La perception du burn out par les médecins interroges

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Entretiens individuels semi dirigés

L’entretien individuel semi-dirigé est une méthode de production de données verbales, utilisée dans la recherche qualitative.
L’entretien permet de recueillir des données dans un spectre plus large qu’un questionnaire. L’opinion produite par un questionnaire correspond à un ensemble de réponses à des questions fermées alors que l’entretien fait produire un discours. (7)
Pour obtenir des réponses sincères et authentiques, les entretiens sont réalisés de façon individuelle et non de manière collective, afin de respecter l’anonymat et établir un cadre personnalisé propice à la confidence.
L’entretien est dit « semi dirigé » car il utilise une grille de questions ouvertes appelée « canevas d’entretien » ou « guide d’entretien ». Il reste souple et l’enquêteur peut l’adapter au cours de l’entretien.
Ce guide a pour but de faire parler les enquêtés autours du sujet, l’idéal étant de déclencher une dynamique de conversation plus riche que la simple réponse aux questions, tout en restant dans le thème. (3)
Le guide d’entretien se distingue du protocole du questionnaire dans le fait qu’il structure l’interrogation mais ne dirige pas le discours. Il a pour but d’aider l’enquêteur à improviser des relances pertinentes au moment même où un sujet donné est abordé. Cette technique permet d’obtenir un discours librement formé par l’interviewé tout en restant sur le thème de la recherche. (4)
L’objectif est de recueillir des données les plus diversifiées et authentiques possibles.

ECHANTILLONNAGE

Caractéristiques d’un échantillon en recherche qualitative

L’échantillonnage en recherche qualitative doit explorer une plus grande diversité possible du thème étudié, c’est pour cela que l’on sélectionne un échantillonnage aux caractéristiques variées. Cette diversité permet d’obtenir la richesse des données. (2)
Les particularités de l’échantillon en recherche qualitative peuvent dérouter le chercheur habitué au quantitatif, car la recherche qualitative ne recherche pas la représentativité statistique. (1)
Plus que de constituer un échantillon, il s’agit plutôt de bien choisir ses « informateurs ». (3)
La population étudiée est composée de MG exerçants en Haute-Normandie avec une activité libérale exclusive ou non. Les principes d’inclusions sont l’accord du MG pour participer à l’étude et la faisabilité de l’entretien pour les deux acteurs (interviewé et intervieweur).
Le type d’échantillonnage utilisé dans cette étude est un échantillonnage raisonné, afin de diversifier au maximum le type de médecin interrogé selon certains critères énoncés ci-dessous. Ceci permettant de garantir la validité externe des résultats.
Les critères retenus pour diversifier l’échantillon des médecins interrogés étaient : le genre, le groupe d’âge, le statut marital, la situation familiale, la zone et le mode d’exercice, la présence d’un secrétariat au cabinet, l’adhésion à un syndicat, la participation à la permanence des soins, le type de patientèle et le statut de maître de stage universitaire.
La détermination de la taille de l’échantillon en recherche qualitative n’utilise pas de règle de calcul. Le plus souvent, l’échantillon est composé de moins de trente individus, et la taille de l’échantillon est surtout estimée au cours de l’étude. La réalisation des entretiens s’arrête lorsque tout nouvel entretien n’apporte plus de donnée nouvelle : on parle de « saturation des données ». Elle est confirmée par deux entretiens supplémentaires. (1)

Mode de recrutement des médecins interviewés

Le recrutement s’est fait dans un premier temps par sollicitation des maîtres de stages pour participer à l’étude ou à solliciter d’autres confrères.
Dans un second temps, spontanément, certains médecins de l’étude ont proposé la participation de leurs confrères par un effet dit « en boule de neige », dont les profils répondaient à un échantillon diversifié. D’autres médecins ont été recrutés de manière aléatoire, sur une liste issue du site internet des pages jaunes.
Enfin, les derniers recrutements ont demandé un effort de ciblage de profil dans le but de répondre à une diversité maximale de l’échantillon.
Lors du premier contact téléphonique, il s’agissait d’interroger si le médecin était d’accord pour participer à l’étude, et le cas échéant de fixer un rendez-vous pour l’entretien. Lors de ce premier contact, les médecins intéressés se voyaient proposer l’envoi par courriel de la fiche de présentation de la thèse et de l’entretien.

