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La gestion de l’espace
Ancrage de la notion d’ « espace »
Nous avons décidé de prendre un angle différent pour traiter la pédagogie Freinet en étudiant la gestion de l’espace : la place du mobilier, des outils ainsi que le déplacement des élèves, qu’ils soient favorisés ou au contraire limités en fonction de tel ou tel aménagement de l’espace. Nous pensons que cette gestion de l’espac e pourrait favoriser ou non l’autonomie des élèves.
Tout d’abord, définissons la notion d’espace. Ce terme provient du latin « spatium ». L’espace 12 est apparu pour la première fois en 1174 av JC. Il signifiait alors un laps de temps puis une durée. Ensuite, cette notion a subi quelques changements pour se spécialiser dans la dimension de l’étendue d’un lieu. L’espace spatial est caractérisé comme « situant les corps et les déplacements dans l’espace. L’espace mesure et est un symbole du temps »13. Dans cette recherche, nous allons nous intéresser à la manièredont l’enseignant utilise le volume de sa classe.
Qu’est-ce que l’ « espace classe » véhicule ?
La notion de nœud 14 apparaît bien utile pour décrire et comprendre la construction de l’espace scolaire. Cela permet de prendre du recul vis-à-vis de la conception brute du bâtiment scolaire et de prendre en compte les enjeux éducatifs et sociétaux qui sont construits autour des bâtiments. L’espace scolaire ne doit donc plus être pensé en dehors de ses utilisateurs, il doit permettre la réussite de tous les élèves.
L’espace classe est structuré par le professeur. Il dispose d’un libre choix pédagogique. C’est à celui-ci que revient le plaisir d’organiser sa classe comme il le souhaite. Il s’agit donc de la représentation que se fait l’enseignant en fonction de sa propre perception de l’enseignement, de sa classe et de ses élèves qui uil fait envisager telle ou telle disposition de classe. Cette organisation émane donc d’une réflexion sur sa pédagogie. En fonction de l’aménagement, un élève peut être passif ou bien tifac. L’espace est également défini comme étant « le vécu dans une relation très affectée aà lprésence professorale » . C’est-à-dire qu’en fonction de ses sentiments, un élève va construireson identité passive ou active par rapport à son premier contact avec l’enseignant. De plus, l’ espace permet une communication entre le professeur et ses élèves. Il y a l’aménagement du rofesseurp et la gestion du territoire des élèves où ses derniers font leur place. Ils veulentgarder leur place : elle est un repère pour eux et leur offre un sentiment de sécurité. Claude PUJADE-RENAUD16, décrit les relations aux élèves en fonction de la place dans la classe. Parexemple s’ils sont placés au fond de la classe, ils peuvent intérioriser une posture d’infériorité en développant le sentiment d’être un mauvais élève. Le choix spatial peut donc renforcerle sentiment d’échec ou de réussite scolaire. Les déplacements du professeur dans l’espace classe permettent de donner du dynamisme, de la vie à la classe car l’enseignant s ollicite et stimule l’attention de ses élèves pour qu’ils restent un maximum actifs et attentifs lors des séances. L’enseignant s’approprie les spécificités de sa classe. L’aménagement de celle-ci doit prendre en considération le volume disponible immédiatement et le volume qui ne peut être utilisé en tant que tel. L’aménagement que l’enseignant organise doit répondre aux règles de sécurité. Par exemple, il ne doit pas bloquer l’accès aux portes, au point d’eau et empêcher la diffusion de la lumière naturelle. Il est nécessair de réaliser un diagnostic avant l’aménagement de sa classe en prenant en compte le mobilier fixe de la classe ainsi que celui qui est mobile car celui-ci conditionne les circulations, les regroupements ainsi que le rangement des outils pédagogiques. Des possibilitésd’interactions sont offertes grâce à l’espace. Cela peut favoriser le développement des capacités. Selon les psychologues WEINSTEIN et DAVID en 1987, l’espace constitue une zone d’activité dans laquelle « l’enfant réfléchit, agit, joue, communique et interagit »17.
Pourquoi l’ « espace classe » est-il structuré ?
