La pêche crevettière

La pêche crevettière est une source primordiale de revenus et de moyens de subsistance pour des centaines de millions de personnes dans le monde (FAO, 2010). La filière génère des recettes économiques considérables surtout dans les pays en développement via les exportations (FAO, 2009). La production mondiale de crevettes (pêche et aquaculture) représente 57% de la production des Crustacés marins (Bekadja et al, 2009). Elle est évaluée à 6 millions de tonnes (Rajaonarimanana, 2010). L’Asie occupe la première place parmi les producteurs (Bob, 2008). Dans beaucoup de pays tropicaux en développement, la filière crevettes arrive en tête des exportations des produits de mer. Selon Bekadja et al. (2009), elle a généré la création de très nombreux emplois.

A Madagascar, la pêche aux crevettes tient une place non négligeable. Effectivement, la grande Ile possède une zone côtière longue de plus de 5 600 km, un plateau continental de 117 000km² (Rafalimanana et Caverivière, 2008) riches en éléments nutritifs apportés par les fleuves et favorables au développement des crevettes (Caverivière et Chaboud, 2008) et une ZEE d’une superficie de 1 140 000 km². C’est un atout pour l’économie nationale de par son apport en devises à travers les exportations (73 % des produits halieutiques exportés), les emplois créés ainsi que l’apport en protéines animales pour la population (Rafalimanana, 2003). Les crevettes produites restent en majorité destinées à l’exportation : 97 % en 2009, 95 % en 2008 et 98 % en 2007. Le chiffre d’affaires crevettes représente 79 % de la production totale de pêche en 2009 contre 77 % en 2008 et 81 % en 2007 (OEFC, 2011).

Malheureusement, les prises débarquées en crevettes de la pêche industrielle ont chuté ces dernières années alors que la filière occupe le premier rang des exportations du pays en 2002 (Rakotondratsimba et al, 2008 ; Randriamiarisoa, 2011). Une baisse de 60 % de la capture totale a été observée entre les années 2002 et 2009 (Brunot, 2011). Dans la baie d’Ambaro, la production industrielle est passée de 1 601 tonnes en 2002 à 421 tonnes en 2008. Une diminution remarquable de 61 % a été signalée en 2005 (Randriamiarisoa, 2011). Par conséquent, la filière est actuellement classée au sixième rang des exportations malgaches d’après la Banque Centrale de Madagascar (Brunot, 2011).

Des hypothèses sur celles qui peuvent être les causes de la diminution ont été avancées. Des travaux scientifiques ont déjà montré l’effet des conditions environnementales sur l’abondance des crevettes (Voisin et Sandon, 2008). Aussi, des idées de facteurs économiques concernant la hausse des charges de production liée à l’augmentation du prix de pétrole ainsi qu’à la baisse des cours de crevettes au niveau mondial sont avancées par le GAPCM (GAPCM, 2012). En fait, la baisse ne provient pas uniquement de ces facteurs, elle peut être liée à la pêche traditionnelle. Les études effectuées par De Rodellec et Caverivière (2008), Caverivière et Razafindrakoto (2008); Randriamiarisoa (2011) ont mis en évidence la participation de la pêche traditionnelle dans la baisse du stock de crevettes. Mais, ces études s’intéressent plutôt à la compréhension de l’implication de l’utilisation des engins non sélectifs, entre autres, les engins prohibés comme les Vonosaha et Pôtô.

Zone d’étude : La baie d’Ambaro 

Situation géographique 

La recherche a été menée dans la baie d’Ambaro (fig. n°01) . Elle est incluse dans la zone d’aménagement A (fig. n°30 et annexe n° V) pour la pêche crevettière à Madagascar (Randriamiarisoa, 2011). Elle fait partie de la Région DIANA (Diego, Ambilobe, Nosy-Be, et Ambanja). C’est une des baies peu profondes qui se trouvent le long de la côte Nord-Ouest de Madagascar (Laroche et Tsimikasa, 1993). Elle est limitée par la latitude 13°20’S et la lon gitude 48°40’E (Daniel et al, 1972). La limite Nord du site est le village de Bobasakoa et au Sud l’île de Nosy Faly (Giguère, 2006). Du Nord au Sud, elle est constituée principalement par des villages de pêcheurs répartis dans la sous zone Nord et Sud (Rakotondratsimba et al, 2008):
– Partie Nord : Ambavanankarana, Ambodibonara, Ampangahia, Ampanasina, Andavoanemboka et Bobasakoa.
– Partie Sud : Nosy faly, Bedara, Ankazomborona, Antsatrana, Ampampamena, Ankigny et Maropamba.

