La perception de l’intrusion féminine

LA FÉMINISATION DES BIBLIOTHEQUES ET DES SERVICES D’ARCHIVES

La perception de l’intrusion féminine 

En règle générale, les étudiants ne sont pas hostiles à l’intrusion des femmes sur les bancs de l’université ou des grandes écoles. Au contraire, celle-ci participe à un renouveau du rapport homme-femme, en changeant la perception que les jeunes hommes ont de la gente féminine, une fois hors du cadre familial.Dès lors, une relation plus égalitaire se met en place, qui contraste avec ce qu’ils ont connu jusqu’alors avec les femmes de leur entourage. Cependant, dès le début du XXe siècle, les étudiantes se retrouvent et se rassemblent en association, gage de solidarité dans un milieu dominé par les hommes. Le 4 mars 1901, l’association des étudiantes de Paris est créée. Celle-ci peut également être vue comme un moyen de lutter et de s’affirmer face aux protestations, rares mais existantes, de leurs camarades masculins. En 1893, les étudiants de la faculté de médecine s’offusquent de l’augmentation du nombre de jeunes filles à assister aux cours. Les domaines universitaires du droit et de la médecine sont caractérisés à cette époque par un « antiféminisme violent ».

On peut interpréter cela comme une volonté d’éviter la féminisation du domaine scientifique. Contrairement aux lettres, plus adaptées à l’esprit féminin du point de vue masculin, les sciences apparaissent comme réservées aux hommes.Ce relatif bon accueil dont ont bénéficié les étudiantes peut être dû à leur faible nombre à la fin du XIXe siècle, qui fait apparaître les pionnières comme des curiosités, mais il peut également s’expliquer par l’ouverture d’esprit de la génération masculine qu’elles côtoyaient alors. D’un autre côté, les jeunes hommes ont pu considérer avec un léger enthousiasme la nouvelle situation, les étudiantes représentant des objets de séduction.Les professeurs, eux, sont plus réticents. Ils craignent que les femmes ne soient la cause de troubles au sein des amphithéâtres. Cependant, la plupart des étudiants les traitent avec respect et la « coexistence » se passe mieux que prévu. La femme est vue d’une part comme une ingénue à protéger mais également comme une séductrice, une tentatrice, qui pourrait semer le désordre sur son passage. Mais c’est également les idées reçues sur le caractère frivole des femmes qui fait que leur arrivée sur les bancs de l’université entraîne une certaine méfiance chez les enseignants.

De ce fait, il semble primordial au cours du XXe siècle que les jeunes filles présentes à l’université n’optent pas pour une tenue trop féminine. Les étudiantes ne doivent pas apparaître comme des femmes, pouvant être l’objet de désir. Certains professeurs sont conservateurs et n’admettent pas de voir leurs valeurs traditionnelles remises en cause. Par leur suivi des cours à l’université les femmes prouvent qu’elles peuvent concurrencer les hommes sur le plan intellectuel et font également vaciller la « tutelle masculine ».

Cependant, d’autres professeurs sont eux tout à fait conscients des compétences intellectuelles des étudiantes et les estiment à leur juste valeur. Ils les incitent à développer davantage d’initiatives et à dépasser leur « docilité », qu’elles tiennent souvent de leur éducation. Maurice Prou, dans sa synthèse historique sur l’École des Chartes, fait référence à ce reproche qui leur est fait : « Depuis 1906, les femmes sont admises à l’École et elles font ici, comme ailleurs, une active concurrence aux hommes. Quelque opinion qu’on ait sur le rôle de la femme dans la société, et même en regrettant qu’elle ne garde pas la place que la nature lui assigne, on ne peut nier que les femmes ne soient aptes aux études scientifiques […] Les jeunes filles à l’école se classent dans les premiers rangs. On leur accorde généralement plus de mémoire qu’aux hommes et moins d’initiatives, ce qui expliquerait leur succès dans les examens. » .