En effet, utiliser l’espace permet de transformer l’espace scolaire en un environnement propice aux apprentissages, au dialogue ainsi qu’à la collaboration. Le réaménagement de celui-ci peut favoriser le travail coopératif avec un fonctionnement de classe en petits groupes. L’agencement du mobilier contribue à la co mmunication en face à face qui favorise les échanges entre les membres du groupe. Majoritairement, la répartition des élèves en pédagogie Freinet s’effectue en îlots. La place de l’élève permet à ce dernier d’associer l’espace classe à ses propres centres d’intérêts afin qu’il s’approprie ce nouvel univers qui est différent de l’espace familial. Les enfants deviennent des élèves lorsqu’ils entrent dans la sphère scolaire. Un critère important à prendre en compte dans l’aménagement en îlots d’une classe est que l’élève puisse s’occuper « en parallèle » et indépendamment des autres membres de l’îlot même s’ils sont assis côte à côte .
En pédagogie Freinet, il est important de varier les modalités d’apprentissages en passant d’une situation à une autre. Cela signifie qu’il fa ut mettre en place une atmosphère de classe où on peut passer du travail en petit groupe au groupe classe sans impacter le facteur temps. Pour cela, il est nécessaire de créer des aires au sein de la classe. Quatre aires sont majoritairement reprises par les enseignants. Celles-ci permettent le travail en petits groupes, en groupe classe, la recherche d’informations avec un espace multimédia et enfin une bibliothèque permettant aux élèves de se déplacereuls afin de chercher les informations nécessaires à la réalisation d’une tâche. L’enseignant a pour finalité de construire une ambiance conviviale grâce à la disposition de sa cl asse où le rapport de l’enfant à l’espace est pensé ainsi que le bien-être de ce dernier par rapport à l’espace scolaire. Il doit être adapté à l’enfant et au maître pour que ces deux derniers s’ épanouissent.
L’objet de la recherche
La problématique
Les problématiques qui vont articuler ce travail sont les suivantes : « Aujourd’hui, en quoi l’aménagement de l’espace en maternelle est-il un outil au sein de la pédagogie Freinet ? Favorise-il ou non une autonomie et une coopération entre les élèves ? En quoi cet aménagement peut-il impacter la pratique de l’enseignant ? »
Justification de la problématique
Nous avons choisi d’énoncer la première partie de al problématique en mettant en relation les deux notions que nous considérons les plus importantes, qui sont l’axe de ce mémoire. Ces dernières sont l’espace et la pédagogie Freinet : « En quoi l’aménagement de l’espace est-il un outil au sein de la pédagogie Freinet ? ».
Notre réflexion nous a amené dans un deuxième tempsà nous questionner sur l’autonomie et la coopération entre élèves. L’hypothèse principale que nous posons est : en quoi la structuration de l’espace par l’enseignant favoriserait une autonomie et une coopération entre les élèves.
Les indicateurs choisis
Les hypothèses qui vont permettre de décliner des ndicateurs sont les suivantes : l’enseignant au sein de la pédagogie Freinet aménage spatialement sa classe dans le but de favoriser les déplacements qui permettraient la construction des apprentissages en développant l’autonomie et la coopération entre lesélèves. Les interactions des élèves sont rendues possibles grâce à la disposition spatiale.
Afin de comprendre les conséquences de la gestion de l’espace, les indicateurs sont énoncés ici. Concernant l’autonomie, nous mettronsen premier lieu l’accent sur la capacité d’initiative c’est-à-dire comment les élèves décident de réaliser leurs déplacements et dans quels buts. Dans un second temps, nous présenterons l’auto-apprentissage grâce aux outils mis en œuvre par l’enseignant tels que l’accès libr e à la bibliothèque et aux fiches de travail auto-correctrices. Enfin, nous chercherons à montre r que l’autonomie permet une autoréflexion implicite car l’élève doit pointer se difficultés et proposer des remédiations à l’enseignant, à ses camarades. L’indicateur « coopération » sera décliné en deux axes : le tutorat et le travail en groupe. Nous posons le tutorat comme étant un élève qui demande de l’aide à un autre plus expert. Ce sont donc les élèves qui prennent la décision et mettent en place l’aide qui leur semble la plus appropriée. Le travail en groupe pourra être analysé en deux axes distincts. Le premier axe est un travail de groupe pensé par l’enseignant dans la finalité d’une tâche d’apprentissage bien spécifique. Le second est un travail de groupe à l’initiative des élèves eux-mêmes dans le but de laréalisation d’un projet commun. Les indicateurs sélectionnés ci-dessus seront utilisésdans la méthodologie qualitative et quantitative lors de la réalisation des guides d’entretiens.
