La pensée philosophique de Nkrumah

Philosophe ou homme politique, la personnalité de Nkrumah demeure très controversée. Même s’il n’est pas le lieu de faire l’éloge du messie des masses populaires ghanéens, force est de reconnaître que politiquement, Nkrumah jouissait d’une grande notoriété ; et beaucoup d’observateurs reconnaissent qu’il fût un grand patriote et toute sa vie il l’a consacré à la cause africaine. Qu’en est il maintenant de son statut de philosophe ? Dans une discipline qui se singularise par une inexorable remise en cause de tout système, que la philosophie de Nkrumah soit critiquée ou que ses prétentions philosophiques ruinées, ne doit surprendre personne. Ces systèmes philosophiques, même critiqués, ont cependant le mérite d’être reconnus comme tels. La précision est ici importante car le Consciencisme est née à une époque où le débat sur la teneur philosophique des productions africaines faisait rage.Ce qui signifie que le premier défi de Nkrumah était de produire une véritable philosophie.

Mais que ça soit ses idées politiques ou philosophiques, toutes étaient au service de la cause africaine, c’est-à-dire le décollage politique et économique du continent. Cet objectif a-t-il été atteint ? A l’entame de notre réflexion, nous sommes dans l’impossibilité de répondre.Ce que nous pouvons dire par contre, ce que tout un chacun sait, et qui ne découle par conséquent pas de notre présente étude, mais en est au contraire une motivation, c’est que l’amour de Nkrumah pour son continent n’a jamais fait l’ombre d’un doute. Si l’engagement de Nkrumah auprès des siens ne peut être remise en cause, il en va tout autrement pour ses méthodes.Ces dernières n’ont pas toujours fait l’unanimité. En parlant de méthodes, nous entendons, d’un côté la ligne politique dans laquelle s’était inscrite le Dr Nkrumah pour développer son pays et partant l’Afrique. Cette ligne politique, n’est rien d’autre que le socialisme, idéologie que Nkrumah a fini par choisir pour diverses raisons que nous aurons à préciser. Ce n’est là qu’un aspect de la politique de Nkrumah ; le leader ghanéen était également très engagé dans un autre front, celui du panafricanisme ou de l’unité africaine. L’un des grands rêves de Nkrumah était de voir l’Afrique unie en un seul pays, convaincu que c’était la seule voie par laquelle elle pourrait se hisser au rang de puissance mondiale.

La pensée philosophique de Nkrumah 

Généralités 

L’homme et l’œuvre

Francis Nwia Koffié Kwamé Nkrumah est né le samedi 19 septembre 1909 à Nkroful, province située près de la frontière ivoirienne. Dans la tradition de sa tribu, il est de coutume de donner comme prénom Kwamé à tout enfant né un samedi.

Son père est un animiste forgeron, sa mère quant à elle se convertira au christianisme. C’est d’ailleurs elle qui inscrit Kwamé à l’école des missionnaires. Francis – de son prénom de baptême catholique – passa six ans chez les prêtres c’est-à-dire les années que durèrent son cycle élémentaire. EN 1926, Nkrumah entre au lycée colonial d’accra. Après le lycée Nkrumah suit une formation d’instituteur au Teacher training d’Achimota. Cette formation est sanctionnée par un diplôme d’instituteur. Fort de son diplôme, Nkrumah fait ses premières classes d’enseignant en 1933 au petit séminaire d’Amissamo. Pendant cette période il nourrissaitl’intention de devenir jésuite. Mais, fortement influencé par les articles du journal le « West african pilot » du nationaliste nigérian Nmandi Azikiwé , il opte pour une autre vocation. En 1935, c’est le départ pour les Etats-Unis ; c’est ce pays que le jeune Nkrumah incapable de parler français et hostile à l’Angleterre choisit pour poursuivre ses études. Le séjour américain va durer dix ans. Dix bonnes années pendant lesquelles Nkrumah étudie la sociologie à Lincoln university, la philosophie et la théologie à l’université de Pennsylvanie. I l obtient successivement le « Bachelor of Art degree » et le « Master of Science degree in Education » (graduat de lettre et de pédagogie), puis le « Master of Arts degree in philosophy » (maîtrise de philosophie).

Pendant cet exil volontaire, le futur leader n’a pas seulement étudié mais il a aussi beaucoup pratiqué, car il adhéré à beaucoup de partis sans distinction d’idéologies : de l’extrême droite à l’extrême gauche, ceci pour gagner de l’expérience. Nkrumah écrit d’ailleurs dans son Autobiographie que pendant cette période il se consacrait à l’étude des révolutionnaires et de leurs méthodes. Parmi ceux qui ont le plus influencé Nkrumah on retrouve des socialistes comme Marx et Lénine, des leaders de la cause noire comme Dubois et Garvey, des pacifistes comme Gandhi. En 1945, Nkrumah quitte les Etats-Unis pour Londres dans le but de faire son droit et d’achever en même temps sa thèse de doctorat de philosophie. 1945, est aussi l’année ou se tint le cinquième congrès panafricain. Georges Padmore, journaliste antillais connu pour son engagement dans ce de ce mouvement invite Nkrumah à venir assurer avec lui le secrétariat exécutive du congrès panafricain présidé à l’époque par W.E.B. Dubois. Très vite, Nkrumah se reconnaît dans ce mouvement et fait sienne cette doctrine au point que son nom se confond maintenant avec le panafricanisme. A Londres, Nkrumah fréquentera aussi les cercles d’extrême gauche.