RECUEIL DES DONNEES

Déroulement du recueil

Les médecins interrogés choisissaient le lieu et l’horaire de l’entretien. La majorité des entretiens a eu lieu aux cabinets des médecins et trois ont eu lieu à la faculté de médecine.
Le préalable à la réalisation de l’entretien était le consentement des participants.
De façon systématique, un rappel était fait sur le but et les caractéristiques de l’étude.
L’anonymisation des données était systématiquement rappelée.
Les échanges se déroulaient sous forme d’entretien verbal en tête à tête entre le médecin et l’enquêteur.
Les échanges étaient enregistrés avec un dictaphone, incluant les rires, onomatopées et soupirs.
Une attention toute particulière a été portée à la conduite de l’entretien pour favoriser une ambiance propre à la confidence. L’enquêteur adoptant une attitude positive, empathique, intéressée, respectueuse et évitant toute attitude de jugement sur les idées et comportements exprimés.
Pour parvenir à s’introduire dans l’intimité conceptuelle de son interlocuteur, l’enquêteur doit totalement oublier ses propres opinions et ne penser qu’à une chose : chaque univers personnel a ses richesses, qui ont immensément à nous apprendre. (5)

Guide d’entretien

La première partie du guide d’entretien avait pour but le recueil des données quantitatives permettant de caractériser l’échantillon.
La partie qualitative du guide d’entretien a été élaborée autour des thèmes suivant :
Perception du BO du MG
Facteurs de risque du BO perçus par le MG
Mesures de prévention du BO proposées par le MG
L’expérience vécue lors de chaque entretien a également servi à améliorer la conduite des entretiens suivants.
Le guide d’entretien est présenté en annexe 3

METHODE D’ANALYSE

La retranscription des enregistrements sonores

La retranscription de chaque entretien a été réalisée de façon manuelle. La mise en forme a été réalisée via le logiciel Microsoft Word. Les enregistrements vocaux ont été retranscris dans leur intégralité.

L’analyse des entretiens

L’analyse a été réalisée via le logiciel NVivo permettant de définir des « nœuds » correspondants aux différents thèmes et des « sous-nœuds » caractérisant des idées plus précises.
Sur les trois premiers entretiens, l’analyse des verbatims a été réalisée par deux chercheurs, suivie d’une confrontation de la méthode d’analyse des données afin de s’accorder sur la méthode d’analyse des entretiens de l’étude.
Ce processus s’appelle la triangulation de l’analyse des données, qui permet d’assurer la validité de l’interprétation des résultats.

RESULTATS DESCRIPTIFS

Dates et durée des entretiens

Les entretiens ont été réalisés de Décembre 2016 à Juin 2017.
La durée moyenne des entretiens était de 28 minutes. Le plus court étant de 15 minutes et le plus long de 43 minutes.

LA PERCEPTION DU BURN OUT PAR LES MEDECINS INTERROGES

La majorité des MG interrogés considèrent le BO comme un risque très concret et élevé. Beaucoup d’entre eux connaissent des exemples de confrères ou de consœurs qui ont été touchés. Certains praticiens reconnaissent avoir vécu eux-mêmes un ou plusieurs épisodes de BO. Ce risque leur semble multifactoriel.
Dans ce qui suit nous allons lister successivement les réactions des médecins interrogés sur la manière dont ils perçoivent :
Les risques de BO et les signes avant-coureurs
Les conséquences potentielles