Aujourd’hui, l’Éducation nouvelle est présente dans l’enseignement public. On peut alors se demander si les enseignants sont imprégnésdes idées véhiculées par le mouvement de l’Éducation nouvelle et les mettent en œuvre dans l es classes ordinaires. En quoi l’aménagement de l’espace en maternelle est un outil au service de la pédagogie Freinet, favorise-t-il une autonomie et une coopération entre les élèves et s’il peut aider la pratique de l’enseignant. Nous répondrons à ces interrogations grâce à une enquête auprès des enseignants. Nous avons réalisé des entretiens semidirigés, des questionnaires et des observations en classe.
La méthodologie de recherche
Nous exposerons dans cette partie les éléments relatifs à l’enquête et à sa réalisation. Nous expliquerons tout d’abord notre démarche dans la première partie. En second lieu, nous situerons d’abord le terrain d’enquête, puis nous exposerons le choix des informateurs. Enfin, nous justifierons les techniques d’enquête mises en œuvre, avant de mentionner le déroulement effectif de l’enquête une fois sur leerraint.
Démarche de recherche :
Pour réaliser la démarche de recherche, nous nous ommes questionnés. En quoi l’aménagement de l’espace en maternelle est-il un outil au service de la pédagogie Freinet ? Favorise-t-il une autonomie et une coopération entre les élèves et s’il peut impacter la pratique de l’enseignant. Afin de répondre à ces questions de recherche, nous avons réalisé une enquête de terrain guidée par les hypothèses suivantes: l’enseignant au sein de la pédagogie Freinet aménage spatialement sa classe ansd le but de favoriser les déplacements qui permettraient la construction des apprentissages en développant l’autonomie et la coopération entre les élèves. Les interactions desélèves sont rendues possibles grâce à la disposition spatiale impactant les apprentissages
Recueil des données.
Afin de rassembler nos données, nous avons procédéà une enquête par entretiens, questionnaires et observations.
Le matériel envisagé
Nous avons utilisé un dictaphone afin de restituer l’intégralité du texte, le ton et l’atmosphère de l’entretien. En effet, l’enregistrement restitue fidèlement le déroulement de l’entretien ainsi que le langage employé. Il s’agit d’un outil pertinent car la mémoire de l’enquêteur ne peut pas assurer en même temps l’écoute active et attentive, les relances et une prise de notes. Nous avons donc préféré utiliser undictaphone en prenant parallèlement des notes pour retenir les thèmes abordés afin de pouvoir y revenir ultérieurement.
L’entretien
Nous avons privilégié l’enquête par entretien carelac permet d’assembler une qualité des données importantes même s’il s’agit d’un processus qui demande du temps. De plus, l’attitude de l’enquêteur demande une capacité d’écoute et de relance évitant les redondances des questions et l’ennui de l’enquêté et de l’enquêteur car cette technique permet la construction d’un discours témoignant du sens de l’expérience vécue . L’entretien a permis de reconstruire le parcours d’expérience des enseignants en pédagogie Freinet. « Au-delà de ces diverses expériences vécues des membres de tell ou telle collectivité » . Bien qu’il existe différents types d’entretien, nous avons fait le choix d’un entretien semi dirigé, dans sa formule de rencontre d’individu à individu car il l aisse aux participants une grande amplitude de réponses pour exposer leur parcours et partagerleur réflexion sur la pédagogie et témoigne des moyens mis en place autour de la notion de l’espace. Nous avons élaboré cet entretien en accord avec notre recherche scientifique et en nous inspirant de l’ouvrage de Pierre PAILLÉ et Alex MUCCHIELLI20. Les thèmes abordés dans les entretiens sont la présentation de l’enseignant, la signification de l’espace et sa st ructuration, l’autonomie, la circulation des élèves.