Devenu très célèbre, Nkrumah est bientôt invité par quelques amis politiques à retourner en Gold-Coast pour y occuper les fonctions de secrétaire général d’un mouvement politique naissant la « United Gold-Coast Convention » (U.G.C.C., convention unie de la Côte de l’or). Nkrumah qui a décliné l’invitation dans un premier temps finit par céder devant la persistance de Danquah, alors chef du mouvement. Notons que la base de ce parti était essentiellement composée d’hommes d’affaires, des chefs traditionnels, des juristes, de médecins, des commerçants et de grands planteurs de cacao. C’était en fait une constellation d’entrepreneurs et de groupes d’intérêts élitistes, traditionnels et professionnel de la grande bourgeoisie.

Des divergences profondes surgirent entre l’administration coloniale et le mouvement nationaliste- que Nkrumah dirigeait maintenant- sur le rythme de la marche vers l’autonomie et sur le fonctionnement du régime des partis : les nationalistes se montrèrent vite plus pressés que l’administration ne l’avait pensé et formulèrent des exigences qu’elle n’était pas disposée à satisfaire dans l’immédiat. Ce conflit prit plus d’ampleur après un mouvement passager de violences en février mars 1948, qui devait amorcer une nouvelle phase de l’évolution constitutionnelle et entraîner la scission du mouvement nationaliste. Nkrumah connu pour ses positions radicales, quitte l’U.G.C.C. en emmenant avec lui les éléments les plus jeunes et les plus dynamiques.Pour justifier son départ il dira qu’il préfère « l’indépendance dans la souffrance à la servitude tranquille.» .

Le 12 juin 1949 Nkrumah crée le parti populaire de la convention (C.P.P.). Des lors tout va aller très vite. C’est un parti populiste d’inspiration socialiste. Sa base est essentiellement constituée par les jeunes, la petite bourgeoisie et des éléments lumpen des cités et des villes, plus connus sous le nom de « veranda boys » dans le paysage politique ghanéen. Le mot d’ordre de ce parti était « indépendance now !» et sa théorie politique, l’action positive a pour modèle les méthodes non violentes mises en œuvres par Gandhi pour instaurer un gouvernement indépendant en Inde. Les moyens que se donnait l’action positive étaient légitimes selon les normes des démocraties occidentales, mais la puissance coloniale les jugeait illégaux en Côte de l’or. Au nombre de ces moyens figuraient l’agitation politique, les campagnes de presse et d’information, et, au besoin la grève, le boycottage et encore d’autres formes de refus de coopération. Les crises politiques et économiques offraient l’occasion de rallier le soutien des masses à ces mesures.

Contexte historique et débats philosophiques

Contexte historique

Les années qui précédent la rédaction du Consciencisme de même que celles qui suivent sa publication nous laissent un souvenir d’années politiques mouvementées. Cette période est en effet marquée par la lutte des peuples africains pour la libération du continent. Cependant, même si le combat politique des peuples noirs pour leur libération économique et culturelle et surtout politique a atteint son paroxysme pendant cette période, il n’en demeure pas moins que les idées qui ont sous-tendus cette prise de conscience ont commencé à germer depuis longtemps. Les revendications des peuples colonisés sont concomitantes à l’occupation même car celle-ci ne pouvait véritablement réussir qu’en entravant la liberté des peuples, alors que c’est un fait que la liberté est inaliénable et que nul ne voudrait être asservi. Nkrumah le souligne avec force, « Je suis profondément convaincu, écrit-il, que tous les peuples désirent être libres et que ce désir est enraciné dans l’âme de chacun de nous. » N’empêche les velléités de revendication n’ont commencé à prendre forme qu’avec le retour des anciens combattants de la grande guerre, ces « tirailleurs sénégalais » embrigadés de force dans les armées métropolitaines.

Ces combattants, une fois sur le sol européen ont pu constater que la toute puissance de l’homme blanc n’était en fait qu’un mythe ; les blancs avaient des comportements semblables et même parfois plus rétrogrades que la « sauvagerie » qu’ils dénonçaient en Afrique. Ce mythe est aussi ébranlé par les intellectuels africains de la première génération. Ces derniers ont démontrés par les brillants résultats obtenus dans les universités européennes que l’essence humaine, c’est-à dire, la raison est en proportion égale chez tous les hommes sans considération de race. Les différences qui peuvent survenir ça et là ne sont que culturelles, n’en déplaise au poète président sénégalais qui serait tenté de donner plus de raison au blanc.

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Table des matières

Introduction Générale
PREMIRE PARTIE La pensée philosophique de Nkrumah
Section I : Généralités
1 : L’homme et l’œuvre
2 : contexte historique et débats philosophiques
a – Contexte historique
b – Débats philosophiques
Section II : La philosophie de Nkrumah
1 : La philosophie selon Nkrumah
2 : Le Consciencisme
Deuxième Partie : La pensée politique de Nkrumah
Section I : La politique intérieure de Nkrumah
1 : Les théories socialistes
2 : Le socialisme ghanéen
Section II : Le panafricanisme
1 : Aux origines du mouvement
2 : Le panafricanisme : version Nkrumah
Conclusion
Eléments de bibliographie

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