Caractéristique écologique de la zone 

La baie d’Ambaro est une vaste baie semi circulaire d’une superficie de 837 km² ouverte sur un plateau continental de 25 à 40 milles (Frontier, 1971). Elle est caractérisée par une faible pente de 1 à 3 pour mille dont la profondeur moyenne est de 12,2 m (Rasolonjatovo, 1999 cité par Randriamiarisoa, 2008). Avec 100 km de long environ, elle est actuellement la zone qui présente la potentialité la plus élevée en termes de pêche crevettière (Giguère, 2006). Selon Randriamiarisoa et Rasoanarivo (2009), la production maximale annuelle des chalutiers industriels dans cette zone tourne autour de 1 600 tonnes avant la crise de la filière en 2005. En outre, c’est une région qui offre d’importants moyens humains et matériels favorables à la pratique de la pêche (Razafindrakoto et al, 2009). La richesse en mangroves qui sont des formations utilisées comme nourricerie pour les crevettes (Nicoll et Langrand, 1989 ; Voisin et Sandon, 2008 ; Rafalimanana et Caverivière, 2008) est aussi l’un des avantages de la baie. Ces formations sont particulièrement abondantes dans les zones intertidales et les estuaires sur une grande distance (Frontier, 1978 ; Laroche et Tsimikasa, 1993). Elles occupent ainsi une surface estimée à 36 570 ha environ (Voisin et Sandon, 2008). La baie est une zone de déversement de nombreux cours d’eau (Frontier, 1971 ; Le Reste, 1978) qui présentent à leur embouchure un milieu propice (Laroche et Tsimikasa, 1993 ; Voisin et Sandon, 2008) au développement des postlarves planctoniques provenant de la mer et à leur croissance jusqu’au stade subadulte. Ces cours d’eau chassent les eaux côtières vers le large en amenant des éléments nutritifs, indispensables pour le développement du premier maillon de la chaîne trophique.

La sédimentologie de la baie d’Ambaro a été approfondie par Daniel, Dupont et Jouannic (1972) (Le Reste, 1978). Trois zones peuvent être distinguées : une zone vaseuse pauvre en calcaire formée à partir des apports des fleuves de l’Ifasy et de Mahavavy du Nord ; une zone vaseuse riche en calcaire surmontée par une eau trouble et dont la salinité varie peu que la précédente ; et enfin, une zone sableuse formée par des sables quartzo-calcaire. Les fonds vaseux sont les lieux préférés des postlarves. Suivant le peuplement existant, la baie entière est subdivisée en trois zones (Frontier, 1966 in Randriamiarisoa, 2008) (fig. n°32 et annexe VIII):
– le peuplement néritique interne : limité à l’intérieur des baies vaseuses bordées de mangroves, recevant en saison humide d’abondant apport d’eau douce. Le zooplancton y est pauvre en espèce et souvent en individus. La baie d’Ambaro fait partie de ce néritique interne.
– le peuplement néritique externe qui caractérise les eaux recouvrant la moitié externe du plateau continental, à l’Ouest d’une ligne approximative Nosy-be / Nosy Mitsio. Il est riche qualitativement et quantitativement.
– et les eaux du large : pauvres en individus mais riches en espèce.

Cadre de l’étude 

La pêche crevettière est pratiquée depuis fort longtemps dans la côte Nord-Ouest de Madagascar (Caverivière et Chaboud, 2008). Dans le cadre de l’étude menée, la baie d’Ambaro a été choisie. Pour cette zone à forte potentialité en crevettes, la recherche va se focaliser sur les deux types de pêche qui exploitent les espèces de crevettes pénéides : la pêche Industrielle et la pêche traditionnelle. L’exploitation par la pêche artisanale ne fait pas l’objet d’étude dans ce présent mémoire puisqu’elle s’est totalement disparue dans la baie depuis 2004 (Razafindrakoto, 2008). Les bateaux travaillent seulement dans les zones B et C et sont basés à Mahajanga, Morondava et Maintirano.