Informateurs et terrain d’enquête
Choix des informateurs
Pour les besoins de notre enquête, nous avons chois une population enseignante pratiquant des techniques Freinet. Nous allons expliquer pourquoi nous avons choisi des enseignants adhérant à l’Institut Coopératif de l’É cole Moderne (ICEM). L’échantillon sélectionné avec lequel nous allons travailler estcomposé de deux enseignants de maternelle pratiquant la pédagogie Freinet et deux professeurs exerçant en pédagogie traditionnelle. Nous sommes conscients que la taille de l’échantillon ne sera pas représentative de la population mère. Cependant, nous avons fait le choix de faire un échantillonnage non probabiliste en ayant recours à un échantillonnage volontaire. Il y aura donc des biais à prendre en compte. L’ICEM est une association crééeen 1947 par Célestin FREINET. Aujourd’hui, cette association est agréée par les ministères de l’Éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative ; l’ICEM regroupe des enseignants, des formateurs et des éducateurs. Le Groupe Départemental Maine et Loireregroupe actuellement environ vingt-cinq enseignants du premier degré. C’est pourquoi, nous avons été amenés à choisir pour notre enquête des enseignants adhérant à cette association. Ceux-ci se réunissent chaque mois sur des thèmes définis en début d’année. Ces réunios où chacun, quelle que soit son expérience, peut s’exprimer librement, favorisent les échanges, la théorisation à partir de pratiques, la fabrication coopérative d’outils pour la classe. Ainsi, le Groupe Départemental souhaite s’élargir d’années en années afin de répondre au mieux aux demandes de la formation initiale et continue des enseignants.
Choix du lieu pour les entretiens
Nous avons fait le choix d’un endroit calme favorisant la confiance : la salle de classe de l’enseignant. Le lieu de l’entretien peut orien ter le discours de l’enseignant enquêté. Cela donne un caractère confidentiel à l’entretien. La p révision du temps des entretiens a été fixée à une heure afin de donner un repère aux participants. Il s’agit d’un échange structuré avec des thèmes à aborder. Nous nous centrons sur une zone géographique en particulier, celle du Maine et Loire pour des raisons budgétaires, de temps et de faisabilité.
Le profil des enseignants
La sélection d’un échantillon intéressant pour laecherche a été rendu possible par le biais du site internet de l’ICEM49. Les enseignants adhérents étaient disponibles et intéressés par le sujet de recherche. Au départ, la rechercheétait orientée vers des écoles élémentaires de cycle 3. Cependant, les engagements initiaux ont dû être reconsidérés puisque les enseignants se sont rétractés. Ainsi, nous avons dû changer depublic car le cycle 3 était à proscrire. La notion d’organisation spatiale était également pluspertinente au cycle 1, c’est pourquoi nous avons choisi d’y orienter le projet. De ce fait, nous avons pris contact avec l’ICEM49 afin de voir combien d’enseignants étaient recensés en cycle 1. Deux enseignants sur trois ont été intéressés par cette étude. La recherche s’est doncorientée auprès de ces deux enseignants pratiquant des techniques de la pédagogie Freinet ayant entre quarante et cinquante-neuf ans. Puis, elle s’est déroulée auprès de deux professeur enseignant dans des écoles dites « traditionnelles » afin de mettre en évidence les différences et les similitudes dans la gestion de l’espace en fonction de deux pédagogies bien distinctes.
Déroulement de l’enquête
Observation
L’année précédente, l’observation directe a été ectuéeff dans une classe de cycle 3 ainsi que dans une classe de cycle 1 avec des grandes sections. Se rendre sur le terrain a permis de comprendre comment fonctionnait une classe en pédagogie Freinet afin de regarder comment était structurée la classe et observer lesdéplacements des élèves. L’attention a davantage été focalisée sur les interactions au niveau des déplacements des élèves. Puis, nous avons interrogé les enseignants sur la façon dont ils avaient pensé leur classe.