Le Burn Out : perception de risque et signes avant-coureurs

La conscience d’un risque très présent
M9 : « je pense que le risque est très élevé, d’autant plus depuis ces dernières années »
M10 : « je sais que ça existe, je sais que je ne suis pas à l’abri (…) nul ne peut dire qu’il ne pourra pas faire un jour un Burn out »
M8 : « je pense qu’il est réel, parce que voilà oui je le vois autour de moi »
« Quand j’exerçais dans la région T. c’était mon cas et c’est ce qui m’a fait changer de région. » M17 : « c’est un métier à risque de Burn out »
« Je pense avoir été à plusieurs périodes en Burn out et ne plus l’être en ce moment mais l’avoir été »
M18 : « c’est un risque très présent (…), je pense qu’on peut vraiment être tous à risque de Burn out en ne faisant pas attention. (…) même moi de mon côté plusieurs fois je me suis dit qu’il fallait faire attention et qu’il fallait que je mette en place des choses… »
« C’est ce qui lui est arrivé à ma collègue, ça fait hyper peur (…) »
« C’est une pathologie latente chez plein d’entre nous »
Un risque multifactoriel
M12 : « c’est une association de plusieurs trucs »
« Je pense que dans le Burn out il y a plusieurs composantes »
M14 : « c’est toujours mi- personnel et mi- professionnel qui sont mêlés (…) »
M8 : « Je pense qu’il y a vraiment un ensemble de choses »
M6 : « ce n’est pas qu’un élément déclencheur, il y a sûrement plusieurs éléments déclencheurs »
M18 : « c’est souvent des petites choses anodines, (…) une collègue qui a eu un accident de voiture pas dramatique mais à la suite de ça, ça a précipité un Burn out qui, était la résultante de plein de choses qui avaient été mises bout à bout »
Une spirale insidieuse
M9 : « C’est toujours difficile de, nous-mêmes de l’apprécier parce que quand on s’en rend compte c’est que déjà on a déjà avancé, c’est plutôt quand on y arrive qu’on ne voit pas venir, on ne voit pas venir le truc en général »
M17 : « je ne l’ai peut-être pas vu venir »
M8 : « quand on est vraiment au bout d’un moment dans une spirale, c’est impossible de faire marche arrière à un moment donné, on trouve que ça va être compliqué … »
Une sensation de débordement et d’impuissance
M2 : « Il y a des situations évidemment où on peut se sentir un peu oppressé » « j’ai l’impression de ne plus respirer » « parce qu’il y a une pression permanente, je ne respire pas »
M5 : « des fois, mes patients j’ai l’impression qu’ils m’épuisent, qu’ils me pressent comme un citron des fois, moi j’ai ce sentiment d’être complètement pressée comme une serpillière ou comme un citron, ils te prennent tout là ils t’épuisent complètement »
M6 : « c’est qu’il y a un moment on ne sait plus comment faire, c’est-à-dire même pour des choses qui paraissent simples quand on est standard, ça devient compliqué »
M7 : « (…) la sensation qui fait souffrir les médecins c’est je ne vais pas y arriver ! je ne vais pas faire face, y a trop de demandes je n’en peux plus, y a trop de demandes soit venant de patients différents soit trop de demandes du même patient dans un même rdv. »
M9 : « les gens arrivaient n’importe quand, elle les voyait rdv ou pas rdv, ils arrivaient après la consultation, ils venaient la voir elle acceptait de les voir voilà bon après que c’est 1 fois, 2 fois, 3 fois et puis les gens ils prennent le pli (…) »
M13 : « quand il y a beaucoup de travail et qu’on ne répond pas vraiment à leurs demandes parce qu’on manque de temps, (…) quand on a refusé un rdv alors qu’il ne fallait pas le refuser parce qu’il était important » « (…) et puis quand on a loupé un truc et qu’on revient à la maison et qu’on a un doute et qu’on a ça qui nous trotte dans la tête »
M15 : « le risque c’est de se laisser complètement prendre par l’activité en fait, de ne pas savoir dire non quand on est là, »
Et puis un jour, on n’est plus soi même
M2 : « où on en a marre un petit peu de voir les gens, effectivement où on a moins d’empathie, où les gens peuvent nous énerver »
M7 : « parce que y a des jours où je me sens vraiment empathie Zéro ! Il y a des jours où je ferme la porte sur un patient et je m’assois au bureau en soupirant et les yeux froncés en me disant ah là là mais qu’est-ce qu’il m’emmerde, c’est sûr que c’est des jours où ça ne va pas, »
M8 : « je me suis rendue compte que je devenais agressive chez moi avec les enfants »
« J’étais devenue hyper sensible, stressée, pas bien »
« Je n’arrivais plus à affronter les gens, je ne les supportais plus, je ne supportais plus les gens agressifs, je ne supportais plus les gens qui viennent se plaindre pour une broutille (…) je ne supportais plus la fainéantise des gens, et je pense que j’avais perdu surtout ma carapace (…) avec les pathologies un peu lourdes j’étais hyper sensible »

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Table des matières

INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
Recherche bibliographique
Type d’étude
2.1. Enquête Qualitative
2.2. Entretiens individuels semi dirigés
Echantillonnage
3.1. Caractéristiques d’un échantillon en recherche qualitative
3.2. Mode de recrutement des médecins interviewés
Recueil des données
4.1. Déroulement du recueil
4.2. Guide d’entretien
Méthode d’analyse
5.1. La retranscription des enregistrements sonores
5.2. L’analyse des entretiens
RESULTATS
Résultats descriptifs
1.1. Dates et durée des entretiens
1.2. Composition de l’échantillon d’étude
1.3. Tableau d’échantillonnage
La perception du burn out par les médecins interroges
2.1. Le Burn Out : perception de risque et signes avant-coureurs
2.2. Burn Out : les conséquences envisagées
La perception des Facteurs de Risques par les médecins interroges
3.1. Le déficit chronique de médecins généralistes
3.2. La place de la médecine générale dans la société
3.3. La médecine générale vue par les patients
3.4. La conciliation « vie professionnelle/ vie privée »
3.5. Les conditions d’exercice du métier
Les Mesures de prévention proposées par les médecins interrogés
4.1. Adapter et renforcer l’offre de soins pour répondre aux besoins
4.2. Améliorer la reconnaissance du métier de médecin généraliste
4.3. Améliorer les conditions d’exercice
4.4. Se préoccuper du médecin généraliste en tant que personne
Résultats : en synthèse
DISCUSSION
Comparaison des principaux résultats à la littérature
1.1. Le Burn Out : le risque et ses conséquences
1.2. Y a-t-il un lien entre le déficit en MG et le risque de BO ?
1.3. Le manque de reconnaissance est-il un important facteur de risque ?
1.4. Améliorer les conditions d’exercice permet-il de réduire le risque ?
1.5. S’occuper de la santé du MG est-ce une piste pour réduire le risque ?
1.6. Faut-il se préoccuper du médecin généraliste en tant que personne ?
Forces et faiblesses de l’étude
2.1. Les forces
2.2. Les faiblesses
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe n°1 : Maslach Burn out Inventory (MBI)
Annexe n°2 : Fiche de recueil des caractéristiques des médecins
Annexe n°3 : Guide d’entretien
SERMENT D’HIPPOCRATE
RESUME
MOTS CLES

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