissement d’une tâche c’est-àdire non seulement le contenu de la pensée mais aussi la manière dont nous pensons cet accomplissement (Lemaire, 1999, p. 21). Le sujet porte attention à ces éléments de base qui se combinent en images et en idées de plus en plus complexes. Un des étudiants de Wundt, Titchener (1967 – 1927) (cité par Delorme & Flückiger, 2003) , psychologue américain né en Angleterre, fonde le structuralisme dans les années 1900 aux Etats-Unis. L’auteur, à l’aide de l’analyse introspective, présente les sensations comme les principaux éléments des perceptions. En prenant comme point de départ les sensations tactiles élémentaires, l’objectif était d’obtenir des synthèses des sensations tactiles complexes permettant par exemple la perception du mouillé, de l’huileux, du moite, etc. (Delorme & Flückiger, 2003, pp. 20-21).

Le résultat de la relation Stimuli simples de l’environnement-Réponse 

Watson (1878 – 1958) (cité par Weil-Barais, 2011), psychologue américain, initie le behaviorisme qui, dès 1913, s’oppose à l’utilisation de l’introspection en psychologie. Pour le behaviorisme, les processus mentaux (les croyances, les aspirations, les intentions et les motivations de l’individu) ne sont pas accessibles à la conscience et sont donc impossibles à étudier par le moyen de l’introspection. En effet, la reconstruction élaborée par le sujet est affectée par le système linguistique et l’environnement social (Weil-Barais, 2011, p. 37). Deux critiques majeures sont faites à l’usage de l’introspection. La première critique porte sur la validité de la méthode de collecte des données (les phénomènes étudiés doivent être identifiables) et la seconde sur sa fiabilité (ces phénomènes doivent être reproductibles dans les mêmes conditions d’observations). C’est ainsi que les behavioristes étudient des comportements « observables », « mesurables » et « contrôlables » qui constituent des données objectives reproductibles par les expérimentateurs (Lemaire, 1999, p. 22).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE 
PREMIÈRE PARTIE : DE LA PERCEPTION AUX REPRÉSENTATIONS EN COMPRÉHENSION ÉCRITE
CHAPITRE 1 – LA PERCEPTION, UN MOYEN D’ACCÈS À LA COMPRÉHENSION D’UNE SITUATION
0. Introduction
1. Au sein des courants philosophiques, des indices sur le concept de perception
2. La psychologie, une science d’où émerge le concept de perception
3. « Les théories cognitives de la perception »
4. Conclusion
CHAPITRE 2 – L’IDENTIFICATION PERCEPTIVE
0. Introduction
1. Distinction de cinq tâches en étroite relation avec l’identification perceptive
2. L’influence des processus attentionnels lors de la tâche d’identification
3. Les processus automatiques versus les processus contrôlés ou un continuum entre ces deux types de processus
4. Malgré un « système de contrôle cognitif de l’activité » (Camus, 1996, p.94), de potentielles erreurs de l’attention émanent de notre activité cognitive
5. Conclusion
CHAPITRE 3 – MODÈLES MENTAUX ET REPRÉSENTATIONS EN COMPRÉHENSION ÉCRITE
0. Introduction
1. Les schémas
2. Les représentations propositionnelles : de la structure prédicative aux structures d’interprétations complexes
3. Les modèles de situation, leurs propriétés
4. Les structures conceptuelles
5. Le modèle « Landscape » (van den Broek et al., 1996, 1999)
6. La compréhension et la mémoire, l’organisation et les limites des représentations
7. Conclusion
DEUXIÈME PARTIE : LE TUTEUR DISTANT, UNE FONCTION D’IDENTIFICATION PERCEPTIVO-COGNITIVE AU SEIN D’UN DISPOSITIF HYBRIDE DE FORMATION
CHAPITRE 4 – DE LA NOTION DE STRATÉGIE DE LECTURE EN FLE Á LA NOTION DE TÂCHE ET DE TAXONOMIE DES OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES DOMAINE COGNITIF
0. Introduction
1. Le développement de la compréhension écrite en Français Langue Étrangère à un niveau A2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECR)
2. L’apport des recherches antérieures sur l’identification de stratégies de lecture en Français Langue Etrangère