Grâce aux observations, nous avons pu construire le guide d’entretien. Ainsi, nous avons effectué deux entretiens semi dirigés. Avec ’accordl de l’enseignant, une étude sur les interactions dans l’espace pédagogique classe a étéréalisée.
Une grille d’observation a été élaborée afin de cibler les points qui pourraient être pertinents car il faut prendre en compte les critères d’observation. Il faut faire des choix, regarder les déplacements spontanés et ceux donnéspar l’enseignant, puis les effets de groupe, la disposition du mobilier influençant ces derniers.
Déroulement
Les deux entretiens semi dirigés se sont déroulés ansd des écoles maternelles publiques de Maine et Loire. Le premier entretien a eu lieu le 24 janvier 2014 et le second le 31 janvier 2014. Ils se sont déroulés dans la classe des enseignants et ont duré entre 45 minutes et une heure chacun. Avant de commencer l’entretien, l’observation de la salle de classe a été faite au regard du mobilier. Nous avons ainsi directement abordé la question de la gestion de l’espace car le thème de l’entretien avait été présenté au préalable aux enseignants. Le matériel utilisé a été un dictaphone afin de pouvoir faire un retour ultérieur sur l’entretien et de rester fidèle lors du traitement des données .L’entretien a été restitué fidèlement, mot à mot sans aucunes modifications.
L’entretien 1 s’est déroulé avec une enseignante decycle 1 en classe de moyenne section-grande section (MS-GS) adepte de la méthodeFreinet depuis 8 ans. L’école est située dans une zone urbaine ordinaire.
Le questionnaire a été distribué dans deux classes: une classe de moyenne section (inclus ci-dessous) et une classe de moyenne section et grande section (annexe 9).
L’observation a été effectuée dans deux classes : neu classe de cycle 1 comprenant les trois niveaux (ci-dessous) et une classe de cycle 1 en moyenne et grande section (annexe 7).
Limites méthodologiques
Nous pouvons noter quelques limites à la méthode de l’entretien semi dirigé. L’étude ayant porté sur un petit échantillon, les résultatsobtenus ne peuvent pas être généralisés.
La grille d’entretien : les questions ouvertes
Certes, la grille d’entretien oriente mais n’élimine pas tous les propos qui peuvent faire déviés des thèmes principaux. Des questionsropt ouvertes peuvent disperser le propos et déstabiliser l’enseignant interrogé en l’amenant à s’égarer, qui ne nourriraient pas la question de recherche. Il s’agissait d’être très vigilante et de resituer assez rapidement la question. Nous pouvons remarquer que la technique d’entretien semi dirigé est chronophage de par le type et le nombre de questions posées. C’est pourquoi j’ai conduit deux entretiens avec des enseignants évoluant en pédagogie Freinet. De plus,en Maine et Loire, il n’y a que trois enseignants pratiquant des techniques Freinet recensés dans l’association ICEM49, il aurait fallu étendre la zone géographique pour avoir une meilleure représentativité de la population enseignant pratiquant des techniques Freinet.
Perspectives de recherche
Au cours de la recherche, nous n’avons pas pu analyser l’impact que l’aménagement scolaire pouvait produire sur les élèves. Le seul point observable a été l’autonomie des élèves grâce aux mobiliers. Il aurait été intéressant de ’immergers dans la classe en passant plus temps et en faisant une analyse à la fin de chaque période scolaire afin de voir si la gestion de l’espace influence les apprentissages scolaires par les interactions et la place du mobilier.
Analyse des données
Nous réalisons une analyse qualitative des données en traitant les réponses des enseignants par thèmes : la signification de l’espace, la circulation des élèves, la disposition des différents espaces, l’autonomie et les interactions.
Tout d’abord, nous verrons que pour les élèves l’espace est un élément structurant et motivant. En second lieu, nous envisageons l’autonomie des élèves favorisant les apprentissages. Enfin, nous examinerons les interactions qui sont réalisés dans les différents espaces de la classe. Cette analyse est réalisée à partir des entretiens semi dirigés, des questionnaires et des observations.