Selon Carole Lécuyer, ce manque d’initiative est dû à la valorisation permanente des hommes, à laquelle les femmes sont soumises tout au long de leur existence. Comment, après avoir entendu des années durant que les hommes leur étaient supérieurs, les femmes pourraient-elles se comporter différemment ? Elles manquent de confiance en elles, ce qui explique qu’elles ont une approche très scolaire du travail universitaire. Maurice Prou attribue l’efficacité de leur mémoire davantage à « leur application au travail », acquise par le biais d’une éducation différente de celle dispensée aux hommes, qu’à la « nature de leur esprit ». La croissance de la présence féminine dans l’enseignement supérieur fait naître une brèche dans le monopole masculin de la vie professionnelle.

Pourtant, elle ne génère pas un bouleversement de la hiérarchie des sexes. Bien que les filles aient un niveau scolaire supérieur aux garçons, et ce dans toutes les catégories sociales, qu’elles soient plus disciplinées et décrochent davantage de mentions, leurs choix de carrières les a longtemps maintenues en arrière-plan face à leurs collègues masculins. Plus généralement orientées vers le domaine littéraire, elles se détournent de leur propre chef des orientations plus « prestigieuses », notamment des carrières scientifiques ou des postes à grande responsabilité.

Car qui dit grande responsabilité dit présence active sur le lieu de travail et peu de temps à accorder à sa famille, une chose que les femmes n’ont pas forcément l’envie ou la possibilité de sacrifier. Cependant, la réussite scolaire de ces dernières leur permet de changer la perception qu’elles ont d’elles-mêmes, de leurs capacités et de leurs rôles.

Une activité professionnelle associée à la vision traditionnelle de la femme 

Si les étudiants et étudiantes parviennent à suivre les cours ensemble sans heurts, la situation se crispe lorsque diplômés et diplômées se retrouvent sur le marché du travail, en concurrence dans le même secteur d’activité. Pourtant, les femmes n’ont pas toujours été exclues de la sphère culturelle. Sous l’Ancien Régime, elles pouvaient reprendre la librairie ou les lieux d’édition gérés auparavant par leur mari. Au XXe siècle, malgré le fait que les femmes cherchent à s’émanciper de leur rôle traditionnel de mère au foyer, cette conception de leur place dans la société les poursuit jusque dans leur carrière professionnelle.

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LA FÉMINISATION DES PROFESSIONS DE LA DOCUMENTATION ET DU PATRIMOINE  
1. L’ouverture aux femmes des formations liées au patrimoine et à la documentation  
1.1. L’accès au baccalauréat et à l’université
1.2. L’admission des jeunes filles au sein des grandes écoles
1.3. La perception de l’intrusion féminine
2. Une activité professionnelle associée à la vision traditionnelle de la femme 
2.1. Une répartition des tâches au sein de la sphère professionnelle
2.2. Vers l’égal accès aux emplois
2.3. De nouvelles possibilités d’autonomie
BIBLIOGRAPHIE  
ÉTAT DES SOURCES  
LA FÉMINISATION DES BIBLIOTHEQUES ET DES SERVICES D’ARCHIVES DU POINT DE VUE DES PROFESSIONNELS : DES ÉTUDES TARDIVES  
LES FEMMES ARCHIVISTES  
1. Des femmes qui tiennent tête aux hommes  
1.1. Les étudiantes dans le peloton de tête de leur promotion
1.2. Vers une mixité équilibrée ?
2. Les femmes et les services d’archives au XXe siècle  
2.1. L’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT)
2.2. Les femmes au sein des services d’archives publiques
2.3 Des étudiantes moins orientées que les hommes vers le travail d’archiviste
3. Un investissement total dans le service d’archives  
3.1. La participation à des travaux d’ampleur
3.2. Des profils hétérogènes
1. Listes des femmes étudiées par le biais des nécrologies de la revue la Bibliothèque de l’École des chartes et des dossiers d’élèves conservés aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine (ordre alphabétique)  
2. Fiches individuelles réalisées pour chacune des anciennes élèves de l’École des Chartes dont le dossier a été consulté  
3. Lettre de la marquise Arconati-Visconti au directeur de l’École des Chartes, où elle exprime sa volonté de soutenir chaque année deux jeunes archivistes paléographes, à leur sortie de l’école  
4. Lettre de Jeannette Mulatier au directeur de l’École des Chartes, 12 septembre 1939  
TABLE DES TABLEAUX

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