3. De la notion de tâche aux taxonomies des objectifs pédagogiques domaine cognitif
4. Conclusion
CHAPITRE 5 – LE TUTEUR DISTANT, UNE FONCTION PERCEPTIVO-COGNITIVE Á INSTRUMENTER
0. Introduction
1. Le tutorat, l’évolution de ses conceptions en bref selon Depover et Quintin (2011b)
2. Le tutorat et les dispositifs hybrides selon Depover et Quintin (2011b)
3. Les outils d’aide à l’apprentissage et au tutorat selon De Lièvre et Temperman (2011)
4. Les tâches de langues en communication écrite et les corrections en ligne selon Mangenot (2011)
5. Une recherche comparative non exhaustive sur les rôles du tuteur distant: vers une fonction d’identification perceptivo-cognitive du tuteur distant
6. Conclusion
CHAPITRE 6 – LA SCÉNARISATION ARTISANALE DU DISPOSITIF HYBRIDE DE FORMATION CEPACFLEA2
0. Introduction
1. Le scénario pédagogique du dispositif de formation CEPACFLEA2
2. Le scénario de communication du dispositif de formation CEPACFLEA2
3. Le scénario d’encadrement du dispositif de formation CEPACFLEA2
4. La mise à distance de la formation : comment caractériser le dispositif hybride de formation CEPACFLEA2 par rapport aux approches behavioriste, constructiviste et socioconstructiviste ?
5. Conclusion
TROISIÈME PARTIE : DE LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE QUALITATIVE À L’INSTRUMENTATION DU TUTEUR DISTANT POUR IDENTIFIER LES STRATÉGIES COGNITIVES DE L’APPRENANT SINGULIER D’UN NIVEAU A2 DE FLE EN COMPRÉHENSION ÉCRITE
CHAPITRE 7 – CADRAGE THÉORIQUE, PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
1. Cadrage théorique
2. Problématique de recherche
3. Hypothèses de recherche
CHAPITRE 8 – LE PROTOCOLE DE LA RECHERCHE QUALITATIVE
1. L’analyse du corpus des documents-supports des diverses macro-tâches sélectionnées notamment selon « Les différents types de textes » de Puren, Bertocchini et Costanzo (1998)
2. Présentation des divers outils de recherche qualitative visant à instrumenter le tuteur distant dans sa fonction d’identification perceptivocognitive
3. De la conception de l’échantillon au recueil des données dans un cadre expérimental au CIEF de l’Université Lumière Lyon 2
CHAPITRE 9 – INSTRUMENTATION DU TUTEUR DISTANT CONCERNANT SA FONCTION D’IDENTIFICATION PERCEPTIVO-COGNITIVE
0. Introduction
1. Le cadre opératoire de la première hypothèse de recherche
2. De la description du document-support et de la consigne de la tâche en termes d’habiletés langagières réceptive et productrice à l’inférence d’un verbe d’action évaluatif (Lussier, 1992) pour chacune des micro-tâches de compréhension écrite à partir de la confrontation des taxonomies de Bloom (1969) et de Marzano et Kendall (2007)
3. De la confrontation des deux taxonomies suscitées pour chacune des micro-tâches de compréhension écrite définissant un verbe d’action évaluatif (Lussier, 1992) à son association avec un verbe d’action cognitif (Guité,2007) pour former une habileté cognitive donnée afin d’aboutir à une typologie théorique des habiletés cognitives en compréhension écrite
4. De la typologie théorique des habiletés cognitives permettant de nommer les stratégies cognitives relatives à chaque micro-tâche de compréhension écrite à la conception de questionnaires complexes puis simplifiés langagièrement du tuteur distant au sein desquels sont exemplifiées les stratégies cognitives potentiellement utilisables par l’apprenant singulier de FLE d’un niveau A2 du CECR
5. Conclusion
CHAPITRE 10 – VERS UNE IDENTIFICATION DES STRATÉGIES COGNITIVES DE L’APPRENANT SINGULIER D’UN NIVEAU A2 DE FLE EN COMPRÉHENSION ÉCRITE
0. Introduction
1. Le cadre opératoire de la deuxième hypothèse de recherche
2. Collecte des stratégies cognitives de l’apprenant singulier de FLE selon le/les type(s) de stratégies cognitives employé(s) par l’apprenant
3. Dénomination des stratégies cognitives de l’apprenant singulier de FLE en termes d’habiletés cognitives
4. Conclusion
CONCLUSION GÉNÉRALE

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