Un espace classe réfléchi et organisé par l’enseignant
Nous analyserons d’abord les entretiens réalisés avec les deux enseignants pratiquant la pédagogie Freinet (enseignants 1 et 2), puis lesdeux observations de classe en pédagogie Freinet et en école primaire classique afin de comparer l’aménagement de la classe. Nous étudierons ensuite les deux questionnaires d’enseignants en école maternelle traditionnelle (enseignants 3 et 4) avant d’apporter une synthèse globale à l’analyse des données.
Un espace classe source d’interactions
Lors de l’enquête, nous avons utilisé l’observationdiagnostique comme point de départ afin d’observer les comportements des élèveset leurs évolutions au sein d’une classe. Puis, nous nous en sommes servis afin de construire la grille des entretiens semi dirigés. Cependant, en prenant du recul, nous avons remarquéque les entretiens ne permettaient pas de répondre à toutes les hypothèses émises préalablement. Nos premières observations n’étant pas exploitables car elles étaient globales et non orientées sur un point spécifique. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire deux observations de classe d’une durée d’une matinée pour étudier l’aménagement de l’espace et ses répercussions sur les interactions élève-élève et élève-enseignant. Nous avons effectué ci-dessousun plan de la classe en multi-niveaux de cycle 1 en pédagogie Freinet où nous avons repéréesd zones.
A partir des deux observations, nous avons pu établir une analyse de l’espace en délimitant des coins en leur attribuant des fonctions. Nous avons découpé le plan de classe en six espaces : la zone de regroupement, la zone des jeux d’imitation, zone d’accueil des élèves et des parents, zone d’activité graphique, zone orientée vers l’intériorité de l’élève et la zone des apprentissages groupes-élèves.
Les interactions au sein de chaque espace
La zone de regroupement
Les interactions sont contrôlées par l’enseignant qui donne la parole. Les actions peuvent être individuelles ou collectives. Le contact avec l’adulte est important, l’adulte est proche des élèves, à même hauteur. Il s’agit d’un space ouvert mais parfaitement délimité par des tapis, des bancs, le tableau.
La zone des jeux d’imitation
Les interactions entre les élèves y sont nombreusesautour d’un thème social comme la dinette. Les élèves imitent les comportements qu’ils connaissent. Cela permet de développer le vocabulaire, les élèves travaillent l’entre soi .L’enseignant est extérieur, il n’intervient pas, seulement pour les questions de nuisance sonore car il s’agit d’un coin où les élèves parlent, échangent et donc cela produit un environnement sonore plus élevé qu’en d’autres zone. C’est pourquoi, ce coin se trouve dans l’espace gauche de la classe.
La zone d’accueil des élèves et des parents
Il s’agit d’un espace rassurant pour les parents, i l est bien délimité ouvrant sur l’espace classe. Les parents sont ainsi invités à entrer dans la classe. Il s’y crée une relation entre l’enseignant, les parents et l’élève. Ces trois acteurs sont incontournables pour que l’élève se construise en tant qu’individu. L’École s’ouvre aux parents.
La zone d’activité graphique
Cette zone englobe différents coins tels que le coin des mathématiques, le coin graphisme et le coin peinture. Les interactions sont minimes, on observe peu ou pas d’interactions car les élèves au coin mathématiqueset graphisme tâtonnent, fonctionnent en faisant des essais-erreurs souvent seuls. Cependant, nous avons eu l’occasion de constater une coopération entre plusieurs élèves pour résoudre unproblème de mathématiques où les élèves effectuaient plusieurs procédures.
Une zone orientée vers l’ « intériorité de l’élèv»e
On peut constater qu’il s’agit d’un espace où l’élève peut se replier sur lui-même. C’est un espace confortable, rassurant délimité pardes matelas, des mousses, des fauteuils, des couvertures. Il s’agit donc d’un espace où les interactions sont peu nombreuses. Cependant, s’agissant d’un espace ouvert, communiqu ant avec différents coins, cela favorise le langage, le dialogue. Il peut à la fois être unespace de repli et d’échange.
