La peau et le processus de cicatrisation

La grossesse est une période de multiples changements pour les femmes. Généralement période de joie et d’accomplissement, elle n’en reste pas moins parfois perturbante pour la future mère qui doit faire face à une certaine labilité émotionnelle. En effet, l’adaptation aux changements liés à la grossesse peut s’avérer plus ou moins facile à accepter, tant dans l’acceptation du changement de statut de femme à celui de mère que dans l’acceptation des modifications corporelles qui lui sont associée. Ces modifications corporelles seront pour certaines inévitables et parfois définitives, telles que l’apparition de vergetures, ou la modification en taille et en forme de la poitrine. D’autres, en revanche, ne toucheront pas toutes les femmes car seront liées au déroulement même de l’accouchement : il s’agira des conséquences à plus ou moins long terme d’un accouchement par césarienne, ou ayant lésé le périnée du fait d’une déchirure ou de la pratique d’une épisiotomie lors de l’expulsion.

Les taux d’épisiotomie comme de césariennes sont extrêmement disparates en France selon les maternités. En 2016, 157 000 épisiotomies ont été pratiquées en France, soit 20 % des 785 000 naissances. Cette moyenne nationale s’élève à 35% pour les primipares, pour diminuer à 10 % pour les accouchements suivants. Globalement, la tendance est à la diminution, puisque le taux était de 50,9 % en 1998, 47 % en 2002, et de 26,8 % en 2010. En 2005, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) recommandait un usage restrictif de ce geste, en dessous des 30 %. Le taux de césarienne atteint une moyenne nationale de 20,2 %, stable depuis 2010. [SI10] Les cicatrices et éventuelles complications physiques liées à ces plaies rendront parfois d’autant plus compliquée l’acceptation de ce nouveau corps par la patiente. Il est donc du rôle de la sagefemme, actrice principale de la prévention et du maintien de la physiologie lors de la grossesse et l’accouchement, d’accompagner au mieux la patiente dans sa guérison physique, et parfois de fait sa guérison psychique et émotionnelle.

La peau et le processus de cicatrisation

La peau et le processus de cicatrisation en médecine occidentale

La Structure de la peau

La peau est définie comme étant l’organe de revêtement extérieur de notre corps. C’est l’organe le plus visible et le plus vaste avec une surface de 1,8m² et un poids de 3kgs en moyenne chez un adulte de 70kgs. [SI1] C’est un organe complexe organisé en trois couches, qui sont de la surface vers la profondeur : l’épiderme, le derme, et l’hypoderme

L’épiderme :
L’épiderme, en contact avec l’environnement extérieur, est un épithélium pluristratifié, kératinisé, squameux, non vascularisé. Il est, principalement composé de couches de kératinocytes qui représentent 90 à 95 % des cellules épidermiques; il contient également des mélanocytes (rôle dans la pigmentation de la peau), des cellules de Langerhans (rôle dans l’immunité) et des cellules de Merkel (mécanorécepteurs).

Les kératinocytes produits dans la couche basale la plus profonde, migrent vers la surface de la peau. Se faisant, elles mûrissent et subissent une série de modifications. C’est ce processus, dit de kératinisation qui distingue les quatre sous-couches de l’épiderme.

De la profondeur vers la surface on distingue :
– la Couche basale (ou stratum basale) : elle est formée par une seule assise de kératinocytes de forme cubique qui assurent le renouvellement cellulaire de l’épiderme par division mitotique.
– la Couche épineuse (ou stratum spinosum) : elle est constituée d’environ 5 strates de kératinocytes étroitement liés de forme polyédrique et qui ne présentent plus d’activité mitotique.
– La Couche granuleuse (ou stratum granulosum) : la kératinisation débute. Les cellules produisent des granulés durs et, à mesure que ces derniers sont poussés vers la surface, ils se transforment en kératine et en lipides épidermiques.
– La Couche cornée (ou stratum corneum) : la couche la plus externe de l’épiderme, composée en moyenne de 20 sous-couches de cellules aplaties et anucléées appelées cornéocytes. La couche cornée est compacte en profondeur au contact de la couche granuleuse, et desquamante en superficie. C’est aussi dans la couche cornée que se trouvent les pores des glandes sudoripares et que débouchent les glandes sébacées.

La migration des kératinocytes de la couche basale vers la couche cornée se fait normalement en 30 à 45 jours.

La jonction dermo-épidermique :
La jonction dermo-épidermique (JDE) est ondulée grâce à la forme que prennent les papilles dermiques. La jonction est élaborée par les kératinocytes basaux de l’épiderme et les fibroblastes du derme.