Pêche Industrielle aux crevettes 

Selon le Décret n° 94-112 du 18 février 1994 , portant organisation générale des activités de la pêche maritime (Razafindrakoto, 2008) : « la pêche industrielle consiste en l’utilisation d’une embarcation ayant un moteur de puissance supérieure à 50 CV. Pour la pêche crevettière, la puissance maximale autorisée et destinée à la propulsion est limitée à 500 Cv ». A Madagascar, la première flottille de pêche a vu le jour en 1965, il s’agit du Groupe SOMAPECHE qui a été basé à Mahajanga. La première exploitation proprement dite a commencé en 1967 (Rafalimanana, 2003 ; Razafindrakoto, 2008) et depuis, ce type de pêche n’a pas cessé de se développer : installation de nouvelles sociétés, accroissement du nombre de flottilles et de la durée de pêche ainsi que de l’amélioration de l’efficacité de pêche (Rafalimanana, 2003). La pêche industrielle utilise des chalutiers (fig. n°28 et Annexe n° II) qui peuvent tirer, à bâbord et à tribord, deux (chaluts simples) à quatre chaluts (chaluts twin) (fig. n°27 et Annexe n°II). Les maillages du cul sont au minimum 55 mm étiré (Razafindrakoto, 2008). La longueur maximum du corde de dos autorisée est de 69 m. Ces chaluts peuvent être équipés de dispositifs de réduction des prises accessoires ou by-catch ainsi que de protection des tortues et des cétacés (tels que les dauphins) (fig. n°02 ). Parmi ces matériels, ils peuvent y avoir (Rajaosafara et Payrat, 2009):
– les BRD (By-catch Reduction Devices) et,
– les TED (Turtle Excluder Devices) .

De plus, dans le cadre de la préservation de l’environnement marin, certains groupes de pêcheurs industriels tels que l’UNIMA a actuellement supprimé l’emploi de chaîne racleuse sur les chaluts dans le but de diminuer la pression exercée sur le fond marin (Rajaosafara et Payrat, 2009). Les chalutiers sont des bateaux de grande taille (15 à 30 m) et possèdent, à bord, des équipements électroniques tels que les sondeurs, radar et équipement de télécommunication. Trois types de chalutiers existent (Anonyme, 2004), entre autres :
➤ les chalutiers glaciers de 15 à 17 m de longueur. La puissance du moteur est comprise entre 150 CV et 270 CV. La sortie en mer ne dépasse pas 12 jours et les produits sont stockés sous glace ;
➤ les chalutiers semi-congélateurs de 23 m de longueur. Ils sont équipés d’un moteur de 270 CV. Les crevettes sont stockées par congélation après saumurage et sont ensuite traitées en usine à terre. La durée de sortie en mer est en moyenne de 18 jours, et ;
➤ les chalutiers congélateurs de 26 à 30 m munis de moteurs de 400-500 CV. La durée d’une sortie de pêche est de 20 à 30 jours. Leurs produits sont traités, emballés, congelés et stockés à bord jusqu’au retour au port. Les espèces ciblées par les chalutiers sont généralement les crevettes pénéides adultes (M.monoceros (pink, brown, Calendre), F. indicus (White) et P. semisulcatus (tiger, brown)) sur un fond allant de 5 à 30 m (Rafalimanana, 2003).

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Table des matières

INTRODUCTION
1.1. ZONE D’ETUDE : LA BAIE D’AMBARO
1.2. CADRE DE L’ETUDE
MATERIELS ET METHODES
1. MATERIELS
1.1. COLLECTES DES DONNEES
1.2. MATERIELS DE TRAITEMENT DE DONNEES
2. METHODES
2.1. ETUDE CARTOGRAPHIQUE
2.2. COLLECTE DES DONNEES
2.3. DELIMITATION DES ZONES D’ETUDES
2.4. INVESTIGATION SUR TERRAIN
2.5. TRAITEMENTS DES DONNEES
3. FORCES
4. FAIBLESSES
5. LIMITES
6. RESUME SCHEMATIQUE DE L’APPROCHE METHODOLOGIQUE
RESULTATS
1. PECHE INDUSTRIELLE
1.1. EVOLUTIONS ANNUELLES DES CAPTURES
1.2. EVOLUTIONS MENSUELLES DES CAPTURES
1.3. CAPTURES MOYENNES PAR UNITE D’EFFORT (CPUE)
1.4. REPARTITION DES CAPTURES PAR CARRE STATISTIQUE
1.5. COMPOSITIONS SPECIFIQUES DES CAPTURES
1.6. POURCENTAGE DE CHAQUE ESPECE DANS LA CAPTURE
1.7. EVOLUTIONS DES EFFORTS DE PECHE
1.8. EFFORT DE PECHE PAR CARRE STATISTIQUE
2. PECHE TRADITIONNELLE
2.1. EVOLUTIONS DES CAPTURES
2.2. CAPTURES PAR ENGIN
2.3. CAPTURES MOYENNES PAR UNITE D’EFFORT (CPUE)
2.4. EFFORTS DE PECHE ESTIMES PAR ENGIN
2.5. EFFORTS DE PECHE REALISES DANS CHAQUE PARTIE DE LA BAIE
DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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