La zone d’apprentissage
Il s’agit d’une zone relativement importante, elle occupe une place centrale au sein de la classe. C’est le pivot de tous les autres espaces. C’est un espace ouvert. Les interactions sont omniprésentes entre les élèves, entre un groupe d’élèves, entre l’enseignant et les élèves. Au sein de cette zone, les élèves peuvent s’isolerautour des tables ou bien s’installer à même le sol pour effectuer les activités. Beaucoup d’élèves travaillent en binôme, les échanges occupent une place primordiale dans la construction des apprentissages.
Les compétences développées dans les différents espaces de la classe
L’organisation spatiale structure la classe en créant différents espaces qui répondent aux Instructions Officielles et aux besoins des élèves car en maternelle les écarts d’âge entre les enfants sont importants. Des différences en termes de développement et maturité existent. Ces dernières doivent être prises en compte pour que chaque élève progresse dans son développement personnel. En évoluant à travers ces espaces, l’élève apprend à devenir autonome en s’appropriant la fonction de chaque espace. Au sein de chaque espace, une compétence se développe. Les élèves construisent ncdo leurs apprentissages en se confrontant à chaque coin pédagogique tel que le coin dinette qui appartient au domaine « découverte du monde ». Ils découvrent des objets, utilise le vocabulaire approprié et ont une approche des quantités et des nombres lorsqu’ils jouent à la marchande. Les coins graphisme et bibliothèque permettent de préparer l’élève à lireet à écrire. Les élèves observent et reproduisent des motifs graphiques, discriminent des sons lorsqu’ils écoutent un oralbum.
L’interaction entre les élèves permet de travaillerla coopération et l’entraide lors des échanges, de l’écoute attentive lorsqu’un élève parle ou demande quelque chose à un camarade. Ils deviennent élève en comprenant quelleest leur place dans l’école. Les élèves dialogues entre eux en usant de règles communes et connues de tous.
L’autonomie est rendue possible grâce aux jeux, aux interactions entre les élèves mais également lorsqu’un élève prend des responsabilitésdans la classe en faisant preuve d’initiative. Ils apprennent à s’engager dans les a ctivités en faisant appel à leurs propres ressources.
Les espaces créés par l’enseignant sont donc un élément essentiel à la construction des apprentissages. Ils doivent donc être pensés, expérimentés avant d’être validés par la classe.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : l’inscription de la problématique de recherche
1.1. Le cadre contextuel et théorique
1.1.1. Célestin FREINET et sa pédagogie
1.1.2. Les techniques utilisées en pédagogie Freinet
1.1.3. La pédagogie Freinet ancrée dans une époque social et politique
1.2. La gestion de l’espace
1.2.1. Ancrage de la notion d’ « espace »
1.2.2. Qu’est-ce que l’ « espace classe » véhicule ?
1.2.3. Pourquoi l’ « espace classe » est-il structuré ?
1.3. L’objet de la recherche
1.3.1. La problématique
1.3.2. Justification de la problématique
1.3.3. Les indicateurs choisis
Chapitre 2 : La méthodologie de recherche
2.1. Recueil des données.
2.1.1. Le matériel envisagé
2.1.2 L’entretien
2.1.3 Le questionnaire
2.2. Informateurs et terrain d’enquête
2.2.1. Choix des informateurs
2.2.2. Choix du lieu pour les entretiens
2.2.3. Le profil des enseignants
2.3. Déroulement de l’enquête
2.3.1. Observation
2.3.2. Grille d’observation
2.3.3. Déroulement
2.4. Limites méthodologiques
2.4.1. La grille d’entretien : les questions ouvertes
2.4.2. Perspectives de recherche
Chapitre 3 : Analyse des données
3.1. Un espace classe réfléchi et organisé par l’enseignant
3.1.1. Les entretiens semi dirigés
3.1.2. Les questionnaires
3.2. Un espace source d’autonomie
3.2.1. Les entretiens semi-dirigés
3.2.2. Les questionnaires
3.3. Un espace classe source d’interactions
3.3.1. Les interactions au sein de chaque espace
3.3.2. Les compétences développées dans les différents espaces de la classe
Conclusion
Bibliographie
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