Le derme :
L’épiderme n’étant pas irrigué par des vaisseaux sanguins, c’est au derme qu’il appartient de lui apporter ses éléments nutritifs. Il abrite donc un vaste réseau de vaisseaux sanguins et lymphatiques, mais aussi de nerfs, il renferme les glandes annexes (sudoripares, sébacées et follicule pileux), et constitue par ailleurs la véritable charpente de la peau. Le derme est divisé en deux parties : le derme papillaire en surface, et le derme réticulaire en profondeur. Les principales cellules du derme sont les fibroblastes, dont le rôle est la synthèse des composants de la Matrice Extracellulaire : le collagène, l’élastine, la substance fondamentale et des glycoprotéines. L’élastine rend le derme souple et extensible, tandis que le collagène lui confère sa résistance et permet la cicatrisation des tissus endommagés. On trouve également des cellules migratrices, impliquées dans les mécanismes de défense et de réponse immunitaire : les leucocytes, les mastocytes et les macrophages.

L’hypoderme

Couche la plus profonde et la plus épaisse de la peau, l’hypoderme est majoritairement composé d’adipocytes, qui isolent l’organisme des variations de température et forment un matelas protecteur contre les pressions auxquelles la peau est soumise. Il est donc très épais dans les zones qui doivent supporter des impacts fréquents (les fesses ou les talons par exemple), et beaucoup plus fin dans les autres régions du corps, voire inexistant.

– Le rôle de la peau : [MT4] [SI1] [SI8]
La peau joue plusieurs rôles fondamentaux dont :
– la fonction de barrière cutanée : l’épiderme agit comme une barrière peu perméable aux microorganismes. Par ailleurs la desquamation et la présence d’un film lipidique limite la présence des microorganismes à la surface cutanée. L’épiderme protège également le corps des UV. Le derme a quant à lui un rôle d’amortisseur de chocs.
– la protection immunitaire : la peau, au moyen des cellules immunitaires, présente la première barrière de défense de l’organisme contre les microorganismes. Ainsi, les cellules de Langerhans qui jouent un rôle de macrophage d’épiderme, permettent la présentation de l’antigène aux autres cellules immunitaires (lymphocytes).
– une fonction de régulation thermique : la peau permet au corps de réguler sa température.
– une fonction de synthèse hormonale : elle permet notamment la synthèse de vitamine D, ainsi que de différentes hormones.
– une fonction sensorielle : grâce aux fibres nerveuses et aux récepteurs sensoriels, la peau est le siège de la perception.

Le processus de cicatrisation

La peau isole et protège l’organisme contre le milieu extérieur. Lorsqu’une plaie survient, le corps enclenche naturellement un phénomène biologique naturel : la cicatrisation. Elle représente un processus de réparation complexe durant lequel l’organisme doit arrêter l’hémorragie, protéger, assainir et refermer la plaie. Le tissu lésé doit se reconstituer, le plus proche possible du tissu initial. De ce processus résultera souvent une cicatrice.

La phase de coagulation :
Lors de la constitution de la plaie, l’effraction des vaisseaux sanguins entraine un saignement. La première phase du processus de cicatrisation sera la fermeture de la brêche vasculaire : c’est l’hémostase. [SI3] Cette phase aboutira à la formation d’une croûte dans les 24 à 48h qui suivront la lésion.

La phase d’inflammation-détersion :
Le processus de coagulation aboutit à la formation d’un caillot fibrino-plaquettaire qui permet l’obturation et l’étanchéité de la plaie, et contient des facteurs de croissance qui attire et active les macrophages. [MT4] [SN7] Macrophages et leucocytes vont ensuite phagocyter les tissus nécrotiques, les bactéries et les corps étrangers, c’est la phase de détersion. Les macrophages vont également favoriser la néoangiogénèse, la croissance des fibroblastes et la prolifération des kératinocytes. La détersion provoque une réaction inflammatoire caractérisée par un érythème, un œdème, une douleur et une augmentation de la température locale. Cette phase dure entre 1 et 4 jours.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : La peau et le processus de cicatrisation
1A : La peau et le processus de cicatrisation en médecine occidentale
1A1 : La structure de la peau
1A2 : Le processus de cicatrisation
1A3 : Les différents types de plaies en obstétrique
1A4 : Les conséquences d’une mauvaise cicatrisation
1B : La peau et le processus de cicatrisation en médecine chinoise
1B1 : Généralités
1B2 : La cicatrisation en obstétrique
1B3 : Causes et conséquences d’une mauvaise cicatrisation
Partie 2 : L’acupuncture, une aide précieuse à la cicatrisation en obstétrique
2A : L’aide à la cicatrisation en médecine occidentale
2B : L’acupuncture, une aide à la cicatrisation démontrée
2B1 : La moxibustion et l’électroacupuncture
2B2 : Techniques de puncture favorisant le processus de cicatrisation
2B3 : Points d’acupuncture favorisant le processus de cicatrisation
Partie 3 : Retours d’expérience
Conclusion
Bibliographie

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